CHARLOTTE 'LOLA' MASLOV ► Sonia Ben Ammar

TON ADMISSION À HARVARD comment elle est rentrée ? cette petite fille de riche, entre ses vols première classe, son shopping de luxe et ses invitations vip. comment on rentre à harvard quand on mène la vie de lola maslov ? ça commence avec un égo massif - le genre que lola se traîne depuis toujours. un égo tellement gonflé qu’il se creva d’une réflexion bien acérée : « de toute façon, tu feras pas harvard toi ». il ne lui ai jamais venu en tête de rentrer à l’ivy league, à la demoiselle. la seule league qui lui faisait envie, c’était celui très fermé des anges de victoria’s secret. pourquoi cacher soutifs et porte-jarretelle sous un gros sweat marron frappé aux lettres d’une fac prétentieuse ? 
mais s’il y a bien quelque chose qui pouvait attirer lola à harvard, c’est justement le côté prétentieux. son précieux égo insulté, elle se mit en quête du succès scolaire qu’elle n’avait jamais recherché jusqu’à présent. si elle n’était pas si brune, on aurait cru à elle woods. heureusement, elle ne partait pas de zéro. avec un cerveau comme celui de lola, on a pas trop mal à obtenir un joli 2275 aux SAT. c’est pas mal, mais tout seul, ça suffit pas. ce qui claque par contre, ce sont des lettres de recommandation de trois nationalités différentes ;  quand on postule pour une filière en langues, c’est pertinent de montrer qu’on est capable de s’adapter à différentes cultures et de travailler au sein de sociétés relativement éloignées les unes des autres. Et quand ces lettres sont signées alessandro michele, et stephen revere, où encore de la main de la responsable europe de IMG models, ça se remarque.
l’essai, par contre, elle l’a probablement recommencé une cinquantaine de fois. quand on est habitué à parler par images, c’est déstabilisant de s’en remettre aux mots. et puis, des passions ? lola n’a pas de passions, elle n’a que des distractions à sa vie futile. le truc le plus intense qu’elle ait expérimenté, c’est probablement le LSD - et elle ne se voyait pas en faire une disserte. puis elle a réalisé, que ce n’était pas bien différent de mentir sur les réseaux sociaux. avec un ton de vloggeuse lifestyle, des anecdotes insolites et des voyages à raconter, on peut faire croire à tout. l’entretien, c’était plus délicat. même les cheveux lissés et tirés en arrière, et son corps de mannequin enveloppé dans un costume alexander mcqueen, elle ne se sentait pas légitime face au membre du comité d’admission qui la recevait.
la vérité, c’est que lola n’avait pas besoin d’harvard dans sa vie. elle avait déjà assez de fric pour vivre sa vie comme elle le souhaitait jusqu’à la fin de ses jours. mais est-ce que ça lui suffisait ? elle se retrouvait à passer cet entretien parce qu’elle voulait quelque chose de plus, mais la peur de ne pas être assez bien s’invitait dans sa tête pour la première fois. pourtant, lorsqu’on a des milliers de gens qui nous regarde chaque jour pour le plaisir, c’est qu’on est capable de plaire. sous cette apparence superficielle, c’était une vraie personnalité qui se cachait - le genre qui était capable de plier des montagnes à sa volonté. alors elle laissa tomber son masque quelques instants, le temps d’une discussion, pour laisser l’autre lola - celle qui valait quelque chose - prendre le dessus.
et quand elle reçoit sa lettre, elle l’ouvre sans attendre, s’attendant à la jeter dans la foulée. tu parles lola. fais tes valises, tu seras à harvard à la rentrée prochaine.