Tonight's the night when we forget about the deadlines ~ Filip

Ce soir, je me retrouve dans ce genre d’endroit où je n’ai pas l’habitude d’être. J’y suis de temps en temps, pour faire plaisir à mon père, et ce depuis des années, mais jamais plus de deux ou trois fois par ans. Ces soirées, c’est pas ce dans quoi je me sens le mieux, mais je fais l’effort. Mon demi-frère est présent, je l’observe alors que je suis dans mon coin avec un verre de champagne entre les doigts. Il semble à l’aise, souriant, aimable. Oui, avec les autres il est cet italien sociable, ouvert et très commercial. Il doit entretenir son image et pourtant, s’ils savaient, tous ces gens… Lorsque j’entends mon prénom, je tourne le visage vers ces filles que je ne connais même pas. Elles me demandent mon avis sur un sujet que j’ignore tout simplement parce que je n’ai pas écouté. J’ai déjà mal aux pieds dans ces escarpins qui me font prendre une dizaine de centimètres. J’ai opté pour une jolie robe de couleur rouge, mais un peu trop moulante. Je crois que si je mange un toast de trop, elle explose et j’ose à peine respirer. Mon regard finit par se poser sur l’un des rares visages que je connais et reconnais. Filip est un peu mon repère dans ce genre d’endroit, parce que depuis bien des années, on nous colle l’un avec l’autre. Depuis que j’ai dix-huit ans je crois, un truc comme ça. Heureusement, il est distrayant, et m’aide à oublier le temps qui passe et je me rappelle chacun des moments passé en sa compagnie, parce qu’à mes yeux, ils comptaient vraiment. Je crois qu’à chaque fois que mon père me parle de ces soirées, ma seule crainte est de me dire qu’il ne s’y trouve pas. J’aurais pu emmener Rio, mais j’aurais dû le présenter à mon père et j’ai pas envie de le faire fuir. Ca fait pas longtemps avec Rio, je préfère laisser le temps faire les choses et la rencontre avec mon père et mon frère est loin d’être le moment que j’attends le plus. Ce n’est absolument pas important pour moi que mon copain rencontre mon père, parce que mon père n’est pas non plus important pour moi, je crois. Rio, il se serait fait chier ici, je le sais. Parce que déjà moi, je commence à décompter les heures. D’un pas assuré, malgré la souffrance de ces chaussures j’abandonne mon groupe de poules qui ne cesse de critiquer les plus beaux partis de la soirée et attrape un verre sur le plateau d’un des serveurs. Mes pars me dirigent vers Filip et m’assieds à ses côtés en lui tendant la coupe que je viens de gracieusement emporter, alors que je tiens la mienne dans l’autre main « toi qui es du milieu, comment faites-vous pour aimer ce genre de soirée ? Vous avez un secret ? Vous faites quoi ? » j’imagine qu’à un moment donner on annoncera le repas, puis peut-être des sessions de danse alors que certains couples se laissent déjà emporter par le son de la musique calme, loin d’être le genre de musique qu’on entend en soirée. Je croise mes jambes et porte mon verre à mes lèvres « Je croyais qu’en vieillissant j’allais trouver ça amusant, et en fait pas du tout. » je le regarde, oui j’ai un peu d’espoir qu’il arrivera à me distraire, comme autrefois, malgré la distance installée depuis bien des mois, ou des années.

Encore une soirée de gala, une de plus. Pourtant depuis ton arrivée à Harvard, tout ça c'était calmer. Tu n'aimais pas ce genre de soirée, tu y allais quasiment seul depuis bon nombre de mois et celles ci sont trop longues, les minutes ne passent pas et ça en est insupportable. Tu avais Daisy qui aurait pu t'accompagner à cette soirée, mais votre relation est trop récente et surtout trop "libre" que pour l'assumer devant autant de personnes importante. Tu n'avais cependant pas vraiment le choix d'être là, si ta présence n'était pas fait ce soir, ton père en aurait eu des échos et t'aurait tirer les oreilles sans plus attendre. Lors de cette soirée, il y avait des visages familiers, mais la plupart ne sont que de simples personnes que tu as salué, mais dont tu connais a peine le prénom. Tu t'étais même installer dans ton petit coin et te faisait vite rejoindre en receptionnant un verre dans ta main, ou plutôt une flûte de champagne. Tu croisais alors le regard de Soraya qui te questionnait sans plus attendre sur ce genre de soirée. Soraya, c'est fille avec qui tu avais l'habitude dans le passé de passer ce genre de soirée, c'était en quelques sortes ta cavalière, mais les temps avaient changés. Peu de monde aime ce genre de soirée, on se donne une image, on se pose un masque qui sourit sur la tronche, mais au final, on se fait vraiment chier. Enfin, c'est mon cas depuis que j'ai plus vraiment de compagne de soirée.  Elle prenait place à tes côtés. Tu lui avais répondu en étant sincère. Ce genre de soirée tu ne les avaient jamais aimer. Tu te contentait d'être présent et de sourire. Je suis dans ce genre de soirée depuis ma plus tendre enfance et ça ne change pas, même avec l'âge et l'expérience qui s'acquiert avec le temps. Tu tournais ton regard vers elle, vers cette tenue quelle portait, toujours aussi élégante d'ailleurs. Mademoiselle est toujours aussi craquante. Tu lui lançais un sourire tout en la fixant a présent droit dans les yeux. Portant alors ta flutte de champagne a tes lèvres pour en boire une gorgée.

Je suis un peu rassurée quand j’entends Filip me dire que personne n’aime. Peut-être que ça me laisse une chance de rentrer dans le moule. Avant, je ne fréquentais ce milieu les uniques fois où j’allais passer des vacances chez mon père. Lorsque j’étais chez ma mère, on n’en entendait absolument pas parler. A part les fêtes de villages où tout le monde était le bienvenu en jeans, on n’avait pas vraiment de soirées mondaines. Et puis avec Monsieur Delfino, il faut sortir la tenue chic, les talons à s’en tuer les pieds et l’élégance dans toute son entièreté. « C’est moi la compagne de soirée ? » lui demandais-je avec un petit sourire en coin. Mon regard balaie l’endroit et je cherche un seul visage qui ne semble pas heureux d’être là. Comme me l’explique mon interlocuteur, tout le monde serait donc en train de jouer le cinéma. Je ne peux que le croire, il s’y connait mieux que moi dans ce monde où je n’ai jamais vraiment réussi à me trouver une place « Ouille, tu viens de faire s’envoler tous mes espoirs qu’un jour ça puisse changer » je plaisante, mais en même temps il y a un peu de vérité. J’avais vraiment l’espoir qu’un jour je puisse apprécier ce genre de moment et pourtant, ça ne semble pas être le cas. Là, tout de suite, j’ai envie de prendre l’air à défaut de pouvoir en respirer dans cet endroit où la chaleur domine « Merci. Monsieur n’est pas mal non plus » je le fixe droit dans les yeux à mon tour et joue avec mon verre « Ne t’imagines même pas à quel point je décompte les heures pour pouvoir ôter cette robe et enfiler une tenue où je peux respirer sans me faire un concours d’apnée à moi toute seule » Je regarde toutes ces femmes. Peut-être qu’elles parviennent à respirer de pleins poumons, mais j’ai fait un choix : ressembler à un sac et être à l’aise, ou l’élégance et faire un effort. Il faut souffrir pour être belle, parait-il. « Avant, tu m’invitais à danser. Qu’est-ce qui a changé chez toi, Filip ? » lui demandais-je avec un regard suspect. Je suis un peu mélancolique, avant on était plus jeune et ça semblait plus facile et moins prise de tête.

C'est ainsi lors de ce genre de soirée, toutes ces personnes avec ce faux sourire sur les lèvres. Certains sont tout à fait content de passer ce genre de soirée, mais la plupart n'est simplement la que pour représenter leur famille et ça s'arrête là. Tu avais la chance de tomber sur Soraya ce soir, ton ancienne cavalière lors des soirées comme celle-ci. Bien sûr que c'est toi. Lui répondais-tu alors quelle te faisait face. Tu profites de sa présence pour la relookée un peu et elle est toujours aussi plaisante a regarder, comme à son habitude, l'élégance est un mot qui lui colle à la peau. Elle te retournait le compliment en te trouvant pas trop mal pour la soirée, il faut dire que c'était quasiment ta tenue de tous les jours. Mais cette robe te va si bien... d'ailleurs quand tu l'enlève appeles moi je viendrai te donner un coup de main. Tu gardais tes yeux plantés dans les siens, gardant ton air sérieux posé sur ton visage. Elle se posait cependant des questions et surtout au sujet de vos anciennes soirées et le fait que vous soyez cavalier et cavalière dans le passé de ce style de soirée. Tu n'étais cependant pas le seul fautif dans l'histoire et tu comptais vraiment avoir une réponse  à ce genre de question aussi. Tu devrais plutôt me le dire toi, tu t'es éloignée petit à petit et je n'ai jamais su pourquoi ... c'était pas assez voyant que tu me plaisait et me plait encore So' ? Tu tirait un peu la moue alors que tu continuais à lui faire face. Non, tu ne l'inviterais pas à partager une dance sans savoir aucune réponse ni rapprochement et ça te manquait.

Je lui adresse un sourire lorsqu’il confirme que c’est bien de moi qu’il parle. Au fond, ça me fait plaisir, je me dis qu’on n’est deux à avoir quelques souvenirs malgré le temps qui est passé depuis la dernière fois où l’on s’est tous les deux retrouvés dans ce genre d’endroit. Son sérieux malgré ses répliques franches et directes me déstabilisent « Ca va, je pense que ça devrait aller tu sais. Puis je vais peut-être éviter de me faire arracher les yeux dès le premier mois » Rio est jaloux, je le sais puisqu’il me l’a bien montré lorsqu’il a vu ma photo sur mon instagram en bikini. Il m’a fait comprendre que mon maillot était « trop petit » et qu’il refusait catégoriquement que je le porte pendant son absence. « Mais je te remercie de proposer ton aide » lui dis-je en le regardant droit dans les yeux moi aussi. « Comment ça se fait que tu n’as pas de cavalière d’ailleurs ? » Encore que, moi non plus je n’en ai pas, mais bon. Finalement, on a fini par glisser sur le sujet qui fâche, qui fâche un peu. Pas trop. Enfin j’en sais trop rien. Malgré tout sa question est légitime et je me doutais bien qu’un jour, on en viendrait à en parler. Il parait que la roue tourne et qu’on finit toujours par retrouver les personnes que nous devions rencontrer dans notre vie. Je grimace, cherchant une réponse à lui donner « Avant, je ne faisais pas partie de ce monde. Et aujourd’hui encore je ne fais pas partie de ton monde. C’est depuis que ma mère est décédée que j’ai commencé à vivre comme vous, parce que mon père est venu me chercher à Philadelphie. Je ne me voyais pas vraiment être la tache de tout ce qui t’entoure. Puis je suis pas non plus le genre de fille avec qui on passe une nuit, peut-être deux ou trois et puis qu’on oublie quand on en croise une autre. Je suis un peu ennuyeuse comme Nana tu sais. Je crois pas au grand amour, mais j’ai besoin de plus que des coups d’un soir. » je marque une pause en le regardant. Au fond je ne pense pas que j’aurais été le genre de fille qui lui aurait vraiment plu et avec qui il aurait été vraiment heureux. « J’aime pas partager. J’ai jamais eu à le faire » Je le regarde dans les yeux, et je reprends de plus belle « j’avais pas envie de te promettre des trucs que j’aurais pas pu te donner. J’étais pas la fille qu’il te fallait. » au fond, je ne sais pas ce qu’il veut exactement dans sa vie, ce qu’il cherche. Mais je ne sais pas si les relations stables sont vraiment ce dont il a besoin. « C’est pas contre toi, c’est juste moi qui suis pas celle qu’il te faut, Filip. »

Tu jouais un peu sur le ton de l'humour, histoire de détendre un peu le jeu, même si tu ne te montrais pas vraiment sous l'effet de l'humour, mais un petit brin de sincérité et des pics se glissaient dans tes questions et ta façon de lui parler. Si jamais tu changes d'avis, tu as mon numéro. Cette fois-ci, tu lui faisais un petit clin d'oeil, mais ne continuait pas vraiment sur ce sujet, laissant la discussion reprendre de plus belle. Elle se demandait pourquoi tu n'avais aucune cavalière, il faut dire que tu n'avais pas retrouver de personnes qui a l'obligation ou qui tient le coup de t'accompagner à chaque soirée. Personne n'a été à ta hauteur jusque maintenant. Tu la regardais alors, restant bouche-bée face à elle, alors qu'elle t'expliquait tout un tas de chose, mais surtout qu'il lui fallait bien plus que des coups d'un soir, tu ne savais pas où te mettre et surtout tu ne voulais pas t'énerver, ici devant tout le monde, sauf que les choses n'en resteraient pas là. Tu me penses ainsi ? Le mec qui est juste bon à baiser tout ce qui bouge ? Le gars sans coeur qui ne se satisfait que de coup de bite ? Tu reprenais ton souffle après avoir enchaîner tout ça. Elle ajoutait même entre temps qu'elle n'aimait pas partager, elle expliquait même ne pas être la personne qu'il te fallait et peut-être était-ce la vérité, tu n'en savais rien, puisque vous n'aviez pas vraiment essayer. T'es vraiment dégueulasse de penser des choses comme ça sur moi, ça me déçoit, ça me dégoûte. Tu préférais mettre les choses à plat et au clair en lui faisant face, tu perdais ton regard qui se détachait de ses yeux. Laissant celui-ci tomber sur le sol. Au revoir ! Ajoutais-tu sèchement alors que tu lui tournais le dos avec ton verre à la main, te dirigeant droit vers le balcon à l'extérieur, il fallait que tu prennes l'air.

Je crois que j’ai été maladroite avec Filip. En réalité, j’imagine qu’il peut profiter de sa jeunesse sans une nana comme moi. Il a déjà assez d’obligation comme ça pour que je vienne lui en ajouter, encore que je ne pense pas être un tyran non plus. J’aurais dû réfléchir avant de parler, et choisir d’autres mots. Le voir se lever et partir m’a fait l’effet d’une gifle, je l’avoue. Et aussitôt, je m’en veux de lui avoir parler avec ces mots-là, de cette manière-là. Je le regarde s’éloigner et essaie de rassembler mes esprits, mes mots. Finalement je me lève et me dirige vers l’extérieur pour le rejoindre « Je suis désolée Filip, c’est pas ce que je voulais dire » commençais-je en avançant pour me placer à ses côtés « je pense que tu mérites une fille bien, qui prenne soin de toi. Mais je ne suis pas totalement naïve, t’as un statut qui donne envie de se la jouer Meghan Markle et qui donnent envie à beaucoup de filles. Plus qu’un autre homme » je pense que beaucoup de femmes rêveraient de pouvoir être une sorte d’élue dans sa vie, sans doute est-ce aussi la raison pour laquelle beaucoup butine autour de lui « Moi je suis le genre de fille pas spécialement confiante, qui n’a pas toute l’assurance qu’elle pourrait avoir avec un homme et qui crise pour un oui pour un non tant elle est jalouse. Je dis pas que tu vas voir à droite, à gauche, je dis juste que t’imagines même pas le nombre de petites abeilles qui butinent autour de toi, et même si elles ne font rien de mal, moi je serais du genre à vouloir toutes les exterminer. Et t’as pas besoin de ça. » De plus, la question ne se pose même pas, puisque j’ai un copain et que je ne cherche pas à le remplacer. « Tu trouveras une fille bien, souriante qui sera tolérante et qui t’aimeras malgré les difficultés, les crises, les larmes, la jalousie et même les petites abeilles. » dis-je en tentant d’ajouter une touche d’humour.

Tu préférais fuir la chose plutôt que de rester la à s'acharner à essayer de lui faire comprendre des choses. Sauf quelle ne restait pas en place et suivait le pas en t'accompagnant à l'extérieur, sur la petite terrasse. Ne cherche pas à te rectifier, j'ai très bien compris pour ce dont tu me considère. Tu reprenait alors ta respiration, elle semblait vraiment comprendre des choses pas toujours très vrai et se trompait plus d'une fois dans ses propos que tu rectifiais sans vraiment attendre. On est pas obliger de changer en devenant prince ou princesse, je suis et resterait toujours ce gars simple. Même si ça n'aurait pas été très loin, l'essai aurait pu être convaincant. Mais oublions ces idées, s'il te plaît. Tu lui adressait tout de même un petit sourire et venait même lui déposer un petit baiser sur la joue. Elle te donnait le sourire sans même y faire attention et ça te manquait ce genre de moment. Même si pour l'instant, aucune femme n'avait fait chariver ton coeur comme il le devait. Pour l'instant, personne n'a su me faire craquer et je compte bien profiter en attendant cette jeune femme. Tu laissais ta main venir se perdre dans la sienne alors que tu plongeait ton regard dans le sien et te décidait a ne pas encore plus pourir cette soirée qui était déjà des plus ennuyante à être entouré d'autant de personnes importantes et devoir y rester des plus sérieux. Tu m'accorderais au moins une danse ? C'était avec elle que tu partageais ce genre de moment dans le passé et tout c'était toujours bien passer, tu ne voulais pas partir de la sans avoir profiter de ce moment avec elle.