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C'est un petit garçon ! » S'exclame la sage-femme en me prenant dans les mains. Aujourd'hui, premier mai mille neuf-cent quatre-vingt-onze, le petit Tyler Noah Isaac Greene vient au monde dans une clinique de la capitale anglaise. Premier et unique enfant de la très riche famille Greene. Les yeux de mon père me fixent d'un air perplexe pendant que l'on me dépose contre la poitrine de ma mère qui elle, pleure comme une madeleine. «
Je voulais une fille. » Lance sèchement mon père à travers la salle. Les infirmiers se jettent quelques regards furtifs sans pour autant dire la moindre parole. «
Tu plaisantes j'espère ? » Cingle ma mère en le toisant de haut en bas. «
On aurait du demander à connaitre le sexe du bébé, mais comme Madame voulait garder la surprise pour l'accouchement, voilà le résultat ! » S'agace mon père en croisant les bras. «
Ca te pose un aussi gros problème que ca ?! Je te signale qu'il s'agit de ton fils ! Tu me dégoutes Romuald ! Je viens de passer plus de DIX HEURES sur ce foutu machin à mettre notre enfant au monde alors crois moi, je ne suis PAS D'HUMEUR à écouter tes conneries ! » S'énerve ma mère à peine remise de son accouchement. Eh bien je commençais bien dans la vie moi. Ma mère dévisage alors mon paternel avant de le traiter d'abruti et par la même occasion lui ordonner de quitter la chambre. Romuald et Adrianna avait mis plusieurs années avant de réussi à enfin avoir un enfant. La jeune femme avait auparavant enchainé les fausses couches - et accessoirement accoucher d'un garçon mort né - avant de baisser les bras. Les médecins avaient beau faire de leur maximum pour aider le couple, rien ne fonctionnait. Et puis un beau jour le miracle s'est produit. Adrianna désirait cet enfant depuis tellement longtemps qu'elle se moquait complètement de savoir si c'était un garçon ou une fille. Dans tous les cas elle aurait été comblée de bonheur. Mais du coté de Romuald, c'était une toute autre histoire. Depuis toujours, il s'était dit que si un jour il devait devenir père, ce serait obligatoirement d'un garçon. Il voulait enseigner à son fils les valeurs de la famille et lui apprendre à devenir un homme puissant, sans coeur et qui dirige tout ceux qui l'entoure d'une main de fer. Romuald n'était bon qu'à refaire les mêmes choses que son propre père. Père qu'il détestait et à la fois admirait plus que tout par sa réussite. Romuald s'était toujours senti tellement inférieur à son géniteur qu'il était près à être aussi cruel que lui pour avoir enfin frâce à ses yeux. Seulement quand son premier fils est venu au monde mort né, Romuald a eu comme un électrochoc. Si jamais il venait à avoir un fils, il ne cesserait de penser à son premier enfant décédé. Il voulait impérativement une fille, manque de pot il avait un fils.
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Je demande le divorce. » Lance ma mère alors que nous venons à peine de terminer notre repas sur la terrasse de notre immense villa. Verre au bout des lèvres, j'évite de peu d'avaler de travers le liquide contenu dans l'objet transparent. Je jette tantot un coup d'oeil à mon père qui actuellement tire une tête d'enterrement et tantôt à ma mère qui continue de savourer tranquillement sa tarte au citron. Dans un sens, je n'étais pas réellement surpris que ma mère nous annonce ca, même si il y avait des façons de le faire. Il faut dire que mon père n'était pas l'homme le plus discret de la planète alors il était relativement facile de remarquer qu'il allait voir à droite et à gauche. Comme par exemple son parfum qui prenait régulièrement une odeur beaucoup plus féminine sans compter les traces de rouge à lèvre par-ci, par-là. «
Maintenant tu pourras sauter comme bon te semble ta secrétaire mon cher Greene. » Dit-elle avec un sourire en coin avant de reprendre une bouchée de sa tarte. Le visage de mon père se décompose au fil des minutes avant qu'il ne fronce les sourcils et affiche une mine contrariée. Sans prévenir il quitte la table en jetant sa serviette au sol. C'est plus fort que moi, un rire m'échappe face à la situation. Hallelujah ce jour devrait être une fête national. C'était le jour de la libération. Adieu la pression que me foutait mon père du matin au soir et du soir au matin. Ma mère et moi allions pouvoir enfin respirer. Bien entendu ma mère ne quitta pas le domicile familial comme ca. Elle exigea une somme astronomique de la part de mon père sans quoi, elle balancerait tout au patriarche Greene. La menace ultime. Quelques semaines plus tard, ma mère et moi partions vivre dans une nouvelle demeure située en plein coeur de Londres.
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TYLEEEEEEEEEEEEEEER !!! VIENS ICI IMMEDIATEMENT !!! » Hurle mon père à travers la maison. Assis sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, je lève les yeux au ciel tout en recrachant la fumée de ma cigarette. «
Oh la barbe ! » Grommelais-je en écrasant la fin de mon mégot dans le cendrier posé sur le rebord. Descendant de mon perchoir, je laisse mon père gueuler comme un âne depuis le salon, tout en prenant mon temps pour descendre les escaliers. Une fois arrivé en bas, je m'adosse contre l'encadrement de la porte et croise les bras. «
Qu'est-ce qu'il y a encore ? » Soupirais-je d'un air blasé. «
J'ai reçu un papier de ton lycée, alors comme ca monsieur se fait renvoyer pendant une semaine pour avoir mis le feu en classe de chimie ?! » S'exclame t-il en agitant son bout de papier. «
Qu'elle idée de laisser jouer des ado de dix-sept ans avec du feu aussi... Et puis les cours sont terminés alors pas la peine de s'exciter. » Soufflais-je en roulant des yeux. «
Tu ne vas pas t'en tirer comme ca Tyler ! Privé de sortie pendant un mois ! Et t'as plutot intérêt de filer droit car à la moindre mauvaise note, direction le pensionnat ! » Hurle t-il à s'en arracher les cordes vocales. «
De toute façon la prof ne peut pas me saquer ! » M'exclamais-je contrarié. Argument que tous les adolescents de mon âge balance à tors et à travers avant de monter s'enfermer dans leur chambre. Bien entendu, il était parfaitement hors de question que je reste cloitré dans cette baraque durant tout l'été. Car en plus d'avoir une garde partagée, ma mère avait décidé de partir s'éclater au soleil avec ses copines, me laissant à mon imbécile de père. J'avais toujours été le genre de garçon très turbulent et n'aimant pas l'autorité sous n'importe qu'elle forme. J'étais un grand habitué des soirées londoniennes, là où la bourgeoisie venait se retrouver pour picoler jusqu'au petit matin. J'étais aussi instable scolairement qu'amoureusement. Je préférais largement enchainer les conquêtes plutot que de me poser gentiment avec une charmante jeune femme. L'amour, les couples, le rose, ca me donne la nausée.
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C'est quoi ce bordel ?! » M'exclamais-je en tentant de passer à travers la foule se tenant devant chez moi. «
Puis-je savoir qui vous êtes monsieur ? » Me demande un policier qui me barre la route. «
Le fils de madame Greene alors vous allez me laisser passer c'est clair ?! » Je commence à m'énerver avant que le policier de me saisisse par le bras avant de m'emmener un peu plus loin. «
Mais vous allez m'expliquer ce qu'il se passe ici à la fin ?! » Dis-je tout en m'agitant. «
Votre mère est...Décédée. D'une overdose de médicaments. Toutes mes condoléances monsieur. » Connard. Connard de flic de merde ! Et arrête de m'appeler bêtement monsieur ! Je reste bien quelques secondes à le fixer droit dans les yeux avant de me mettre à hurler à travers le jardin et me mettre à courir afin de rentrer dans la villa. Le choc de ma vie quand j'ai découvert le corps de ma mère prêt à être mis dans une sorte de plastique blanc. Après ce tragique évènement, j'ai bien évidemment du aller vivre chez mon paternel. J'avais beau être majeure, ce dernier n'avait pas l'air décidé à ce que je vole de mes propres ailes. D'autant plus que je n'avais pas la moindre envie de rester une minute de plus avec ce père qui à mes yeux, n'en était pas un étant donné qu'il ne s'était jamais vraiment occupé de moi et qu'il avait toujours fait en sorte de me rabaisser.
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Non vas-y ouvre-le ! J'y arriverai jamais ! » M'exclamais-je, accompagné de ma fidèle amie Sandra. «
Après lecture de votre dossier nous vous annonçons que... » «
QUE QUOI ?!! » Hurlais-je en la secouant à moitié. «
QUE VOUS ETES ACCEPTE A HARVAAARD !! » Je me suis alors mis a hurler et sautiller dans la rue sous le regard suspect de quelques passants. Après plusieurs engueulades, mon père avait fini par céder. Après tout, ce n'était pas comme si j'allais lui manquer. Et puis j'avais un grand besoin de quitter Londres, l'Angleterre afin de commencer une nouvelle vie. J'avais besoin d'un grand changement. Cambrudge, j'en avais toujours rêvé. Quelle ville magnifique. A vrai dire j'avais postulé à Harvard sans être vraiment certain d'être accepté. Dans le pire des cas j'aurai simplement passé ma vie à faire la fête ainsi qu'à dépenser l'argent de mes parents à tout va. C'est avec surprise que je fus accepté. Moi qui n'avais jamais vraiment été copain avec les études c'était un exploit.