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ORCHID & SAVANNAH
(Hubbard) ▽ Un ami, c'est quelqu'un qui sait tout de toi, et qui t'aime quand même.
Je n'aime pas spécialement les fêtes de fin d'année. Ce n'est pas que je n'aime pas ma famille, c'est surtout que je n'aime pas ma belle-mère qui passe son temps à se plaindre et à mettre une mauvaise ambiance. Tous les ans je fais l'effort surhumain de rester comme une petite fille sage dans la grande maison familiale avec un verre de champagne à la main et un sourire forcé en prime. En y réfléchissant bien, il n'y a pas que ma belle-mère qui me tape sur les nefs, il y a également toute cette clique de bourgeois que je ne connais ni d'Eve, ni d'Adam et qui sont d'un ennui à mourir. Nous passerions les fêtes dans le bureau de mon père perché à deux cent mètres de haut reviendrait au même. Les repas de « famille » ressemblent plus à une réunion d'affaires. Alors non, je ne suis pas spécialement ravie de quitter la Cambridge pour aller en Angleterre. C'est à croire que le climat là-bas est aussi pourrit que l'ambiance de ma famille. J'en déprime presque rien qu'à l'idée de passer des heures et des heures sur ma chaise à compter les petits pois présents dans mon assiette.
« Papa aimerai vraiment que tu viennes tu sais. » Je pousse un long soupire. « Alors pourquoi il n'est pas foutu de me téléphoner lui-même ? Et puis c'est vrai que l'idée d'aller jusqu'en Angleterre pour supporter les plaintes de belle-maman m'enchante carrément. » Grinçais-je alors que j'entends mon frère ainé pousser un grognement à l'autre bout du combiné. « De toute façon j'ai promis à maman de passer noël avec elle à New York donc je ne me vois pas faire le tour du monde en moins d'une semaine vois-tu. » Ajoutais-je sur un ton calme mais strict. « Tu pourrais quand même faire l'effort de passer au moins le jour de l'an avec papa. Moi aussi je n'habite pas tout près et pourtant j'y vais. » Mon frère a le don de m'agacer lorsqu'il commence à être trop insistant à mon goût. « Bon écoute Tyler, j'ai pas le temps d'en discuter d'avantage, je te rappellerai plus tard. Salut. » Je ne lui laisse pas le temps d'en dire d'avantage que j'appuie sur le petit bouton rouge afin de raccrocher. Dans la foulée j'envoie valser mon téléphone portable sur mon lit et attrape la serviette de bain afin de me sécher les cheveux. Je crois que mon frère a légèrement oublié le décalage horaire. Une fois les cheveux à peu près secs, je passe ma main dedans et les secoue afin qu'ils prennent une forme à peu près normale - l'avantage de pouvoir être coiffée sans avoir à se coiffer - et enfile le premier jean et T-shirt qui me passe sous la main. De toute façon je ne vais pas à la fashion week – même si on pourrait penser du contraire lorsque l'on voit certaines filles – mais à l'université. J'attrape rapidement mon sac de cours et file hors de ma chambre étudiante. Je pense d'ailleurs très sérieusement à me trouver un appartement en ville. J'ai vraiment besoin d'avoir mon « chez moi » afin de ne plus me coltiner les douches communes et cette boite à sardine qui me sert de piaule.
«Eh bien mademoiselle Hamilton, puis-je vous suggérer de vous acheter une montre avant la semaine prochaine ? » me lance mon professeur de géographie en croisant les bras. Je grimace et lui rétorque « J'en ai déjà une. » Je secoue ma superbe montre avec un joli Michey dessus. « Et bien dans ce cas servez-vous en pour la prochaine fois. » Je l'ai regardé. Il s'attendait surement à ce que je réponde quelque chose, mais je me suis contentée de faire demi tour afin de quitter une amphi pleine à craquer. Connard. Connard de professeur. Si je pouvais lui faire bouffer son Atlas à celui-là ! Je soupire et m'arrête à mon casier afin d'y déposer quelques affaires. Bon, je vais faire quoi moi maintenant. Mon prochain cours ne commence que dans...deux heures. Je claque la porte métallique de mon casier et me dirige à l'extérieur de l'université. Il fait beau, mais il caille. Le vent s'engouffre soudainement dans ma chevelure alors j'enroule un peu mieux mon écharpe autour de mon cou. Moi qui voulait glander dans l'herbe eh bien je crois que c'est loupé pour ce coup. Je décide donc de rebrousser chemin direction la bibliothèque. Y'a pas de doute, il fait quand même meilleur ici que dehors. J'aurai fini congelé. Je scrute l'immense pièce à la recherche d'un petit coin tranquille où personne ne viendrait m'embêter. Seulement mes pupilles tombent sur un tatoué que je reconnaitrai entre mille. D'un pas assuré je m'approche vers mon meilleur ami qui me fait dos. Histoire de lui faire une petite surprise, je passe mes deux mains sur ses yeux. «Qui c'est ? » Demandais-je amusée.
(c) AMIANTE
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