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J'crois que le bonheur pour Alexis, ça ressemble à ça. Faites une concertation de psychologues, parce que c'est pas normal. Ca devrait pas inonder son corps, réchauffer son pauvre cœur tout en pierre, faire tourbillonner l'esprit jusqu'à l'étourdir un peu. Mettre à terre les recommandations, la bienséance, tout ce que tu devrais avoir compris, à vos âges. Que tu refuses. Mais ne vous trompez pas, elle aussi, elle rêve de son champs de blé, des oiseaux qui se posent sur ses bras, du prince charmant qui ne voit qu'elle, qui entonne à tue-tête une mélodie juste pour elle, puis, elle veut aussi des versions miniatures. Et, tu fermes le bouquin, tu vois qu'il y a déjà beaucoup trop de pages arrachées, tu vois que c'est pour les autres, que la tienne d'histoire, elle navigue sur de la lave. T'entends les récits d'ailleurs, tu vois le sang, tu comprends la violence, t'adoptes la douleur, t'en fais un manteau. Tu le trouves Lui, tu vois la flamme dans son œil, t'admires ce sublime feu intérieur, tu te hâtes, tu lui prépares un trône pour le garder près de toi. Parce que tu te réchauffes le battant auprès, c'est moins compliqué de vivre, et quand il se fane, tu souffles dessus, tu balances des horreurs, tu ravives les brûlures. Monstre d’égoïsme. Putain barre-toi Caleb. Tu vois pas qu'elle en a rien à foutre que ta vie se casse la gueule ? Elle mettra ton bonheur sur le bucher, si ça lui permet de te garder près d'elle. J'suis pas le poison qu'on s'injecte en espérant que ça devienne un vaccin, moi, j'm'infiltre, et j'infecte. J'veux posséder chaque parcelle de chair, j'veux que tu me vois dans chaque secousse. J'veux ressentir ça, là, maintenant, j'veux ressentir ça tout le temps. Quand le corps te rappelle que t'es incroyablement vivante, que les muscles se tendent, et la peau trahie le tourment interne. Lex, si t'essayais de faire genre que sa main sur ta cuisse là, ça te faisait rien, j'viens t'informer que c'est ta peau elle-même qui t'as balancé, saloperie de collabo'. Je fonderai sur tes lèvres, j'réanimerai chacun de tes organes, si j'étais pas terrifiée par la tachycardie qui m'foutait en apnée actuellement. Mes doigts se sont engouffrés dans ta tignasse, ils s'y agrippent, j'impose ton regard vers moi. Tu l'vois, que j'crame sous la peau, là ? Que j'supplie ta main de poursuivre la découverte, que j'te supplie aussi d'arrêter. Qu'il faut une, deux secondes, pour que j'arrive à reprendre un semblant de contrôle. Qu'une mèche de tes cheveux retrouve le sol, alors que je relâche doucement mon emprise. « Fini les faux semblants. » T'es pas un mec bien Caleb. T'as des recoins sombres, qui te bouffent à force de les mettre sous un voile. Laisse-les gens t'aimer pour ce que tu es, arrête de leur servir une version tiède, réchauffée, un truc fade. Et, bientôt, c'est toute ta longueur qui tombe. T'as de la chance, j'coupais les cheveux de mon père. J'crois que j'y pense, parce qu'une espèce d'esquisse de sourire paisible se trouve une petite place, momentanée, vite effacée. « Je te vois. » Qu'elle souffle, posant les ciseaux sur une étagère, la pulpe de ses doigts sur tes traits abîmés. Allez, montre au monde, montre-leur comme moi je te vois, aussi brisé, bancal, instable, incroyablement brillant. « Tremble, monde ! » Arme ses lèvres d'un sourire carnassier, et tourne ses billes obscurs vers l'épicier terrifié, qui venait juste de faire se casser la gueule la moitié de son étagère. Le rire emplie le lieu, beaucoup trop spontanée. « J'crois qu'il est pas encore prêt pour toi, vient on se barre ! » Merde, va falloir que tu lui donnes de tes cachetons, pour qu'il se calme.
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