fais la vaisselle, fais ton lit, fais pas chier (louve, ariel, victor)

La piaule de Victor était sombre, noire et elle puait le renfermé. Il était en train de pioncer depuis déjà une heure, en boxer, avec des traces d’ongle sur le dos et une plaie ouverte sur le lèvre qu’il entendit des voix s’élever du salon. Putain de sa race. Il soufflait par le nez et se dirigeait vers la porte en l’ouvrant d’un coup à la volée. « Putain mais vos gueules sérieux ! J’essaie d’faire une sieste là ! » Puis après les plaintes, il n’aurait pu se rendormir. Impossible. Tant pis, il allait à la cafetière pour l’allumer et il se récupérait une tasse. Il en profitait pour se gratter les couilles, et boire un grand verre d’eau. « Vous faites chier là, vous avez vos règles que vous gueulez comme ça ? » Un mec à la con qui était en sous-effectif, mais il ne fallait pas le réveiller, ça le rendait d’une plus grande mauvaise humeur qu’il ne l’était habituellement.

Vêtue d’un body en dentelle laissant vue intégrale sur ton arrière-train, t’es installée sur l’îlot central de la cuisine, un verre de Whisky à la main. Ca fait une bonne demi-heure que t’es là avec Ariel, à vous raconter vos derniers exploits, à piailler comme des oies. Tu prêtes pas attention à Victor, t’as aucune idée de ce qu’il peut bien être en train de foutre et, honnêtement… t’en as pas grand-chose à faire non plus. Il sait pas ce qu’il perd en vous évitant, ce petit con. Quand sa voix finit par retentir dans le duplex après un claquement de porte, t’éclates de rire, te foutant clairement de lui. Tu parles un peu plus fort encore, gloussant à gorge déployée pour mettre un peu plus en rogne encore votre colocataire. « Et du coup, t’as fait quoi ? » demandes-tu à Ariel d’une voix probablement trop forte. L’instant d’après, Victor débarque dans la cuisine et tu te tournes ta tête pour le suivre du regard. « Toujours aussi excitant à ce que je vois, change pas t’es parfait. » ironises-tu quand tu le vois se gratter les balloches devant vous. T’as vu bien pire venant de lui, mais ça t’amuses toujours autant de le voir jouer au mâle dominant devant vous.

Les conversations d’après-midi avec ta meilleure amie sont toujours les plus intéressantes. Vous êtes pire que des pies toutes les deux à hurler et vous foutre de la gueule de ces pauvres types qui n’ont rien demandé, mais qui ont eu le malheur de croiser votre chemin. Jus d’orange à la main, vêtue d’un simple peignoir en satin couleur passion qui donne une vue prenante sur ton string en dentelle de la même couleur ainsi qu’un décolleté très plongeant, tu mimes certains gestes en amplifiant l’ampleur de ceux-ci dans l’unique but de faire rire ta colocataire. Victor doit être quelque part et sincèrement tu n’en a rien à foutre. Ton potinage avec Louve est bien plus important que le sommeil et les caprices de ce mec. Tu allais reprendre parole lorsque tu le vois apparaître dans la cuisine, humeur massacrante au menu. Rien de nouveau sous le soleil. Pour ta part, tu lèves les yeux au ciel en le voyant agir tel un homme des cavernes sans aucune classe. C’est avec un sourire vicieux sur les lippes que tu viens attraper fermement la nuque du râleur de première. Tu lui fais ton numéro de charme, rapprochant dangereusement ton visage du sien, mais plutôt que de l’embrasser, tu vides le contenue de ton verre sur son torse nu. ‘’ C’est ce que j’ai fais, sauf que l’autre, il s’est prit ma boisson au visage. ‘’ Un rire caresse ta gorge tandis que tu envoies une serviette à ton colocataire. ‘’ Pile quand j’ai besoin d’un cobaye. ‘’ Tu lui adresses un clin d’oeil avant de venir prendre place aux côtés de ton amie. Avec vous, autant dire que sa couronne perd de l’éclat. Deux pestes contre un, ça le vaut largement.

Ces voix aiguës, c’était crispant. Il avait l’impression d’être un animal sur lequel on utilisait des ultrasons pour le faire obéir, c’était insoutenable. La fatigue parlait sûrement pour lui parce qu’au final, Louve et Ariel ne faisaient relativement rien de mal mais pour Victor, c’était l’enfer sur terre. Si Louve à la limite lui balance une connerie à la gueule, Ariel s’approche de lui dangereusement, mais Victor ne comprend pas justement ce qu’elle compte faire. Elle l’attrape comme si elle voulait l’embrasser et il se rend compte qu’il a une haleine à chier. Puis soudainement, elle renverse son verre sur le torse de Victor qui fait un bond en arrière. « Putain tu fais chier Ariel ! » Il récupère la serviette qu’elle lui lance au vol et il s’essuie le peu d’abdos qu’il arrive à se dessiner en faisant le moins de sport possible. Il soupire et il appuie sur le bouton pour faire couler son café. Il ajoute trois sucres dedans et il le pose sur le comptoir à côté des filles. « Tu te démerdes pour nettoyer ta connerie, j’vais pas l’faire à ta place. » Il se frotte légèrement les yeux en baillant et s’assoie sur une chaise haute, le portable en main pour scroller à travers ses réseaux sociaux. Rien de bien fou, comme d’habitude. « Vous gênez pas hein, continuez à parler de vos mecs. » Ou de ce que vous voulez, il s’en foutait.

Avec attention, t’observes la scène qui se déroule sous tes yeux. Ariel qui s’approche d’un Victor de mauvais poil d’une démarche attrayante, son visage qui frôle celui du seul homme de l’appartement et, soudainement, son verre qui se déverse sur lui. Ton éclat de rire retentit immédiatement dans la pièce tandis que ta main remonte machinalement devant ta bouche comme si tu tentais de l’étouffer. La réaction de votre colocataire te fait davantage rire encore, quand bien même il tente de contenir son calme. L’appartement est aussi crade que Victor, ou probablement moins au final, mais tu t’en fous. Ca valait bien le coup. « J’aurais pas été contre une petite vidéo là, je t’avoue. Mais bien joué, comme d’habitude ! » t’amuses-tu en te laissant glisser du comptoir pour te redresser du haut de ton mètre cinquante. Lorsque Victor s’installe sur l’une des chaises hautes en vous disant de pas vous gêner, un sourire naît au coin de tes lèvres, une lueur de provocation dans le regard. T’observes d’ailleurs Ariel du coin de l’œil comme pour l’inviter à se joindre à toi tandis que tu t’approches d’un pas déterminé du mâle. A l’aide de tes bras, dos au meuble, tu te réinstalles sur ce dernier, ta jambe effleurant alors celle du Multrier. Trop proche de lui probablement, tu décales délicatement son café pour t’approcher un peu plus encore, exposant ton body droit dans son champ de vision. « T’as besoin d’aide pour être de bonne humeur pour une fois ? » le questionnes-tu d’un regard insistant et plein de sous-entendus.