Elliot & Davi :: Walking with a friend in the dark is better than walking alone in the light.

C’est super être gentil et serviable, d’être à peu prêt toujours là pour ses potes lorsqu’ils en ressentent le besoin, sans même en attendre en retour. C’est vrai que tu es comme ça. Par contre, est-ce trop demandé de pouvoir avoir quelques réponses à ses questions, lorsque l’on demande comment va la santé ? Est-ce trop demandé d’avoir un, ne t’inquiète pas Davi tout va bien ? Quelque chose qui sonne sincère par contre. Tu ne crois pas. Cela n’aurait pas coûté cher à Elliot de te rassurer sur son état de santé. Alors, ce n’est pas surprenant qu’à la première occasion, tu as décidé toi-même, d’aller voir comment il allait. Chez lui et ce même, s’il y avait des risques que tu dois te battre avec lui pour qu’il te laisse entrer ou pire, lui parler. C’est donc en arrivant devant sa porte que tu as commencé à regretter un peu ta précipitation à venir le rejoindre. Lorsqu’il t’arrive d’être impulsif, rien ne se passe dans ta tête. Du coup, tu n’as pas réfléchi, ne serait-ce qu’une seule seconde à ce que tu allais lui dire. Aux arguments que tu allais lui fournir pour lui faire comprendre une fois pour toute que tu n’aimes pas qu’il te laisse de côté. Que tu es là pour lui et tu te fiche bien à quoi il peut ressembler ou ce qu’il pourrait te dire comme méchanceté pour te repousser. C’est ton meilleur pote, qu’il le veuille ou non, il est pris avec toi pour un bon moment. Trois petits coups donnés à la porte d’entrée, avant d’attraper une clé cachée et de pénétrer à l’intérieur. « Tu ne me donnes pas de nouvelles, alors je viens à elles. » Dis-tu pour signaler ta présence. « T’es où ? Je sais que t’es là. » Et tu ne plaisantes pas, hors de question que tu retournes chez toi au moins sans l’avoir vu.

Affalé dans mon lit, j’me mate le dernier épisode de Élite sur Netflix. On va enfin savoir qui a tué Marina. Et j’ai mes soupçons hein, mais j’ai compris que dans cette série, fallait s’attendre à tout. D’ailleurs, je sursaute quand j’entends une voix qui parle en anglais. Oui parce qu’Elite c’est en espagnol, alors ça tranche pas mal. Et j’reconnais direct ce petit accent latin. Davi. Qui réclame à me voir. Qui réclame de mes nouvelles. « Le téléphone ça existe. » que je réplique en soupirant, mettant mon épisode sur pause. T’auras capté que je suis en haut dans ma chambre. Alors je te laisse monter, j’entends tes pas dans les escaliers. À quoi bon te repousser maintenant? T’es déjà chez moi, t’as pas attendu mon autorisation pour entrer visiblement. Et une fois que t’arrives dans l’encadrement de ma porte ouverte, j’ouvre grand les bras, allongé en boxer sur mon lit King Size. « Tu vois? C’est bon, j’suis pas mort. Comme je te l’ai dit la dernière fois qu’on a parlé. » Je fais le mort, j’ai envie de crever ouais, mais ça c’est autre chose. J’m’alimente toujours pas beaucoup, je ressens pas la faim. J’ai les os qui me percent presque la peau et des cernes qui plombent mon beau visage. Sans parler des traces de piqures sur mes bras. Elles se sont estompées, mais tu sauras sûrement pas ça. Tu t’y connais pas assez pour. En bref, j’ai l’air d’un mort-vivant. J’le sais, j’ai déjà des potes que j’ai malencontreusement croisé qui m’ont dit que j’avais une sale gueule. Et c’est un peu ça, la triste réalité. J’suis mort et vivant à la fois.

Je suis un peu choqué de la façon dont il me répond… Je veux bien croire que tu es mal et que tu n’as pas le moral, voire même aigri par la cure, mais est-ce une raison de parler de la sorte à ton meilleur ami ? Ton pote qui veut simplement s’assurer que tout va bien ? « Bah, si tu répondais au téléphone, ça irait mieux, tu ne trouves pas ? » Je venais de dire ça d’une façon tout à fait calme, mais avec toutefois une pointe de rancune dans la voix. Évidemment assez fortement pour que tu puisses m’entendre d’où tu es… Suite à notre petit échange personnalisé, j’ai enlevé mes chaussures pour grimper les escaliers pour aller le trouver dans sa chambre pour le retrouver, en boxer dans un état lamentable. « T’es pas mort, mais t’es pas fort non plus… » Je soupire m’approchant de toi, gobelet de café contenant du latté au caramel, ton préféré. Je n’ose rien dire sur ton état et je ne dirai rien non plus. Tu me connais assez pour savoir que je ne suis pas de ces mecs qui ont pitié de qui que ce soit. Je me dis que si tu es dans cette posture, c’est de ta faute et c’est toi qui l’as voulu alors tu dois subir les conséquences de tes actes. Tout ce que je peux faire pour toi, c’est de te supporter. « Tu peux au moins boire ça ? S’il te plaît. » Ce n’est pas grand-chose et ça me ferait vraiment plaisir de te voir ingurgiter une toute petite boisson chaude.

Tu débarques dans un de mes sales moments. Parfois j’ai des bons jours tu sais? Parfois, je vais avoir envie de voir du monde, je vais sortir faire un footing, je vais manger une bonne pizza à moi tout seul. Et parfois... parfois, il y a ces jours d’horreur. Ces jours où le ciel me paraît bien trop noir. Où j’ai pas envie de sortir de chez moi ni même de mon lit, où j’prends même pas de douche. Où je ne bois pas, où je ne mange pas. Où le moindre geste, le moindre effort, devient insurmontable. Où j’pense qu’à une seule chose : la morphine. Ou la fin. La fin de tout. La fin du manque, la fin de la douleur, la fin de l’attente. Aujourd’hui, c’est un jour comme ça. C’est un jour sans. Mais j’te jure que parfois, ça va. Parfois, je vais bien. « J’ai plus de batterie. » Je t’entends déjà me répondre ‘depuis une semaine?’ et dans mon insolence, j’te répondrai que oui. Je suis un petit con quand je m’y mets, j’en suis désolé. « Je regarde Élite sur Netflix. Un mort peut pas regarder la télé. » Tu vois? Bon ok, c’est de la mauvaise foi. Et j’me sens un peu mal quand je vois un gobelet dans tes mains qui m’est destiné. Je reconnais l’odeur, c’est mon latte caramel préféré. Il me donne envie. Et pourtant... « J’peux pas. J’crois que si je vois ça... Hmhm, j’risque de pas le digérer. » J’finirai la tête aux toilettes. Dans ces mauvais jours, c’est comme si mon estomac faisait un rejet de tout corps étranger. Ou alors c’est dans la tête. J’ai du mal à discerner le vrai du faux dernièrement...