APPEL DE SYBEL À ZED

J'agrippe mon téléphone avec facilité, le bout de ce dernier dépassant de mon sac. Premier réflexe, appeler Zed. C'est ma seule alternative, surtout à une heure pareille. Ça sonne et j'peux pas m'empêcher de ronger mon ongle nerveusement. J'veux pas passer la nuit ici, j'en ai ma claque des urgences. Ambiance beaucoup trop macabre pour ma sensible personne. Mes mains en tremblent, ou peut-être bien que c'est que je me les caille. Ils ont du chauffage ici même ? Puis cette jambe, qu'est-ce qu'elle me fait mal. Les bip s'arrêtent. Yes, il a décroché putain. « Allô ? Zed, c'est Sybel. » Je gueule dans l'interphone limite tant je suis heureuse qu'il réponde à mon appel. « Je sais qu'il est tard mais.. j'ai vraiment besoin de toi là. » Avant d'annoncer la couleur j'aimerais savoir si oui ou non il est vivant parce que bon vu l'heure y'a moyen que je sois seule dans ma merde. S'il te plaît, prouve-moi le contraire.

Il a répondu, sa voix résonne comme un lourd écho à mon oreille. J'suis tellement épuisée que je dois décoller le téléphone de mon oreille un instant pour me ressaisir. Fatiguée comme je suis je pourrais m'emporter pour un rien. Je souffle, tout va bien. Zed me demande des explications, c'est bien logique. « Désolée. C'est juste qu'en fait je suis dans une situation un brin délicate.. » Bon j'vais arrêter de tourner autour du pot. « Je suis à l'hôpital de Boston, aux urgences en fait. Et il faudrait que tu viennes me chercher, s'il te plaît.. ? » Je sais que ça va l'énerver mais j'ai personne d'autre, je suis forcée d'admettre que c'est mon seul espoir.

Il va me haïr mais j'ai pas le choix. Enfin si, j'peux attendre le petit matin en tentant de m'endormir sur la chaise pliée en quatre mais c'est pas une super bonne idée. Ma jambe est si lourde.. Je grince des dents pour échapper une plainte. « C'est pas une blague Zed.. » Ça m'amuse pas en tout cas. Lui non plus j'imagine mais je peux pas rester là plus longtemps, j'veux rentrer à la maison. « Je me suis cassée la gueule au bal et.. j't'expliquerais tout sur le retour, pour l'instant j'ai juste vraiment besoin qu'on me ramène à l'appart. Please, t'en es le seul capable. » Main sur le front, j'veux juste retrouver mon lit, m'endormir comme si tout cela allait se terminer à mon réveil demain matin. Je m'éprouve pour un rien après quelques heures passées ici mais que voulez-vous, c'est clairement pas le début de fin d'année auquel je m'attendais.

Un sourire parvient à se dessiner sur mes lèvres, un mélange de joie et de douleur. J'suis tellement contente de savoir que je vais rentrer putain. M'en fous d'avoir la jambe dans le plâtre à ce stade de fatigue, je veux juste tomber dans les bras de Morphée. Maintenant. En fait non, j'vais éviter de m'endormir sur cette chaise inconfortable et lutter, ce sera mieux. « Oui ils m'ont donné l'autorisation de partir.. » Je râle quand Zed demande à avoir l'infirmière pour renchérir « Mes infirmiers m'ont quitté depuis un moment, j'suis sensée déguerpir là. » Mais comment avec une jambe dans le plâtre, hein ? J'abuse, en réalité j'leur ai dis que j'avais quelqu'un pour me récupérer. Bah oui, mon frère adoré ! Je ne veux pas rester là. Vraiment pas. « Allez s'te plaît Zed, sois cool. De toute façon maintenant que t'es réveillé t'as plus le choix. » Un sourire narquois sur les lèvres, je peux pas m'empêcher de grincer des dents quand je cause car d'une main je dois soulever ma jambe si j'veux pas être gênée par la douleur. Impec vraiment.

Je scrute le plafond le regard vide pour tenter d'oublier la douleur qui ne s'en va pas. J'en peux déjà plus alors que j'ai encore un mois à supporter, je suis vraiment une fragile. « Merci Zed, à tout de suite. » Il raccroche et un soupir s'échappe de mes lèvres. J'suis soulagée à l'idée de bientôt rentrer chez moi alors j'réunis mes affaires calmement, attendant patiemment que mon frère d'amour vienne me chercher.

appel terminé