La reine de glace erre dans les allées trop joyeuses pour elle. Il y a trop de bruit, trop de monde, trop de joie obligée. C'est Noël après tout, faut être heureux, faut forcer l'air réjoui, tirer sur les lèvres pour former un sourire. Toi, t'y arriverai presque, avec beaucoup d'efforts. Je t'aide un peu à étendre cette bouche, trop habituée aux moues imprégnées de sarcasme. Tu te vends comme un exemple de sagesse, et l'image de tes yeux entourés de dentelle me rappelle le contraire. Cependant, je dois bien te reconnaître une certaine rigueur dans la perfection eliot-ienne. Tu es tout ce que je déteste Deirdre. « Rien qui dépasse, rien qui déborde, faudrait surtout par perdre le contrôle. » La maîtrise règne sur ton être, et je m'efforce d'être ce grain de sable, qui rend la machine moins rôdée. Attise ta colère, ton dédain, ton désir. Je jonglerai, et je me briserai quelques os. « T'as déjà hurlé, le plus fort que tu pouvais ? » Le cri qui vient du ventre, qui traverse le cœur, et perce ta gorge. Est-ce que tu t'es déjà effondrée, noyée dans l'eau salée ? Est-ce que ta langue connait le goût de tes larmes ? Est-ce que t'as déjà ouvert les yeux un matin noir, d'une obscurité tellement forte que t'en tombais à genoux ? Est-ce que ça déborde des fois ? « J'fais pas de bêtise. » Ou alors des petites, mais je sors rarement du sentier du raisonnable. Enfin, si on oublie quelques illégalités faites sous couvert de mon clavier, évidemment. Hausse les épaules, te pique encore un peu de sucre. « Sauf si on appelle des mauvais choix, des bêtises. » La nuance est subtile. Souligne les lèvres d'un sourire fugace. « Et des mauvais choix, j'en ai fais des tas. » Laisser Reaghan crever seule, briser Salomée, abandonner Leandra dans ce lit, c'étaient des conneries. Et parfois ça me réveille encore la nuit.
(Jasper O. Ellington)
deux verres vides et le bruit dehors, on habite dans un corridor, tu t'abrites dans ce faux décor. prends moi la tête tant qu'on peut encore, et dis-moi que c'est trop tard, je serais d'accord. deux pièces vides qui résonnent trop fort ; on habite dans un désaccord. - mentissa