THOMAS MARTIN ► pearl liaison/matthew james lent

Je m’assois, un crayon à la main. On ne le fait plus assez aujourd’hui, se poser devant une feuille blanche. Sauf que j’ai toujours eu cette méthode de me vider le cœur de cette manière. Cette fois, j’ai envie de revenir sur le passé. Eh oui, me voilà à écrire une lettre au jeune Thomas, sur tout ce que j’aimerais qu’il sache, qui l’aiderait à passer toutes ces épreuves…

« Allô mon cher ThomThom, ici Thomas. Tu pourrais peut-être croire qu’à mon âge, 22 ans, tu es un adulte posé, que tu as tout réglé à présent… j’ai la tristesse de te dire que c’est totalement faux. Heureusement, tu commences à te connaitre et à assumer qui tu es. Alors ces regards que tu sens quand tu te promènes dans les couloirs à l’école, tu vas finir par t’en ficher. Encore une chance que tu as eu une période tranquille avant de débarquer à l’école, au moins tu avais une bonne base pour t’en sortir! En effet, tu as eu de bons parents. Encore une chance. Certes ils ne savaient pas trop comment réagir à tes différences, mais ils les ont toujours acceptés. Ils ne t’ont pas toujours compris, mais ils t’ont toujours supporté, ce qui a fait que jamais tu n’as changé de comment tu es, comment tu t’aimes. Tu étais donc un petit garçon assez confiant, enjoué, qui aime aller vers les autres. Peut-être que tu préfères les poupées aux camions, mais on s’en fiche, chacun ses intérêts! Déjà là, tu es un vrai petit artiste. D’ailleurs, cela t’a valu quelques conséquences comme tu pouvais t’exprimer sur des endroits non propices, comme les murs de la maison par exemple. Tu as toujours aimé les choses qui sortaient de l’ordinaire, puis tu devais bien t’occuper, n’ayant pas de sœur ou de frère pour jouer avec. Cette innocence c’est toutefois brisé lorsque tu es arrivé à l’école. On dit que les enfants n’ont que du bon, mais tu as pu voir l’inverse. En effet, même lorsque tu n’étais qu’au primaire, tu as pu voir que ta différence t’isolait de tous les groupes présents. Les garçons ne te ressemblaient aucunement, n’ayant pas les mêmes intérêts, et les filles ne voulaient absolument jouer avec un garçon, quelle honte! Alors tu te retrouvais seul, ou avec les autres rejetés. Tu t’es beaucoup remis en question, te demandant ce que tu avais qui n’était pas correct selon les autres. Je peux te dire aujourd’hui que c’est simplement la différence qui fait peur aux autres mais que tu dois en être fier, c’est ce qui fera que tu deviendras grandiose, une star. Je ne saurais quoi te dire pour éviter l’intimidation que tu as vécu. Que ce soit physique ou verbal. Le mal qu’on peut te faire physiquement partira avec le temps, toute blessure guérit après tout. Cependant, celle faite par des paroles restera gravée dans ta mémoire alors s’il-te-plait, ne les écoute pas. Puis ne réplique surtout pas, tu vaux bien mieux que cela! Tu finiras par trouver des gens qui te ressemblent ou des gens ouverts à la personne que tu es, mais surtout, n’accepte jamais de changer pour qui que ce soit. Tu es le maitre de ton futur. Puis à l’adolescence, tu trouveras une échappatoire qui ne plaira pas à tous. Tu profiteras des moments seul à la maison pour te pratiquer, pour transposer tes dessins que tu fais depuis des années sur ta personne. Cette fille que tu dessines depuis si longtemps, tu finiras par l’incarner. Oh ne doute jamais du jeune homme que tu deviens, tu adoras jouer avec la testostérone que tu possèdes, mais faire naitre cette femme t’apportera tellement de bonheur, tu te sentiras enfin libre et surtout, tu pourras être qui tu veux! Cela te prendra plusieurs années avant de te montrer de te dévoiler à ton entourage et encore plus à monter sur scène. Ça te prendra beaucoup de courage, mais tu verras que ça vaudra la peine. Tu découvriras un sentiment que tu n’auras jamais vécu auparavant… la fierté! C’est peut-être un personnage, mais ça reste que c’est une partie de toi. Tu adoreras cette attention, la curiosité et l’intérêt dans les yeux des gens autour de toi. Surtout, tu pourras exploiter tes talents d’artiste dans quelque chose de concret enfin. Puis pour t’améliorer encore plus, tu iras dans l’une des meilleures universités du pays, sans t’éloigner pour autant de ta famille. C’est complètement fou, n’est-ce pas? Comme quoi la vie est bien faite… Tu apprendras à créer tes propres vêtements, à travailler ton esthétique. Puis bien sûr, il n’y a pas que cette apparence que tu travailleras. Ces années difficiles laisseront des marques. Ça prendra probablement tout le reste de ta vie pour les surpasser, mais prend les choses une à la fois. Le conseil que je peux te donner, c’est de te faire confiance. Même si les autres te remettent en doute, n’hésite pas à foncer et tu finiras par être fier de toi, par être qui tu veux vraiment! »