NIELS KELLER ► dylan rieder

résumé:

La capuche recouvrait tes traits, le regard noir, tu l'observais. Elle était là, juste à côté de toi. Elle était belle, elle était simplement elle. Son sourire venait fendre le crépuscule, la fumée qu'elle rejetait de ses poumons venait vous encercler, l'éphémère vous protégez. C'était votre instant, sous les promesses d'une lune florissante, sous la bienveillance des derniers rayons de soleil. C'était ces quelques minutes, au gré du vent, épaule contre épaule. Tu pouvais guetter la courbe de ses lèvres, les désirer, les approcher, l'enivrer, l'embrasser comme si ta vie en dépendait. C'était cette main qui se noyait dans ses cheveux bruns, c'était ta langue qui accrochait la sienne par pur instant de plaisir, de désir, d'envie. Elle faisait tomber le tissu qui recouvrait ta tête, elle balançait ta casquette, elle s'emparait de ta peau, de tes mains, de ton corps. Elle prenait tes membres pour les siens. Tu humais l'odeur de son parfum, l'odeur de sa peau, l'odeur de son sweat trop grand. Tu te sentais chavirer par l'amour que tu lui portais, par la fougue qu'elle te provoquait, par la passion qui vous animait. Lili était ta meilleure amie, ton premier amour, quand bien même vous n'aviez jamais aimé vous définir. C'était sauvage, c'était à l'état brut.

《 all the bullshit, we’re above it
and that’s gangster and we’re love sick
on a level that they just can’t fuck with
but I see that they get you down
they make it hard for you to hold your head up proud
but I hope, when I bust this verse
we gon’ feel like we’re the only ones on earth
lost in the madness
is it all an illusion ? 》

Elle était partie, dérobée par les cieux après une course folle. C'était la fin d'une guerre, les soldats avaient rendus les armes, elle en avait décidé ainsi. Et tu n'avais plus que tes souvenirs pour te rappeler d'elle. Ses vêtements qui portaient son odeur, son répondeur pour entendre son rire, vos photos pour l'imaginer encore à tes côtés. Son fantôme hantait ton esprit, elle était partout autour de toi. Et le grain de sa peau qui manquait sous tes doigts abîmés, tes oreilles pleuraient encore le son de sa voix, tes mains cherchaient toujours ses courbes, et ses lèvres, ses lèvres qui complétaient si bien les tiennes...
Tu pleurais un peu tous les jours.



T'avais marché des heures, des jours, des nuits. Elle était partie. Ton compagnon de voyage s'était fait la malle, préférant les bras de Morphée pour l'éternité. Puis d'ailleurs, qu'est-ce que c'était ça, l'éternité ? Une notion qui te ferait vomir, une notion où ton amour se perdait, à tout jamais. La valse des âmes égarées perdait son sens, parce que maintenant, tu dansais seul Niels. Un solitaire sans solidaire, un solitaire sans sa partenaire. Heureusement, il te restait Shiro, ton berger allemand. L'problème c'était que t'avais perdu ta famille, t'avais perdu ta meilleure amie, ton bout de femme. Orphelin un jour, orphelin toujours. C'est ce qu'ils t'avaient dit les gamins de l'école, lorsque tu étais petit. Et puis tu étais arrivé ici, un peu par hasard, un peu trop près de l'endroit où tu avais déjà été abandonné une première fois. C'était sans aucun doute la fin de ton chemin. T'avais peut-être bien pensé à la rejoindre, lorsque le feu crépité encore et que t'avais toutes ces bouteilles vides qui jonchaient sur la terre comme des cadavres. T'avais pensé à la mort, et puis tu l'avais détesté Lili. Partir, comme ça, sans dire un mot, sans un espoir. Alors t'avais continué sans elle. Tu puisais ta force dans ces petits riens qui te faisaient rire. T'étais un homme de la rue, tu arpentais le sol américain. Tu ne savais pas ce que tu cherchais, un peu de sérénité, un peu de sagesse, un peu de réponses à ces questions que tu n'arrivais pas à formuler. Le temps pansé les blessures. Tu ne l'oublierai jamais, Lili. Elle était ton âme-soeur, mais maintenant, les lèvres des femmes goûtaient le sucre et non pas l'acidité. Et puis tu étais entré dans ce bar, une nuit sans autre ambition que celle de boire. Ce bar, cette musique, cette ambiance. T'avais fermé les yeux, et lorsque tu les ouvrais en un battement de cils, t'avais compris. T'étais arrivé à la maison, pour de bon.


《 sometimes they try to break me down
other times I feel safe and sound
and I don't know why I'm weightless now
but I'm guessing it's because we're running on air 》