BORN TO TORONTO
Quand tu me vois dans la rue, les dernières Jimmy Choo aux pieds, le sac Dior que tout le monde s’arrache dans les boutiques sur l’épaule, mes Ray Ban sur la tête et les bras remplis de sacs Channel, tu pourrais croire que je suis née dans le luxe, que l’argent est tout à mes yeux or, c’est loin d’être le cas. J’ai vu le jour à Toronto et on m’a accueilli dans une maison que l’on peut voir à peu près partout ici, au Canada. Je n’ai pas grandi dans une villa, encore moins d’un château et malgré ça, j’aime ma vie. J’ai toujours aimé ma vie et je n’échangerai celle-ci contre tout l’or du monde. Ma mère ne m’a appris à dépenser sans compter, elle m’a appris que la vie n’était pas toujours une partie de rigolade, elle a essayé de me faire comprendre qu’on n’avait rien sans rien et surtout, elle m’a montré à quel point la famille était importante. Et oui, je suis née avec des valeurs familiales et j’ai toujours tout fait pour être à la hauteur de ses attentes malgré l’image que l’on peut se faire de moi. Ce qui compte le plus à mes yeux, c’est eux et rien d’autre.
HAPPY FAMILY
Toute famille a un secret. Voilà sur quoi je méditais alors que le ciel bleu transpercé mes paupières closes, que la douce brise de printemps caressait mon visage, pendant que mes doigts jouaient avec l’herbe encore humide. Des rires me firent redescendre sur terre. Je me redressais d’un bond, souriais face à cette image et tournais la tête en direction d’Alice, avant de reposer le regard sur le jeune couple accompagné de leurs trois enfants. « Tu les vois ces gens là-bas ? Ils ont l’air heureux non ? Bah pourtant, ils ne le sont pas ! » C’était étrange comme affirmation or, j’étais on ne peut plus sûre de mon coup. Ma meilleure amie me dévisagea un instant avant de se concentrer sur la famille au complet. Elle n’avait pas l’air d’accord avec moi mais, elle mit un moment avant de donner son avis. « Qu’est-ce qu’il te fait dire ça ? » Je reposais ma tête contre l’arbre, le long duquel j’étais installée depuis notre arrivée ici. On aimait passer du temps à discuter de tout et n’importe dans ce parc. C’était un espace calme, paisible et agréable, en particulier à cette période de l’année. « Un tel bonheur n’existe que dans les romans chérie ! » Soupirais-je comme désespérée de constater tant de naïveté en sa personne. Le silence s’était installé entre nous et tout à coup, je décidai enfin à lui parler. « Mon père trompe ma mère. Tout le monde le sait et pourtant, personne n’en parle. Comme si c’était un sujet tabou. Je n’ai jamais vu ma famille comme ça, même ma grand-mère ne trouve pas le moyen d’étouffer la haine qu’elle éprouve pour mon père. Je devrais lui en vouloir et pourtant, j’arrive pas à le haïr. » A mes premiers mots, elle s’était tournée vers moi et installait dans le but d’apercevoir ma réaction. Elle me connaissait par cœur Alice, elle savait quand je cachais quelque chose, elle l’avait senti depuis le début et maintenant, comme toujours, elle était prête à m’écouter et m’aider à trouver une solution à mon problème. J’avais découvert cela toute seule, ça crevait les yeux et puis plus le temps passait, plus je m‘apercevais que je n’étais pas la seule à être de cet avis. Tout le monde le savais et personne ne disait rien pourtant, j’étais jeune, j’avais besoin de savoir la vérité, j’avais besoin de mon père mais, il n’était pas là. J’aurais dû lui en vouloir de ne jamais être présent à la maison lorsque sa famille en avait besoin mais, c’était plus fort que moi. Il était mon père après tout !
BAD LOVE
Je pensais être amoureuse. Non en fait, je l’étais ! J’étais réellement amoureuse de Jorden mais il faut croire qu’à l’époque, j’étais moi aussi, tout comme Alice, beaucoup trop naïve. Je croyais encore au prince charmant, au grand amour même si aujourd’hui dans le fond, j’y crois toujours, je serais incapable de l’avouer à haute voix après tout ce que j’ai vécu. Ralala, les hommes, ils vous font croire tout un tas de choses, ils vous font espérer pour au final vous jeter comme une paire de vieilles chaussettes trouées –quelle belle comparaison-. Ce soir-là, je lui ai donné la seule chose qui pouvait prouver mon amour du moins, c’est ce que je pensais. On rentrait de cette soirée, je crois c’était vraiment LA soirée du siècle. Il me raccompagnait chez moi et puis, je lui ai demandé de s’arrêter, je lui ai donné ce qu’il attendait de moi depuis plusieurs semaines déjà. Je pensais qu’il m’aimait vraiment lui aussi alors qu’en fait, tout ce qu’il avait voulu, c’était me baiser comme tous les autres mecs. Moi qui pensais qu’il valait mieux que ça, que je valais mieux que ça ! Le lendemain, c’était terminé. Plus de Jorden, juste un cœur brisait qu’il laissait derrière lui. Je ne l’ai peut-être pas montré par fierté mais, j’ai réellement souffert de cette rupture et je m’en suis voulu de lui avoir donné la seule chose qu’il avait toujours espérée de moi. Je suis rentrée chez moi, j’ai balancé son sac dans le salon, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps et à crier dans toute la maison, parce que je savais que ma mère n’était pas encore rentrée et qu’elle ne risquait pas d’entendre ce que j’avais à extérioriser. Ma grand-mère était quant à elle assise dans le canapé, en train de fumer sa clope, elle me regardait avec attention et essayait de suivre la conversation que j’avais avec moi-même. « Je suis plus vierge ! Ouais, je suis plus vierge à cause de ce sale con ! Je pensais qu’il m’aimait. Je l’aimais moi ! Pourquoi est-ce que les mecs sont tous aussi cons ? Est-ce que ça changera un jour ou l’autre ? Est-ce qu’ils grandiront ou est-ce que je suis condamnée à vivre avec un enfoiré de première ? » Ma grand-mère écrasa sa cigarette dans le cendrier qui se trouvait sur la table basse devant elle avant de me tendre les bras. De plus amples gouttes d’eau virent alors à rouler le long de mes joues pour finir leur course contre son épaule. Je la serrais de plus belle, comme si elle pouvait effacer ce qu’il venait de se produire. « T’inquiètes pas, tu t’en remettras bien vite. Je ne l’ai jamais trop aimé ce Jorden, tu mérites bien mieux que ça, crois-moi. T’es belle, jeune et en bonne santé, profites de la vie ! » Ma grand-mère avait toujours raison et c’est sans doute le meilleur conseil qu’on met jamais donné. A partir de ce jour, j’ai changé. On ne peut pas dire que ce soit dans le bon sens mais, je crois que j’avais vraiment besoin de devenir quelqu’un d’autre, celle que j’avais toujours été au fond de moi mais, que je ne laissais pas s’exprimer. The bitch arrived !
YOU AND I AGAINST THE WORLD
Il ne m’a fallu que quelques jours pour prouver que j’avais changé, que j’étais devenue une autre personne et que je pouvais moi aussi avoir le contrôle sur le monde entier. J’inspirais à plus de puissance, jour après jour et, je n’en avais jamais assez, je n’étais pas prête à m’arrêter en si bon chemin. Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. J’ai débarqué dans la chambre de mon frère, on ne peut plus sûre de moi, confiante comme jamais et je lui ai dit : « Je veux en faire partie ! » J’ai croisé les bras contre ma poitrine, je n’ai pas baissé les yeux ne serait-ce que l’espace de quelques secondes et, j’ai attendu une réponse de sa part. Nous savions tous deux de quoi il était question car après tout, nous n’avions aucun secret l’un pour l’autre. Je lui faisais entièrement confiance et, il me faisait confiance. Nous étions à la fois identiques et complémentaires, inséparables comme les deux doigts de la main. Alors qu’il semblait hésiter, un fin sourire se dessina sur mes lèvres et celui-ci ne fit que s’agrandir lorsqu’il prononça ces quelques mots qui changèrent ma vie à jamais : « C’est d’accord ! » Jeno n’était peut-être pas un modèle à suivre or, il était la seule figure masculine de la famille, mon seul véritable exemple, celui pour qui j’aurais tout donné et le seul qui ne m’avait jamais trahi. C’était mon grand frère, quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, je serais à jamais à ses côtés. Voilà comment je suis rentrée dans son monde, dans son monde qui devint très vite le mien aussi. Dealer, c’est surement l’une des pires choses que je fais dans la vie mais, c’est également ce qui m’est arrivé de mieux. Je n’étais plus cette petite fille calme, sage et naïve non, j’ai grandi et j’ai très vite appris qui j’étais réellement, une garce manipulatrice prête à tout pour arriver à ses fins. C’était tellement mieux ainsi !
KISS ME HARD BEFORE YOU GO
« Bon, t’en veux pour combien ? Dépêches, j’ai pas toute la soirée devant moi ! » Et à vrai dire, je commençais sérieusement à me peler le cul à l’arrière de cette boîte. Je tapais du pied nerveusement, attendais avec impatience le fric que mon client me devait. Il passa une main dans sa poche de jeans puis, dans la veste qu’il tenait à la main et se mit à grimacer en relevant le regard dans ma direction. A tous les coups, il n’avait pas de quoi payer et je n’étais du genre à faire crédit. Soit il me donnait la somme demandée, soit il dégageait or, je préférais de loin la première idée étant donné que j’avais vu une magnifique veste dans la vitrine de l’une des boutiques du centre commercial. « Je crois que j’ai oublié le fric chez moi, peut-être que tu pourrais m’accompagner… » Alors qu’un sourire se dessinait sur son visage, je fronçais les sourcils, lui riais au nez et l’observais de haut au bas. Non mais pour qui il se prenait ?! « Aoutch ! Dis-moi que tu dis pas ça à toutes les filles que tu croises parce que c’est vraiment pathétique ! » Soupirais-je en tendant la main. Il retourna ses poches devant moi, secouais sa veste et ajouta d’un air provocateur : « Bah va-y te gênes pas, fouilles-moi j’ai rien je te dis ! » J’hésitais un court instant pour finalement me questionner sur les risques que je prenais en le suivant jusqu’à son appartement. Après tout, je savais parfaitement me défendre si c’était un psychopathe et puis, ce n’est pas comme si c’était la première fois que je le faisais. Je roulais les yeux, lui volais la veste qu’il tenait dans les bras pour l’enfiler étant donné qu’il était hors de question que j’attrape la mort parce que monsieur avait oublié son porte-monnaie chez lui et, commençais à avancer sans lui demander son avis. « Donne-moi ça ! C’est bon je te suis ! » Je le suivis sans savoir que je ne rentrerais pas chez moi ce soir, je le suivis sans savoir que je tomberais amoureuse de lui, je le suivis sans savoir qu’après Jorden oui, il était possible que je vive une nouvelle histoire d’amour.
Plus le temps passait et plus je l’appréciais pourtant, on s’était promis que ça resterait purement et simplement physique entre nous. « Je t’aime Alex ! Je suis vraiment en train de tomber amoureux de toi ! » Voilà les mots qu’il m’a prononcé plusieurs semaines après notre rencontre. J’avoue que même si je commençais à éprouver des sentiments pour lui, je ne m’attendais pas à ce que ce soit réciproque. Je crois même que j’en ai eu les larmes aux yeux ! Pour la toute première fois depuis Jorden, je commençais à croire que finalement, il pouvait être l’homme de ma vie, que oui, on pouvait aimer plus d’une personne au cours de sa vie.
Malheureusement, toute bonne chose a une fin. Je rentrais de vacances, de quinze jours de vacances aux Etats-Unis. Ce n’était pas grand-chose, il aurait pu m’attendre. Mais non, à croire qu’il avait des besoins bien trop importants pour cela. Je me suis pointée à son appart, j’ai sonné, sonné une nouvelle fois mais, personne répondait. La porte d’entrée était ouverte du coup, j’ai fait comme chez moi, je suis rentrée. J’ai cherché Jayson dans tous l’appartement pour finalement le retrouver au lit avec une autre et tout ce qu’il a réussi à dire pour sa défense a été : « C’est pas ce que tu crois elle, c’est juste une pute que j’ai ramassé en bas de ma rue, c’est toi que j’aime ! » Très charmant ! Je peux vous dire que ce jour-là, j’ai tiré définitivement un trait sur les hommes. Aujourd’hui, ils ne sont que des jouets, des objets du plaisir, des objets de consommation, des clients et des distractions, rien de plus, rien de moins. Je pense avoir assez souffert en amour pour avoir le droit à une petite vengeance et un peu de bonheur à mon tour. Fini l’amour, bonjour la liberté !
GO TO HARVARD
Le jour-là, je crois que j’ai réveillé tout le quartier. Je me suis mise à sauter sur mon lit, à crier des choses insensées et puis, j’ai dansé, dansé jusqu’à ce que ma mère tape au plafond à l’aide de son balais pour que je me calme. J’ai donc descendu les escaliers quatre à quatre et ma mère n’a pas tardé à me rejoindre dans le hall d’entrée. « M’man, tu devineras jamais ! » Je restais on ne peut plus sérieuse, essayant de déceler une réaction de sa part mais, elle se contenta d’hausser les épaules en l’attendre d’une réponse. « Je suis acceptée à Harvard !!! » Ais-je de nouveau crié en sautillant partout telle une enfant de trois ans. Elle a mis un certain temps à réagir et, je ne peux lui en vouloir car elle n’était même pas au courant que j’avais postulé là-bas. J’avais voulu gardé cela secret, seule ma grand-mère était au courant d’ailleurs, je lui avais fait part de mon admission quelques minutes plus tôt alors qu’elle m’avait rejoint dans ma chambre en vue du spectacle que j’avais décidé de leur offrir à toutes les deux. « Oh ma chérie, je suis tellement fière de toi. D’abord ton frère, ensuite toi, qu’est-ce fait pour mériter des enfants aussi formidables ?! » Se questionna-t-elle, large sourire aux lèvres avant de me serrer dans ses bras. Ma mère était à mes yeux la meilleure mère que l’on puisse avoir, elle avait toujours cru en nous, en nos rêves et nous poussait vers la réussite quoi qu’il advienne. « J’étais en train de me poser la même question ! » Sifflais-je avant de me mettre à rire. J’étais tellement heureuse que j’en oubliais le plus important. Soudain, je lâchais ma mère pour lui annoncer : « Je vais appeler Jeno ! Non, non en fait, je vais plutôt lui faire la surprise ! »
A la rentrée, comme prévu, je rejoignis Jeno à Harvard, même s’il ne le savait pas encore. Je l’aperçu au loin dans les couloirs et je ne me privais pas le moins du monde pour lui sauter dessus, trop contente de le retrouver ici. « Devine qui vient te pourrir la vie à Harvard ? » Mon sourire ne fut que s’amplifiait, venir ici avait été comme une évidence pour moi. Si mon frère y était, j’avais le devoir de le suivre parce que dans le fond, je ne pouvais me passer de lui. Je ne lui laissais le temps de répondre et le fixais droit dans les yeux. « Avoues que t’as la meilleure des petites sœurs au monde, chanceux ! » Passant mon bras autour de ses épaules, j’observais les horizons et continuais mon petit discours comme si je parlais avec un mur, arpentant les couloirs de cette université qui m’était encore inconnue. Je n’avais pas besoin qu’il me réponde après tout, je savais qu’il était heureux que je sois ici, je savais que sa vie était misérable sans sa petite sœur adorée. « Faut que tu me fasses un rapide briefing ! Les endroits branchés, les gens à fréquenter, les loosers à éviter, les mecs hyper hot et aussi qui tu t’es déjà tapé, même si je suppose que tu vas me sortir toutes les meufs de l’université, histoire que je sois pas larguée tu vois. Parce que bon, je suis une Carpenter, ça serait con que je nuise à ta réputation, même s’il y a très peu de chance vu que je suis super bonne et intelligente en plus de ça ! » Je levais les bras au ciel comme si c’était une évidence, comme si j’étais née pour devenir celle que j’étais aujourd’hui, née pour être une garce prétentieuse. J’accordais des sourires à droite et à gauche à de purs inconnus qui allaient bientôt devenir mes amis, mes ennemis et mes connaissances. J’étais ici pour réussir et rien ni personne ne pouvait se mettre en travers de mon chemin. « Wahou, t’as bu combien de litres de café toi ce matin ?! »/color] Des tonnes et des tonnes et ce n’était que le commencement d’une nouvelle histoire.
GOODBYE DAD AND HELLO SISTER
C’est en Novembre 2012 que j’appris le décès de mon père. Nous n’avions jamais été très proches et pourtant, cela m’a tout de même blessée or, j’ai appris à intériorité. Jeno était à Harvard à l’époque, quant à moi, je vivais encore à Toronto. J’ai dû affronter cette épreuve seule car ma mère n’arrivait pas en parler et c’était tout à fait logique. Du coup, je m’étais mise à écrire ce que je ressentais, pour me calmer, pour laisser s’échapper toute la haine que j’avais au fond de mon cœur. Vous allez me dire : ‘C’est passé Alex, pourquoi t’en parles encore ?!’ et bien, parce qu’à chaque fois que je la vois, je pense à mon père, je pense à ce qu’il a fait, à ce qu’ils ont fait. Je lui en veux d’avoir trompé ma mère, je lui en veux encore plus d’avoir mené une double vie, d’avoir eu une autre fille avec une autre femme que ma mère. Je la croisais dans les couloirs pour la première fois et pourtant, je savais que c’était elle. Je l’aurais reconnu parmi des milliers. Elle s’est arrêtée devant moi et, je lui ai bêtement souri, ne sachant que dire. « Je suppose que t’es Septembre ? Jeno m’a parlé de toi ! » Oui car, comme si ce n’était pas assez dur d’apprendre la mort de son géniteur, comme si c’était normal d’apprendre que j’avais une grande sœur quelque part sur cette terre, il avait fallu que Jeno m’annonce au téléphone que cette dernière se trouvait à Harvard, qu’elle s’appelait Septembre et qu’elle était plutôt « cool ». Moi, je ne trouvais pas ça cool d’avoir une sœur, j’avais un frère et ça me suffisait. « Enchantée de faire ta connaissance Alexys ! » D’accord donc, elle savait qui j’étais également… Normal ! Je n’avais rien contre cette jeune femme en particulier, elle avait l’air gentille, je revoyais seulement mon père en elle, son infidélité et ça, ça me dégoutait. « Tu peux m’appeler Alex, je crois que ma mère voulait deux garçons ! » Nouveau sourire un peu plus convainquant cette fois-ci. J’ouvrais mon casier pour y déposer quelques livres avant de le refermer pour m’apercevoir qu’elle était toujours là. « Est-ce… » Je ne la laissais pas terminer sa phrase ou du moins, on reprit la conversation en même temps et donc, elle se stoppa nette pour savoir ce que j’avais à dire. « Excuse-moi, je dois aller en cours, on se voit plus tard ! » En cours ? Je n’avais plus cours aujourd’hui seulement, j’avais du mal avec Septembre. Avec le temps, je pensais que ça allait s’arranger, que j’allais apprendre à la connaitre or, je m’étais trompée. Je n’arrive pas à faire comme si de rien était, je n’arrive pas à lui accorder une chance pourtant, j’essaie, j’essaie vraiment. Peut-être plus tard qui sait…
CRAZY FAMILY
J’étais perchée dans les escaliers en train d’observer la scène qui se déroulait en bas. Un homme venait de sonner à la porte et était présent depuis maintenant plusieurs minutes. Je le contemplais parler avec ma mère, j’essayais de deviner leur sujet de conversation en lisant sur leurs lèvres mais, je n’étais pas très douée pour cela. Souvent, un craquement se fit entendre derrière moi. J’attirais mon frère à ma hauteur pour qu’il se baisse, reste distrait et surtout, réponde à mes questions car après tout, il était ici depuis deux mois suite à son renvoi de l’université, il devrait pouvoir m’éclaircir. « C’est qui ce machin ? » Je posais mon regard sur le bel inconnu qui faisait rire ma mère comme jamais je ne l’avais entendu rire auparavant. « Ted, le nouveau fiancé de maman ! » Soupira mon frère d’un air désespéré. Instinctivement, je me mis à rire, planquant ma main contre ma bouche pour ne pas faire trop de bruit et être démaquée. Non, ça ne pouvait être la réalité, ma mère avait perdu mon père, elle n’avait aucune envie de se retrouver quelqu’un, pas après avoir souffert comme elle avait souffert. Tout le monde affirmait que je ressemblais à ma mère, je n’aurais pas agi de cette manière, elle ne pouvait donc pas se faire avoir par un homme à nouveau. Non, c’était impossible. « Maman a ? Quoi ? Non, c'est impossible, pas maman. » Je lâchais le petit couple des yeux pour porter mon attention sur Jeno. On avait eu une conversation quelques jours plus tôt, il m’avait pourtant annoncé cette grande nouvelle. Ma mère allait se remarier… J’étais surement trop défoncée pour le croire… Je restais bouche bée, écarquillais les yeux en le questionnant du regard : « Attends cinq minutes, t’étais sérieux quand tu disais ça ? »
« Yo, excusez-moi de vous déranger tous les deux ! Maman, je peux t’emprunter Ted deux petites minutes ?! » Les présentations avaient été faites la veille. J’avais eu le temps d’avoir une conversation avec mon frère qui m’avait expliqué la situation dans laquelle nous étions. Ce Ted, je ne le sentais pas, il cachait quelque chose et il était hors de question que ma mère soit blessée de nouveau. « Bien sûr ma chérie ! » Elle déposa un baiser sur mon front, j’affichais un sourire en la regardant s’éloigner de la cuisine. Je fermais la porte derrière moi et mon futur beau-père me regarda avec ce regard sérieux que je n’aimais chez personne. « Tu voulais me dire quelque chose ? » Si un sourire illuminait mon visage quelques minutes auparavant, j’étais connue pour être quelqu’un de très lunatique et rapidement, ce sourire se crispa, laissant place à de la méfiance mélangée à une pointe de sarcasme. « Je marche pas dans ton jeu du type parfait. Ça n’existe pas ça, j’ai plus trois ans tu sais ?! Je veux bien faire un effort pour ma mère, parce qu’elle a l’air heureuse malgré tout mais, t’es pas mon père et tu ne le serais jamais. Alors je te préviens, tu parles encore une fois mal à mon frère et je te refais le portrait en personne. Tu fais souffrir ma mère et cette fois-ci, je te fume. » J’avais retrouvé le sourire, peut-être que celui-ci était arrogant et menaçant mais, il m’allait à ravir. A son tour, il se mit à sourire, comme pour me montrer qu’il n’avait pas peur pourtant, j’étais capable de le faire. Je n’avais pas peur de lui, je n’avais peur de personne, je n’avais pas peur de faire de la prison pour avoir protégé ma famille non, j’étais prête à tout pour qu’elle se porte à merveille. Ce Ted, c’était un connard de première qui profitait de ma mère parce qu’elle était naïve et désespérée, rien de plus. Quelques jours plus tard, ils se marièrent alors que Jeno et moi-même avions décidé de rejoindre Harvard pour éviter la cérémonie qui ne nous réjouissait point.
HIGH LIFE, BEST LIFE
« Bon aller Matt, prend ça et on y va. Je vais avoir besoin de toi ce soir parce que je compte rapprocher Jeno et Grace. Rien de mieux qu’une petite fête pour ça ! » Je lui tendis un petit sachet de poudre blanche –non, ce n’est pas du sucre- après en avoir sniffé une petite dose pour commencer la soirée en douceur. J’envoyais ensuite un texto à mon frère et sa meilleure amie pour qu’ils nous retrouvent à bonne adresse pendant ce temps, Matthéo me tendit à son tour le sachet que je fixais un long moment. « Non merci ! » Dit-il d’un ton catégorique. Autant il pouvait se montrer fun, autant il ne l’était pas du tout. Je le regardais en roulant des yeux, espérant qu’il change d’avis. Notre relation était particulière. Alors qu’il essayait de me faire comprendre que les hommes n’étaient pas tous des connards de première, j’essayais de lui prouver que la drogue n’était pas une si mauvaise chose. C’était mon quotidien, je ne pouvais me comporter d’une autre façon. Je voulais lui apprendre à s’amuser d’une autre manière, je voulais qu’il voie la vie comme je la voyais et je savais qu’il en était capable s’il y mettait du sien. « Tu vas pas me laisser planer toute seule quand même ? S’il te plaît ? » Papillonnant des yeux comme je l’avais appris au fils des années, je savais qu’il ne résisterait pas bien longtemps après tout, je l’écoutais, il m’écoutait, je lui faisais confiance, il me faisait confiance, il n’y avait rien de bien compliqué. Il craqua et je fus plutôt heureuse de le remarquer. Attrapant sa main, je sortis de l’enceinte de l’université en criant : « Let the party begin ! » Il faut dire que la discrétion et moi, nous n’étions pas tellement copines. J’aimais me mêler des affaires qui ne me regardaient pas, j’aimais parler alors que tout le monde souhaitait que je la ferme, j’aimais agir à l’encontre des règles, en inventer de nouvelles, je vivais pour faire la fête, pour m’amuser et profiter de chaque instant qui m’était offert sur cette terre. Certaines personnes m’admirent, d’autres me haïssent, chacun son opinion, ce n’est pas moi que ça va déranger, bien au contraire. Libre expression mon frère !