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Affalée sur mon lit, mes doigts tournent les pages d’un magazine, mais le contenu ne m’intéresse pas réellement pour une fois. Ordinairement j’aime plonger le nez dans ce genre de revues, mais sans doute je me focalise un peu trop sur l’ennui. De temps en temps, je m’arrête sur des tenues que je vois et qui me plaisent, je les détaille et je passe à la page suivante en oubliant ce que je viens de regarder. Pas franchement inspirée, je finis par envoyer valser le magazine. Mon portable vibre suite à une notification et jeter un œil sur les réseaux sociaux occupe mes pensées le temps d’une dizaine de minutes. De temps en temps je like une image, puis une autre. Je laisse un commentaire, et finalement l’ennuie pointe de nouveau le bout de son nez, mais au fond je doute qu’il soit réellement parti. Il est vingt-et-une heure, techniquement je devrais penser à aller me doucher, mettre un film ou jeter un œil à mes cours : ça me semblerait plus intelligent comme occupation. Mon estomac se fait entendre et je me rends compte que même en ayant mangé il y a deux heures, j’ai encore faim. Finalement, je décide d’enfiler mes chaussures, d’attacher mes cheveux en queue de cheval et d’attraper ma veste et mon sac avec mon portable et quitte la maison non sans prévenir mon père que j’ai « un truc à faire ». En réalité j’ai une idée bien précise, mais ce n’est pas dans mon habitude de lui raconter ma vie : après tout il s’en préoccupe que depuis deux ans. Avant, c’était à peine s’il se rappelait que j’existais. Il lui a fallu la mort de ma mère pour que oui, monsieur soit au courant que quelque part à Philadelphie il avait fait un enfant à une autre et que cet autre venant de mourir, il était temps de mettre son autorité parentale en avant, ou peut-être simplement montrer qu’il a un peu la fibre paternelle. Juste un peu. Mes pas finissent par me guider vers la résidence des Kirkland et une fois en bas du bâtiment j’entre à la recherche de Theo. Mon idée du soir est digne d’un kidnapping et pour ça je me rends jusqu’à sa chambre pour frapper à sa porte. En attendant qu’il vienne m’ouvrir, je regarde autour de moi, toujours un peu étonnée par la vie en confrérie que je songe doucement m’éloigner malgré tout « Je te kidnappe. On va manger, et parler. Mais surtout manger. C’est pas négociable » dis-je en espérant de ne pas le déranger. En réalité, s’il me disait qu’il avait autre chose de prévu, je ne lui en voudrais pas, mais j’espérais vraiment que non. « T’as même le droit de choisir l’endroit, et puis à mes frais ! » c’est pas si mal comme proposition, non ?
@Theo E. Hennebert
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