JAKARTA LANNISTER ► Lucien Laviscount

Le rejet… C’est une expérience amère, qui blesse, qui vous touche tel un tsunami, et qui vous laisse seul au plus profond de votre être. Il était là, assis sur le canapé de salon de jardin, un joint à la bouche, relâchant l’amertume de ses sentiments, laissant la mêlasse de ses pensées voguées aux quatre vents avec l’épaisse fumée blanchâtre qu’il recrachait. Ses nuits étaient pénibles, entre songe, doute et souvenir douloureux, il ne savait plus comment dormir sans être en proie des cauchemars de son passé. La drogue était le seul remède qu’il trouvait pour oublier, pour essayer en vain d’effacer ses douleurs qui broient son âme torturée. 2011, tel un Phoenix, il était né de ses cendres, mais comment oublier sa tragédie ? Comment faire s’envoler son fardeau ? Comment rayer son passé de son être tout entier qui en portait indéniablement et pour toujours les traces. Jakarta n’était pas un enfant malheureux, non, sa famille biologique se trouvais au mauvais endroit, au mauvais moment, le destin avait joué avec leurs vies comme on joue à la roulette russe, impuissant, face à ce bain de sang, ce cambriolage si sanglant. Son âme entière est encore souillée et tachetée de ce rouge malheur, de ce rouge désespoir. Sa mère à tout juste eu le temps de le cacher dans le monte-charge. Jakarta, hiver 2010, une nuit tragique, une nuit de hurlement. Alors l’homme qu’il est devenu se drogue afin d’échapper une seconde, oui au moins une toute petite seconde à ces images qui le hante tel des fantômes de son passé, sa mémoire essaye en vain d’oublier les coups de feu, le visage de sa mère biologique qui heurte le sol avec violence, Jakarta essaye d’oublier sans relâche la vue de tout ce sang, si liquide vital qui joncher le sol. Comme un animal céderait son dernier souffle dans un cri de torture, il lança un hurlement de colère aux étoiles, comme si elles étaient son salut, son remède, mais que les atteindre lui était interdit, tel un fruit défendu que l’on a mis sous clé hors de la portée d’un être qui au plus profond de lui se sent misérable de n’avoir rien pu faire, de n’avoir pas sus enrayer la gâchette du sombre destin que la vie avait dessiner pour sa famille biologique.

La porte de la maison s’ouvrait, et ce sont les visages encore tiraillés par le sommeil d’Alexandrie et Phoenix que l’ont pus voir dépasser. « Jakarta, tu y penses encore ? » Le jeune homme lança un regard vide à sa sœur, Phoenix était celle qui avait calmé la rancœur et la colère de Jakarta dès lors qu’elle était arrivée dans leur famille, elle l’avait, d’un simple regard, touché en plein cœur. Alexandrie, fier et droit comme un i, venais poser une main sur l’épaule de Jakarta. « Ouais, j’y repense encore. »On a tous un fardeau à porter, et celui de Jakarta était macabre, son frère et sa sœur venaient s’asseoir chacun d’un côté du jeune homme. La jeune femme de toute sa tendresse le prit dans ces bras et déposa sa tête sur son épaule. Alexandrie lui se contenter d’être là, rassurant par sa présence. Jakarta déposa sa tête sur celle de sa sœur. « Je serais fort … Je promets d’être fort pour pouvoir vous protéger. » C’était une promesse de rédemption, une promesse pour expier ses faiblesses d’enfant du passé. Si un drame venait à avoir à nouveau lieu dans sa vie, cette fois, il serait fort, et il laisserait la rage et la colère de son passé anéantir toutes agressions qu’elle soit, car désormais, il se jurait d’être un roc, un adversaire impossible à terrasser. Il déposait un tendre baiser sur le front de sa sœur, il ne voulait plus avoir peur, mais le traumatisme était bien trop lourd pour s’évaporer du jour au lendemain. Il savait que désormais face à la vie, il allait devoir être un gladiateur. « Jakarta … » Alexandrie ne comprenait pas pourquoi son frère avait besoin de faire ça, de partir loin. « Alex, ne dis rien, je dois le faire, c’est tout. » Oui, Jakarta devait partir dans quelques heures pour l’aéroport militaire, il avait besoin de s’endurcir, de prouver sa valeur à cette patrie qui l’avait accueillie, les bras ouverts dans quelques minutes de longue heure de route les attendaient tous, car à seulement vingt ans, Jakarta partait pour la guerre, et dans ce départ, ils avaient décidé de tous être là. Après une dernière étreinte, c’est toute sa famille qui sortait le rejoindre. « Nous sommes, et serons toujours fier de toi Jakarta. » Lança une voix masculine, c’était son père. […] Le voilà partis, dans cet avion qui l’éloigne de sa famille, de sa nouvelle chance d’aimer et d’être aimé. Jakarta avait vaincu un enfer par le passé, et aujourd’hui il partait pour un nouvel enfer, mais cette fois dans le but d devenir fort, d’être solide et de ne jamais flancher sous le poids des atrocités.

Une explosion, des coups de feu, et rapidement une voix roc s’éleva « C’est une embuscade ! Reculés ! Première classe Lannister couvre notre repli ! » Jakarta dut faire feu, il devait au mieux assuré la survie de ses camarades d’arme, et sans aucune hésitation, c’est ce qu’il fit. Chaque balle qui sortait du canon de son arme était comme une déferlante de ressentiments, son passé lui-même sortait par le canon métallique de cette arme qu’il tenait entre ces mains telle la faucheuse tiendrais sa faux. Le repli était un succès, revenu au camp de base. L’ambiance n’était pas à la plaisanterie, et pendant des heures, des briefings, des planifications, l’entretiens des armes, et le soir tombé, l’ambiance fut aux chants patriotiques et aux émotions, la guerre leur avait tous pris un frère d’armes, un camarade de couchage, la tente de Jakarta ce vidé petit à petit de ses êtres à qui il faisait confiance. Et finalement, la guerre ne pardonne pas, elle humilie, nous rend plus humble, et on y apprend à respecter la vie qui nous a été offerte au prix de la sueur et de la douleur de nos mères, on y apprend à aimer ce que l’on a, car demain tout peut disparaître. Neuf mois, neuf mois avait séparé son départ de son retour. Jakarta foula à peine le sol que ses sœurs se jetaient dans ses bras, ses frères lui firent une accolade fraternelle inoubliable, ses parents, un peu plus en arrière attendait que leurs enfants eu fini pour à leur tour saluer le retour de leur fils. Son père le prit dans ses bras et lui disant combien il était fier de lui, et heureux de le revoir en entier. Et il y avait sa mère émue, que Jakarta pris dans ses bras. « Je t’aime maman. »C’était la première fois, la première fois que Jakarta lui disait qu’il l’aimait, et qu’il l’appelait maman. Les émotions avaient gagné toutes les âmes de la famille, et Phoenix, cette sensible, ce petit cœur d’artichaut, elle se mise à pleurer dans les bras de Jakarta. « Je suis revenu, et je suis fort maintenant Nix, je ne partirais plus jamais. »