AEREN BLACK-BALLMER ► arden cho

Si mes souvenirs sont bons, c'était en 2005 que ma mère avait pris cette décision dans le dos de mon père. Il était peu présent et donc n'avait aucune idée de ce qu'elle était en train de faire, pourtant une fois fait, elle était rentrée si fière qu'elle n'avait pas pu garder le secret bien longtemps. Elle avait tout mis en œuvre pour un mariage arrangé entre sa fille, la seule qu'elle avait et un enfant d'une riche famille. Mon père a ce moment, n'avais pas su quoi dire et n'avait rien fait pour que ça ne se produise pas, alors j'ai grandi avec ce garçon, enfin à présent je devrais dire que c'est un homme.

Il était marrant et on passait de bons moments, on avait onze ans à l'époque et nous on pensait qu'à jouer à tout et n'importe quoi alors que nos familles elles, ne pensais qu'à leurs profits respectifs. Quand j'ai eu dix-sept ans on m'a annoncé un beau matin que c'était enfin le jour de mon mariage, sur le coup je n'ai pas su quoi dire, mais ma mère m'avait supplié de laisser faire et qu'on serait heureux même si nous n'avions pas de sentiments l'un pour l'autre. Pour ma mère et sans vraiment comprendre ce qu'il m'arrivait vraiment j'ai suivi le mouvement, ce n'est qu'arrivé devant l'autel que j'ai compris qu'il s'agissait de ma vie et de mon futur, je voyais bien dans les yeux de mon père qu'il me suivrait qu'importe où j'irais et en plus entre vous et moi j'entendais parfaitement leur dispute qui n'avait de cesse d'être à cause de moi pour ce mariage affreux. Alors, au moment de dire oui, à ce gars j'ai su répondre et j'ai fui.

Je suis rentrée chez moi. J'ai préparé mes valises et alors que j'allais me rendre à l'aéroport, mon père est entré dans la pièce, il m'a regardé et il s'est excusé de ne pas avoir eu la foi de contredire ma mère sur les faux bienfaits de ce mariage. Il a préparé ses valises et nous sommes partis, mon père est un haut parlementaire du gouvernement américain, on avait donc déjà une maison là-bas et même si moi je n'avais jamais vu les États-Unis de mes propres yeux j'allais pouvoir m'en faire mon propre avis parce que je quittais la Corée sans même me retourner et je quittais aussi par la même occasion ma mère.

Cette femme, je l'aimais plus que tout au monde, je faisais tout ce qu'elle voulait, mes ongles étaient parfaits, il ne fallait pas que je mange trop, ni même que je passe mon temps a boire, en gros, elle avait sa main mise partout sur moi. Vous comprenez alors maintenant pourquoi j'ai autant changé et pourquoi je n'ai pas regretté mon départ. Ça fait maintenant sept années que je vis aux États-Unis chez mon père. Il n'est pas souvent là et il me laisse constamment faire tout ce dont j'ai envie. Je suis fière de dire que je suis une américo-coréenne de 24 ans qui vit parfaitement sa vie sans que personne ne lui dicte plus rien. Je suis entré à Harvard il y a cinq années déjà et je ne m'en sors pas trop mal je dirais, j'ai pour ambition d'avoir mon diplôme de droit international et je pense que j'ai toutes les chances de mon côté pour y arriver.