( Keep your innocence and ignorance aside, and expose yourself to dangerous situations, and understand the deeper secrets of life. )
Winona elle sait bien qu’elle n’a jamais été désirée. Sa mère originaire d’Italie était grisée par l’Angletere. Elle était jeune, avait envie de profiter de la vie. Son père un anglais pur souche était bien connu pour se taper tout ce qui bougeait. Ils se connaissaient à peine et voilà qu’une vie allait être fécondée. Lorsque l’italienne est venue lui avouer qu’elle était enceinte de lui, l’homme a décidé d’assumer ce bébé. Il ne savait pas vraiment quoi faire de sa vie, il ne trouvait aucun but à errer à Londres, seul. Alors ils se sont devenus un couple, ont loué un appartement à Manchester. Ils ne se sont jamais aimés, ils ont à peine réussi à devenir amis. La rancœur de cette regrettable nuit bien trop tenace. Winona faillit ne jamais naître à plusieurs reprises mais les valeurs de son père le poussa à toujours convaincre sa compagne de ne pas franchir ce pas.
Leur petite fille naquit finalement le 5 mars 1995. Sa chambre n’était pas encore prête, ses parents étaient paumés, perdus. Qu’est-ce qui pouvait les empêcher de la faire adopter ? Là dans les prochains jours ? Le regard de son père. On était loin de l’amour paternel d’un père mais…il éprouvait de l’affection pour ce petit être criard qu’était sa fille. Alors encore une fois, il convaincu la femme sur le lit d’hôpital que ce bébé, il fallait le garder et s’en occuper. Quelques temps plus tard, ils foulèrent à nouveau le sol de leur appartement avec leur fille dans leurs bras.
Au fil des années, Winona s’est révélée très rapidement indépendante et solitaire. Ses parents ne prenaient pas vraiment le temps de s’occuper d’elle, de faire son éducation. Son père était constamment dehors, enchainant les petits boulots, buvant dans un bar. Lorsqu’il rentrait, il caressait la chevelure lisse et brillante de sa fille et allait se coucher, incapable de lui donner plus d’affection. Homme renfermé qu’il était. Sa mère ? Elle se contentait de lui apprendre l’italien, l’amour de son pays d’origine et de sortir durant la nuit. La famille savait bien qu’elle allait voir ailleurs mais personne ne s’en préoccupait. Ce couple était faux et elle n’éprouvait pas réellement quoique ce soit envers sa fille. Elle était comme une inconnue dans leur demeure et le sentiment était réciproque.
Winona, elle a appris à s’aimer. Ne pas se flageller, foncer, avancer et aller de l’avant. Elle vivait recluse dans sa chambre si ce n’était pas pour sortir. Toute sa vie en Angleterre, elle aimait se rendre dans les villes voisines à vélo, voler de l’argent à ses parents pour prendre le train direction Londres. Elle pouvait y passer des week-ends sans avoir peur de la gifle qu’elle prendrait en rentrant dans cet appartement sordide.
Elle avait treize ans lorsqu’elle est rentrée d’un de ses nombreux week-ends où elle a fugué. Son père était à table, un verre d’alcool dans la main. Il pleurait grossièrement, faisait de grands soubresauts. Sa main maintenait sa tête, son regard plongé dans le verre contenant le liquide ambré. Winona fronça les sourcils, s’approcha doucement. Généralement il l’attendait au pied de l’appartement, le regard noir et il la giflait avant de lui prendre son vélo et la menacer de l’envoyer aux services sociaux. Son père était là. Mais pas sa mère. Partie. Envolée. Elle a laissé une lettre, disant qu’elle n’en pouvait plus de vivre ici, qu’elle ne voulait pas de cette vie et qu’elle n’aimait pas assez Winona pour s’occuper d’elle. Elle voulait sa liberté, elle ne voulait pas d’enfant, pas d’un homme incapable.
Winona, elle a encadré la lettre dans sa chambre pour ne jamais oublier. Ne jamais oublier qu’elle n’avait jamais eu une mère. Et que c’était à elle désormais de prendre soin de son père.
( She was flushed and felt intoxicated with the sound of her own voice and the unaccustomed taste of candor. It muddled her like wine, or like a first breath of freedom. )
Elle pose un pied en Italie pour la première fois, fière. Elle se trouvait ridicule de haïr ce pays pour une personne qui n’en valait pas la peine. Qui avait détruit le peu d’équilibre qui régnait dans ce petit appartement sombre de Manchester. Chaque gueule de bois de son père, chaque verre d’alcool ingurgités c’était de sa faute, à elle. Sa génitrice. Les baffes gratuites qu’elle se prenait parce qu’elle était son portrait craché aussi, c’était sa faute. Winona n’avait jamais admis avoir été battue par son père. Après tout il ne la poussait pas dans les escaliers, il ne la brûlait pas avec ses clopes et ne la fracassait pas avec sa bouteille de vodka. L’anglaise avait toujours pardonné à son père, le déni l’enlaçait de ses bras invisibles et surtout invincibles.
L’adolescente avait enchainé les petits boulots comme le faisait son paternel. Mais elle gardait tout l’argent pour elle et il laissait faire, rongé par la culpabilité de la voir au sol après un de ses coups. C’est ainsi que Winona avait pu avoir la chance de fouler le sol italien, remède à sa haine qui la rongeait. C’est ce voyage qui l’a transformé en cette femme souriante mais surtout accro à l’adrénaline, accro à un univers qu’elle n’avait jamais effleuré auparavant. Rome l’avait changé et jamais elle ne regretterait ce voyage. Elle avait pu goûter à la liberté, à l’amour, à une nouvelle trahison. Elle se sentait vivante dans tout ça, la belle. Quoi de mieux avant de faire sa rentrée à Harvard que de vivre un été mémorable ? La brune avait eu la chance d’obtenir sa bourse tant rêvée grâce à ses professeurs. Elle avait travaillé dur pour en arriver là et désormais elle souhaitait vivre une longue et belle aventure.
Winona l’avait rencontré lors de son arrivée à hôtel. Il tentait de se débarrasser d’une femme qui devait tenter de le séduire. En une fraction de seconde, l’anglaise avait décidé de s’accrocher à son bras et de se présenter comme sa petite-amie qui venait de débarquer. Pour la remercier, il l’avait aidé à monter ses bagages et lui avait offert une glace près de la Fontaine de Trevi. Elle a eu ce coup de foudre qu’elle ne saurait expliquer Winona. La jeune femme avait vécu l’une des plus belles journées de sa vie. Ils se voyaient tous les jours, passaient tout leur temps ensemble. Le premier baiser vint. Sa première fois. Elle était amoureuse oui mais elle ne l’a jamais admis. Surtout pas après le tournant qu’a pris ce long séjour dans le pays de sa mère.
C’est ce garçon qui l’a rendue accro à quelque chose de particulier. Les vidéos sexy. Il aimait la filmer dans ses sous-vêtements, des dessous coquins. C’était devenu un rituel. Winona pensait naïvement qu’il appréciait le corps de sa petite-amie, que c’était leur secret et un petit jeu entre eux dans leur couple. Mais lorsque l’anglaise revenu à l’hôtel après son déjeuner, elle reçut énormément de remarques. « Tu sais que t’es bonne ? », « Planche à pain », « On peut se voir après ? Ma chambre c’est la 113. ». Elle les avait déjà vu. Avec l’homme qu’elle aimait. L’adolescente a frappé à sa porte, la haine et la peine aux tripes. Elle s’est engouffrée de force dans la pièce à la seconde où il a déverrouillé l’entrée. Et elle l’a vu. Son ordinateur avec des photos d’elle. Et même une vidéo d’eux... Elle a perdu le contrôle, a brisé l’objet et lui vola son téléphone. Il a tenté de la retenir, de la séduire à nouveau, de profiter d’elle encore une fois. Winona s’est sauvée de sa chambre et les mots doux et manipulateurs sont devenus de plus en plus agressifs et menaçants à mesure qu’elle s’éloignait. L’anglaise a eu tout le déplaisir de regarder cette vidéo, de regarder ses photos. Elle a tout supprimé et a jeté le cellulaire dans une fontaine. Son ex avait bien tenté plus d’une fois de la manipuler à nouveau. Il disait qu'il l'aimait et que c'était un accident. Mais Winona savait bien qu'il essayait seulement de profiter à nouveau de son amour puis de son corps comme il l'a fait durant toute cette relation toxique. Elle quitta son hôtel et décida de terminer son voyage à Venise. Elle s’est crue libre lorsqu’elle l’a rencontré.
Mais la vraie liberté était celle d’être désormais loin de lui.
( I can’t reveal the mystery to either saint or sinner; I can’t state at length what I’ve said curtly; I achieve an altered state that I can’t explain; I have a secret that I cannot share. )
Devait-elle le haïr ? Le détester pour l’avoir contaminé ? Contaminé de cette addiction qu’il avait lui-même. Être sexy, en montrer assez pour émoustiller, pour frustrer. Elle adorait ça. Oui elle était accro Winona. Après son voyage en Italie, elle avait fait toutes ses affaires à Manchester, avait dit au revoir à son père pour finalement prendre le premier avion et arriver à Boston. Harvard avait été une libération. Winona y appréciait les étudiants, les professeurs, les cours, l’ambiance. L’anglaise avait enfin la sensation de pouvoir vivre sa vie sans se préoccuper du reste, de faire la fête, de s’envoyer en l’air, de tomber amoureuse. De découvrir le plaisir avec les femmes, à plusieurs.
Mais Winona il lui a manqué quelque chose que personne ne pouvait combler. Cette addiction qui l’a frappée de plein fouet. L’étudiante se regarde dans le miroir, elle s’observe de haut en bas. Elle aime cette tenue sexy de cheerleader. Probablement l’une de ses meilleures tenues à l’heure actuelle. La belle brune jette un coup d’œil à l’horloge. Quelques minutes avant de débuter la soirée. C’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour combler ce manque. La jeune femme avait cherché des heures sur internet une solution jusqu’à tomber sur ce site. Et elle aimait terriblement ce travail. Elle clamait haut et fort devant tout le monde qu’elle était barmaid dans un bar réputé à Boston afin de justifier ses rentrées d’argent mais la vérité était tout autre. Elle n’était pas vulgaire, elle ne montrait rien. Elle se contentait de les exciter, de jouer avec leur excitation, de faire semblant de s’intéresser à eux. Elle dansait, elle riait, elle jouait avec eux. Cela n’avait jamais été plus loin.
C’est l’heure. Winona s’assied devant son ordinateur affichant son profil. Parmi le top 100 des Cam Girl. 74 exactement. Le surnom plus que classique : CandyGirl. Elle sait qu’elle est attendue avec impatience. Alors Winona lance son live, la webcam s’allume.
« Bonsoir mes amours ! Je sais que je vous ai fait attendre mais je suis là maintenant, prête à passer une merveilleuse soirée avec vous. » Les premiers commentaires affluent, l’anglais sourit.
« J’espère que vous aimez les belles et mignonnes cheerleaders car c’est le thème de ce soir. » La soirée pouvait enfin débuter. Winona se place déjà, mettant en valeur sa silhouette. Oh oui elle adorait ce job.