-no one but you-
a hand above the water, an angel reaching the sky. is it raining in heaven ? do you want us to cry? and everywhere the broken-hearted on every lonely avenue, no one could reach them, no one but you. one by one, only the good die young. they're only flyin' too close to the sun, and life goes on without you — @lara-jean kim
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26 novembre — Tu faisais attention de ne pas être brusque lorsque tu la prenais contre toi – à vrai dire, c'était plutôt elle qui t'avait attaquée comme si elle pouvait de nouveau marcher et sauter comme un kangourou surexcité. Tu ne souhaitais pas lui faire mal et qu'à cause de ta légendaire maladresse elle soit obligée de rallonger son temps de guérison. Alors tu la relâchais doucement sur le sol, tout en la taquinant au sujet de ses menaces non exécutées. Elle n'avait que de la gueule en fait, Lara. Elle te disait toujours des choses monstrueuses derrière un écran afin de t'effrayer et de t'obliger à te retrancher dans tes jugements, mais voilà qu'une fois face à toi, elle se laissait aller à ses pulsions, et aux oublis les punitions. Ça te faisait tilter d'ailleurs. Était-il si difficile de résister à mec aussi moche que toi que la première chose qu'elle fasse en te voyant était de s'accrocher à ton cou et d'embrasser ta joue ? « Exactement ce que j'allais dire. » Tu entendais à peine franchir ses lèvres, ce qui te faisait sur le coup hausser un sourcil curieux face à sa réponse. Se moquait-elle ou était-elle sérieuse ? Tu ne le sauras pas, puisque tu sautais quelques secondes plus tard sur le sujet de sa tenue. Et vu ce qu'elle te répondait, elle semblait choquée de tes références. Ce n'était pourtant pas de ta faute si la première chose à laquelle tu avais pensé quand tu l'avais vu dans cette tenue, c'était à un poussin. C'était comme un flash, qui t'avait immédiatement traversé l'esprit. Comme une évidence. Et peut-être que ça ne lui plaisait pas, mais il t'était difficile de choisir un autre animal qui convienne si bien à Lara, autant soit peu dans la taille que dans la forme. A y réfléchir de plus près, elle devait plutôt se trouver fière de ne pas avoir choisi un survêtement tout rose qui pour le coup lui aurait été moins flatteur : tu ne doutais pas une seconde du fait qu'elle t'aurait sûrement déglinguée si tu avais osé la comparer à Peppa. Au final, ça pouvait être pire. Elle était gagnante. Et pourtant elle s'excitait comme si tu venais d'insulter toute sa famille.« Premièrement, de quelle misère tu parles ? J'te domine sous tous aspect. » Tu te sentais obligé de commencer par cela, parce qu'elle délirait complètement Lara. La misère sur instagram ? Elle ? C'était qu'une meuf qui postait des photos de ses épaules dénudées en plein mois d'hiver sous un temps glacial, de quoi elle parlait franchement ? Aucune crédibilité. « Deuxièmement, range ta rage parce que Ben c'est le poussin le plus mignon de l'univers. C'est pas parce que tu te sens menacée par son espèce que tu te dois de le rabaisser comme ça. C'est pas de la méchanceté, au contraire : c'est un honneur pour toi d'être comparée à lui. » T'avais pas le choix, tu avais l'obligation de remettre les points sur les i face à Lara-Jean, surtout puisque Jonah n'était pas présent pour pouvoir défendre sa famille zoologique comme il se devait. Elle dénigrait Ben en osant se jeter des fleurs comme si elle valait mieux, mais elle n'avait jamais du rencontrer le petit poussin pour dire des bêtises pareilles. Ou c'était peut-être juste toi qui était biaisé, puisqu'en un coup d'oeil t'avait été pris de passion et d'adoration pour l'adorable petite boule jaune. D'ailleurs, il manquait quelques détails à l'humaine pour qu'elle devienne une copie conforme de Ben – ou presque. Ses cheveux étaient, pour ta part, bien trop propres et coiffés pour que cela fasse vraiment naturel pour un poussin. Alors sans y réfléchir plus longtemps tu avais plongé tes doigts dans sa chevelure et tu les avais ébouriffé rapidement, qu'ils prennent un peu de volume et deviennent plus rebelles. Tu riais forcément de ta connerie, et face au surprenant résultat, tu ne perdais pas une seconde pour immortaliser le moment d'une photo prise à la volée. Ce que remarquait évidement Lara. Elle te menaçait, et tu levais vite les mains en l'air comme pour clamer ton innocence. « C'est quand même pas de sa faute si tu ressembles à un poussin déplumé. » Un très mignon poussin déplumé, mais tu n'allais sûrement pas lui avouer cela. Tellement que tu n'avais pas pu résister à l'envie de prendre une photographie. Et maintenant que tu y pensais... C'était pas con de la mettre en fond d'écran... Ou peut-être que c'était une très mauvaise idée ? Parce que oui, elle te plaisait, mais ça faisait peut-être trop amoureux transit d'avoir une photo de son crush en poussin dès qu'on allume l'écran de son téléphone ? T'étais pas certain de quelle conduite adopter. « J'vais l'envoyer à Jonah, il mérite d'admirer ton cosplay. » Tu te moquais finalement tout en lui tirant puérilement la langue.
Une fois à l'intérieur tu enlevais tes chaussures et ton manteau, et tu mentirais si tu n'étais pas resté interdit un instant, ne sachant pas trop comment réagir. Lara te tendait ses mains, mais avant même que tu puisses réfléchir à l'implication de sa gestuelle et à comment y répondre convenablement, elle les enfouissait dans ses poches. C'était bizarre... Mais tu n'y pensais pas plus alors que vous commenciez à parler de ton bizutage. T'étais chanceux, contrairement aux films horribles qui avaient pu être tourné sur le sujet, où l'humiliation était la principale motivation d'un bizuteur. Ça semblait bien différent dans la vraie vie, et t'appréciais ça. Tu rigolais devant la tête de la sud-coréenne à tes mots, et tu secouais doucement ton visage, une mine faussement déçue lui faisant face. « Mince, t'es vraiment pas intéressée ? Toi qui est si altruiste, je pensais que tu serais ravie de m'aider à compléter mon bizutage, je suis un peu déçu. » Tu mentais, avant de reposer tes yeux sur elle, lâchant un petit rire surpris. « Mes chaussures de riches ? » Tu ne t'y attendais pas à cette remarque, qu'avaient tes chaussures pour qu'elles se prennent ce genre de jugement dans la tronche ? Elles étaient très bien et te protégeaient de la neige, c'était tout ce qui comptait pour toi, pas leurs prix. Voilà qu'ensuite tu lui demandais comment c'était passé ses petites vacances le temps de passer Thanksgiving en famille, et que tu te retrouvais malgré toi sur le cul alors qu'elle t'en disait plus. Tes lèvres parlaient avant que ton cerveau ne l'en empêche, et tu ne pouvais que tiquer à l'entente du prénom de Romeo. T'avais beau essayer de retourner la situation dans tous les sens, tu ne comprenais pas, avec le peu que tu savais, ce qu'il foutait là dans les parages. Et tu te sentais perdu, entre ce que tu pensais savoir de leur séparation, et le fait qu’apparemment... Ce n'était plus d'actualité ? Peut-être ? Si ton instinct était bon ? Dans tous les cas, tu sentais ton cœur tambouriner inconfortablement dans ta poitrine, parce que ça sentait pas bon du tout cette histoire. T'avais un mauvais pressentiment. Elle confirmait bien que c'était son ex, répondant à la question que tu n'avais pas osé finir de peur de te montrer trop indiscret. Alors t'attendais. Silence. Mais elle ne disait rien de plus, comme si sa brève réponse se suffisait à elle-même, comme si ça répondait à toutes les questions que ton cerveau tourmenté pouvait se poser à l'instant T. Mais elle se trompait. Au lieu de te sentir satisfait d'avoir eu une réponse, t'avais encore plus de questions qui se bousculaient dans ta tête. T'aurais préféré qu'elle te dise que Romeo c'était le nom du chien tout moche et malade de sa grand-mère qui avait fait le déplacement pour pouvoir se faire caresser par toute la famille une dernière fois parce qu'on était pas certain qu'il passe l'hiver. Ou que c'était son nouveau sims qui ressemblait de près ou de loin à une connaissance qu'elle avait et sur lequel elle se défoulait sadiquement à l'enfermer dans une piscine sans escalier ou dans une maison en feu sans porte pour s'échapper jusqu'à ce qu'il meurt dans d'atroces souffrances. Mais apparemment, on ne pouvait pas tout avoir dans la vie. « Ton ex. Ouais. Totalement normal. » Tu répondais d'une petite voix comme pour briser le lourd silence, basculant légèrement d'avant en arrière sur tes pieds, le visage fuyant. Tant pis pour la demande. Tu étais déçu, mais il valait mieux que cela soit maintenant plutôt que plus tard. Et il fallait que tu relativises de toute manière. C'était pas grave. Et t'avais pas à en savoir plus. Ce que tu souhaitais par contre, c'était un chocolat chaud. Avec beaucoup de chantilly. Parce que t'étais un bébé qui avait besoin de douceur et de réconfort de temps en temps. Et que là, tu ne te sentais plus aussi d'attaque qu'à ta venue. « Oui, oui, et encore oui. » Tu te dépêchais d'acquiescer quand elle te parlait de marshmallows, de cannelle et de sucre d'orge, et quelques minutes plus tard elle revenait avec une grand tasse bien appétissante. « Merci. » Tu venais glisser le bout de tes doigts sur le mug, à peine, histoire de réchauffer tes extrémités avant que tu puisses commencer à boire sans te brûler l’œsophage. « J'ai déjà tenté de le reproduire mais ça n'a juste pas le même goût quand je le fais. » Tu avouais d'une petite voix, t'asseyant sur une chaise. Puis Lara reprenait la parole pour parler de son ex petit-ami. Soudainement. Et tu ne t'y attendais pas. Tes yeux se levaient vers son visage, légèrement écarquillés de stupeur. Tu pensais qu'elle n'en dirait pas plus, qu'elle préférait garder les choses pour elle, mais voilà qu'elle te demandait si tu voulais vraiment aborder le sujet. Et t'étais censé répondre quoi à ça ? Devais-tu te montrer respectueux et accepter ses barrières et ses secrets ? Ou avais-tu le droit de te comporter de manière égoïste afin d'assouvir ta curiosité malsaine ? Et si tu choisissais la seconde option, est-ce que tu te sentiras mieux d'en savoir enfin plus, ou est-ce que cela risquerait de briser un peu plus le peu d'espoir que tu avais fondé depuis que tu t'étais rendu compte que t'aimais bien Lara ? T'avais encore une fois l'esprit embrouillé. T'avais l'impression de jouer gros, et qu'aucun de tes choix ne parvienne à t'apporter bonheur et satisfaction sur le long terme. Avais-tu le droit de demander des choses ? Avais-tu le droit d'attraper cette occasion qu'elle te donnait peut-être seulement par politesse, et de contre toute attente t'en servir ? Min-ho, c'était peut-être le moment de t'ouvrir un peu et de devenir égoïste. « Je ne m'en fous absolument pas. J'sais que je suis pas censé te répondre ça. Je suis pas censé avoir un droit de questionnement. Mais j'm'en fous pas. » Tu commençais par déclarer, avant que tes yeux se reposent sur sa silhouette. Tu détestais ça. T'avais l'impression d'être vachement vulnérable, de t'ouvrir durant le pire moment qu'il soit. Mais mentir et prétendre que t'allait bien ne semblait pas une bonne solution pour ta santé mentale. Tu mordais doucement l'intérieure de ta joue alors que tu réfléchissais à quoi dire, puis tu haussais simplement des épaules. Comme si c'était simple. Mais au fond de toi, tu tremblais. « Tu fais ce que tu veux. T'expliques. T'expliques pas. Tu fais selon ta conscience. Mais me mens pas. » C'était la seule requête que tu te permettais de faire. Parce que tu détesterais profondément qu'elle te mente, face à face. Tu préférais encore qu'elle se taise et qu'elle te laisse te faire tes propres réflexions. Tu faisais surtout attention aux mots qu'elle choisissait. Et quand elle te balançait un « j'te dis juste que lui et moi c'est finit et qu'on avait juste besoin de mettre les choses au clair et que c'est ma mère qui tenait à l'inviter » ça ne t'annonçait rien de bon, que des mots dit en l'air pour peut-être t'apaiser, pour éviter de t'en dire plus et de creuser. La manière dont elle te disait les choses ne présageait rien de bien. Et tu te mettais à mettre les choses à l'envers pour y découvrir un sens caché. J'te dis pas que lui et moi c'est encore d'actualité et qu'on avait besoin de se revoir en famille pour se retrouver loin de l'université et que j'avais juste envie de l'inviter pour retomber dans ses bras et retenter quelque chose. Tu avalais difficilement ta salive.