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Welcome to my life
feat Neha & Khaled
feat Neha & Khaled
Tu entres chez toi, dépité. Tu es au bout de ta vie et c’est peu de le dire. Tu tiens dans tes bras ce petit paquet surprise que cette pute de cigogne a déposé pour toi. Il dort paisiblement contre ton torse, comme s’il n’y avait que toi pour apaiser ses petits bobos. Quel genre de souffrance peut avoir un enfant d’à peine soixante-douze heure de vie, autre que celle d’avoir perdu sa maman ? Tu échangerais volontiers les rôles avec lui, mais que veux-tu, le sort en a voulu ainsi. Ton appartement est en bordel, des bouteilles vides traînent un peu partout sur le sol, sur les comptoirs. Y’a des trucs cassés ici et là et puis il y a toi, l’épave sur deux jambes. Tu as un trou béant dans la poitrine, tu souffres comme tu n’aurais jamais imaginé souffrir dans toute une vie et pourtant tu dois laisser tout ça de côté pour te concentrer sur cette petite chose qui dort à poings fermés contre ton coeur. Il te ressemble trait pour trait, à croire que ce gnome, tu l’as fait seul. Il aurait pu être une fille au moins il aurait eu l’anatomie de sa mère, mais non, rien. Tu n’as pas l’étoffe d’un père, tu n’es pas équipé pour faire face à cette réalité non plus. Tu tiens à peine debout et tout ce que tu as pour te venir en aide est ce minuscule sac à couche qui contient le nécessaire pour une journée, deux à tout casser. Un peu de lait, des couches, des lingettes un pyjamas de rechange et c’est tout. Dans un soupir, tu lances le sac sur le canapé avant de te diriger vers ta chambre à coucher. Tu dégages les draps pour être certain qu’il ne s’étouffe pas avec, dépose des oreillers de chaque côté du lit au cas ou et tu déposes le poupons doucement sur le matelas. Il chouine, grimace un peu et toi tu croises les doigts pour ne pas qu’il se remette à pleurer. Tu le couvre un peu pour ne pas qu’il ait froid avant de t’éclipser dans la pièce principale. Ta main glisse dans ta chevelure en bataille tandis que tu fixes le désordre que tu dois ramasser. Tu n’en voulais pas de cet enfant, Au bout de quelques minutes, tu te met à bouger, machinalement. Aucune motivation, comme si tu étais une marionnette et qu’un maître se chargeait de faire remuer tes bras et tes jambes. Tu ramasses les corps morts de la veille, nettoie le plancher, en faisant ça au moins, tu ne pense à rien d’autre. Le plus gros du nettoyage fait, tu fonces dans le réfrigérateur te servir une bière que tu engloutis d’un trait.
(Invité)