STORY OF MY LIFE
please tell us more
1997, Neuilly-sur-Seine
En ce beau jour de printemps 1997 les oiseaux chantent dans les rues de Neuilly, le soleil commence à pénétrer dans la chambre d'hôpital où Salomé Dagan, avocate vient de mettre au monde une petite fille. Et cette petite fille c'est moi, Lila-Jazmin. Un prénom juif, l'autre pour rappeler la fleur préférée de ma mère. Nir Dagan, mon père, PDG de Arkia Airlines, deuxième compagnie aérienne d'Israël, n'est bien évidemment pas présent pour la soutenir. Ne soyez pas choqués, il n'a jamais été là. Ou du moins très peu. Il navigue entre Tel-Aviv et Paris pour le business. Et je ne serais pas étonnée le jour de sa mort de devoir partager l'héritage avec d'autres Dagan, mes demi-frères et demi-soeurs que ni moi, et encore moins ma mère ne connaissons. Je suis donc née dans cette famille israélienne, juif pratiquants, et riches très très riches.
2007, Tel-Aviv
Accompagnée de mon grand-père nous entrons dans la Grande Synagogue de Tel-Aviv. Je passe toutes mes vacances d'été là-bas chez mes grand-parents, c'est eux qui m'ont appris à parler et lire le hébreu. Ils essayent également de m'inculquer la religion juive mais j'avoue être réticente cet été là. J'ai dix ans, je commence à comprendre certaines choses de la vie. Et la religion me semble être une foutaise. Un livre écrit par quelqu'un que personne n'a jamais vu.. Des règles à suivre pour quelqu'un que personne n'a jamais vu.. Pourquoi ? Et cette question je me la pose encore aujourd'hui. Je crois en Dieu car personne ne m'a prouvée son existence ou son inexistence mais pour moi suivre quelque chose à la lettre me semble complètement stupide. Alors c'est sur, encore aujourd'hui j'ai gardé quelques habitudes de la religion, je ne mange pas de porc, ni de fruits de mer, je ne fête pas Noël mais Hanouka avec ma famille chaque année où je me rends à Tel-Aviv, mais je ne prie pas, je ne fais pas le chabbat, je ne mange pas casher, ni avec des couverts qui n'ont jamais servis (sauf en repas de famille), je respecte la religion par rapport à ma famille, mes parents, mes grand-parents mais je ne me considère pas comme pratiquante.
2014, Paris 16e
Tous les midis Victor et moi ainsi que d'autres potes allons manger dans ce restaurant cool dans le 16ème, à côté de notre lycée. C'est un nouvel endroit, branché, on y mange un peu de tout, mais surtout des falafels et je raffole des falafels. La décoration est cosy très jeune, on s'y sent tout de suite bien quand on y rentre. Le personnel aussi est dynamique, accueillant, marrant. Et ce jour-là j'aperçois un nouveau serveur que je n'ai jamais vu auparavant. Je tape du bras Victor à l'aide du mien " Tu l'as déjà vu lui ? " Il me regarde souriant, il sait que je m'intéresse à ce nouveau mec, en même temps il a un physique atypique et très séduisant. Il est plutôt grand, type mannequin, bronzé, les cheveux longs ondulés enroulés en chignon sur la tête, il a quelques piercings, les yeux clairs, forcément qu'il doit avoir un tas de demande et peut-être même déjà une copine. Mais bon de toute façon ça n'est pas trop mon style d'aborder les mecs. Je reste alors muette le premier jour, puis on revient tous les jours, j'ai envie qu'il me remarque. Jusqu'à ce que je vienne un soir, seule. Peut-être que tu n'as pas voulu lui parler Lila mais tu as tout fait pour en tous les cas. Parce que oui ça a marché et il m'a parlée.
Il est 22h lorsque j'arrive dans le restaurant. Le serveur en question est seul. Je m'assois à une table comme si il était normal de se pointer pile avant la fermeture. Il me regarde au loin. Je sens qu'il est agacé qu'un client soit là, mais quand il voit que c'est moi son visage s'apaise. Je lui souris automatiquement, comme à ma grande habitude et il se dirige vers moi. Contrairement à d'habitude il ne prend pas ma commande, mais il s'assoit à son tour en face de moi. " T'as faim ? " Toujours souriante je rétorque " Si je suis assise là .. Je pense que oui.. " J'avoue que je suis un peu stressée malgré ce que je pourrais laisser paraître. Il me tend alors sa main " Suis moi, tu vas m'aider. " Je fronce légèrement les sourcils un peu dans l'incompréhension mais curieuse. Je dépose alors ma main dans la sienne et le suis jusque dans les cuisines. S'en suit une soirée totalement inattendue, nous avons en effet préparé à manger, j'ai cuisiné mes propres falafels que nous avons dégusté avec un verre de vin blanc, allez comprendre, un mélange peu compatibles, un peu comme lui et moi ensemble. J'ai continué à aller le voir tous les midis, seul Victor était au courant de mon idylle avec Raphaël. On a passé un mois à ne plus se lâcher, toutes les soirées je les passais avec lui, beaucoup de week-ends également. On enchaînait promenades à vélo, promenades à la Tour Eiffel, balades en gondoles, comme des vrais touristes, restaurants. On a même loué un soir une chambre d'hôtel dans le plus beau quartier de Paris avec vue sur la Tour Eiffel, merci au compte en banque de papa. Il me faisait réviser mes contrôles, il m'a apprit quelques mots de portugais et moi d'hébreu, il est même venu me chercher une fois en sortant des cours. Je ne savais presque rien de lui, à part qu'il s'appelait Raphaël, qu'il était né au Portugal et qu'il travaillait dans le restaurant le plus cool du 16e. Et lui ne savait rien de moi, à part que je m'appelais Lila-Jazmin, que j'étais juive et que j'allais au lycée privé Pascal dans le 16ème. Ce fut la relation la plus intense, fusionnelle et furtive de ma vie. Jusqu'à ce que Raphaël ne réponde plus à mes appels, il m'a simplement écrit un message en me précisant qu'il était reparti vivre au Portugal. Alors pour un mois de relation, j'ai accepté et j'ai totalement tourné la page.
2015, Paris 11e
J'ai dix-huit ans, nous sommes le 13 Novembre 2015 je suis rentrée exceptionnellement de Boston pour venir à Paris pour l'anniversaire d'une copine qui fête ses dix huit ans. Ce soir je suis accompagnée de mes amis les plus proches, ceux pour qui je donnerais tout, ceux que je connais depuis la maternelle. Nous pensions que nous allions passer la meilleure soirée de notre vie, mais je crois que c'est la soirée la plus infernale, la plus marquante que je ne vivrais dans ma vie. Installée en terrasses pour fumer une cigarette nous sommes tous gais, en train de rigoler, se raconter nos expériences scolaires personnelles. Puis j'entends cette voiture qui déboule, et tout se passe en quelques secondes, mon meilleur ami assis à côté de moi s'effondre, je tente de le rattraper mais une balle de kalachnikov traverse le côté de ma cuisse droite. La douleur me transperce, la jambe, le coeur de voir mon meilleur ami assaillit, je ne sais pas si il va bien, je ne sais pas si il est mort ou vivant, je ne sais pas, je ne sais plus. Je ne sais moi même pas si je suis en train de mourir ou non. C'est un enfer ... J'entends quelques hurlements autour de moi, puis un homme me rapatrie à l'intérieur du restaurant. J'ai chaud, puis froid, puis chaud. " Victor ... " Voilà les seuls mots que j'arrive à prononcer, le nom de mon meilleur ami encore et encore. Mes autres amis sont autour de moi, inquiets, certains en pleurs, je n'y comprends plus rien. On me dit de ne pas fermer les yeux, mais cette balle me fatigue, m'épuise, me puise toute mon énergie. Comment une scène de guerre telle que celle-ci a pu arriver jusqu'en France ? Je me réveille finalement à l'hôpital, ma mère à mes côtés, mon père aussi bizarrement. J'ai très mal à la cuisse, plus du tout d'énergie ni de vitalité, et tout s'effondre par la suite. " Est-ce que Victor s'est réveillé ? " Victor c'est ma vie, nous sommes nés à un jour d'intervalle, il est comme mon frère, c'est le seul et l'unique, c'est lui et personne d'autre, le seul homme pour qui j'aurais donné ma vie. Mes parents me regardent et je comprends dans leur regard que les moments avec Victor sont terminés, que plus jamais je pourrais le serrer dans mes bras, plus jamais nous lirons de bouquins ensembles, il ne viendra jamais me rendre visite à Boston, jamais, jamais, jamais, plus jamais. " Il est où putain !? " Je hurle dans ma chambre d'hôpital, je ne réalise pas, pour moi c'est inimaginable, j'ai perdu mon pilier, ma force. Je hurle en serrant les draps de toute mes forces dans mes poings, j'aurais juste eu envie de crever avec lui plutôt que rester avec le coeur écrabouillé, piétiné.
Une fois sortie de l'hôpital, rétablie, après quelques mois de convalescence, je suis retournée à Boston, ma place à Harvard m'attendait. Je n'ai plus jamais voulu ni même moi même reparler de cette nuit là. Dès que j'entendais le sujet être abordé aux informations je changeais de chaîne. Je cache ma cuisse, ou si des personnes voient ma cicatrice je m'efforce de ne pas y penser et de raconter une histoire toute autre. Je cache cette blessure avec mon plus beau sourire. Je n'ai pas coupé les ponts avec mes amis de Paris mais presque, ils me rappellent trop cette nuit d'enfer, et surtout Victor. Je veux que tout ça soit loin de moi, très très loin. J'ai décidé de me reconstruire. J'ai envie de devenir une femme d'influence, une femme forte, indépendante, libre, de ne plus jamais m'attacher à qui que ce soit. J'ai peur de l'attachement à un homme et même à un ami tout court. C'est peut-être pour cette raison aussi que j'ai décidé de devenir blogueuse mode et instragrammeuse, dans ce monde là on est très entourée mais personne n'est réellement amis, que du fake, des amitiés superficielles et ça me convient parfaitement comme ça.
2016, Université d'Harvard
Tout a commencé à Harvard, je voulais commencer à me lancer dans ce système d'Instagram, j'ai donc commencé à publier des photos de mes tenues, identifier les marques, me prendre en photo dans des supers restaurants, etc. Je commençais à avoir une petite communauté, mais rien d'extravagant. Jusqu'à ce jour alors que j'étais en train de poster une photo sur Instagram, un étudiant en informatique m'a dit qu'il serait bien que je mette en place un blog, apparemment il me connaissait, et il cherchait justement une personne comme moi pour créer mon blog, la préface du site internet, l'alimentation, le graphisme etc. Et grâce à lui je me suis réellement lancer. Aujourd'hui je compte 600k followers sur ma page Instagram. J'ai déjà collaboré avec des maques tels que Miss Guided et Boohoo et j'ai pour projet d'écrire un livre sur " Comment devenir une femme d'influence ". Ce projet me plaît énormément, et être montée en puissance comme ça a été une réelle fierté personnelle. Ca me permet également d'être éloignée de mes démons même s'ils me rattrapent très très vite, notamment quand je suis seule.