l'école buissonnière (Belle)

Les jours qui avaient précédé le week end j’avais été très occupé et puis, elle avait eu ce déplacement à NY, et moi d’ailleurs, j’avais été plus qu’occupé également en fin de semaine dernière ceci dit… Mais la vérité, c’était que même si Abé n’approuvait pas, même si il y avait le plan, que mon Belge m’avait désigné d’autres cibles, et bien c’était toujours Belle qui occupait toutes mes pensées. Et ces jours sans elle avaient été une torture. Surtout qu’elle avait eu un problème de batterie, de chargeur, bref elle avait été injoignable et je m’étais découvert une nature inquiète. Ca n’avait fait que mettre davantage l’accent sur mon attachement croissant pour la jeune femme. Elle était rentrée la veille, et si il était convenu qu’on se retrouve ce soir, les retrouvailles me paraissaient bien trop lointaines. Le prof avait bien du mal à capter mon attention. J’écrivis à la jeune femme, discrètement, et reçus rapidement une réponse. Y’avait les cours, après je devais bosser, alors quand elle suggéra qu’on se retrouve avant ce soir, je lui lançais l’idée de se retrouver à la BU d’ici quelques minutes. Je mis mes talents d’acteur en marche. Toussant, je finis par interrompre l’orateur avec un air désolé, prétextant devoir quitter le cours car je me sentais mal. Je saisis mes notes et m’échappai de l’amphi, direction la bibliothèque du campus.  Je passai la porte, balayai l’endroit des yeux et commençai à m’avancer dans les rayonnages pour la chercher. Peut être n’était-elle pas encore arrivée…

Des doigts se faufilaient sur mes yeux, me cachant un instant la vue et sa voix résonna. Un sourire amusé étira aussitôt mes lèvres alors que je répondais, entrant dans le jeu. "Une brune sexy auteur de romans à succès..." Mes mains rejoignaient les siennes, et mes doigts caressaient un instant les siens en poursuivant : "... Et avec des mains douces..." Précision importante. Continuant le manège encore quelques instants je poursuivis : "Tu peux]x m'aider à la trouver tu crois ?" Et me libérant finalement la vue, je fis ensuite volte face, me retournant vers elle. "Tu lui ressembles beaucoup je trouve." Mes mains venaient accrocher ses hanches, l'attirant contre moi pour l'embrasser avec envie. Sûrement un peu trop démonstratif vu les lieux où nous nous trouvions mais le manque d'elle m'avait sûrement rendu davantage expansif. Et après ce premier baiser, l'une de mes mains la relachait pour plonger dans la poche de ma veste et en sortir un chargeur solaire universel. "Je te l'offre tout de suite, comme ça faudra que tu trouves une autre excuse quand tu en auras marre de moi." Je m'étais inquiété, au point d'aller contacter l'une de ses colocs. Le truc qui me ressemblait pas. Et le truc qui était surtout révélateur de la place qu'elle prenait de plus en plus dans ma vie. Et alors que quelques regards de travailleurs studieux se dirigeaient sur nous, je réalisais que nous n'étions pas très discrets et j'attirai la demoiselle dans un coin plus désert de la bu. "Faut que tu me racontes tout ton week-end..."

Ne perdant pas de temps après l’avoir embrassé, probablement un peu trop intensément pour les lieux où nous nous trouvions mais qu’importe, je lui remis son ‘cadeau’ qui était en fait clairement chargé de sens : ne plus jamais me retrouver loin ET sans nouvelles d’elle. La distance je pouvais encaisser, pourvu qu’on s’appelle, qu’on s’écrive… Et cette dépendance était parlante, probablement autant que les mots et déclarations auxquelles je me refusais. Mais comme je n’assumais pas franchement, comme d’hab, cet attachement, je noyais le poisson en ajoutant et en essayant de paraître détaché : « C’est que je suis de nature inquiète, les avions tout ça j’ai pas confiance alors… » Pour la phobie des avions, c’était véridique. La nature inquiète aussi, un peu. Mais la vérité c’était que mes préoccupations et inquiétudes ne se centraient que sur ceux qui comptaient. Et indéniablement, elle avait rejoint le cercle assez fermé des personnes importantes pour moi. Mais je n’étais clairement pas prêt à l’exprimer aussi clairement que la demoiselle, alors me voilà à répondre avec cette légère désinvolture qui m’était propre : « Il ne faut jamais dire jamais… » Et pourtant, ça faisait un bien fou d’entendre qu’elle ne se lasserait jamais de moi, et surement qu’il aurait fallu que je lui réplique quelque chose du genre ‘moi aussi’. Mais… Je lui avais offert un chargeur, et ça serait la déclaration la plus parlante à laquelle elle aurait le droit de ma part pour le moment, un ‘je suis raide dingue de toi’ façon Daniel matérialisé sous forme d’un câble et d’un espèce de boitier noir, là dans ses mains. Et je l’entrainais dans un coin plus calme, me posant sur un fauteuil. Puis comme il ne fallait pas faire de bruit, ambiance studieuse des lieux oblige, nous allions devoir chuchoter, alors je l’attirai sur mes genoux, proximité qui était loin de me déranger et qui permettrait de pouvoir discuter à voix basse. Et j’en profitais même pour venir enfouir mon visage au creux de son cou, y déposant furtivement mes lèvres avant de reprendre la parole à mon tour : « Tu vas t’y habituer… Et puis comme ça tu sais déjà sur quoi porteras le prochain tome ‘Charlie devient une star’. » commentai-je avec décontraction, espérant lui faire voir cette notoriété soudaine avec plus de décontraction.

Pour échapper aux remarques des intellos plantés là en pleines révisions, je nous isolais dans un endroit un peu moins fréquenté, plus au calme, attirant la jeune femme sur ma genou, pour le prétexte de devoir s’entendre tout en chuchotant… Mais mes lèvres en profitaient pour s’égarer dans son cou, souriant au contact de ses doigts dans ma nuque. « Ne te mets pas de pression, tu es déjà à la hauteur, tu l’étais avant sous ton pseudonyme puisque tes romans se vendaient déjà bien. Si tes lecteurs t’apprécient c’est pour tes mots, ta plume, ton imagination, pas pour la couleur de tes cheveux, la robe que tu portais lors de l’interview ou ton dernier post sur les réseaux sociaux. Continue d’être toi même et continue d’écrire, tes vrais fans seront toujours présents. » tentai-je de la rassurer avant de venir murmurer à son oreille : « Mais je veux bien savoir à quoi elle ressemblait la robe que tu portais lors de ton interview… » Ton bien plus lascif… Dommage que nous nous trouvions dans une bibliothèque en fait. Et la demoiselle me questionnait ensuite sur mon week end. Râclement de gorge. « Euh… Bien. » Il avait été chargé en émotions… Mais y’avait eu mes moments avec Camille, et ça, ça n’avait pas de prix. D’ailleurs rien qu’en y repensant, j’affichais un sourire niais. « C’était même très bien. » Mon regard croisa celui de Belle quelques secondes et l’envie de lui en parler, de lui en dire davantage me traversa quelques secondes. Ils allaient me tuer. Abe. Jones. Mais merde, c’était Belle, et j’avais pas envie de garder encore ça pour moi…

« Et moi, j’espère que tu auras toujours autant de temps pour moi. » répondis-je, en reprenant ses mots et en les modifiant un peu égoïstement. Belle dans les bras, comptant bien profiter de ce moment calin quand bien même les lieux ne s’y prêtaient pas, je me pris au jeu de l’imaginer alors lors de son interview, dans une robe surement sublime qu’elle se proposait de remettre si je l’invitais à dîner. « Ce soir, si tu veux. Mais pas sûr qu’on tienne plus de dix minutes dans le restau… Tu te rappelles combien j’aime glisser mes doigts sous ta robe. » lançai-je alors, petit rappel de notre précédente tentative de sortie, écourtée par nos envies.La demoiselle m’interrogeais sur mon week end alors. J’étais resté évasif. Là encore, je tentais une réponse vague. Sauf que mon regard et les mots que j’ajoutais ensuite me trahir probablement. Parce que ce week end n’avait pas été juste bien. Parce que ce week end avait été chargé de sens. Ce week end avec ELLE. Ma raison de vivre. La plus merveilleuse des filles. La plus jolie. La plus adorable. La plus… Et le ton et le regard de mon interlocutrice s’assombrirent alors que je cherchais mentalement un moyen d’aborder le sujet… « J’aurais du être avec toi, je suis désolé. C’était aussi important pour quelqu’un que je sois sur Boston. » C’était une chance, une aubaine de voir Camille que je n’avais pas pu manquer.