The truth untold (Braesia)

Dernier coup d'oeil dans le miroir en pied pour vérifier l’impeccabilité de ma tenue. Petite robe noire cintrée, maquillage léger et cheveux retenus par une natte. Nous restons chez moi ce soir mais je n'en néglige pas pour autant ma tenue. Se sentir bien physiquement est important pour se sentir bien intérieurement. Un dernier coup d'eye liner et je rejoins le salon où je dois encore dresser la table pour notre tête à tête loin d'être galant alors au diable les chandelles. Les lasagnes gratinent doucement dans le four et il ne manque plus que toi pour que la soirée commence. C'est d'ailleurs toi qui la réclamait sous prétexte que nous devions avoir une discussion. Rien d'alarmant je suppose sinon nous nous serions vus plus tôt qu'aujourd'hui. L'idée de partager un repas avec toi m'enchante, résultat, je suis plutôt impatiente. Tu aurais du me faire le plaisir d'arriver un peu en avance parce que je n'aime pas attendre tel un lion en cage. Monsieur aime se faire désirer. Je soupire, pianotant sur mon téléphone avant que tu oses enfin montrer le bout de ton nez. J'ouvre la porte à la volée. Fin sourire sur les lèvres." Cinq minutes de retard. Tu as une explication à fournir j'espère ? Et n'ose pas me dire que te coiffer t'a pris tant de temps. " Tu as vraiment de la chance que je tienne à toi sinon je ne t'aurais pas ouvert la porte de mon foyer.

A peine rentré chez Beau après avoir couru tous les magasins pour trouver une petite quincaillerie à Asia qu'il faut déjà que je reparte. J'ai beau me dépêcher pour finir de me préparer je suis déjà en retard. Tu en as vaguement l'habitude. Je fais tout pour rattraper mon retard et rejoindre ton chez toi le plus vite. Je prends quand même le temps de vérifier si mes cheveux sont bien en ordre avant de partir en vitesse. Je t'entends déjà ruminer de ces quelques minutes de retard. En même temps cette petite soirée on l'a planifié au dernier moment parce que j'ai cruellement besoin de te confier quelque chose. Ou plutôt un secret que je garde en moi depuis de nombreuses années dont seul une personne est au courant, normal il en est aussi la victime. Après ces récentes tensions entre nous, il est temps que tu es sois au courant sur une partie de ma vie. J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir garder ce secret pendant tant d'années. J'arrive devant ta porte, je soupire légèrement avant de sonner. J'ai pas le temps de lever les yeux que tu m'as déjà ouvert la porte. Je m'en doutais que tu commençais à t'impatienter mais ça ne t'empêche pas de m'accueillir avec un léger sourire. Une excuse pour mon retard ? Bien sûr que j'en ai une. "Ca c'est une excuse recevable !" Je mets à la portée de tes yeux le petit sac contenant un bracelet soigneusement choisi. "Tiens c'est pour toi!" Un large sourire se lit sur mes lèvres. Tu peux prendre ça comme un cadeau pour moi c'est plus une façon de te remercier de m'avoir sauvé. Je passe le perron de la porte parce que je compte pas rester sur le pallier toute la soirée. "Bon ces lasagnes elles sont prêtes, j'ai une faim de loup ! A moins que tu es prévu un apéro avant ?" Cette douce odeur provenant de la cuisine commence à chatouiller mes narines.

Tu le sais pourtant que j'ai horreur des gens en retard, ça me donne des envies de meurtre. Sache que je ne t'ai pas sauvé de ta tentative de suicide pour t'étriper de mes propres mains. Mais je te connais, tu aimes me rendre folle, et mettre mes nerfs à rude épreuve. Je crois que si tu ne le faisais pas, tu ne serais pas vraiment toi, pire tu ne serais pas un ami cher à mon coeur. Bref c'est toi qui a insisté pour qu'on se programme un petit tête à tête et tu oses me faire attendre. Quinze minutes durant lesquelles mon coeur n'a cessé de palpiter de mécontentement. Et c'est ma voix pleine de rage qui t'accueille comme il se doit. Je te demande des excuses et t'entendait déjà sortir ton charabia habituel. Cependant, j'ai faux sur toute la ligne. Mon regard se trouve confrontée face à un sachet qui s'avère être un cadeau. Estomaqué, je l'attrape délicatement avant de battre des cils." Merci. " Que je prononce tout doucement. Toi tu sembles tout à fait détaché concernant ce présent, évitant d'en dire plus à ce sujet. Soit. A peine as-tu posé le pied dans l'appartement que monsieur réclame déjà à manger." Est ce que tu te rends compte à quel point tes paroles font macho ? " J'ai l'horrible sensation que tu me prends pour la femme au foyer qui doit te servir." Il y a du soda dans le frigo, tu peux aller le chercher toi même. Je prendrais un jus de mangue s'il te plait. " Que je te dis en déballant le paquet que tu m'as tendu quelque minutes plus tôt. J'y découvre un bracelet que je contemple avant de l'attacher à mon poignet." J'espère qu'il t'a couté au moins 200$ ? " Je charrie mais j'ai bien reconnu le nom de la boutique de luxe sur la boite.

Tu te doutais bien que j'allais arriver en retard. C'est loin d'être dans mes habitudes d'arriver à l'heure et encore moins en avance. Surtout qu'en réalité ça ne se fait pas d'arriver en avance. Pour autant ces quelques minutes de retard ne t'ont pas empêché de m'ouvrir la porte de chez toi. Je dois être un privilégié, tu ne dois pas faire ça à tout le monde. Même si j'avais légèrement commencé à mettre tes nerfs à vif suite à ces quelques minutes t'attente pour une fois j'avais une excuse potable qui allait vite te faire oublier tes envies de meurtre. Je rigole légèrement quand tu attrapes le petit paquet que je t'ai ramené et à ta réaction qui s'en suit. Je passe vite à un autre sujet, me précipitant pour te demander si le repas était prêt. Bien sûr je disais ça pour t'embêter, te faire réagir. Ce qui est pour le coup réussi. "C'est bon Asia je disais ça pour rire !" Et c'est aussi le stress qui me faire dire ça car même si tu es ma meilleure amie et que je te dis, pratiquement, tout, ce soir j'ai peur de ta réaction face à ce que j'ai à te dire. Pour la simple et bonne raison que c'est la première fois que j'en parle à quelqu'un qui n'est pas concerné par cette histoire. Je me faufile dans la cuisine pour me servir un soda et te ramener ton fameux jus de mangue dont l'odeur me fait grimacer. "Tiens voilà pour toi." Je pose ton verre sur la table voyant que ton attention repose actuellement sur le fameux bracelet. "Malheureusement il m'a coûté 199,99$, j'espère que ce n'est pas pour autant que tu vas le ramener à la boutique." Bien évidemment j'avais inventer un prix juste pour te faire réagir, tu penses vraiment que je vais te dire combien ce cadeau m'a coûté ? Je passe ma main dans ma nuque avant de reprendre la parole. "Asia faut que je te parle de quelque chose." Ma voix commence à faiblir ayant peur de ta réaction.

Si tu n'existais pas, je crois qu'il faudrait t'inventer. Non pas parce que tu es parfait mais bien parce que tu manquerais cruellement à ma vie. L'été dernier en est une preuve. Tu es bien l'un des rares à qui je peux pardonner un retard. On ne fait pas attendre queen Asia, tu le sais mais tu en joues. Heureusement que tu sais comment te rattraper en achetant avec ce qui semble être un bijou. Tu étais remis sur les bonnes rails mais non il a fallu que tu prononces des mots misogynes en exigeant que je te serve. Le pire des faux pas. Une boutade que tu réponds. Ouais, je suis quand même septique et pour la peine c'est toi qui te colle au service. En même temps tu connais la maison. Chien docile, je t'offre un large sourire une fois le verre de mangue face à moi tandis que j'examine le bracelet sous tous les angles. Je ne peux nier que tu as bon goût ou plutôt que tu connais les miens à la perfection." Je me disais aussi que je le trouvais un peu léger. Pas assez de carats. Je ne peux pas me balader avec ça. On va croire que je suis devenue pauvre. " En vrai j'en ai rien à cirer si mon compte en banque diminue. Je t'ai toi, Davi et Briséis, c'est largement suffisant à mon bonheur si fragile. Je trempe mes lèvres dans mon jus de fruits alors que je te vois hésitant à me parler. Je hausse les sourcils, t'invitant en même temps à prendre place sur le canapé en cuir." Je suis toute ouïe. " Je ne sais pas à quoi m'attendre venant de toi, étant donné que les confidences ne sont pas vraiment ta tasse de thé mais bien sûr que j'aurais l'oreille attentive à tes joies ou tes déboires." Par pitié, ne me dis pas que tu t'es marié à Las Vegas ou que t'es subitement devenu père sinon je fais un meurtre. " Vraiment j'espère que ce n'est pas une connerie de ce style sinon tu passeras un mauvais quart d'heure.

Ca sera un miracle le jour où j'arriverais à l'heure. C'est limite si ça ne deviendrait pas carrément un jour férié. Mais bon c'est pas aujourd'hui que ce miracle est arrivé et tu t'en doutais bien. Tu connais bien mes défauts depuis le temps. C'est pour ça que tu me pardonnes. De toute façon je sais que je manquerais à ton quotidien et inversement. L'été qui vient de s'écouler en est la parfaite illustration, tu n'étais plus à mes côtés et j'ai foncé droit dans le mur. T'avoir écartée de ma vie a surement été la plus grosse erreur de ma vie. Alors je tente de me rattraper comme je peux parce que c'est toi qui m'a sauvé quand je n'avais plus personne. Ce bracelet est le minimum que je puisse faire pour te remercier de ton aide. Je te laisse le découvrir le temps d'aller chercher des boissons dans la cuisine. Je hausse les yeux au ciel quand je t'entends dire que le bracelet n'a pas assez de carats. Je me doute que tu dis ça pour rire, c'est de bonne guerre. Ces quelques boutades n'auront pas réussi à me détendre. J'étais toujours aussi anxieux à l'idée de te dévoiler ce secret sur mon passé. Je m'assoie sur le canapé. Je regarde mon verre d'un air sceptique. Je souris quand tu me parles de mariage ou autres stupidités. "C'est un peu plus compliqué que ça à vrai dire." Je prends une gorgée de soda avant de reposer le verre sur la table basse. Je serre mes mains entre elle car j'ai de plus en plus peur de ta réaction. Le regard fixé au sol, ma voix se serre quand j'ose enfin t'annoncer la vérité. "J'ai été échangé à la naissance."

Je ne suis pas idiote. Je sais que pour toi il est plus facile de dire merci grâce à ce cadeau que tu m'offres plutôt que de le dire à voix haute. Et je ne t'en veux pas, tout simplement parce que merci ne fait pas particulièrement parti de mon vocabulaire non plus. J'ai moi aussi des torts quant à notre dispute de cet été et le cadeau que je te ferai pour me pardonner, c'est de porter fièrement ce bracelet tous les jours jusqu'à mon dernier souffle. Preuve que tu m'es essentiel à de nombreux niveaux, malgré les propos que je tiens. Ce bracelet il est somptueux, et aussi précieux que notre amitié. En bon esclave que tu es, j'obtiens vite mon jus de mangue, me posant tranquillement lorsque tu m'annonces solennellement avoir une annonce à me faire. Je suis dubitative. C'est pas ton genre de me faire des coups comme ça, alors je m'attends au pire. J'espère vraiment que tu n'as pas fait une énorme connerie. On vient à peine de se retrouver et j'ai pas envie qu'on se prenne la tête parce que monsieur a agit comme un idiot. Plus compliqué qu'être père ou se marier précipitamment. Okay si tu me dis que t'as tué quelqu'un, je crois que tu vas pas ressortir vivant de mon appartement. Mes muscles se tendent lorsque j'entends ta respiration lente. Ta bombe que tu lances tel un pavé dans la mare me laisse pantoise. Je te fixe les yeux écarquillés avant de rire nerveusement. Je ne peux pas m'en empêcher." Pardon. C'est pas drôle. C'est le genre de chose qui ne passe que dans les séries bas de gamme ça. C'est... Je ne sais pas. J'ai pas les mots en fait. Depuis combien de temps tu le sais ? " J'imagine que tu n'as pas appris ça hier, quand bien même c'est le genre de secret qui peut rester enterré pendant des années." Mince les lasagnes. " Sursaut soudain, je me lève d'un bond pour aller sortir le plat du four. Ouf, elles sont indemnes. Il ne manquerait plus que ça. J'amène le plat à table et te sers le plus normalement du monde." Parce que j'ai de la peine pour toi, je t'offre double ration de lasagnes. " Je crois qu'il vaut mieux essayer d'en plaisanter sauf que je ne suis pas très douée pour les blagues.

C'est sur que je suis pas celui qui dit merci à tout va ou pour tout et n'importe quoi. Le jour où ce mot sort de ma bouche il faut cocher, gribouiller, la date pour bien s'en rappeler car c'est pas tous les jours que ça arrive. Ca pourrait presque faire l'objet de jours fériés. Mais cela ne va pas dire que je ne suis pas reconnaissant envers les aides, les attentions, que je peux recevoir. Preuve en est avec ce bracelet que je t'offre vu que mine de rien tu m'as sauvé la vie, et plus d'une fois. Ca aurait pu être une occasion pour énoncer clairement cette formule de politesse mais tu me connais et tu sais à quel point ce n'est pas habituel pour moi de dire merci. Surtout que ce n'est pas pour ça qu'il fallait que je te vois. Je devais te parler de mon passé, quelque chose que je ne fais jamais. Donc j'étais déjà assez anxieux comme ça. Sauf que voilà, même si j'ai eu la voix serrée quand je t'ai annoncé ce qu'il s'est passé le jour de m'a naissance, j'ai réussi à en parler. Très chère Asia tu peux te sentir privilégiée car tu es la première personne à qui j'en parle. Je m'attendais à ce que tu sois furieuse contre moi parce que je t'ai caché quelque chose. Bien au contraire tu en rigoles. J'ai pu sentir que c'était nerveux pas besoin de t'en excuser. C'est vrai que j'ai peut être dramatisé un peu le truc mais faut dire que ça a beaucoup pesé dans ma vie, dans les relations avec ma famille. "Tu comprends pourquoi je parle jamais de ma famille. Je l'ai appris quand j'avais 21 ans mais..." J'ai pas le temps de finir ma phrase que tu t'en vas, bondissant du canapé pour aller chercher les lasagnes. J'en profite alors pour prendre place à table. Je fais les gros yeux en voyant la double ration de lasagne que tu me sers. "T'as pas à avoir de la peine pour moi, disons que cette histoire est presque rentrée dans l'ordre." Entre temps je goûte à ces lasagnes qui ont l'air succulentes en prenant une petite bouché pour ne pas me brûler.