Not a bad thing ~ Khaled

FT. KHALED

Affalée sur mon lit, je tourne les pages d’un magazine. Petit à petit, mon mal de tête commence à se faire la male, l’effet du médicament très probablement. De temps en temps, mon portable attire mon attention : les réseaux sociaux, les e-mails ou encore les messages de l’un et l’autre. Recevoir un texto de Billie me fait sourire, bien que le contenu m’inquiète plus qu’autre chose. C’est une grande fille, mais la savoir en Espagne avec Sandrick ne me permet pas de rester confiante ni rassurée. De toute façon, je ne saurais rien y faire et peut-être que la demoiselle en a besoin, pour s’assurer, se rassurer ou simplement voir ce qu’il a en tête, voir ce qu’il espère vraiment. Je pense sincèrement qu’elle mérite mieux que lui, mais je ne suis pas maitresse de sa vie, seule elle peut en décider. Je jette un œil vers l’heure et me rends compte que bientôt, il sera temps de me sortir de mon lit, et de commencer à m’apprêter. Depuis le temps que j’emmerde mon monde, ou plutôt, que j’emmerde Khaled pour qu’il me réserve un peu de son temps, vaut mieux éviter d’arriver en retard. La vie de Khaled est compliquée et pourtant j’essaie de suivre chaque chapitre de son histoire. C’est un livre assez complexe, dont les pages pèsent chacune une tonne ; alors lorsque l’une d’elle lui retombe dessus, c’est douloureux. Il m’a promis de me mettre à jour, de m’expliquer où il en est réellement avec Silas après que Rio m’ait mise un peu plus sur la voie.

Pour la soirée en perspective, j’opte une jolie robe crayon coupée mi-cuisse de couleur bleu marine et stiletto imitation cuir assorties. Cheveux lâchés je jette un œil dans le miroir alors que j’entends la voix de Vincenzo au rez-de-chaussée, ce qui me fait lever les yeux au ciel. Je sais qu’il n’est pas là pour moi, mais pour mon père et avec un peu de chance, il va repartir d’où il est venu. Une fois prête, je descends moi aussi près de mon père, curieuse de voir pourquoi il est là, l’autre. Ca parle affaires alors forcément, ça m’intéresse. Vince n’est pas là-dedans, normalement et donc, ne risque pas d’être vraiment intéressé par l’entreprise de notre père et pourtant, il échange sur la situation que notre géniteur lui expose. Je le fusille du regard face à sa remarque sur ma tenue, et mon père s’intéresse de savoir comment je compte m’y rendre, mais à peine ai-je le temps d’ouvrir la bouche que Vincenzo propose de me déposer lui qui « passe par là ». L’idée ne me plait pas, mais mon père semble ravit de voir que son fils fasse des efforts, contrairement à moi. Des efforts hypocrites, très certainement, mais ça, je dois être la seule à être au courant. Une fois le dos tourné, j’en prendrai plein la figure sur ma tenue, mon existence ou pourquoi pas sur la mort de ma mère, tant qu’on y est.

Dans la voiture, je ne parle pas, je laisse la musique briser le silence et lorsque lui me pose des questions, je n’y réponds pas non plus. J’aurais préféré me rendre à ce rendez-vous sans chauffeur et conduire moi-même, au moins j’étais sûre de ne pas devoir me taper le retour à pied, les chaussures aux mains. Bref. Lorsque la camaro de Vincenzo s’immobilise devant le lieu de mon rendez-vous, je me contente simplement d’un « merci » à peine audible et ne me retourne même pas. Ma tête de six pieds de long s’efface pour laisser place à un sourire sincère à la vue de Khaled « T’as vu, pile à l’heure cette fois ! Tu auras pile trois heures pour tout m’expliquer, si c’est pas beau » Oui, parce que la ponctualité, c’est pas ma qualité première ; Khaled doit être au courant depuis le temps. « On entre ? » lui demandais-je en regardant l’entrée du restau.