Je te protegérais plus que ma propre vie {BLAYDIA #10}

La salle de sport était silencieuse, bien trop silencieuse; et pourtant, quelques minutes plus tôt encore, elle était le témoin d'une scène loin de tout repos. Lidiya était prostrée sur elle même, les bras entourant ses genoux. De l'extérieur beaucoup auraient pu penser qu'elle était d'un calme olympien; mais il n'en était rien. Car intérieurement, elle explosait, elle paniquait. Son passé l'avait enfin rattrapée. Elle avait été si idiote.... Et pourtant, elle avait hésité quelques secondes lorsqu'elle avait vu un professeur différent se pointer à l'entrainement aujourd'hui. Mike, son prof particulier (et accessoirement celui qu'elle prenait pour un second père adoptif) ne pouvait soit-disant pas assurer son entrainement et avait envoyé quelqu'un d'autre à sa place. Au départ, la russe avait tilté car Mike lui aurait forcément envoyé un message pour la prévenir; puis elle s'était persuadée qu'il n'avait pas du avoir le temps.
Les doutes avaient été balayés l'espace d'un instant pour revenir au galop après l'échauffement, alors que les coups étaient bien trop réels et puissants. Là, tout était limpide: ce n'était pas un jeu et encore moins une leçon; c'était une provocation pure et simple. Le sang de Lidiya s'était glacé lorsque l'inconnu avait prononcé cette phrase:

- Il te passe le bonjour...

Elle avait immédiatement compris de qui il s'agissait. Luttant pour ne par perdre ses moyens, la blonde avait regardé l'homme droit dans les yeux et avait même esquissé un sourire:

- Et dire qu'il n'a pas les couilles pour venir faire le sale boulot lui même. Dites lui que sa face de merde commence à s'effacer de ma mémoire et qu'il serait temps de me la rafraîchir.

Insolence... Mais d'un côté, l'adrénaline lui avait fait aimer cet instant. Le reste lui avait beaucoup moins plu. Lidiya avait souffert et visiblement le but n'était pas de tuer aujourd'hui, seulement de lui faire passer un message. Cependant, il lui avait semblé que son assaillant battait en retraite plus tôt que prévu en constatant que la jeune femme savait se défendre bien plus que ce qu'il ne l'imaginait. Lidiya s'en tirerait certainement avec de beaux hématomes, sa lèvre inférieure qui saignait et une vive douleur dans les côtes. Demain, ça serait terminé. Elle avait plus ou moins l'habitude avec les entrainements à répétition qu'elle avait subi lorsqu'elle n'était qu'une débutante.
Elle avait réussi à placer un coup dans les parties génitales, ce qui avait définitivement fait fuir l'individu. La blonde avait foncé aux vestiaires pour s'y enfermer. Puis, sans réellement trembler, elle avait attrapé son téléphone et envoyé un message de détresse à Blake, son petit-ami. Et voilà où elle en était actuellement. Dans son cerveau, une multitude de questions flottaient et se mélangeaient les unes avec les autres.
Elle est dans un état second et lorsqu'elle entend la porte s'ouvrir, tel un reflex, elle se jette sur la personne qui franchi le seuil. Des mains qu'elle ne connait que trop bien viennent encercler ses poignets et elle est plaquée contre le mur du fond. Elle se débat un instant avant de reconnaitre la voix qui vient de résonner dans le vestiaire. Lentement son corps se détend alors que son regard croise le sien et que ses iris reprennent une teinte normale:

- Blake..., murmure-t-elle, tentant de se persuadée qu'il s'agit bien de lui.

Oui, elle le reconnait, elle sent son odeur si caractéristique dont elle à maintenant l'habitude. Elle frissonne alors qu'elle répète son prénom, plus fort cette fois, comme un ultime appel au secours:

- Blake !

Elle se laisse aller contre lui, indiquant elle a compris qu'il n'est pas une menace. Les sensations lui reviennent peu à peu; Lidiya remarque alors le gout du sang dans sa bouche; elle porte une main à sa lèvre et grimace. Elle saigne, ça lui fait mal. Mais elle s'en fiche car il est là, elle se sent en sécurité. Ses côtes lui lancent aussi un petit rappel et pendant quelques secondes elle a le souffle coupé. Elle calme sa respiration et tente de calmer les battements de son coeur, bien trop rapide à son goût:

- Putain, j'ai été tellement idiote ! Je... J'aurais jamais cru que ça arrive maintenant, ou ici !!

La russe s'en voulait tellement. Elle avait baissé sa garde et elle en avait payé le prix fort. Tout était revenu alors qu'elle commençait enfin à avoir une vie relativement normale.

- Tout est arrivé si vite ! Heureusement que tu es là maintenant...

Elle revient contre lui et alors qu'il libère ses mains, elle passe ses bras autant de la taille du jeune homme et se love instinctivement contre lui. Là encore, preuve que Blake l'a changée en très peu de temps. Si un événement pareil était arrivé quelques mois plus tôt, presque personne n'aurait été capable de la toucher et elle n'aurait jamais été si confiante. Mais elle n'avait aucune raison de douter de lui, Blake le lui prouvait chaque jour. Il était là, et c'était tout ce qui comptait pour l'instant, les questions plus importantes arriveraient plus tard...

L'état de choque était clairement présent. Lidiya se laissait aller, transporter par Blake qui était eu le reflex d'aller chercher la trousse de premiers secours. Il pouvait soigner sa lèvre mais pas son état d'esprit actuel. Tout le corps de la russe réclamait sa vengeance et son sang ne faisait qu'un tour. Pour éviter de paraître pour une psychopathe cependant, elle tentant de ne rien montrer, puis on lui avait clairement appris à garder un minimum son calme même dans ce genre de situation.
Lentement, Blake soigne sa lèvre et Lidiya ne bronche même pas lorsque la solution anti-septique rencontre sa peau. Pendant quelques secondes, elle a les yeux dans le vide, comme si elle fixait un point qu'elle était la seule à voir. Puis la jeune femme est ramenée à la réalité en entendant la voix de Blake qui raisonne dans la pièce, suggérant qu'il pouvait engager un garde du corps. Les yeux verts de Lidiya viennent capter les siens et elle ne peut s'empêcher de sourire faiblement en constatant autant d'attention:

- Merci Blake... Déjà merci d'être là, puis de proposer ça... Mais je ne suis malheureusement pas certaine que cela serve à grand chose... Il a été sur-entrainé une bonne partie de sa vie. Et visiblement, ce qui l'anime aujourd'hui c'est la vengeance. Pfff tu parles d'une merde ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité quand on sait que c'est lui qui a commencé !

Elle marque une courte pause, tout en se rendant compte qu'elle recommence à s'emballer:

- Désolée... Sujet qui me tient à coeur, j'ai jamais vraiment compris l'origine de leur dispute, si je peux dire.

C'est vrai qu'au fond c'était son parrain qui l'avait cherché dans un premier temps en trahissant le FSB, alors la blonde ne comprenait pas vraiment pourquoi tout le reste avait suivi. Ou peut-être qu'elle était encore trop naïve, allez savoir !
Lorsque Blake indique que ce qui vient de se passer n'arrivera plus, l'instinct de Lidiya prend le dessus, elle veut juste se défendre, ou faire payer, la différence entre les deux n'est plus réellement visible par la jeune femme à cet instant:

- C'est clair que s'il prend une balle entre les deux yeux avant que cela n'arrive... Y'a plus moyen.

Alors elle réalise. Merde, mais c'est quoi ces paroles de fou furieux qu'elle vient de sortir:

- Désolée... Je...

Sur le coup, elle ne trouve pas quoi dire d'autre. C'est venu tout seul, elle ne sait même pas si elle serait capable de tirer sur quelqu'un en vrai. Car entre les cibles et les jeux vidéos, la vraie vie est bien différente. On dit que cela peut complètement changer une personne. C'est dans ce genre de moments qu'elle aimerait pouvoir retrouver ses parents le soir, en parler avec eux. Après tout, se sont eux les experts ! Mais ils ne sont pas là et Lidiya baisse la tête pour masquer sa tristesse. Alors qu'elle repose sur les genoux de Blake, elle passe ses bras autour de sa taille et le serre du plus fort qu'elle peut, ravivant les futiles douleurs présentes au niveau des côtes. Elle jure entre ses dents mais elle s'en fiche. Au final, au milieu de toute cette merde, il est le seul à être là pour elle et à la comprendre réellement. Car si sa tante l'aime (et la russe n'en doute pas une seconde), cette dernière n'est pas au courant de la situation, contrairement à Blake...

- J'suis tellement contente que tu ne te sois pas barré en courant SC après t'avoir tout raconté... Pourtant c'était peut-être encore ta dernière chance pour avoir une vie à peu près normale !!

Lidiya tente l'humour pour mieux détourner l'attention de sa réelle peine; elle n'a pas envie d'en parler. Pas après ce qui vient de se passer, c'est trop, trop à encaisser émotionnellement parlant. Elle se retourne vers Blake et ses lèvres viennent se sceller aux siennes, elle a juste besoin de sentir qu'elle est vivante. Instinctivement, elle pivote et se retrouve face à lui, ses jambes de chaque côté du petit banc et mettre fin au baiser qu'elle a engagé. Ses mains viennent se poser sur le torse de son compagnon alors qu'elle peut sentir son propre rythme cardiaque accélérer. Finalement elle vient lui murmurer:

- J'veux juste oublier Blake...

Plus le temps passait plus Lidiya voyait clairement la chance qu'elle avait d'être tombée sur Blake. Clairement, d'autres mecs auraient été bien moins attentionnés ou bien moins à l'écoute lorsqu'elle avait des problèmes. Mais pas une fois depuis les quelques mois où ils étaient ensemble il ne lui avait dit qu'il ne pouvait pas venir à son secours lorsqu'elle en avait besoin. Pas UNE fois. Bien entendu, il y avait certains moment où l'un ou l'autre proposait de se voir et un des deux ne pouvait pas, mais c'était les choses de la vie, ça arrivait à tout le monde et dans une relation, il fallait bien un minimum de liberté.
Et là encore, il démontrait qu'il se comportait en parfait Gentleman avec elle. Alors que la russe venait de délivrer ses plans pour la fin de la soirée (non, plutôt ses envies, disons le clairement), il lui demande si elle est sûre de ses intentions. Pendant quelques secondes, Lidiya le fixe avec juste l'irrésistible envie de lui sauter au cou et de rester contre lui sans la moindre arrière pensée, juste parce qu'il vient encore de démontrer qu'il se soucie réellement d'elle. D'autres connards auraient clairement profité de la situation et n'auraient pas demandé leur reste. Ils auraient juste sauté sur l'occasion et auraient bouclé l'affaire illico presto. Mais pas Blake. Il était toujours là, comme s'il cherchait à faire passer les besoins de la jeune femme avant les siens.
Ce soir, peut-être du au contre coup, les envies de Lidiya s'étaient manifestées lors d'un moment pas forcément opportun mais après tout, qui était vraiment juge ? Il n'y avait aucune règle... Ou peut-être celle de la salle qui devait stipuler que s'envoyer en l'air des les vestiaires pouvait être interdit... C'est logique à bien y réfléchir mais Lidiya ne veut plus réfléchir, ou sinon son cerveau risque d'exploser, là, maintenant et tout de suite à cause des multiples questions qui se succèdent. Elle le fixe avant de glisser un de ses doigts dans un des passants de son pantalon. Elle tire délicatement dessus, lui permettant de rapprocher un peu plus son bassin de son compagnon avant de lui murmurer à l'oreille:

- Oui je suis sûre... Mais j'apprécie la question... Tu restes un gentleman dans toutes les occasions !

Elle pouffe légèrement avant de lui lancer un regard aguicheur.

- Vous êtes vraiment un spécimen très rare Monsieur !

D'un geste habile, elle le libère de la cravate qu'il porte et la laisse tomber sur le sol. C'est alors qu'il se rend compte qu'il devait certainement être à un rendez-vous important. Elle décide qu'il serait alors intéressant de le provoquer. Oui, parfois (bon, voir souvent même), elle aime faire ça. Après s'être chargé de la cravate de Blake Lidiya retire lentement son haut de sport favori et se retrouve ainsi avec la petite brassière qui lui permet de maintenant sa poitrine en place lors des exercices. Tout en agitant le bout de tissu qu'elle vient de retirer sous le nez de son compagne, elle lui dit d'une voix suave:

- J'espère que je ne tu n'étais pas au milieu de quelque chose de trop important avant de venir ici ? Je n'ai rien interrompu, dis moi ?

Elle insiste sur le mot interrompu, marquant bien qu'en tout cas, personne risque d'interrompre ce qui va bientôt se passer ici même. De toutes les façons, la porte des vestiaires est verrouillée; à cette heure si tardive, elle est la seule à avoir le droit de se trouver dans les locaux, un arrangement avec le patron des lieux et la russe lui en est, en ce moment même, extrêmement reconnaissante...