After night || Avalon + Dylan

La p'tite Ava', je la connais depuis un sacré moment maintenant. Elle est devenue une de mes meilleurs amies depuis quelques années, et elle sait que je serais toujours là pour l'aider quand elle en aura besoin. Comme ce soir, où je reçois un SMS de la belle qui me demande de venir la chercher devant son lieu de travail, le Nirvana. Il ne me faut pas plus de 10 minutes pour arriver sur les lieux, sortir de ma voiture et comme toujours, l'apercevoir avec un mec qui lui tourne autour. C'est toujours la même chose, toujours un bourré ou un mec en chaleur pour venir la faire chier. Je m'approche, utilisant toujours la même technique pour la sortir des griffes de ce genre de gros lourd, passant mon bras autour de sa taille tout en lui disant: "Ça a été ce soir chérie ?". Une technique vieille comme le monde, mais qui a au moins le mérite de fonctionner la plupart du temps et qui évite d'avoir recours à la violence, bien qu'on y soit obligé par moment quand tes dragueurs sont trop tenaces Avalon.

Ne pas foncer dans le tas, ne pas foncer dans le tas... Avalon se répétait cette même phrase depuis cinq bonnes minutes maintenant, feignant d'être presque sympa avec ce type bourré qui la collait comme de la glue. Malgré le fait qu'elle ait envoyé un texto à son pote de toujours, Dylan, afin que ce dernier vienne la chercher, la volcanique métisse tâchait actuellement de ne pas s'abîmer le poing en usant de cette violence coulant entre ses veines. Y céder restait tellement facile... surtout après l'adrénaline offerte par son show, cette rage ne demandait qu'à s'exprimer. Toi tu vas me lâcher la grappe direct, c'est pas les vendanges et j'suis pas d'humeur à jouer à touche pipi ! grogna-t-elle en serrant les mâchoires, prête à passer à la vitesse supérieure lorsqu'un bras puissant se faufila contre sa taille, l'empêchant d'aller trop loin. Sa colère fut bientôt remplacée par de l'amusement alors que Dylan l'affublait de ce fameux surnom, toujours aussi efficace... T'en as mis du temps beau gosse... un peu plus et un poivrot en avait après mon cul ! ironisa-t-elle sans se dégager de sa présence.

Dieu sait qu'elle est capable de se défendre toute seule et qu'elle n'a pas besoin de moi pour se débarrasser de ces gros lourds qui viennent l'aborder très souvent à la sortie du Nirvana. Mais quand je suis là, je lui donne un coup de main avec plaisir comme d'habitude. La sentant en colère, je passe mon bras autour de sa taille au bon moment pour lui annoncer ma présence, sa remarque ne manquant pas de me faire rire. "Désolé mon vieux, mais ce cul il est à moi comme tu peux le voir.", m'adressais-je à ce poivrot qui louchait dangereusement sur la jolie jeune femme à mes côtés. Ce dernier ne manqua pas de râler, insultant même Ava' d'un qualificatif qui ne me plait guère avant de tourner les talons, elle n'est en rien ce genre de fille qu'on appelait autrefois "fille de joie". Il semblerait que je vais encore devoir coller mon poing dans la gueule de quelqu'un ce soir, moi qui venait juste de promettre à Apple que je ne me battrais plus... Je retiens cet enfoiré par l'épaule, prêt à dégainer ma droite dans son menton.

Avalon s'étonna elle-même de ne pas avoir encore craqué sous l'effet de la colère. D'ordinaire, cette dernière exerçait une telle pression sur son être que la volcanique métisse était dans l'incapacité pleine et entière de se contrôler. La présence de Dylan y était probablement pour quelque chose, et la présence de sa main à sa taille également, l'empêchant ainsi de foncer tête baissée dans le tas en vue de faire un massacre. Elle esquissa même un sourire plus qu'amusé aux propos qu'il énonça, prête à renoncer à toutes représailles au moment où LE terme interdit fut prononcé. Tu sais c'qu'elle te dit la pute espèce de teubé des bacs à sable ?! s'emporta-t-elle à nouveau, prête à défendre elle-même son honneur. Mais son pote fut le premier à donner du poing, ou en tout cas à être prêt à le faire. Que nenni, la brunette se défendrait de cette offense solo, l'incitant à la regarder quelques secondes, usant de ses prunelles émeraudes brillantes afin de le faire lâcher prise. Laisse faire, querido... murmura-t-elle avant d'asséner un coup monumental de genou aux bijoux de famille de cet abruti. Malgré l'alcool qu'il avait ingéré, mieux valait ne pas traîner, et ce fut pourquoi elle s'empara aussitôt de la main de Dylan pour se mettre à courir, malgré ses talons hauts. Puta, j'vois pas pourquoi strip veut dire pute chez ces décérébrés ! Ça me déglingue...

Ma main se pose sur l'épaule de ce connard qui ose insulter une de mes amis les plus proches. Cette dernière ne manque d'ailleurs pas de répliquer. Oralement dans un premier temps, ce qui ne me surprends guère, je connais un peu le caractère de la jeune femme à mes côtés depuis le temps. Puis dans un second temps, elle vient poser ses billes émeraudes dans les miennes, ce regard que je connais si bien, qui me fait comprendre ce qu'elle traduit par la suite par ce "querido" qui me fait sourire. Ce poivrot l'a cherchée, il a eu ce qu'il merite, un bon coup de genoux dans les noix. Attrapant ma main, je peux déceler l'énervement dans sa voix et ça me fait chier que ces enfoirés viennent quasiment chaque soir dénigrer son travail. "Laisse tomber amor, accorde pas d'importance à ces mecs là, ils n'en valent pas la peine.". Et pourtant je sais que ça la fait chier... Amor & Querido, le surnom de notre duo en quelque sorte, des surnoms qui se sont instaurés il y a des années maintenant et qui sont restés depuis. Nous arrêtant devant ma voiture en piteuse état mais d'une grande valeur affective puisqu'elle appartenait à mon grand père aujourd'hui disparue, je regardais la jolie jeune femme, pointant de mon index ma joue tout en lui indiquant: "Je crois que j'ai pas eu mon bisous aujourd'hui...". Bah ouais, avec cette histoire tu ne me dis même plus bonsoir Ava' ?

Le retour de querido et amor... voilà la seule chose, hormis la présence de Dylan, qui fut en mesure d'arracher un vrai sourire à Avalon. Qui plus est après l'interlude poivrot, ayant valu à la jeune espagnole de devoir se défendre une fois encore. C'était ça ou laisser l'opportunité à son partner in crime de le faire, mais l'envie n'y était pas, car cela gâcherait forcément leur soirée en devenir. Amor a envie de buter tous ces trous du cul, querido ! soupira-t-elle une fois qu'ils furent seuls, même si une marge d'amusement demeurait plaquée contre ses traits délicats. Tout en admirant la voiture d'une valeur si sentimentale aux yeux de Dylan, un petit rire secoua bientôt ses épaules. Tu sais que je kiffe toujours autant ton tacot ? lâcha-t-elle alors qu'il réclamait son beusou. De quoi pousser la pétillante métisse à esquisser une petite moue provocatrice avant de frôler les lèvres de son pote des siennes, sans crier gare. Bah quoi ? La joue, c'est surfait joder ! haussant-elle les épaules d'un air faussement détaché.

Elle sait à quel point je tiens à cette voiture, je ne m'en séparerais jamais, du moins pas tant qu'elle continue à rouler correctement. Son commentaire concernant cette dernière me fait donc sourire, un sourire ravie avant que je ne vienne demander mon bisou. Bisous qu'elle vient finalement déposer sur mes lèvres avant de m'offrir cet air innocent dont elle a le secret. "Je vais venir te chercher plus souvent à ton taff je crois !", répondais-je d'un air taquin avant de monter dans ma voiture et qu'elle en fasse de même. Après trois coup de clé avant de pouvoir enfin la démarrer, je prends la route, croisant au passage le poivrot toujours les mains sur les bijoux de famille qui m'arracha un léger rire, puis je demande à mon amor: "T'as pas eu trop de relou ce soir durant ton show ?". Je sais bien que certains peuvent lui manquer de respect au Nirvana, je l'ai vu de mes propres yeux et le nombre de mecs que j'ai empêché de la faire chier quand j'étais là ne se compte même plus.

Ouais hein ! Tu vois que ça vaut le coup ! s'exclama-t-elle d'un air tout sauf innocent mais plutôt amusé et cabotin en diable. Avalon se moquait bien des conséquences, puisqu'ils avaient toujours joué, Dylan le premier. Fut un temps même où il n'aurait pas dit non si elle avait dit oui. Cette amitié brute s'était glissée au milieu de ce jeu sans failles, offrant à la pétillante métisse l'un des rares soutiens pour lesquels elle mouillerait plus que la chemise. Oui, si son pote se trouvait dans la merde, quelle qu'elle soit, il allait sans dire que la jeune espagnole ruerait aussitôt dans les brancards... Ben... commença-t-elle avant de hausser les épaules. Tout lui dire risquait de gâcher leur soirée, mais lui cacher des infos serait encore pire. On s'est fighté avec mon boss. C'était... violent. Faut dire que j'ai manqué de vouloir buter un client justement, ce soir... soupira-t-elle en prenant bien garde de regarder par la fenêtre, alors que sa jambe, elle, tressautait toute seule, montrant son stress, son impatience, sa nervosité extrême.

En effet, ça vaut le coup, mais nul doute que Sheryln n'aurait pas le même point de vue, même si ce baiser était des plus innocents. Un simple baiser joueur entre deux amis qui se sont toujours amusés de l'attirance que je peux avoir pour elle. Elle sait pertinemment que ce bisou déposé sur mes lèvres ne me laisse pas insensible et elle en joue. Mais le doute que je peux déceler dans sa voix me fait tourner là tête vers elle l'espace d'une seconde, le temps de voir ce haussement d'épaule. Je te connais Avalon, je sais quand quelque chose ne va pas, quand quelque chose te tracasse. Une inquiétude confirmer par tes dires, ou du moins par ce mot qui ne me plait guère sortant de ta bouche tandis que je m'arrête au feu rouge. "Violent ?", demandais-je à la jolie espagnole qui fuis mon regard, préférant le poser à travers sa fenêtre. "Ava' !", l'interpellais-je un peu plus fermement en posant ma main sur son avant-bras alors que le feu passe au vert. Mais rien à foutre, je dois savoir. "Comment ça violent ?", en vérité, j'ai un peu peur de ta réponse et surtout, de ma réaction...

Pourquoi diable fallait-il que ce feu passe au rouge ? Dans le cas contraire, probablement Avalon aurait-elle eut quelques minutes supplémentaires de répit afin de peaufiner la réponse à apporter aux multiples interrogations de son meilleur ami. Sauf que voilà, feu rouge et interrogatoire au menu. Tout ce que la jeune espagnole détestait par dessus tout, lui donnant la désagréable impression de devoir se justifier pour une faute qu'elle n'avait pas commise... Un client a déchiré un costume, m'a à moitié foutu à oilp' devant d'autres, je lui ai pété deux dents... haussa-t-elle une nouvelle fois les épaules d'un air purement détaché, qui l'aidait en vérité à ne pas sombrer totalement. Même si, il fallait bien l'admettre, la présence de la main de Dylan sur son avant bras aidait beaucoup. Le boss m'a beuglé dessus et on a failli se foutre sur la tronche, tu me connais ! Sauf que la jolie métisse émettait plusieurs détails, et ce exprès : le feu venait de repasser au vert, et les klaxons s'excitaient déjà derrière. T'sais que c'est vert querido ?