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Je n’eus pas besoin de le prononcer une nouvelle fois. Ma pause suffit à ce qu’elle comprenne la fin de ma phrase, et je sentis pointer une forme d’agacement. Il fallait peut être que j’arrête ma ritournelle du ‘c’est compliqué’ seulement, je n’avais guère d’autre option. Oh, je pourrais mentir. J’avais de l’imagination à revendre. Liam m’a menacé de me virer si je ne draguais pas les fidèles clientes. La fille était la cousine de mon meilleur ami, je ne pouvais pas l’éconduire j’avais peur de la blesser. Ou plus mélodrama encore, cette fille n’avait plus qu’un jour à vivre, atteinte d’une maladie rare et incurable, j’ai décidé de lui offrir mon corps et le meilleur orgasme de sa vie avant qu’elle parte… Ouais, j’étais sûr que je pouvais même en trouver d’autres, des excuses. Seulement j’en avais pas envie. Pas avec Belle. Et quand elle se livrait à cœur ouvert, mon inspiration d’honnêteté fut renforcée. Je ne pouvais pas la baratiner. Je ne le voulais pas. Elle parlait encore de moi avec la métaphore d’une maladie, chose que je soulignais, pas vexé pour autant, parce que vu la situation j’étais quand même un peu toxique dans sa vie. Elle se reprit, et c’est une autre image qu’elle utilisa : une drogue. Je secouais la tête un instant. J’aurais pu lui souffler que c’était plutôt moi le drogué. Pourquoi s’asseoir sur ce banc pour discuter avec elle sinon ? Pourquoi je ne m’étais pas contenté de cette nuit avec elle, pour clore l’histoire ensuite, comme j’étais plutôt habitué à le faire ? C’était bien que j’en tenais une couche en terme d’addiction aussi. Accro. Et dans mon ton percèrent des nuances de jalousie quand j’évoquais la nuit passée, nuit blanche à cogiter pour moi, nuit dans les bras de Dimitri pour elle. Visiblement, mes remarques étaient mal vues et la riposte ne se fit pas attendre. « Je dors tout seul généralement. » corrigeai-je alors avec un ton bougon. Oui j’étais pas un abonné des nuits enlacés l’un contre l’autre, je préférais ne pas partager mon lit. Les autres ne restaient pas dormir, et je ne restais pas non plus dormir chez les autres filles. Un baiser à son initiative puis à un autre à la mienne plus tard, et le verdict tombait. Tranchant. Il fallait qu’on arrête. Pire, il fallait qu’elle arrête. Oui ça devait venir d’elle, moi je n’étais qu’un lâche. J’allais flancher, la vouloir, la manipuler pour l’avoir. Il fallait qu’elle me raye de sa vie. « Si je peux. » C’était ce que je venais de faire, et si je lui avais dit ces mots, l’ordre de m’oublier, de me lâcher, de m’effacer, c’était encore plus justifié après ce qu’elle venait de me dire au contraire. Elle se pensait amoureuse, elle étoufferait dans l’œuf ce qu’elle ressentait, elle trouvait un nigaud benêt qui lui ferait oublier notre début d’histoire, et elle me classerait aux archives. C’était le mieux à faire, pour elle. Mais ses questions s’enchainaient la demoiselle ne comprenant pas mon côté hermétique, ses mains se posaient sur mon visage pour forcer la connexion de nos regards, cherchant dans mes yeux des réponses, me réclamant d’affirmer ne plus vouloir d’elle, ne rien ressentir. Ma fréquence cardiaque s’accéléra alors que je sondais ses yeux, mes prunelles dans les siennes. Qu’est-ce que c’était pour moi, d’affirmer ce qu’elle réclamait, un petit mensonge de plus ? J’étais un mensonge ambulant après tout. Mais j’avais l’impression que ses yeux jouaient le rôle de radar, alors j’optai pour une vérité, quelque chose de vrai qui assurément la ferait freiner, peut être même qu’elle s’en tiendrait à mes conseils et qu’elle me chasserait de sa vie ensuite : « Je ne peux pas te dire ça Belle. Je tiens à toi… Mais j’ai déjà une fille dans ma vie. J’ai pas de place pour quelqu’un d’autre. » Y’avait qu’elle qui comptait. Mon trésor. Mon tout. Même si à l’heure actuelle, je ne pouvais être auprès d’elle et m’en occuper comme il se doit.@Belle Tanner
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