Souls appart (Rhomaldi)

L'ambiance battait son plein dans le club. Portée par cette dernière, Avalon venait de donner le meilleur d'elle-même, alliant souplesse et grâce dans un spectacle d'une sexitude absolue. Finir par un full monty, peu en étaient capables... mais depuis toujours, la belle métisse aimait et détestait son corps d'un même temps. On l'avait brisée, possédée contre son gré, lui faisant détester un mot parmi tant d'autres : amour. Aujourd'hui, elle piétinait les hommes et les femmes venus l'admirer, la désirer sans jamais pouvoir la toucher autrement que de manière furtive, en glissant liasses de billets sur liasses de billets dans un string fait main. En sueur, après le bouquet final, elle salua son public avide, en délire, avant de disparaître et d'enfiler un peignoir bas de gamme. Direction le bar, pour son whisky d'après show, ô combien réconfortant au milieu de toute cette merde. La jeune femme croulait sous les mauvaises nouvelles et sa colère grondait, sourde, à l'intérieur de son esprit lorsque ses prunelles d'émeraude se posèrent sur ce visage. Pas n'importe lequel, celui d'un danseur, d'un professeur, lui ayant prodigué des conseils professionnels afin de faire de son show ce qu'il était aujourd'hui. Bien entendu, Avalon n'avait lâché mot sur ce qu'elle ferait desdits conseils... Qu'est-ce que tu fous là toi ? lâcha-t-elle, sans ménagement ni respect. Qu'il soit prince ou la reine d'Angleterre elle-même, le vouvoiement ne serait pas de rigueur... l'évidence même.

Si on ne t'avait pas forcé à venir dans ce truc de striptease, tu ne serais jamais venu personnellement. Sauf que tu n'étais pas du genre à refuser les invitations de tes proches collaborateurs ou simplement de tes amis les plus proches. Du coup, tu avais assisté à plusieurs shows de filles presque dénudées et en tant que Prince, ce genre de choses n'étaient pas normales. Pourtant tu étais un mannequin et parfois, tu bossais avec des modèles en lingeries coquines mais c'était différent... Là elles faisaient des shows coquins pour des hommes riches, qui gaspillaient leurs porte-feuilles aussi lamentablement. Bref, ce n'était guère un spectacle joli à regarder pour toi mais tu restais quand même surtout que la stipper qui passait maintenant, il semblerait que tu la connaissais. Et ce n'était qu'en clignant plusieurs fois des yeux que tu finis par la reconnaître... Impossible ! Il s'agissait d'Avalon, cette métisse qui t'avait demandée de l'aider pour une chorégraphie qu'elle avait créée... Ces pas étaient donc destinés à ça ?! Tu n'en croyais pas tes yeux donc tu décidas d'aller la voir afin d'obtenir des explications. « Bonsoir, je ne me doutais pas qu'une de mes élèves travaillaient ici. » répondis-tu d'un ton noble, ne faisant guère attention au ton irrespectueux de la jeune femme.

Ce ton noble dont faisait usage Arthur aurait pu décontenancer profondément Avalon si et seulement si elle n'avait pas décidé de s'en moquer une bonne fois pour toute. Son verre en main, dont elle faisait tournoyer le liquide d'un air complètement détaché, la volcanique métisse ne le quittait pas des yeux, se demandant bien ce qui le choquait : son spectacle, qu'elle s'adonne à de la nudité en public ou bien le fait qu'elle n'utilise les cours prodigués à cette fin... Doucement ou tu vas te zigouiller à tomber de ton égo pépère ! Élève c'est un grand mot... tu m'as donné trois cours à tout péter... ta majesté est choquée ou bien ? arqua-t-elle un sourcil, presque curieuse. Que le jeune prince réponde ou ne réponde pas ne ferait pas vraiment sa soirée... Remets-toi, bois un truc ou pète un coup, ça ira mieux tu verras !

Ta présence en ces lieux ne te rendait pas trop fier mais tu n'avais pas trop le choix, puisque tu ne revenais jamais sur tes décisions. Du coup, tu avais pris sur toi pour accompagner tes amis dans ce bar à striptease... Cependant tu te rendais compte que l'une des danseuses coquines n'était autre qu'Avalon, la jolie métisse qui t'avait demandé des cours quelques semaines plus tôt et du coup, tu n'avais pu t'empêcher de venir la voir. La façon dont elle t'accueillait aurait pu énerver le Prince en toi, mais tu restas courtois. « Je ne m'attendais pas à vous voir dans un lieu pareil. » admis-tu tout en la regardant alors qu'elle te conseillait de boire ou de te lâcher littéralement. « Je ne suis pas vraiment choqué, c'est surtout de la surprise d'être tombé sur une personne de ma connaissance. Vous croisez souvent des étudiants d'Harvard en ces lieux ? » demandas-tu finalement, te contentant de regarder ton interlocutrice avec courtoisie, sans faire preuve de suspicion

Clairement, l'étonnement restait palpable derrière cette courtoisie trop contrôlée. Avalon aurait pu mettre sa main à couper qu'il devait y avoir autre chose, sans pour autant oser aller jusque là. Oh ça va, on est pas au Moyen-âge au risque de t'apprendre un bidule ! secoua-t-elle la tête avant de boire une bonne lampée. L'alcool lui brûlait la gorge, l'incitant à se rappeler que cette vie pourrie restait la sienne et qu'elle devait malheureusement faire avec. La volcanique métisse ne baissait jamais les bras, s'attachant à trouver les solutions même les plus sales pour sortir la tête de l'eau ne serait-ce qu'une seconde... aussi, la question du jeune prince l'amusa, lui arrachant un petit rire narquois. Ce fut même sans doute ce qui l'incita à s'approcher jusqu'à n'être plus qu'à quelques millimètres seulement d'Arthur, jouant la carte de la provocation jusqu'au bout. Je m'en cogne de croiser des gens. On est pas tous nés avec du fric à plus savoir qu'en foutre... c'est pas plus con de faire ça au lieu de faire la pute ! grogna-t-elle à moitié, le fusillant presque de ses prunelles émeraude. Qu'est-ce qu'un type coincé comme toi vient flanquer ici, c'est ça la question ?