I wont let you down (Bamwin)

Bambi restait femme de parole. Dès l'instant où Erwin l'avait informée de son transfert à l'hôpital principal de Boston, cette dernière s'était arrangée pour récupérer son dossier et ainsi s'occuper de son traitement, ses soins et son suivi. Qu'importe que l'italienne soit en conflit d'intérêts, il lui paraissait plus que temps de faire comprendre à son meilleur ami que ses conneries feraient mieux de prendre fin. Aussi, une fois qu'elle eut pénétré dans sa chambre, la brune s'arma dudit dossier pour mieux le lire en détail, devant son pote de patient. Je t'étripe d'abord ou tu m'expliques ce qui t'es passé par le crâne ? lâcha-t-elle dans un profond soupir, en levant enfin ses prunelles turquoises vers le jeune blessé. Merde Erwin ! Ton précédent accident t'avais pas suffit ?!

Se retrouver à nouveau dans une chambre d'hôpital, ce n'était pas comme ça qu'Erwin voyait son grand retour à la compétition au Night of Jumps de Cologne, en Allemagne. En effet, à vrai dire c'était même le pire scénario possible pour lui ! Sauf que c'était bien arrivé et il devait l'assumer, quitte à se faire tuer par sa meilleure amie Bambi, qu'il avait rapidement prévenu. Du coup, il n'était pas vraiment surpris de la voir débouler dans sa chambre comme une furie – fin c'était une façon de parler – et avant de lui parler, elle s'était mise à lire son dossier médical. « Je peux m'expliquer, mais si tu pouvais éviter de m'étriper ça m'aiderait. » répondit-il doucement sans détourner son regard de l'Italienne. Ce serait une très mauvaise idée tout de même ! « Je ne pensais pas chuter là-bas... Mais voilà c'était la fois de trop et je compte tout arrêter maintenant. »

Bien que Bambi ait toujours le plus grand respect pour les malades, elle était tentée de dire que cette fois, Erwin ne l'avait pas volée. Merde, après toute l'adrénaline qu'il se flanquait dans les veines depuis tout jeune, lever le pied maintenant qu'il se savait papa ne manquait pas de sens, si ? Il fallait croire que si. Je t'étriperai si ton explication ne me plaît pas, crois-moi ! reprit-elle dans un souffle, lui laissant néanmoins une chance de s'expliquer. L'italienne n'ayant jamais été un bourreau, elle ne commencerait certes pas aujourd'hui en compagnie de son meilleur ami, levant tout de même les yeux au ciel alors qu'il s'exprimait à nouveau. Tu ne t'es pas dit que ton fils avait besoin de toi vivant ?! Erwin, tu te rends compte que tu n'es plus tout seul maintenant au moins ? La course de trop, tu l'avais déjà faite la fois dernière, quand tu as eu ton si lourd accident ! Il faut croire que tu as la tête dure pour ne pas l'avoir compris... qu'est-ce qui me dis qu'une fois rétabli tu vas encore te croire invincible ? Sauf qu'invincible Monsieur Rothschild, tu ne l'es pas...

Dès qu'il avait prévenu sa meilleure amie, Erwin se doutait que celle-ci allait prendre en charge son dossier et elle allait probablement le tuer. Donc il ne fut pas trop surpris de la voir aussi fâchée à son égard, mais voilà il avait des explications claires pour justifier son comportement... « Dès que tu auras entendu mon explication, tu pourras faire ce que tu veux chaton... » dit-il d'un ton posé avant de grimacer légèrement, alors qu'il essayait tant bien que mal de se relever un peu. « Je ne considère pas comme invincible hein... Si j'ai repris la compétition, c'était parce que le Médecin m'en avait donné l'autorisation et j'avais pris la décision de concourir en Allemagne avant de savoir que j'étais père. » répondit-il calmement, s'interrompant légèrement pour souffler parce que ça lui faisait un peu mal à la poitrine, puis il reprit la parole sur le même ton comme s'il ne s'était pas interrompu : « Je ne pouvais pas annuler ma participation, à part déclarer forfait... Sauf que le motif Esprit perturbé par mes problèmes personnels n'aurait jamais fonctionné. Du coup, j'ai essayé de vider mon esprit mais quand je suis arrivé à la difficulté qui m'avait fait défaut il y a cinq ans, tous mes problèmes me sont revenus en tête... Et là trou noir... »

Bambi hocha positivement la tête, prenant place sur une chaise à côté du lit afin de faire comprendre à Erwin qu'elle l'écouterait jusqu'au bout sans l'interrompre. Ce qu'elle fit, malgré l'envie irrépressible d'intervenir à plusieurs reprises, l'italienne s'en défendit. Elle attendit patiemment que son meilleur ami ait terminé ses explications pour pousser un long soupir et d'enchaîner à son tour, d'une voix un poil plus apaisée : pourquoi tu n'es pas venu m'en parler ? J'aurais pu te permettre de déclarer forfait, Erwin... avec un vrai motif. Je ne suis peut-être pas médecin sportif mais je suis médecin et je pense que ça doit bien valoir quelque chose, non ? fit-elle valoir sans le lâcher une seconde du regard. Ton toubib t'as peut-être déclaré apte mais il n'est pas devin, la preuve... il mériterait que tu l'attaques pour ça, tiens ! Tu sais que tu aurais pu mourir ? Tu en as conscience, au moins ?

Puisque sa meilleure amie le laissait parler et qu'elle l'écoutait attentivement, Erwin se montrait le plus honnête possible. Il savait bien qu'il avait fauté sur ce coup et que sa blessure actuelle était méritée, du moins en apparence. Il n'aurait pas dû participer, mais ses sponsors et ses fans le réclamaient son grand retour à Cologne donc le jeune champion ne pouvait pas leur refuser cela. Malheureusement il se retrouvait encore une fois inapte mais cette fois, c'était la cerise sur le gâteau et du coup, une fois qu'il aurait retrouvé ses moyens etc, il annoncerait la fin de sa carrière de rider professionnel. « J'aurais bien voulu t'en parler... Mais mon équipe et surtout les hauts actionnaires qui me sponsorisent ne pouvaient pas se passer de mon talent... Comme ils le disent si bien. » répondit-il d'un ton amer, se rappelant comme si c'était hier la conversation téléphonique qu'il avait eu avec le patron de son principal sponsor. « Je sais bien et ça me sidère... Mais je ne peux pas l'attaquer pour ça, parce que le seul fautif sur sa moto c'est moi-même. J'ai fait une erreur de trajectoire parce que mes pensées étaient trop confuses. Ça m'apprendra... Et de toute façon, je vais prendre ma retraite internationale pour me consacrer à mes études de journalisme sportif. »

Bambi préférait hautement laisser parler son meilleur ami plutôt que ses hormones, qui l'auraient certainement poussée à foncer tête baissée dans le tas en bonne italienne de souche. Mais le discours d'Erwin ne la satisfaisait pas davantage : obéir bêtement à des sponsors au lieu de préserver sa santé, clairement, le jeune homme l'avait habituée à mieux malgré son passé de tête brûlée. C'est toi que je devrais attaquer à coups de coussins pour avoir joué les bénis Oui-Oui pour des hautes huiles ! Erwin, tu m'as habituée à plus rebelle que ça, merde ! Tu imagines si cela avait été plus grave encore ? Genre lésions neurologiques, que tu avais été aveugle par exemple ? Comment tu aurais pu t'occuper de ton fils ? soupira-t-elle, ne cherchant plus à de mettre en colère mais à le faire réfléchir, et ce fut pourquoi elle s'assit au bord du lit, l'air d'autant plus sérieux. Et comment tu aurais pu être un tonton aussi ? Et oui, tu n'as pas réagi à mes textos l'autre jour, mais je suis enceinte quand même... tu as vraiment de la chance d'être en un seul morceau sinon je crois que je te cassais vraiment la tête... avec toi, je vais me faire des cheveux blancs avant l'âge ! Mais je ne vais pas te lâcher. J'ai demandé ton dossier et celle qui va s'occuper de toi maintenant, c'est moi. Alors plus de conneries de sponsors ou de choseries du genre... retraite, cool Raoul. Tu penses à ton fils... et je sais que tu vas rebondir tellement facilement que tu vas encore m'étonner ! tâcha-t-elle de dédramatiser, bien décider à ne plus le lâcher, jamais. Perdre son meilleur ami n'était pas une option.