Et c'est ainsi que le lion rencontra l'agneau ღ Raphillie

Il fait noir, la moitié de la ville est endormie et l’autre moitié doit forcément être en train de s’adonner à des activités peu catholique. C’est le moment idéal pour toi de sortir de chez toi pour aller te chercher un nouveau jeu de playstation. Tu ne ressemble à rien Bille avec tes chignons à moitié défaits et tes fond de bouteille à la place des lunettes. Tu es vêtue d’un jogging affreux et d’un survêtement pas du tout agencé, troué un peu partout. C’est ton look home sweet home quand tu rentres chez toi et que tu sais que personne ne peut te voir. Il n’y a que Zachary au courant de tout ça et tu sais parfaitement bien qu’il emmènera ton secret dans la tombe. Tu tiens trop à ta réputation pour laisser une tierce personne te voir dans cet accoutrement, du moins, des gens que tu connais. Tu enfiles une paire de basket en prenant soin de ne pas faire de bruit. Tu ne veux pas réveiller tes colocataires qui dorment à poings fermés dans les chambres à côté. Tu files en douce jusqu’à la sortie tel une voleuse et tu quittes ton appartement, capuche sur la tête et style débraillé pour te rendre chez ton marchand habituel. - il est ouvert jusqu’à pas d’heure eukay - Tu es méconnaissable, tu es moche à regarder. Tu es ce qu’on appelle une switch girl, parfaite le jour, horrible lorsqu’elle est seule. Tu déambules dans les rues de la ville à une vitesse grand V, déterminé à rejoindre le shop avant qu’il ne ferme ses portes et c’est avec le sourire aux lèvres que tu entres dans la boutique beaucoup trop éclairée. Tu te laisse un peu de temps pour te faire à cette clarté aveuglante et tu salues le vendeur qui te reconnaît tout de suite. ‘’ Déjà fait le tour de ton jeu miss ? ‘’ Un petit rire caresse ta gorge. ‘’ Évidemment qu’est-ce que tu crois, ça fait deux jours que je l’ai. ‘’ Tu étires la tête hors du rayon pour lui tirer la langue. Tu es une geek invétéré, tu adores les jeux de consoles, les vieilles machines à boules que l’on trouve dans les arcades, ça te rend complètement folle et tu as l’impression de redevenir une gamine. Ton choix en main, tu viens vers le comptoir rejoindre ton ami le vendeur à qui tu règles la facture avant de prendre ton sac et quitter l’endroit pour regagner ton appartement.

@RAPHAËL M. SANCHEZ

Les écouteurs vissés dans les oreilles, je bouge la tête en rythme sur ce Gangster paradise, caché dans la pénombre. Cette chanson me rappelle Paris et la période où je déambulais dans les maisons pour faire les quatre cents coups. Un hymne à l'illégalité qui me faisait me sentir chez moi. Ironique non ?
Je suis planté sous deux chênes depuis une heure et demi environ, à faire de vagues dessins dans les graviers qui jonchent le sol, histoire de faire passer le temps. Jusqu'à ce qu'elle sorte de l'ombre, enfin. Je redresse la tête en remarquant cette petite silhouette s'avancer vers la lumière. Je savais bien que je ne m'étais pas trompé. Je la regarde attentivement entrer dans ce magasin de geek jusqu'à ne plus la voir. Bingo. Il est temps pour moi d'entrer en scène.
→ Been spendin' most their lives, Livin' in the gangsta's paradise

Je récupère le masque de délinquant que j'avais laissé de côté pendant ces dernières années, puis vais à sa rencontre lorsqu'elle sort du shop. Son pas est pressé mais le mien la rattrape rapidement.
- Hé, excuse-moi...
J'ai peur de faire trop lourd, mais qu'importe. Elle ne se retourne pas immédiatement alors j'insiste.
- Excuse-moi, j'ai... j'ai une question.
Elle n'a que le choix de me faire face lorsque j'arrive à sa hauteur, mais reste tout de même bien renfermé sous sa capuche. Cherchant son regard, je lui adresse un simple sourire rassurant puis continue ma mascarade.
- Est-ce que tu... t'aurais un feu s'te plait ?
Je sors un joint pré-roulé de ma poche et le dresse devant son visage pour que l'info fasse le chemin jusqu'à son cerveau. Maintenant, j'attends une réponse pour continuer de jouer. La pauvre, elle n'est pas prête de rentrer de suite pour jouer à sa console.

Tu es pressée de rentrer chez toi pour faire ami ami avec ta console, emmitouflé sous une couverture douillette et chaud sans oublier ta tasse de café frais pour te maintenir éveillée une bonne partie de la nuit. Tu es insouciante et plutôt tête en l’air de croire que tu peux te promener seule en toute sécurité dans cette ville lorsqu’il fait nuit. Tu as toujours été couvé par tes parents, accompagné d’un chapperon ou d’un chauffeur. Tu sais qu’il existe des gens malveillant, mais comme tout le monde, tu crois que ce genre de conneries n’arrivent qu’aux autre. Boston pour toi c’est la liberté. Tu peux sortir sans demander la permission à qui que ce soit, rentré à l’heure que tu veux sans jamais avoir de compte à rendre à personne. Ce que tu apprécies le plus ce sont sans doute tes petites virées dans tard le soir, lorsque le monde de la nuit s’éveille. Tu avances à grande enjambée, tenant ton sac contre ta poitrine. Tu es heureuse de tes achats, mais surtout impatiente de pouvoir tester les derniers jeux à peine sorti sur les tablettes. Une voix masculine derrière toi remonte à ton conduit auditif. Tu te dit que cet homme doit aborder quelqu’un d’autre et de toute façon, tu préfères ne pas te retourner, c’est beaucoup plus prudent. Tu continues ton pèlerinage… mais cette voix grave et plutôt jolie te rattrape. Une silhouette imposante vient se poser devant toi, ce qui te fait stopper ta course. Tu n’as pas peur, tu te demande juste ce qu’il veut. À croire que t’es une petite conne qui voit le bien partout autour d’elle. Il cherche ton regard et tout de suite tu lui offre en relevant doucement la tête. ‘’ Hum, oui ? ‘’ Tu plisses légèrement les yeux derrière tes fonds de bouteille pour mieux détailler le visage que cet homme. Il est une beauté sauvage… ses cheveux aussi long que les tiens te rendent presque jalouse. T’as le chic pour baver devant de genre de mec, un homme qui ne vient pas de ton monde tiré à quatre épingle… costard, cravate et tout le tralala. Tu relèves finalement la tête et ta capuche retombe sur tes épaules lors qu’une brise vient faire valser tes mèches rebelles. ‘’ Non désolé je ne fume pas. ‘’ Il croit quoi lui ? T’as la tête d’une meuf qui s’encrasse les poumons ? Et le pire arrive lorsqu’il expose le joint sous tes yeux. Tu grimaces légèrement en ayant un pas de recul. ‘’ Range ça. ‘’ Dis-tu d’un ton hautain voir répugné. Tu n’attends pas qu’il le fasse lui même non, de ta main libre, tu attrapes la chose que tu casses entre tes doigts avant de le laisser au sol pour venir l’achever de la semelle de ta chaussure. ‘’ Ça vaut mieux pour toi. ‘’ Billie la vertueuse qui n’a jamais touché à une cigarette de sa vie, encore moins ce truc répugnant. ‘’ Je dois y aller. ‘’ Finis-tu par dire sans le quitter des yeux.

La belle geek se retourne lentement vers moi, le visage toujours caché dans l'ombre de sa capuche. Elle semble frêle et fragile, perdue dans son vêtement trop grand pour elle. Intérieurement ça me fait rire. Elle ne veut pas être vue ici, c'est évident. Je les connais bien les techniques de camouflages, de discrétion dans le genre. Moi aussi j'ai voulu passer inaperçu, plus d'une fois. Mais ça n'est clairement pas pour les mêmes raisons.
J'entends sa petite voix arriver jusqu'à mes oreilles, jusqu'à voir son regard apparaître à la lumière. Ses yeux s'écarquillent lorsque je présente le joint sous son nez. Immédiatement, elle me répond ne pas fumer et, en une fraction de seconde, m'arrache le cône des mains et le brise nonchalamment pour aller l'écraser au sol.
- Wow... Euh, ok. T'étais pas obligé d'aller jusque là, mais... Ok.
Ça bouillonne au fond de moi putain. J'ai beau pouvoir fumer cette merde gratuitement, ça n'a pas toujours été le cas. Gâcher un splif, je n'aime pas ça. Rien que pour l'emmerder, j'en fumerai bien un devant sa gueule, là, maintenant. Mais malheureusement, la seule weed que j'avais sur moi est en train de joncher le sol dans une flaque d'eau. Sa petite morale finale me pique l'ego. Il aura fallu d'une simple première conversation pour qu'elle me tape sur les nerfs.
Cela dit, je ne dois pas montrer une once d'agacement si je veux arriver à mes fins. Souriant hypocritement, je lève gentiment les épaules, comme si je me fichais de ce qu'elle venait de faire. Ou qu'en tout cas, ça ne me touche pas autant.
- Eh, pars pas si vite ! Fis-je en la rattrapant par l'épaule alors qu'elle tournait les talons. Je voudrais juste savoir... c'est quoi le jeu que t'as acheté là ?
En vérité j'en ai rien à battre. Chacun son jeu...