BETHONIO ◇ never give up

« Je ne t'ai jamais pris pour un con ! Et si je t'avais pris une seule fois pour un con je ne serai pas là. J'ai abusé, j'ai pété les plombs, une fois et j'en suis désolée ! » Son image tirée du roi lion m'aurait presque fait rire et aurait pu m'attendrir si nous n'étions pas autant en froid et en train de se prendre la tête, mais là, c'était plus que mal venu de se mettre à rire et puis je n'en ai clairement pas envie. Quand l'ascenseur se débloque, j'en veux presque à la société d'entretien d'avoir été aussi rapide. Je ne jette pas l'éponge et suis Antonio jusqu'à me faufiler entre la porte et lui. Nous sommes très proches physiquement pour le coup mais aucune attirance sexuelle n'est à l'ordre du jour. C'est tellement tendu et électrique que n'importe qui serait loin d'imaginer comment ça se passait entre nous avant le départ de Savannah. En fait, avant le départ de Savannah, ma conscience me disait de ne pas coucher avec lui car je faisais surement du mal à ma meilleure amie, et maintenant qu'elle n'est plus là, il n'y a plus rien entre nous. C'est vraiment ridicule. « J'assume ce que j'ai fait et ma connerie, je ne serai pas en train de te parler et m'excuser pour la dixième fois si je n'assumais pas. » En effet si je niais tout, si je niais que j'avais été trop loin et que j'avais abusé, je ne serai pas là. « Une deuxième chance Anto. » Mon regard est toujours figé dans le sien, je ne le supplie pas, je lui demande juste. Quand le jeune homme me charge sur son épaule comme un sac à patate je tente de me débattre en tentant de me relever et me retourner, mais en ne tapant surtout pas dans son dos avec mes mains, sauf qu'il a bien trop de force et bien vite je suis en bas. « Anto s'il te plait... Arrête... Laisse moi te parler, entends mes excuses, je m'en fous des dix retrouvés... » Je finis par encercler mes mains autour de son torse pour qu'il ne puisse pas me jeter en dehors de l'immeuble, rentrer et fermer la porte derrière moi même si je trouverai surement un gentil voisin qui pourra m'ouvrir, avec tout ceux que j'ai croisé pendant que je l'attendai. « J'en ai rien à foutre des dix Anto ! Bordel, j'ai couché avec dix mecs avec une capote et toi sans ça veut pas dire assez pour toi ? Ca veut pas dire à quel point je t'estime et je passe du bon temps avec toi ? » Je ne sais plus ce que je dis mais c'est simplement mon coeur qui parle parce que ce geste était important pour moi, je lui ai donné ma confiance ce que je ne fais pas souvent.

« Je ne suis pas en train d'essayer de t'endormir Anto ! Et encore moins en train d'essayer de te faire oublier ! Pardonner et donner une deuxième chance c'est pas oublier ! » Et je suis trop bien placée pour le savoir, moi la petite princesse avec une pointe de rancune qui n'oublie jamais rien malgré ce qu'on peut croire. D'ailleurs les paroles dures qu'il a eu avec moi ce soir là je ne les ai pas oubliées non plus, mais je passe outre, je les garde dans un coin de ma tête sans qu'elles ne prennent trop de place car ce n'est pas possible et car sa place à lui est devenue un peu trop imposante dans ma vie. « Mon exemple est mauvais mais ça te montre que j'en ai rien à foutre des dix que je pourrais retrouver. Je suis pas en train de te supplier de recoucher avec moi. Je suis juste en train de te demander de ne pas me sortir de ta vie. » Je ne sais plus quoi lui dire pour lui faire comprendre ce que je veux. En même temps c'est tellement le bordel dans ma tête aussi que je ne sais pas réellement ce que je peux dire et ne pas dire pour ne pas franchir une certaine ligne, une certaine limite. « Si j'en avais rien eu à foutre de ton opinion et que ton avis n'aurait pas compté, clairement t'en aurais pas pris une en me traitant de salope ouai... » C'est clair. Les mots qu'il a sorti m'ont blessé parce que j'ai commencé à m'attacher à lui, à le considérer vraiment dans mes amis ou personnes proches, comme quelqu'un sur qui je pouvais pas mal compter. « Me fous pas dehors comme ça ! » Je tente de retenir la porte mais ma force contre la sienne ne fait pas le poids et je reste là sur un dernier regard méprisant de sa part, comme tous ceux auxquels j'ai le droit depuis deux semaines. Je baisse les armes et me résigne à tenter d’interpeller un voisin pour me faire rentrer. Je rentre chez moi dégoûtée de ne pouvoir parler une nouvelle fois.

RP TERMINE