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S'adapter à la nouvelle vie sur le campus n'est pas facile. Mine de rien, Harvard me fout la pression. Tout le monde ici est si bourgeois, si studieux, si ambitieux, etc. J'ai choisi cette vie me direz-vous, mais qui aurait imaginer que je puisse mener ce style de vie-là, alors que quelques mois plus tôt j'étais toujours en France, baignant dans la racaille et l'illégalité, vivant avec la peur au ventre de me faire coffrer à n'importe quel moment. Pour m'intégrer ici, il va me falloir faire beaucoup d'efforts.
J'ai commencé par m'acheter un petit bouquin sur les bases de l'information et de la communication journalistique dont un de mes professeurs a parlé. J'ai mis mon nez dedans dès le réveil et, à vrai dire, je ne l'ai toujours pas quitté depuis. Le soleil a eu le temps de parcourir le ciel pendant deux bonnes heures, et de nous faire profiter de sa chaleur matinale. Bientôt neuf heures du matin et je dois me rendre en classe, comme toutes les bonnes têtes prometteuses de cette faculté. Les yeux toujours rivés sur ces pages, je traverse le campus lentement, écouteurs dans les oreilles et café dans la main droite. J'ai rarement été aussi concentré qu'à cet instant précis et, au fond, je ressens une once de fierté à l'idée de jouer les intellos.
Une gorgée de café passe de travers quand un klaxon perturbe ma concentration. Tournant la tête, je sursaute et fais deux pas en arrière. A ma gauche, une petite voiture fait crisser ses pneus en pilant brusquement à quelques centimètres de moi. Mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps tandis que mon gobelet de café s'écrase au sol et éclabousse mes chaussures. Niquel pour mes baskets blanches !
Immédiatement, je retire mes écouteurs et tape du poing sur le capot de la voiture en gueulant un coup.
- Oh connasse ! Tu peux pas regarder où tu vas, sérieux ? dis-je avec arrogance en voyant une longue chevelure brune sortir de la voiture.
Je suis prêt à faire une scène s'il le faut, pour ne pas qu'elle oublie à qui elle à faire. C'aurait été con que je crève au moment où la vie m'offre une deuxième chance. Mais cette fois-ci mon sang se glace lorsque je reconnais le visage de la conductrice dégentée. Je les connais que trop bien ces traits-là. Comment aurais-je pu oublier...
- Colombe.
J'ai beaucoup trop rêvé d'elle pour passer à côté de ça. Peut-être est-ce encore un coup de mon esprit. Moi qui pensais ne jamais la revoir après la fin déchirante de notre histoire, me voilà estomaqué. Les douloureux souvenirs fusent dans ma tête les uns après les autres et je sens ma gorge se resserrer petit à petit. La honte ne m'a pas quitté depuis, mais je continuerai de la cacher coûte que coûte. Surtout maintenant, face à ce beau minois.
- Tu veux me tuer maintenant ?
Ça serait mériter après tout.
(Invité)