BEATE 'BERRY' LACHLAN ► Holliday Grainger

Zu Hause. En Anglais, on dit home. La sienne, de maison, est gigantesque. Des centaines de personnes y dorment chaque nuit, dans des lits king-size aux draps immaculés et consciencieusement repassés... Sa maison, c'est le Caspian, et que ce soit celui d'Hambourg, de Berlin, de Londres ou de Boston, ça revient au même : L'esprit Lachlan y habite tous les recoins. La famille et sa franchise, inséparables, une corrélation qui explique le matérialisme de Beate, heureuse de se glisser dans des robes impayables pour aller pavaner l'image de l'entreprise aux soirées mondaines. Elle n'a jamais eu l'idée de ce que pourrait être la vie sans tout ce dont elle bénéficiait depuis l'enfance, puisqu'elle n'a jamais pensé à l'éventualité de tout perdre. Le Caspian Hotel Group prospère et s'étend à l'international, alors pourquoi s'inquiéter ?
Enfant, l'hôtel d'Hambourg était son paradis. Elle était fière d'y inviter ses amies et d'y fêter ses anniversaires, et contente de pouvoir, à chaque fois qu'elle se sentait seule, descendre à la réception où, sirotant une grenadine, elle observait les allées et venues des clients. C'est donc sans surprise que la plupart des histoires ayant forgé sa personnalité se soient passées entre les murs du Caspian.

Elle se souvient des séances de natation qu'elle suivait avec son frère, alors qu'ils étaient enfants. Des nombreuses amitiés sans lendemain tissées, de ses premiers émois à quinze ans, de ses premières cuites, et combien il était pratique d'avoir un bar chez soi. Et puis du soir où sa vie avait bifurqué si vite, alors que celle d'un autre s'éteignait. Son père, victime d'un arrêt du cœur, quelques semaines après qu'elle eut fêté ses vingt-six ans. Fraîchement diplômée, elle était de retour à Hambourg et la famille s'apprêtait à partir pour les Maldives, 3 semaines de soleil. Mais le billet pour Malé se changea en New-York, et Beate atterrissait sur un chantier à Boston. Le projet de son père qu'elle reprenait, une première occasion de faire ses preuves et d'appliquer ce qu'elle avait appris durant ses études. Deux ans de travail acharné permirent à l'hôtel de Boston ne s'attirer une clientèle et de devenir l'hôte régulier des meilleurs événements alentours. Deux ans durant lesquels Beate avait fait des rencontres, s'était épanouie dans son travail tout en s'habituant à la vie à l'américaine, se retrouvant d'ailleurs étiquetée d'un surnom qui ne manqua pas de se disperser à Harvard : "Berry". Parce que c'était une façon pour ses amis d'américaniser Beate, parce qu'elle était cute like a baby et que, ne faisant vraiment pas son âge, sa poigne en terme de travail était, pour beaucoup, déconcertante. Avec sa propagation, le surnom d'abord donné innocemment s'est mystifié, en quelques sortes. Du coup, Beate a adopté Berry et laisse vivre la légende : c'est l'image qu'elle reflète, la femme mystérieuse et influente, qui se détache de sa personnalité moins imposante dans la sphère privée.

Sa vie, maintenant, c'est ça : s'assurer du bon fonctionnement interne du Caspian à Boston, tout en continuant de fourrer son nez dans les chiffres de la compagnie, jonglant avec les cours et les copies à Harvard. C'est plus que du temps plein, mais ça lui plait énormément. Quand elle peut, elle voit ses amis, songe à un amant, ou bien appelle le reste du clan Lachlan de l'autre côté de l'océan... La complainte "tu taf trop", elle l'a entendu maintes et maintes fois, alors parfois, elle fait un effort.