BETHONIO ◇ kiss me hard before you go

« Arrête avec ça tu veux oui ? Tu sais très bien que je ne suis pas comme ça ! » Je le fusille du regard car je déteste qu'on pense cela de moi et il le sait. Pour le coup je renvoie peut être cette image mais ce n'est pas volontaire, je ne le contrôle pas à cause de l'énervement. « Ca te sert à quoi d'être un connard hein ? » Je pose sérieusement la question avant d'y répondre : « Baiser tout ce qui bouge pour ne pas tomber amoureux et ne pas prendre le risque de perdre la personne que tu aimes ? C'est ridicule et ça ne marche pas ! » En l'engueulant comme ça, je me fais aussi la leçon de morale à l'intérieur puisque comme je suis comme lui et que je le fais pour les mêmes raisons... « T'as beau être un salop, des nanas s'attachent à toi, tu l'as bien vu à la fête cet été, et t'as beau verrouiller ton cœur, tu t'attaches à certaines personnes... » Ca s'est forcé. C'est comme Zachary qui débarque de nul part pour mon bizutage et qui devient des bras réconfortants quand ça ne va pas ou qu'on apprécie d'embrasser... On n'a beau entourer la muraille de Chine autour de notre coeur, il y a toujours des failles, des trucs qui surgissent comme ça dans notre vite pour la bouleverser. Et moi je suis bien décidée à rester dans sa vie pour le faire sortir de sa zone de confort mais en attendant, il est nécessaire que je me calme pour regarder ses mains lorsque je le rejoins dans la salle de bain. Quand il me demande ce que j'en pense, je lève les yeux vers lui sans bouger la tête et le fusille du regard : « Arrête de m'appeler princesse. » Je déteste tellement ça. «Je pense qu'il te faut tes points sur cette main, et l'immobiliser un peu parce que t'es à la limite de la fracture. Si t'as des strips, je peux tenter de faire sans aiguille et fil... mais si ça s'infecte tu devras aller à l'hôpital. » Quelle bêtise de frapper de partout, il va devoir faire attention à sa main un moment pour que tout se consolide.

« Tu sais quoi ? T'as gagné ! T'es vraiment un connard quand tu t'y mets. » J'ai envie de lui sauter à la gorge, de le gifler, de me défouler mais je ne fais rien. Je ne veux pas lui donner cette victoire là parce que c'est ce qu'il veut que tout le monde le déteste.... Sauf que lorsqu'il en rajoute une couche je ne peux pas empêcher ma main de partir. Cette fois c'est trop. Trop poussé, trop blessant, trop rapide... Ma main vient s'écraser sur sa joue en un bruit sourd et le silence arrive dans l'appartement avant que je ne me mette à lui hurler : « Tu ne connais rien de moi, rien de ma vie de putain de princesse qui n'a le droit de rien faire, même pas vivre une histoire d'amour avec la personne qu'elle veut et encore moins de pleurer son décès comme elle le veut, alors je t'interdis de me juger ou de dire quoi que ce soit sur ma vie. » Je contrôle plutôt bien les larmes qui me montent aux yeux en les ravalant assez rapidement, assez vite pour enchainer : « Mais oui je suis une salope qui écarte les cuisses parce que quand je te vois j'ai surement pas envie d'ouvrir mon coeur à un mec qui le brisera pour une connerie alors que j'ai connu bien pire. » Ca bien sûr, il ne pouvait pas le savoir avant que je lui dise, ce n'est pas écrit sur mon front et ça s'est produit à Seattle alors les gens d'ici n'ont pas entendu parler de cet incident qui a été noyé dans les faits divers alors que ce n'est pas anodin et que ça ne devrait pas se produire. Je garde mon silence à nouveau avant de regarder ses mains pour le soigner, clairement je n'ai rien pour le soigner et avec ce qu'il vient de se produire je ne peux pas le faire. « Je suis pas infirmière, j'ai rien pour te soigner ici, et tu m'as bien trop énervée pour que je le fasse. Viens chez moi dans une heure si tu veux, j'ai tout là bas, mais là, j'ai besoin de prendre l'air et vite. » Je recouvre sa main d'un tissu et file vers la porte d'entrée de l'appartement pour l'ouvrir, emprunter les escaliers et sortir de l'immeuble, appelant un taxi et sautant dedans immédiatement.

En voyant le visage du jeune homme se glacer je comprends que mon geste n'a pas heurté que sa fierté, qu'il y a autre chose. J'apprends à le connaitre de la plus mauvaise des manières mais je m'en fiche, il a été trop loin, il a été trop blessant et moi j'ai simplement été assez idiote pour rentrer dans son jeu. Ce n'est pas grave. Je prends rapidement mes affaires que j'avais laissé dans l'entrée et file vers la porte que je fais claquer en sortant. Rien à faire de sa main, rien à faire de sa petite personne, qu'il croupisse chez lui après ce qu'il vient de faire je suis remontée. Je saute dans le premier taxi qui arrive et rentre chez moi pour me glisser dans mon pyjama et devant la télé, en mode déprime même s'il n'en est rien, je suis juste dégoûtée. Chocolat pas trop loin, je passe ma soirée devant ma série, c'est bien mieux que faire une nouvelle connerie avec un homme qui me prend pour une marie couche toi là.