cause you have sworn to keep it ☽ ft Edgar.

edgar & jonah

cause you have sworn to keep it.

La fatigue éprouvée était le doux résultat d'une bonne journée, ça signifiait au moins qu'il avait su donner le meilleur de lui-même, jusqu'à s'épuiser. Aucune plainte n'échappait de sa bouche, pas un mot, pas un son, juste un regard à l'égard de son supérieur pour le saluer de la manière la plus impolie ; ça n'était pas un secret, ils ne pouvaient pas se blairer, mais manque de pot pour son patron, il n'existait pas deux mécanos comme Jonah. En effet, après de douloureux mais passionnants cours de danse au sein d'Harvard, il devait se réduire à bricoler des moteurs, réparer quelques joints, changer des batteries, gratter, frotter, mettre à neuf de vieilles voitures de collection, ou pas. Une fois ces tas de ferrailles passés entre ses mains, ils devenaient de somptueux bolides d'un montant excessivement cher mais assurément unique. Les mains tâchées de cambouis, les vêtements imprégné d'huile de moteur, il rentrait chez lui, satisfait par la simple idée qu'un bon jus d'orange frais l'y attendait et qu'il serait sans aucun doute, chaleureusement accueillis par ses serpents. Imprudent, selon ses parents, il se fichait pas mal de les voir fuir de chez lui dès lorsqu'il leur disait qu'il les avait laissé en liberté dans l'appartement. Allergique aux chats, pas très copains avec les chiens et mitigé sur l'idée d'avoir un poisson rouge d'une durée limitée de trois jours, il s'était prit d'affection pour cet animal qui faisait peur à plus d'un. Quoi qu'il en soit, ils étaient d'une compagnie divertissante, c'était définitivement mieux qu'une copine, qu'un copain, qu'un quelconque colocataire. Arrivé chez lui, il entrait et balançait son sac dans l'entrée ; direction la douche. Cependant, avant de s'abandonner à l'eau chaude, il attrapait son téléphone portable, checkant rapidement ses notifications. Il n'avait pas de plan pour la soirée, rien qui puisse le détendre. Jusqu'à ce que, finalement, l'idée de voir quelqu'un ne lui passe par la tête. Ses contacts glissaient sous ses yeux ; «  non, non pas lui, pas elle non plus, non, no.. », puis ses iris venaient d'elle-même s'arrêter sur le numéro d'Edgar. Un brin hésitant, il réfléchissait une poignée de secondes avant de céder à son propre désaccord pour lui écrire ; Salut Ed. Si t'es libre ce soir, passe chez moi, on ira faire un tour, ou j'sais pas, comme tu veux. À plus, J. Passer du temps avec lui, c'était un peu comme lancer une pièce et miser sur une face sans savoir s'il s'agissait de la bonne. À vrai dire, le petit secret qui planait entre eux ne le mettait pas toujours à l'aise et si la plus part du temps, tout se passait plutôt bien, quelques fois, il voudrait volontiers le frapper, sans raison particulière. Extirpé de sa douche, il filait s'habiller avant d'approcher son vivarium pour faire sortir ses pythons qu'il déposait sur son lit, à la différence de Billy qui lui, restait fermement enroulé autour de son bras. Il allait alors s'asseoir sur le canapé du salon, laissant son reptile faire sa vie autour de son cou alors qu'il naviguait sur ses réseaux, la télé en fond sonore, patientant pour une quelconque réponse de la part d'Edgar.

edgar & jonah

cause you have sworn to keep it.

Visionnant à plusieurs reprise l'écran de son téléphone portable, il se rendait doucement compte de la délicate situation dans laquelle il venait de se mettre. Quelle idée stupide de demander à Edgar de lui tenir compagnie ; il fallait croire qu'il aimait le goût du danger. Parce qu'évidement, traîner avec lui c'était prendre le risque de voir le sujet revenir sur le tapis et il craignait de le frapper réellement un jour. Il n'en avait pas l'envie, c'était tout bonnement plus fort que lui, une pulsion aussi irrémédiable que l'avait été celle de ce soir là, ce fameux soir où leur amitié avait prit un tournant radical, un tournant qui avait malheureusement brisé leur complicité d'autrefois. C'était triste à dire, mais il avait peur qu'une moindre main sur l'épaule soit mal interprété, n'installe un étrange malaise. Malgré cette relation en rude équilibre sur un fil, rudement tendu au dessus d'un profond gouffre ; il aimait bien Edgar, il l'aimait bien, en effet, c'est l'admettre qui paraissait compliqué. Il apprécierait pouvoir parler librement de ce qu'il s'était passé entre eux, de pouvoir lui dire qu'il était désolé, qu'il voulait pas le perdre pour un événement qui visiblement, avait gâché pas mal de choses. Mais, non, pas possible, parce que ça signifiait qu'il devrait dire à voix haute, avouer par de réels mots que ça s'était bel et bien produit, qu'il avait de ses paumes toucher un autre homme et ça, il en était hors de question. Non pas parce qu'il s'agissait d'Edgar, simplement parce que ce côté de sa sexualité lui faisait défaut pour des raisons qui étaient les siennes et il préférait enterrer ce secret au plus profond de lui-même, quitte à dissimuler aux yeux du monde une facette que personne ne connaîtrait jamais. C'est d'ailleurs la première chose qu'il lui avait demandé ; « ne dis rien, jamais, à personne, tu peux faire ça ? ». Depuis ce jour là, il n'en avait plus parlé, il n'avait plus touché à son tendre et délicieux premier amour ; l'alcool. Un grognement échappait de ses lèvres, agacé par ses propres pensées dont il était finalement extirpé par les vibrations consécutives de son téléphone portable, attirant son attention sur le nom affiché sur l'écran. « Merde », soufflait-il en se levant, coincé dans l'impasse d'une soirée dans laquelle il s'était embarqué sans y trop y réfléchir à deux fois. Maintenant que Edgar l'attendait en bas de chez lui, il se disait que c'était peut-être pas une bonne idée mais qu'il fallait quand même passer par là s'il voulait retrouver un semblant de relation avec lui – parce qu'il était vrai que ces derniers temps, ils s'évitaient plus qu'ils ne s'invitaient. Jonah n'avait pas beaucoup d'amis, très peu à vrai dire, dû à son franc parler qui plaisait rarement, cependant, les privilégiés qu'il pouvait compter sur les doigts d'une main, il y tenait – il y tenait plus qu'il ne tenait à sa propre vie et l'idée d'en perdre un, de voir l'un d'eux ne serait-ce que s'éloigner de lui, ça l'affectait plus qu'il ne voulait le montrer. Sans trop se faire attendre, craintif de le voir s'en aller avant qu'il n'ait pu lui dire bonjour, il allait remettre ses serpents dans leur vivarium et enfilait rapidement ses baskets avant de quitter son cocon en claquant grossièrement la porte. Clope au bec, profitant du goût de l'interdit, la capuche sur ses cheveux désordonnés et encore humides, il descendait les escaliers pour rejoindre l'extérieur, la brise nocturne, le froid silencieux mais agréable, et surtout, Edgar. Pas une seconde à perdre, il s'engouffrait directement dans la voiture, profitant de cette douce chaleur en bouclant sa ceinture, jetant un brève regard à son vis à vis qu'il avait toujours beaucoup de mal à regarder droit dans les yeux ; « J'ai toujours faim, tu me connais », déclarait-il en ouvrant la fenêtre pour ne pas enfumer la voiture - « alors, quoi de neuf ? ».