i saw the devil in your eyes. (asher)

28 septembre, 23h15. Une soirée entre copines, dans un bar, sans l’ombre d’un homme, c’est tout ce dont t’avais besoin. Vous avez bu, ri, parlé de vos déboires amoureux, et tu leur as surtout avoué ce qui s’est passé avec ton frère. Bien sûr, t’as fait mine de ne pas totalement le comprendre, de comprendre uniquement qu’il ne supporte pas que son meilleur ami ait osé touché à sa sœur. Mais votre relation plus intime, tu t’es bien gardée de la conter. Quoiqu’il en soit, après cette douce soirée, légèrement alcoolisé, tu t’es décidée à retourner à l’hôtel où t’as loué une suite le temps que ton frère se calme, puisqu’il a décidé un peu plus d’une semaine plus tôt de te mettre à la porte de votre appartement. Pour t’éviter de longs trajets inutiles, et plutôt pressée de te glisser au fond de tes draps, t’as décidé de passer dans cette ruelle. Il fait nuit, c’est si peu éclairé que tu peines à savoir où tu poses tes escarpins trop hauts, et des gouttes commencent à tomber sur tes bras dénudés. Et tu presses le pas, le bruit de tes talons s’amplifiant dans l’étroite ruelle, sans tenir compte de ce qui peut bien t’entourer, enfonçant ton téléphone dans ton sac à main. Du moins, tu ne tiens compte de rien, pour l’instant.

Ambiance ♪ ► C'était comme un bourdonnement. Comme un bruit impossible à localiser. Il était partout, incessant, même lorsqu'il cherchait à bloquer le son avec ses mains. Grave, aigu, stridents et sourd en même temps, une pression sur sa poitrine tandis qu'il semblait marcher dans le vide. Il savait que ce bruit venait sa tête, qu'il n'était pas réel. Enfin, pouvait-il seulement prouver qu'il ne l'était pas encore ?
Des flash. Des palpitements. Remontait la panique, accompagnée d'une respiration forte et saccadée par une toux incontrôlable. Il titubait, cherchait la sortie ; tout allait s'écrouler bientôt il fallait qu'il s'échappe, mais il ne pouvait partir seul. Il l'entendait encore l'appeler, il savait qu'elle était là, quelque part, si jeune et si fragile, incapable de se sortir de ce pétrin sans son aide. De l'eau commença à couler sur ses épaules et ses cheveux puis rapidement, la pluie vint davantage brouiller sa vision. Sans qu'il n'en ait vraiment conscience, Asher s'engouffra dans une ruelle, se tenant la tête à demain, murmurant des mots incompréhensibles. Puis lorsqu'il releva le visage, il la vit. La silhouette. Féminine, seule, vêtue de sombre, méconnaissable. Elle semblait l'avoir remarqué car elle s'était arrêtée ; puis quand il eu l'illusion qu'elle allait partir dans l'autre sens, il eut comme un déclic.

« Pas par là ! » hurla-t-il.

Son bras se tendit et sa main empoigna fermement le bras de la fille.

« Il faut partir de suite ! »

Sourd à toute protestation, Asher repartit en sens inverse, tirant sa captive par le bras comme si sa vie, à elle, dépendait de lui. L'environnement autour de lui n'était plus une rue mais un long couloir dont les gouttes de pluie devenaient débris de murs fissurés. Asher se protégea le visage avec son bras libre, cherchant à esquiver vainement les morceaux de pierre qui devenaient liquide à son toucher. Il vit des phares, passa devant sans s'arrêter, entendit un bruit strident qui n'était définitivement pas celui d'un flaxon mais bien d'une alarme. Il la tirait, la jeune fille, comme un dingue. Il sentait qu'elle forçait dans l'autre sens, probablement pour sauver sa famille. Il l'entendait appeler son père et sa mère, une plainte longue et brisée par l'énergie du désespoir. Alors, quand il en eu marre de l'entendre hurler, il attrapa la fille par les épaules et la secoua en lui hurlant dessus.

« Tu comprends pas ?! Ils sont morts, tes parents ! Tu peux rien y faire alors avance ! »

Il la retourna violemment pour la faire passer devant lui et il la poussa pour qu'elle avance.

Folie d'une nuit.

Le regard porté au sol, tu avances en tentant de te faufiler parmi les gouttes qui se font peu à peu plus nombreuses, jusqu’à ce que viennent à tes oreilles ces murmures. Des murmures qui te foutent la chair de poule et te forcent et relever ta tête, observant d’un œil attentif l’homme qui se tient à quelques mètres de toi. Tu t’arrêtes à l’instant même où tu réalises, cet instant où tu te poses mille et une question sur sa santé mentale, sur ce qui pourrait t’arrêter. C’est comme si on avait coupé ta route sous tes pieds et qu’à moins de sauter dans le vide, il t’était impossible d’avancer. Lorsqu’il se tourne vers toi, tes yeux s’écarquillent de crainte, de peur et d’un million d’autres sentiments à la fois. Un pas vers l’arrière pour tenter de le fuir dans le sens inverse et le voilà qui crie, ce qui t’incite à te hâter, prête à courir pour disparaître dans la pénombre. Mais sans une once de peine, il te rattrape, agrippe ton bras et te force à le suivre. « Lâchez-moi !! » t’égosilles-tu en secouant ton bras, tentant de te défaire de son emprise. Et pourtant, rien n’y fait. Il te tire avec lui sans difficulté, comme si tu ne pesais pas plus qu’une plume, comme si toute la force que tu mets à tenter de lui échapper n’avait aucune impacte sur lui. Tentant de remonter du mieux que tu le peux ton sac à main à ton épaule, tu plantes tes ongles dans la main de ton agresseur pour tenter de le faire lâcher, basculant dans le sens arrière de votre marche de tout ton poids pour tenter de le faire ralentir. Jusqu’à cet instant où un cri aigu traverse tes lèvres et où ton souffle se coupe brusquement, cet instant où vous manquez de vous faire renverser en traversant la route sans attention aucune. Les klaxons résonnent à tes oreilles et tu baisses ta tête, couvrant ton crâne de ta main libre pour tenter d’atténuer le son des cris autour de vous. Et dès lors que tes escarpins touchent le trottoir inverse, tu relèves ton visage vers lui, vociférant un pauvre « Vous avez failli nous faire tuer, lâchez-moi ! » tandis que personne autour ne bouge. Personne. Tes lèvres s’entrouvrant une nouvelle fois pour lui ordonner de te lâcher, ta main venant s’écraser sur son épaule, tu souffles lorsque tu sens sa main relâcher ton bras. Jusqu’à ce que ses mains viennent saisir tes propres épaules pour te secouer comme un vulgaire chiffon, face à quoi ta seule réaction est de fermer tes yeux. De prier pour que tout s’arrête, pour te réveiller et te rendre compte que ce n’est qu’un mauvais cauchemar. De sa bouche sortent des mots insensés, tes parents, morts. Avancer et ne pas regarder en arrière. Puis, sans crier gare, il te retourne et te pousse brusquement devant lui. Surprise par cet énième geste, perturbée par sa violence et cette agression, tu perds l’équilibre et chutes en avant, tombant vainement sur tes genoux nus, ton visage claquant le sol mouillé par la pluie. Et tu les sens monter à tes yeux, ces larmes de haine et de peur à la fois, t’as envie de crier mais t’en es incapable. T’as même pas le temps de te relever par toi-même que sa main saisit une nouvelle fois le haut de ton bras, te forçant à te redresser sans même te laisser le temps de reprendre l’escarpin perdu dans ta chute. « Fous-moi la paix, bordel !! » lui cries-tu dessus comme si ça pouvait avoir un impact. Nul doute qu’aucun de tes cris ne te sortira de là.

Beauty of Annihilation ♪ ► Elle tombait. Et un bruit sourd seulement audible par Asher lui fit esquiver un mouvement de recul alors qu'il se protégeait la tête d'une chute de débris invisible. Pas le temps de réfléchir ; il se pencha pour la ramasser rapidement. Il ne pouvait pas se permettre de rester ici plus longtemps ou d'attendre qu'elle se décide à abandonner derrière elle les siens ; il fallait qu'il la sauve avant que tout ne s'écroule. Un bras dans son dos puis l'autre venant à l'arrière de ses jambes, Asher la souleva comme un poids plume, l'adrénaline décuplant ses forces.
Elle pouvait se débattre, il la tenait fermement et serrait les dents au moindres de ses coups, refusant de la laisser partir. Il avançait, suivant le seul chemin que sa vision instable arrivait à lui faire voir. Ils sortaient du bâtiment, mais autour d'eux, le chaos des voitures, le sol qui se fissurait ; il partit vers la droite, de nouveaux phares en plein les yeux. Une voiture, puis d'eux ; ils étaient en plein milieu de la route et les voitures les esquivaient en klaxonant. Ash cligna fortement des yeux. Quelque chose clochait. Pourquoi les voitures allaient dans les deux sens ? Ca n'allait pas dans sa vision. L'espace d'un instant, il eut l'impresison que tout était normal ; la seconde d'après, les immeubles s'effondraient. Il recula de quelques pas, n'ayant fort heureusement pas de voiture à esquiver. Puis une main vint vivement s'abattre sur son visage alors qu'il continuait de reculer, la tête basculant vers l'arrière pour esquiver les ongles qui tentèrent de le griffer.

Mais à force de reculer, il fini par heurtrer quelque chose et il tomba vers l'arrière, faisant par la même occasion tomber la jeune fille. Femme ? Il ne savait plus.

Tombé sur le dos, ayant renversé un banc par la même occasion, il fut celui qui amortit le plus la chute et donc encaissa son point et celui de sa victime. La relâchant totalement, ce fut également le choc qui le ramena à la raison. Il roula légèrement sur le côté, le dos douloureux, alors que tout autour de lui semblait être revenu à la normal. Et lui qui faisait le tri dans ses souvenirs pour comprendre ce qu'il venait de faire.

Qu’importe tes cris, qu’importe tes coups, il est toujours là. Il te tient fermement, provoquant une douleur intense dans ton bras, mais tu ne peux t’en échapper. Et, tandis que tu penses pouvoir lui faire entendre raison, tes pieds perdent appui du sol. Tu te sens soulevée, ton corps venant se coller au sien dans un dégoût incommensurable. Tu râles, tu cries, tu pries. Tu veux qu’il te lâche, qu’il t’abandonne ici, même au milieu de la route, même sous les roues d’une voiture. Tu préfères ça à te voir mourir de ses mains. Et pourtant, lorsqu’il se fraye un passage au milieu de la route, entre les voitures qui klaxonnent frénétiquement, tes bras viennent machinalement s’enrouler autour de son cou, comme pour t’empêcher de te confronter au pire. Jusqu’à ce qu’il faiblisse, qu’il recule. A cet instant, tu te débats du mieux que tu le peux, tes ongles venant s’écraser sur son visage pour marquer quelques centimètres de sa joue. Puis vient l’instant où vous chutez, où ton espoir de t’échapper renaît subitement. Il tombe en arrière, amortissant le choc de ton corps contre le sol, t’amenant à rouler sur sa tête. Tentant de reprendre tes esprits, tu jettes un vif coup d’œil en sa direction et te rends compte qu’il est là, allongé, sans un bruit, sans un geste. Sans plus de réflexion, tu attrapes avec hâte ton sac à main, balançant le seul escarpin qu’il te reste un peu plus loin et te mets à courir. A courir pour sauver ta peau, pour le semer et rentrer chez toi. Des larmes perlent sur tes joues dans ta course, et pas un instant tu ne te retournes. Tu refuses de savoir s’il est là, tout près de toi, ou s’il est resté allongé sur le sol froid. La seule chose à laquelle tu penses encore, c’est de t’en sortir vivante, de t’en sortir indemne, loin de cet homme qui semble capable de bien plus que ce que tu peux bien imaginer. Ton souffle est court, mais tu t’empêches de ralentir ta course.

Beauty of Annihilation ♪ ► Ca aurait pu s'arrêter là. Ash aurait pu rester immobile à la regarder partir alors qu'il se roulait sur le côté, ayant mal aux côtes. Mais tandis qu'il la voyait s'éloigner, il vit rouge. C'était mauvais. Il ne pouvait pas la laisser partir. Il ne devait pas la laisser partir. C'en serait fini de lui et ça, il ne pouvait pas se le permettre. Il se redressa alors, non sans grogner un instant, puis après avoir titubé sur quelques pas, reprenant son équilibre, il se mit à courir.
C'était fou combien l'adrénaline pouvait repousser ses limites. Il courrait comme un dératé sous la pluie, la joue ensanglantée par sa griffure.

« HEY !! » lui hurlait-il. « ARRÊTE TOI ! »

Si elle lui échappait, elle pourrait le dénoncer à la police. Elle pourrait tout raconter. Il se voyait déjà enfermé dans un asile, shooté aux médicaments plus qu'il ne l'était déjà. Il voyait le regard déprimé et défaitiste de son oncle et sa tante qui ne sauraient plus quoi faire de lui. Il se savait ruiné s'il avait à payer des dommages et intérêts. Pire encore ; il pourrait se faire renvoyer de Harvard si la direction l'apprenait. Tout, sauf ça.
Alors il couru aussi vite qu'il pu, jusqu'à la rattraper par un bras et la tirer vers l'arrière, la faisant tomber ; il glissa également et tous les deux s'étalèrent par terre sur la chaussée glissante. Elle se débattait mais il vint lui attraper les deux poignets en essayant de lui parler.

« Calme toi ! Arrête, bordel ! Stop ! J'ai dit... » La colère vint le chatouiller. « J'AI DIT ARRÊTE BORDEL ! »

Il la plaqua contre le bitum, assis sur elle. Haletant, dépassé par les événements, Ash ne savait même plus quoi faire maintenant qu'il l'avait rattrapée.

« Tu... » Comment se sortir de ce pétrin ? « Tu ne peux pas en parler. Tu comprends ? A PERSONNE ! »

Paniqué, inquiet, honteux, en colère. Et qui elle était, cette fille ? Visage très vaguement familier. Pouvait-elle seulement le reconnaître dans la pénombre ?

Courir est bien la seule chose qui t’importe dans l’immédiat. A tel point que tu oublies toute autre chose qui peut se passer autour de toi ; tu fais abstraction de tout, même de lui. Mais pas de ce qu’il vient de se passer. Tes cheveux virevoltent de droite à gauche incontrôlablement, rythmés par ta course, le souffle court. Lorsque sa voix vient résonner derrière toi, un frisson parcourt ton corps et t’incite à courir plus vite encore. Mais tu n’arrives pas à le semer, tu l’entends se rapprocher, et ton cœur est à deux doigts d’éclater hors de sa poitrine. Sa main vient finalement agripper ton bras, une nouvelle fois, une fois de trop. Il te tire en arrière et dans un cri de terreur, tu te retrouves au sol, à sa merci. Tu tentes en vain de te débattre, lançant tes bras et tes jambes en sa direction pour le repousser, te glisser au sol et t’en éloigner, ta robe refusant de rester en place et de te couvrir comme il se devrait. Pourtant, une fois encore, il prend le dessus. Il attrape tes poignets, s’installe sur toi et t’empêche de bouger davantage. Tu te retrouves face à lui, tes yeux détaillant son visage malgré la pénombre, illuminé aléatoirement par les phares des voitures qui passent à quelques mètres tout juste de vos têtes. Les narines dilatées, les yeux rougis, le visage éraflé par ce choc avec le sol quelques minutes plus tôt, tu peines à calmer ta respiration. Et qu’est-ce que t’es censée faire ? A l’entendre, tu n’as comme alternative que le silence. Hors de question. Un sourire au coin des lèvres, mêlant peur et provocation, comme pour te protéger, pour ne pas lui montrer à quel point tu le crains, tu finis par parler. « Parce que tu penses vraiment t’en sortir ? Pauvre dégénéré ! » râles-tu en tentant de libérer tes mains pour le faire basculer en arrière et te libérer. Mais encore une fois, tes efforts ne sont pas suffisants. Et tu crains le pire. « Dégage, t’entends ? DEGAGE ! » Cette fois, tu fais preuve d’une puissance rare dans ta voix. Tu lui cries au visage, presqu’effrontée, face à un agresseur qui te semble perdu. Bien sûr que tu veux en profiter pour filer, pour déguerpir. Pour autant, la douleur se réveille peu à peu dans tous tes membres. Ceux qu’il a serré si fort et qui garderont les marques de ces doigts, ton visage abîmé par les chutes, tes bras et tes jambes partiellement ensanglantés. Et puis, sans réponse de sa part, tentant toujours de te débattre, tu finis par crier. Un cri qui réveillerait même un mort. Ta poitrine se gonfle et se dégonfle à un rythme effréné, les larmes venant s’ajouter aux gouttes de pluie qui coulent d’ores et déjà le long de tes joues, fuyant son regard à présent.

Beauty of Annihilation ♪ ► Elle ne voulait pas. Elle avait peur, il le savait, tout comme il avait peur d'elle en cet instant précis. Peut-être l'avait-elle remarqué combien il craignait de la laisser partir. A ses cris, son refus d'obtempérer, le regard d'Ash passa de perdu à sévère ; si elle ne voulait pas coopérer, alors il l'y forcerait. Il se pencha vers elle, hurlant à son tour à plein poumons, comme s'il voulait lui montrer qu'il pouvait toujours rugir et dominer. Et une fois à bout de souffler seulement, le regard fixé sur elle, il vociféra.

« Ferme ta gueule ! »

La confusion dans son esprit allait lui faire dire des choses complètement stupides. Il n'avait malheureusement aucun autre moyen de défense à disposition et s'appitoyer sur son sort était absolument hors de question. La fille qu'il venait d'agresser allait être complètement sourde à ses raisons de toute manière.

« T'as pas compris le message, tu veux que j'en finisse là sur les pavés ?! »

Et comme pour appuyer son geste, il pivota légèrement l'un de ses coudes pour le mettre au niveau de sa gorge.

« Si tu parles. Seulement si tu en parles. T'as pigé ? »

Il tremblait. Ce torrent d'émotions le mettait dans un état de détresse qu'il n'avait pas connu depuis son adolescence, époque où il faisait des crises régulièrement. Sans nulle doute que celle-ci était la plus violente qu'il avait eu depuis des années.

« Je te laisse une chance, une seule chance de partir. »

Il était coincé dans tous les cas ; il pouvait sonner comme s'il était prêt à la tuer, mais il en serait incapable. Il savait que c'était du bluff, peut-être pouvait-elle le voir aussi dans son regard un peu paniqué. Cependant dans son état actuel, lui-même n'était plus certain de ce qu'il était capable ou non de faire.

Pour cette fois, comme si ça allait t’aider à t’en sortir, tu joues la carte de la provocation. Tu tentes de garder la tête haute, de faire comme si de rien n’était, comme si tu ne le craignais pas, mais au fond de toi, t’es à deux doigts de mourir d’effroi. Et au moment où sa voix s’élève dans la rue, où son cri résonne une nouvelle fois à tes oreilles, tu serres les dents. Tu serres les dents en tentant encore de dégager tes poignets, mais rien n’y fait. Il te dit de la fermer, ce que tu te refuses de faire. Parce que ce serait lui prouver à quel point t’es vulnérable. Et qu’importe la peur, qu’importe ce qu’il peut t’en coûter, tu refuses de lui donner ce plaisir. « Allez, montre-moi ce que t’as dans le ventre ! » Ta voix est tremblante et pourtant plus puissante qu’à son habitude. Malgré son coude au niveau de ta gorge, tu maintiens son regard. Allez, qu’est-ce qu’il va bien pouvoir te faire ? Devant tout ce monde ? Devant tant de témoins ? Tu l’estimes trop lâche pour ça, ou du moins, tu l’espères trop lâche pour ça. Les larmes sur tes joues trahissent de loin ton air si sûr de toi, et pourtant ces dernières sont si bien cachées par la pluie qui ruisselle sur ton visage. Dégageant finalement ses mains lorsqu’il te propose une chance de partir, tu viens le pousser en arrière d’un geste brusque pour tenter de te libérer totalement de son emprise. « Je vais pas en rester là. » reprends-tu d’un calme spectaculaire. Et pourtant, tout un tas d’émotions se mélangent en toi. Tu te relèves, attrapant ton sac à main pour le frapper en plein visage avec ce dernier, avant de te remettre à courir pour le fuir. Parce qu’au-delà même de ton insolence hypocrite, tu crains pour toi et pour ta vie.

Beauty of Annihilation ♪ ► Elle le provoquait et ne démordait pas. Il était à court de solutions, d'idées. Il ne savait pas comment s'en sortir sans envisager le pire. Que devait-il faire exactement ? Est-ce qu'il devait vraiment le faire ici, là ? Peut-être pouvait-il l'étrangler jusqu'à ce qu'elle eprde conscience... mais pourrait-il seulement s'arrêter ? Ne serait-ce pas non plus aggraver son cas finalement ? Devrait-il simplement la laisser partir et se rendre de lui-même ?
Et comme il réfléchissait, son emprise se relâchait. Trop confus pour opposer maintenant une résistance aussi féroce que précédemment, il relâcha même ses poignets. Elle saisit bien évidemment cette opportunité pour le pousser et il tombe en arrière, se retenant de tomber plus bas en s'appuyant sur un coude. Il grimace furtivement, ses côtes lui faisant à nouveau mal ; et elle, elle se relève après lui avoir dit qu'elle n'en resterait pas là.
Mais Ash ne peut pas répondre. Il l'observe, le regard écarquillé, il veut répondre lorsqu'il se prend un sac dans la tronche, le mettant à terre et le faisant grogner un instant. Se passant une main sur le visage, étalant davantage le sang sur sa joue qui ne séchait pas à cause de la pluie, il se redressa difficilement. Ash s'apprêtait à la pourchasser de nouveau quand il s'aperçu qu'au loin, des gens observaient. Il eut alors un mouvement de recul, son regard se reposant sur la silhouette de sa victime qui s'échappait. C'en était fini de lui.

Rentrant la tête dans les épaules, il attrapa la capuche de son sweater qu'il rabattit sur son visage pour cacher la misère qui s'y trouvait. Il fourra ses mains dans ses poches et tourna les talons, partant d'un pas rapide sans trop savoir où aller.

Ca ne pouvait pas se terminer ainsi. C'était juste impossible. Il avait encore trop de choses à faire ici pour qu'une seule crise ruine toute sa vie.
Et plus il réfléchissait, plus la panique le prenait.

Daya.