She could talk me into anything [Loïs & Gillian]

SHE COULD TALK ME

Le déménagement n'est pas l'étape la plus difficile à passer, annoncer à Loïs qu'elle vient vivre dans la même ville qu'elle, semble être le plus compliqué. Le plus dur reste à faire, l'anglaise ne sait toujours pas comment elle va s'y prendre pour renouer le contact avec sa grande sœur. En froid depuis des années, l'épaisse couche de glace entre elles est difficile à briser. Du temps va être nécessaire aux deux filles pour faire taire tous les griefs qu'elles ont l'une envers l'autre et dieu sait que le temps ne les a pas épargné. Pourtant si proches depuis leur plus tendre enfance, un clivage s'est formé entre leurs personnalités qui n'ont aujourd'hui, plus grand chose en commun. Deux inconnues portant le même nom, au visage étrangement familier et similaire, elles se comportent comme des étrangères. Le passé pourtant leur est commun, chacune garde secrètement de très bons souvenirs de cette époque bénie. Gillian a mit plus de deux semaines à contacter sa grande soeur et lui avouer sa présence à Boston, en restant brève sur les faits. Elle l'attend nerveusement devant le gymnase, l'endroit où son sens inébranlable de l'orientation la conduit. Son portable lui sert d'antistress puisqu'elle le triture dans tous les sens pour essayer de se calmer. Sa parfaite manucure se retrouve rongée par ses blanches dents. - Loïs, si tu es occupée, on peut se voir demain. Le message est envoyé dans un élan de détresse, remettre à demain est une bonne solution sur le moment. L'anglaise n'est plus sure d'elle, elle regrette son choix et tout ce qui l'a poussé à commencer une nouvelle vie à Boston.

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Tu m'envoyais un message pour qu'on se retrouve à Boston? Aux dernières nouvelles d'il y a.. dix jours, tu étais à Washington. Enfin, je le pensais. On en était venu à juste prendre des nouvelles en surface, savoir si tout se passait bien, si on était en vie, sans plus. Tu savais simplement que je n'étais plus avec Tom, depuis le mois de mai à peu près. J'acceptais sans réfléchir ton invitation, je parlais à tous le monde de toi, de ma petite sœur cadette de seulement quelques mois, on avait été si fusionnelles dans le passé, comme deux jumelles. On avait tout gâché, en laissant ce froid s'installer.

J'étais en ville à ce moment là en train d'acheter une robe. Je pris le premier bus en direction du complexe sportif de Cambridge et non de Boston, mais tu étais perdue, donc c'était pardonnable. Puis j'y arrivais, mon cœur s'emballait presque. J'avais peur, j'étais stressée, puis excitée à la fois. Descendit du transport en commun avec mon sac à main et mon sac de shopping à la main, je m'avançais jusqu'au gymnase et je t’apercevais, à l'entrée, sur les marches sur le côté. En même temps, tu me renvoyais un message pour se voir la semaine prochaine. Trop tard. va falloir se voir tout de suite. Tu te retournais et je lâchais mes sacs, à terre. J'avalais ma salive, en te fixant. T'es vraiment là, alors..

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Loïs J. Strauss & Gillian J. Strauss

SHE COULD TALK ME

Le contour de ses lèvres s'affine dans la précipitation, elle les pinces avec forte et angoisse, le message est envoyé, elle ne peut plus faire machine arrière. L'anglaise est si forte et assurée d'habitude, cette fois elle reconnait l'enjeu de ces retrouvailles. C'est bien plus qu'un simple moment avec sa grande sœur, elle doit lui annoncer sa scolarisation à Harvard et va sans doute devoir faire face aux critiques et interrogations de son aînée. Gillian ne peut pas annuler le texto qu'elle vient d'éditer, il est effectivement trop tard. Reconnaissant la douce voix de Loïs, elle se retourne pétrifiée, le sourire crispé sur les lèvres. Le face à face commence sur un malaise perceptible entre deux sœurs oubliées. « Hey, oui, je suis bien à Boston, c'est pas mon genre de faire déplacer les gens pour rien. » Le souffle court d'un embarras mélangé à la sécurité, l'anglaise se déride bien vite. Suivant le lâché de sac de sa sœur, elle s'approche et déploie ses bras autour de son aînée. Un flot d'émotion absorbe son âme et lui rappelle brutalement que cette fille est du même sang que le sien, un lien unique les rapproche et les lie à jamais. « Merci d'être venue Loïs, cela me fait beaucoup de bien de te voir, j'espère que c'est réciproque. » Gillian cesse de gaspiller l'air respirable de sa grande sœur et recule de son étreinte. Un sourire sincère remplace la précédente hypocrisie des retrouvailles.

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