Croyez-le ou non, mais j'ai gagné au loto ! Certes, cinquante euros. Pas ouf. Mais pas rien non plus. Pour fêter l'évènement, je m'autorise un petit café, un vrai, pas le truc en poudre que je glisse dans un bol de lait le matin. J'enfile mon ciré, je glisse Jane en poussette et c'est parti. C'est la fin septembre, le soleil pointe encore le bout de son nez et la température est agréable. Un petit café et une ballade un dimanche après-midi, il y a franchement pire ! Je me sens comme ces mères modèles qu'on voit dans les séries télévisées, qui prenennt des cafés au Starbucks du coin et qui "oxygènent' leur enfant. Et même si c'est que l'affaire de quelques heures, je me plais à croire que la mère parfait, c'est moi. Mon café à la main, je fais un tour vers le square de Boston, histoire que Jane puisse jouer avec d'autres gosses. Quand sur le chemin, je vois deux grosses barraques qui s'approchent de moi. Reflexe reptilien, je m'arrête, et tire la poussette pour rapprocher Jane de moi. Entre les deux types qui ont cet air de brutes épaisses, je distingue la silhouette d'un type et puis je vois son visage. Y a pas de doute, je le connais ce type. C'est le connard de la soirée Elliot. Un de ceux qui m'avaient traité comme de la merde. Ces types je les vomis. Je reste plantée là, mon café dans ma main droite, la poussette dans la gauche à voir le trio s'approcher de moi. Ces types là sont ses gardes du corps, sans doute, c'est bien un truc à la Elliot ça. C'est pour ça qu'il peut être absolument désagréable sans risque ce type, parce qu'il peut se réfugier dans les jupons de ses gardes si ça tourne mal ? Quel connard. Alors que je les vois s'avancer, il y a comme une bile que je sens remonter de mon estomac. Je meurs d'envie de lui cracher au visage, de lui coller une baffe. Ma nature impulsive, violente, combinée à cette haine que je lui voue, à lui et sa clique qui m'ont jeté de la soirée Elliot avec irrespect et... violence. J'avais encore des hématomes là où les gardes du corps m'avaient empoignée. Il se rapproche. Il n'est plus qu'à quelques pas. Au moment de me croiser, le premier garde vient se placer devant lui, l'autre ferme la marche. Et je fais un truc con : avec un mouvement du poignet, je fais valser mon gobelet de café dans les airs. J'ai ruiné mon café mais le type est trempé. Je suis pas peu fière de mon coup.
Depuis ton récent malaise, tes parents t'imposaient systématiquement des gardes du corps lors de tous tes déplacements, alors que tu détestais ça depuis ton plus jeune âge. Sauf que tu n'aimais pas non plus voir le visage inquiet de ta chère Mère, du coup tu avais trouvé un certain compromis avec eux. Il ne fallait pas que le prince héritier de Monaco se fasse attaquer ou autre. Pourtant tu pouvais te défendre aisément mais malheureusement tu ne pouvais chasser tes gardes du corps. Ceux-ci te traceraient plus facilement que tu ne le pensais... Fin bref, tu devais retrouver un de tes collaborateurs et comme tu avais besoin de faire de l'exercice, tu ordonnais à tes gardes de te suivre en marchant. Fin ils t'encerclaient totalement et ça te faisait bien suer mais voilà, qui sait ce qui pourrait t'arriver dans ce genre de situations. Tu pouvais subir la colère d'opposants ou autres, voire même des groupies qui t'auraient reconnu et tout.. Sauf que ce n'était rien de tout cela que tu vivais, en effet en croisant une jeune femme que tu ne regardais même pas, tu finis trempé par du café. Heureusement pour toi que ce n'était pas très chaud, néanmoins tu te tournas vivement la personne qui venait de faire ça. Tu fis signe à ta garde rapprochée de ne pas faire de mouvements tandis que tu avançais tranquillement vers cette femme, qui semblait clairement hostile à ton égard. Tu ignorais totalement la raison et en somme tu t'en fichais pas mal, mais tu souhaitais quand même obtenir des explications sur ce genre inutile. « Bonjour, je crois que ceci vous appartient... » dis-tu d'un ton neutre tout en tendant le gobelet à la jeune femme. Tes gardes surveillaient la scène, prêts à passer à l'action si ça venait à s'envenimer. « Puis-je savoir pourquoi vous avez fait cela ? ». Tu la fixas longuement, n'adoptant aucune posture hostile puisque tu cherchais simplement à comprendre.
Le type est d'un flegme incroyable. Il faut bien lui reconnaître ça. Il lève sa main lentement pour retenir ses gardes qui ressemblent à des chiens enragés et avance tranquillement vers moi alors que le café chaud dégouline sur ses pompes. Je ravale difficilement mon sourire même si j'ai conscience du niveau de gamineries que j'atteins. "Bonjour, je crois que ceci vous appartient..." Je hoche la tête en me saisissant du gobelet vide, ajoutant l'air le plus sérieux possible : "Oups, ce que je peux être maladroite..." Bah quoi ? J'allais pas non plus lui cracher au visage, d'autant que les deux bulldogs étaient à quelques centimètres, prêts à me sauter dessus, à écraser ma petite princesse dans sa poussette si un moindre mal était fait à cet Eliot pédant. "Puis-je savoir pourquoi vous avez fait cela ?" Je regarde mes basques l'espace d'un instant, tentant de retrouver mes esprits, il en fallait du calme pour mentir. Puis je relève la tête et viens planter mon regard dans le sien. "Je vous l'ai dit. Je suis d'une maladresse pathologique." La fermeté de mon ton ne trahissait même pas l'insolence à peine dissimulée du petit sourire qui se dessinait sur mes lèvres. De toute façon, à quoi bon lui dire la vérité ? Lui avouer ce que je pensais de lui : qu'il pétait plus haut que son cul, qu'il se pavanait comme si le monde lui appartenait, que mon sang n'avait fait qu'un tour alors qu'on m'avait jeté de la soirée Eliot comme de la vermine ? L'aurait-il même entendu, perché là où il est est, lui et son ego ? A vrai dire, je sais même pas ce à quoi menait ma gaminerie... Il avait du fric, il paierait quelqu'un pour le laver son manteau. Ou il en achèterait un neuf pourquoi pas ! Tout ce que j'en tire, c'était d'avoir eu ce plaisir, de voir sa drôle de tête, là, maintenant, alors que le café gouttait sur ses chaussures qui valaient mon loyer. "J'ai deux mains gauches."
Tu venais de recevoir du café sur ton smoking offert par un grand couturier français, et ça te mettait clairement dans une colère palpable mais n'ayant guère envie de faire du grabuge à l'extérieur – tu ne voulais pas être affiché par ces cons de paparazzis qui fourmillaient autour de toi, dans l'ombre – tu te décidais à aller voir la personne qui t'avait visé pour parler avec elle diplomatiquement. Les mots de la jeune femme ne te plaisaient guère, elle était clairement en train de montrer son hostilité à ton encontre et ça avait le don te faire hérisser les poils. Néanmoins tu gardais ton sang froid royal afin de converser avec elle. « La maladresse n'est pas une chose dérangeante. » répondis-tu d'un ton diplomate, tout en la regardant avec ce même calme que tu utilisais uniquement lors de réunions diplomatiques. Tu sentais que tes gardes du corps étaient prêts à prendre d'assaut la jeune femme mais d'un simple regard, tu leur disais de s'arrêter parce que tu risquais de les virer s'ils venaient à faire quelque chose. Qu'importe, tu regardas longuement le bébé de la jeune femme avant de t'adresser à elle, comme si de rien n'était. « Vous avez une bien jolie princesse. » dis-tu d'un ton noble avant de te retourner vers elle : « J'ignore vraiment ce que vous me reprochez, mais entre nous, je vous conseillerais de m'expliquer les raisons de votre haine à mon égard. Parce que voyez-vous, je suis Arthur Grimaldi, prince héritier de Monaco et il serait malvenu que cette histoire ait des proportions qui nous dépassent. ». Sur ces mots, tu sortis ta pièce d'identité afin de lui prouver tes dires et surtout, tu voulais en finir rapidement avec cette histoire parce que tu étais attendu, et tu détestais te retrouver en retard.
"La maladresse n'est pas une chose dérangeante." Le type garde son calme, il semble absolument pas décontenancé. J'ai envie de lui hurler de bouger, de faire un truc, presque de m'en coller une. Mais non. Sa mâchoire se cripse peut-être légèrement mais il ne témoigne d'aucune hostilité. Je hoche la tête. Et puis le type se penche vers la poussette, je me raidis. Qu'il touche pas à Jane ! "Vous avez une bien jolie princesse." Mes yeux s'écarquillent. C'est qu'il est capable de gentillesse ce type. Bien sûr ça doit faire partie de toutes les formalités princières qu'il inhibe depuis sa naissance mais n'empêche. Je me détends un poil, mes mains empoignant toujours la poussette avec force. "Elle ressemble beaucoup à son papa." je lâche, froidement mais finalement, mon hostilité n'est plus tant perceptible. Mais il me laisse à peine le temps de me radoucir : "J'ignore vraiment ce que vous me reprochez, mais entre nous, je vous conseillerais de m'expliquer les raisons de votre haine à mon égard. Parce que voyez-vous, je suis Arthur Grimaldi, prince héritier de Monaco et il serait malvenu que cette histoire ait des proportions qui nous dépassent.""Je suis Arthur de la Chtroumouille, gnagnagna." Ok. Je rectifie. Il m'insupporte. N'empêche le type est prince de Monaco, il serait bienvenu de m'assagir et de le laisser continuer sa route. Je veux pas d'emmerdes. Avec un sourire taquin, j'entreprends une révérence maladroite, manquant de cogner mon front contre la poussette. "Je ne vous hais pas." je réponds, plus douce. C'était pas entièrement faux. Ne pas pouvoir le blairer ? Oui. Mais il en fallait légèrement plus pour que je lui témoigne de la haine. "Il se trouve que j'ai été expulsée d'une soirée Eliot par vos gardes du corps, ou ceux d'un ami à vous, et que j'en ai encore la marque sur les bras." Je remonte mes manques pour prouver mes dires. Mes hématomes se fondent dans l'encre de mes tatouages, il y a fort à parier qu'il n'y voit rien du tout.