sorry to be a ghost (lucky)

Voilà deux mois qu'elle est revenue en ville. Retrouvant ses marques et ses habitudes. Ce n'était pas si compliqué, elle n'est partie que deux mois, juste après son diplôme. C'est surtout le fait qu'elle pensait réellement vivre sur la côté ouest pendant un long moment avant de revenir sur la côte est. Parce qu'elle pensait qu'entre elle et Baptiste, ça marcherait vraiment. Chose dont elle ne souhaite plus y penser. Depuis qu'elle est sur Boston, elle tente de revoir tout le monde, de se faire pardonner par certains aussi, de concilier son nouveau boulot et le nouvel appartement en plein centre ville avec des colocataires. C'est une nouvelle page et elle a bien du mal à le réaliser. Il y a des personnes qu'elle évite comme sa meilleure amie Lucky. Non, elle n'a rien contre elle mais le souvenir de son meilleur ami la hante et elle sait que revoir Lucky va faire remonter des souvenirs qu'elle préfère laisser de côté. Comme l'ignorance. Ce n'est pas bien et pourtant. Pourtant, elle lui manque et c'est aujourd'hui qu'elle décide de casser la barrière qu'elle a crée toute seule pour lui rendre visite. Quelques coups à sa porte et c'est nerveusement qu'elle attendit. Surprise, c'est ta vieille bonne amie qui aime tant fuir les responsabilités.

Quand on me demande pourquoi je ne réagis pas à la mort de Cole, pourquoi je ne pleure pas, pourquoi je ne fais pas mon deuil, je leur réponds tout simplement que Cole n'est pas mort. Il est vivant quelque part. Deux fois qu'il a échappé à la mort et jamais deux sans trois, c'est connu. Alors quand je vois des personnes pleurer pour lui, moi je rigole parce que je sais qu'un jour, il reviendra. Je suis dans le déni et je refuse de faire mon deuil. En fait, je refuse tout court de croire que Cole n'est plus parmi nous. Étonnement, ces plans visant à nuire, me manquaient. Je crois que je préfère le voir ici à monter des plans contre les autres plutôt que partie pour toujours. Alors oui, je continuerai à rester dans le déni. Prenant une douche, je me sèche rapidement et j'enfile un pyjama afin de mater netflix devant un petit sceau de popcorn caramélisé. Soudain, on sonne à ma porte et pourtant, je n'attendais personne. Me pressant d'aller ouvrir, je découvre ma meilleure amie sur le pas de la porte. Telle que je l'ai laissé en fait. Je beug quelques secondes parce que je suis surprise de la voir ici, mais il ne me faut pas plus longtemps pour sauter dans ses bras. « Nina, ma Nina ! » Je lui offre une longue étreinte amicale et je m'efface pour lui laisser le passage. « Depuis quand ? Putain tu m'as manqué si tu savais ! » On était restée en contact quand je suis partie en Italie, mais après, tu t'es faite un peu rare jusqu'à ne plus avoir de nouvelle...

Être aussi loin n'était pas facile. Non, elle ne regrette rien. Parce qu'elle était avec Baptiste. Ils étaient même fiancés. Las Vegas n'est juste pas une ville pour elle. Puis, avec la mort de Cole, les choses sont devenues plus compliqués. Elle va bien. C'est ce qu'elle dit à tout le monde alors qu'au fond, elle ne l'est pas. Elle a perdu son meilleur ami. Elle n'ose imaginer la peine de sa sœur. Tout ce qu'elle fait, c'est avancer. De le faire paraître, en tout cas. Parce qu'au fond, elle ne le réalise toujours pas. Qu'il n'est plus là. Voilà, c'est ça qu'elle veut éviter : de penser. Non, parce qu'à cet instant, elle est devant cette porte. Hésitant à frapper, parce qu'elle n'a pas été la meilleure des amies, au cours des derniers mois. Et elle s'en veut. Et elle veut tout rattraper. Peut être qu'en étant plus à l'université et toutes ces histoires, les choses peuvent redevenir comme avant ? C'est ce qu'elle espère. Quelques coups à la porte et elle n'attendit pas longtemps avant de voir la bouille de Lucky. Encore plus mignonne qu'avant. Bordel, comment a-t-elle fait pour ne pas la voir aussi longtemps? Des secondes interminables avant une réaction, qu'elle s'empresse de retourner, la serrant contre elle. Juste un large sourire avant de s'écarter légèrement pour pouvoir entrer et se tourner vers elle, laissant glisser sa veste, le long de ses bras. Depuis quelques semaines.. je.. toi aussi, tu m'as manqué. Parce qu'elle veut s'excuser. Encore et toujours. Je ne te dérange pas ? Juste au cas où.