(phineas) admit it, life would be boring without me

Non, tu fais fausse route sur tes doutes, tes accusations. Oui, j'ai couché avec elle, mais non, y'a rien eu de plus entre elle et moi, rien de physique ou émotionnel en tout cas. J'aurais préféré. Ça aurait été moins grave. J'te balance que j'peux pas te dire ce que je sais, et df'un côté, c'est égoïste. Je peux, c'est juste que j'veux pas. J'veux pas que tu saches que j'suis à nouveau accro. Tu t'agaces, je sais, j'suis chiant. Mais ça sort pas là, désolé. J'suis empreint de nervosité, j'me mets à jouer avec mes doigts, à bouger frénétiquement du pied par terre sous la table. C'est pas bon quand j'suis dans des états comme ça. Puis y'a toi qui lâche pas l'affaire là, et ça me fait craquer. "Non, c'est pas une pute. Enfin, pas dans ce sens là. Pas à ma connaissance en tout cas." Elle se donne au premier venu, ça c'est clair par contre. Dont moi. Mais bref. "Je... Une fois, un soir, j'étais près du port de Boston, j'avais un rendez-vous avec... mon dealeur, pour acheter ma came." Et j'vais continuer de parler assez vite en donnant beaucoup d'informations, comme pour noyer le poisson dans l'eau. "Elle était toute seule, elle avait l'air paumée. Elle m'a vue au loin, on se connaissait de nom, on s'était déjà croisés à des soirées alors elle m'a reconnu mais elle m'a choppé la main dans le sac. Et... elle m'a fait du chantage. Elle m'a dit que si je lui faisais pas essayer, elle appellerait les flics pour me balancer. Et tu vois, fin, j'ai déjà un petit casier, j'ai déjà fait un petit séjour en taule en février à cause des stups, et j'voulais pas avoir à faire à la police, j'pouvais pas finir en taule pour de bon cette fois... Donc j'ai cédé à son chantage." Je l'ai amenée chez moi, on s'est piqué chacun de son côté, et puis on a couché ensemble. Mais maintenant, elle me tient par les couilles, parce que je sais que si elle me demande un truc un jour, j'pourrais jamais refuser parce qu'elle a la possibilité, voire même l'envie de me balancer aux autorités, et donc de me foutre derrière les barreaux pour je ne sais combien de temps.

Tu devrais être créateur de suspens toi. Déballe ou je vais.. je vais rien faire, j’ai pas de muscles, juste la taille d’un girafe bordel. Te poussant alors à la confession, j’y parviens enfin, sûrement grâce à cette sublime naïveté m’imprégnant depuis ma naissance. Ok, ça commence bien. Elle n’est pas une pute. J’expire l’air emmagasiné dans mes poumons, mais je bloque de nouveau lorsque tu poursuis ton récit sur cette magnifique rousse. Je me sens limite en train d’assister à une projection d’un thriller là. Whaaat ? TON dealer ? TA came ? Depuis quand le président Winthrop est un drogué. Mes yeux s’écarquillent un court instant. Vous vous connaissiez de loin, bien. Du chantage ? Sur le coup, j’sais pas ce qui me prend, mais je ris bêtement. C’est une farce peut-être ? Un truc de bizutage à la con ? Pourtant, t’as l’air bel et bien sérieux là. Trop sérieux. Tu sais pas jouer la comédie toi. Damn. Mon visage se referme très rapidement. Je regarde à droite et à gauche en humectant mes lèvres toutes sèches « Hm, attend. Vous avez pris quoi au juste ? Où ça ? Qu’est-ce qui s’est passé après ? C’était il y a longtemps ? » Fallait t’y attendre, je n'allais pas simplement dire, ok, merci bien de l’info, tu me passes la moutarde ? Non, j’en veux plus maintenant. Elle n'est pas clair cette histoire. Pas claire du tout. « Tu continues de lui parler ? Vous avez recommencé ? PUTAIN ! » Je tape mon poing sur la table, sentant l'odeur de la trahison remplacée celle du pain tout chaud. Hope est un imposteur !

Tu me pousses à déballer la vérité, ce que je fais. J’sais pas mentir t’façon, j’aime pas ça, ça me met mal à l’aise. J’suis trop honnête pour le mensonge. Je te raconte tout. La rencontre avec Hope, la drogue, son chantage. Toi, tu lâches un rire, mais crois-moi, c’est pas drôle. J’ai tellement un casier judiciaire problématique à cause de la drogue que si je me faisais coffrer, si elle les appelait, je finirai direct derrière les barreaux pour un bon bout de temps. J’étais clean depuis mars pourtant. J’avais presque réussi à tenir six mois. Mais j’ai craqué. Trop de peine, trop de douleur. Pas assez de contrôle. T’as le regard qui flanche, droite, gauche, droite, gauche. Comme si tu vérifiais qu’il n’y avait personne de compromettant dans les parages. On n’est pas dans un film Phin, déstresse. Tu commences à poser pleins de questions et j’essaye de répondre à tout, honnêtement. « Je… c’était de la morphine. Ça s’est passé fin août. On est rentrés chez moi parce que j’avais pas de matos dans la rue et on a couché ensemble après. » Sois pas dégoûté, j’m’en souviens pas vraiment de toute façon, trop épris de la morphine ce soir là. « T’es fou??? Genre j’vais parler à une meuf qui veut me balancer aux flics et a les moyens de m’envoyer en taule! » Tu jures et tapes du poing sur la table. Je serre les dents, essaye de garder mon calme parce que j’comprends que tu puisses être dégoûté, perdu, confus, agacé. « J’la connais pas plus que ça hein… J’te fais juste part de mon expérience avec elle pour te mettre en garde. Fais attention, ne te livre pas entièrement et irrévocablement à elle en trois jours. Reste sur tes gardes, je veux pas qu’elle te fasse du mal. » Tu le sais en plus, que j’suis protecteur avec mes potes. Encore plus avec toi, genre, t’es mon poulain tu vois?

J’essaie d’emboîter toutes les pièces de ce puzzle angoissant. Toi, elle, la drogue, le chantage. J’ai subitement la tête qui tourne dans tous les sens. Je me sens épié, honteux, trompé. C’est rare que je puisse ressentir cette sensation, étant donné que je n’attire jamais personne. Pour une fois que j’avais attrapé un joli papillon, je me rends compte qu’il fait parti de l’espèce la plus dangereuse. La claque ! Et toi tu te shootes tranquille à la Morphine ? Tu l’as baisé ? T’as baisé ma Hope ? Je suis sur le cul, c’est le cas de le dire. J’comprends pas comment elle pourrait t’envoyer en taule parce que tu t’injectes de la merde dans les veines. Tant que tu distribues pas le produit, t’es qu’une victime mec. Bref, j’suis dégoûté. Tu ne pouvais pas savoir qu’elle me plaisait quand tu te l’aies faite, mais je t’en veux, c’est plus fort que moi. J’ai envie de disparaître. Je ne te regarde plus dans tes beaux yeux bleus, je mitraille les alentours sans fixer mon regard sur un point précis. Finalement, je reviens vers toi en entendant le souci que tu te fais pour moi. Pfff. « Tu as couché avec.. » marmonnais-je en froissant le papier du hot-dog entre mes mains, comme je voudrais froisser ta gueule en cet instant. Pardon. Je t’aime beaucoup, mais là, j’ai un peu la rage. « Pourquoi tu te drogues ? Qu’est-ce qui cloche chez toi pour en arriver là ? Vous me gonflez tous les deux, vous devriez remettre ça » M’en fous d’Agathe au milieu, je la prends en échange. « Elle m’a déjà fait du mal en te faisant du mal et en se donnant à toi. » Amer, je me relève du banc et j’attrape le bout restant de mon pain pour l’envoyer dans la poubelle par-dessus toi. Yes, panier du premier coup, je ne pouvais pas me foirer en étant en colère quoi. « Je vais y aller »

J’te raconte tout ce qui s’est passé ce soir là. J’ai pas envie de garder des secrets, de te dire la vérité que de façon partielle. C’est pas moi ça. Soit je dis rien, soit je dis tout. Pas de cachoteries. Et j’sais que ça va te blesser. Mais j’y peux rien moi. « Je savais pas que tu la connaissais. J’ai couché avec elle avant même que tu la rencontres je pense. » Donc tu peux pas m’en vouloir pour ça. Si j’savais que tu la connaissais, bien sûr que j’aurais pas couché avec elle. J’pense qu’on se sentait juste trop seuls elle et moi ce soir là, et qu’on a vu en l’autre une occasion de palier à notre solitude respective pendant disons une heure ou deux. Exister aux yeux de quelqu’un, quand on avait l’impression d’être rejetés par tous ceux qui nous entourent. Tu évites mon regard. T’oses même plus me regarder. Super. Et j’comprends vite que tu ne comprends pas. La drogue, la coucherie, les menaces d’Hope. T’es sûrement trop innocent pour toutes ces merdes là. J’te blâme pas. Parfois, j’aimerais être toi. Ça doit être facile et paisible de vivre dans le monde des bisounours. Tes mots sont violents pour la personne que tu es, et j’ai le coeur serré. « Je veux pas remettre ça… Et je voulais pas te faire du mal. Et tu sais quoi Phin? Je sais pas ce qui cloche avec moi pour en arriver là. » Là, ça m’agace. Tu crois que je le vis bien d’être à nouveau accro? Tu crois que ça me plait? T’as rien trouvé de mieux à faire que de me balancer ces mots pour me faire culpabiliser? Me faire me sentir comme un raté? Parce que c’est comme ça que j’le prends. « T’as raison, vas-y. » que je rétorque sèchement. T’es un de mes mecs préférés mais là, j’suis vexé et blessé. Le ton de ta voix indiquait un jugement sévère et puis, ta meuf là, tu la connaissais même pas quand j’me la suis tapée. Marre d’être blâmé pour des trucs qui ne sont pas de mon ressort. Et ouais, franchement, j’ai mal au coeur là. Et j’ai plus faim.

Quoi ? Vous avez couché ensemble avant que je la rencontre ! En vrai, j’ne saurais même pas dater notre première baise. C’était fin Summer Camp et vous ? Quand c’était ? Non, en fait, j’veux pas savoir. C’est une conspiration anti-Abernathy non ? J’suis déçu. Déçu de vous deux. Toi, je te croyais transparent avec moi, capable de me dire quand tu n’allais pas bien pour que j’essaie de te sortir des ténèbres, mais pas du tout. Je me suis planté sur toute la ligne. Les Winthrop ont élu un drogué à la présidence, magnifique. Les apparences sont bien trop trompeuses dis donc. « Tu devrais voir quelqu’un ou parler à tes amis avant de te piquer comme un con » Ça m’attriste tout ça, au delà tu fais que t’aies baisé ma potentielle meuf. J’ai pas envie que tu crèves sur un trottoir avec une seringue dans le bras. Tu mérites mieux comme fin. Merde, ça me fait chier et au lieu de chercher à comprendre, je te gueule dessus. Ça me ressemble absolument pas tout ça, j’deviens une toute autre personne en ce moment. Ne me trouvant plus à l’aise, je sors du banc, prêt à prendre la poudre d'escampette. Plus je reste et plus j'risque d’empirer la situation. On est ennemis maintenant ? T’es fâché contre moi ? On se parlera plus ? Tu vas me manquer merde.. J’culpabilise, bravo. « Euh, fais pas de conneries steplait.. Je t’en veux, mais j’veux pas que tu meurs espèce d'abruti » Beh voilà, du coup, je n'aurais pas pu avoir mon point Agathe bombasse d’Insta. Je tourne les talons, le coeur serré par cet au revoir dès plus merdique. « À bientôt j’espère.. » J'vais pas pleurer hein, mais j'en aurais presque envie.

« J’ai déjà vu quelqu’un. Pendant presque un an. Et puis ouais t’as raison, c’est tellement facile de ‘parler à mes amis’ tiens, suis-je bête, pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt? » Ironie quand tu nous tiens. « Si c’est pour me prendre le regard que t’es en train de me lancer là maintenant, merci mais non merci, j’me passerai bien de ‘parler à mes amis’. » Arrête d’être aussi candide putain. C’est drôle, voire mignon, en temps normal, mais là, c’est juste ridicule. C’est comme si tu disais à un dépressif clinique ’t’inquiète, vois le verre à moitié plein au lieu d’à moitié vide’ ou à un suicidaire ‘le bonheur vient de notre for intérieur’. Ta gueule quoi. Ca vient de gens qui n’y comprennent rien, qui ont aucune empathie, savent pas se mettre à notre place. C’est pas facile de parler, de se confier. C’est dur de se mettre à nu devant quelqu’un qu’on apprécie et qu’on admire. Y’a la peur que tout change, que la personne ne nous accepte pas, qu’elle nous regarde différemment — exactement ce que t’es en train de faire. Merci, j’l’avais compris sans ton regard dédaigneux que j’étais un raté. « Au pire, que j’crève ou pas, ça change quoi? » Sérieux, tu m’as saoulé là. T’es censé être mon pote, notre amitié est censée être plus forte que les nanas. Et toi, c’est même pas ta nana que tu me jartes déjà. Super. Du coup, j’ignore ton ‘à bientôt’ et serre les dents, attendant que tu sois parti pour moi aussi me lever et retourner en cours. J’suis à la fois énervé et triste. Le pire combo.