Soul to Squeeze (with Anastasiya)

Sur la scène, plusieur étudiants étaient en répétition pour une quelconque pièce. Il n'en savait point la nature et cela l'importait peu. À la distance qu'il était assis, les mots lui paraissaient comme une brise murmurée à l'oreille. Les mains croisées par-dessus le dossier du siège en avant de lui, l'oeil attentif, la concentration aiguisée, malgré que l'intérêt de son mental semblait vaguer à d'autres occupations. Aux côtés de Alexis, on pouvait voir un épais livre à la couverture brune et le titre encastré en de grandes lettres dorés, réflétant leur gloire d'antan sous la lumière tamisée. William Shakespeare et ses oeuvres, ses confidences, ses secrets. Pourquoi est-ce que ce réputé étudiant en psychologie se plongeait dans l'univers d'un dramaturge à l'imagination débordante? Pourquoi se casser la tête à analyser des tragédies fictives aujourd'hui banalisées par tous? N'importe qui, de nos jours, pouvait se permettre de rendre la vie aux écrits du célèbre poète sans en changer la moindre origine. Était-ce une moquerie des temps modernes? Pousser l'audace jusqu'à affirmer à haute voix son manque d'imagination? N'était-ce pas d'un ridicule criant alors que les créations originales faisaient défaut dans ce monde sans saveur? Son rire tout à fait mesquin laissait croire que Alexis n'en avait rien à faire des présentations théâtrales. Pourquoi alors être présent en ces terres sacrées pour certain?

Était-ce une simple diversion? Une façon d'attirer l'attention en étant en retrait ainsi, loin des feux bruyants de la rampe? Vêtu d'une chemise blanc et d'un pantalon noir, c'était la simplicité volontaire qui faisait tout le travail ici. Après tout, pourquoi faire dans l'exagération alors que si peu était nécessaire pour faire bonne impression? Quiconque saurait le reconnaitre dans un tel accoutrement, pourquoi alors se camoufler ainsi? Une rencontre hasardeuse était-il ce que le grand ténébreux cherchait? Un grand mystère dont personne n'avait la réponse, sauf peut-être cette jeune femme qui se dirigeait en sa direction, inconsciente ou tout à fait alerte de ses agissements.

(Invité)

La danse était l’une de ses passions que très peu de personne connaissait. La danse était pour elle un moyen d’expression mais aussi un moyen d’oublier ses problèmes, son quotidien. Certes elle ne s’étalait pas vraiment sur ce qu’elle pouvait aimer, sur sa vie privée c’est pourquoi rare était les personnes qui le savait. Le théâtre n’était pas ce qu’elle appréciait par-dessus tout au contraire cela avait le don de l’ennuyait à un tel point qu’elle s’endormait toujours. Du moins c’était le cas à chaque fois que son père l’obligeait à se rendre à une représentation quelconque en Russie. Alors pourquoi faisait-elle partie de ce spectacle ? Tout simplement parce qu’ils avaient besoin de danseuse pour une raison ou un autre et que le professeur qui dirigeait la troupe l’avait vu danser sur du Tchaikovski et la célèbre valse des flocons de neige dans casse noisette, l’un de ses ballets préférés avec le lac des cygnes. C’était comme retourner enfance, en Russie alors que les représentations de ces plus beaux ballets se déroulaient à St Petersburg, sa ville natale. Au début, elle avait tout bonnement refusé, cependant elle savait que cela jouerait en sa faveur dans son dossier scolaire et pourquoi pour son ascension au trône, savoir qu’elle touchait à tout était un bon point elle en était certaine. Les pieds légèrement ensanglantés, elle prit une pause et descendit de la scène tout en enlevant ses chaussons et c’est là qu’elle vit Alexis, assis sur l’un de ses nombreux fauteuil rouge qu'offrait le grand théâtre. Allant directement le voir, elle se planta devant lui, les mains sur les hanches, les chaussons dans chaque mains. Qu’est-ce que tu fais ici Kane ? Tu sais que les répétitions ne sont pas ouverte au public ? dit-elle en se laissa choir sur l’un des fauteuils et boire un coup. Tu espionnes encore les gens ? Tu sais que ça peut faire peur à certaine personne ce petit côté voyeur pour ne pas dire psychopathe. dit-elle en se tournant vers lui, assise juste devant.

(Invité)

Elle vint à lui, autant d'une démarche froide et calculée que confiante mais quelque peu douloureuse suite aux nombreuses répétitions. Cette femme, cette créature indéfinissable qui se camouflait derrière une vulgaire et pathétique forteresse autant émotionelle que mentale, c'était elle, c'était bien elle, cette foutu Anastasiya, celle qui se croyait comme une figure royale et emblématique de Harvard, cette réputation que l'on qualifiait de reine de glaces. Une personnalité qui ne pouvait être plus désagréable à l'approche. Le grand ténébreux en avait toujours été intrigué. Pourquoi elle était ainsi, pourquoi elle réfléchissait à en faire éloigner tous les prétendants. Une magnifique façade, se disait-il, un mensonge construit de toutes pièces dont il se ferait un plaisir d'en voir la chute, ou mieux, d'en être la cause principale. Souriant alors que la jeune femme le couvrait de reproches, Alexis n'en répondit rien alors qu'elle se laissa tomber dans un fauteuil pour prendre ce repos bien mérité. Penchant légèrement la tête sur le côté, le jeune homme ferma les yeux et prit une grande respiration. Quelle réponse pourrait-il lui servir? Quelle facette de la psychologie pourrait-il lui faire mirroiter? Se penchant vers l'avant pour appuyer ses bras sur le dossier du siège qu'occupait la grande blonde, c'est avec neutralité qu'il se voyait désolé de la situation.

L'incarnation même de la politesse ma chère, j'ai toujours admiré ta façon de toujours aller droit au but, sans détour, sans défaut. Pourquoi un étudiant en psychologie viendrait perdre son temps dans l'enceinte même de l'imagination débordante de l'université? C'est ici la beauté de la chose, Ana, la mentalité de la scène est fascinante. Que ce soit le théâtre, le chant ou la danse, c'est un art qui mérite d'être découvert. Je me fascine de voir les acteurs incarner ces personnages fictifs qui occupent une si grande place dans leur coeur. Je me fascine tout autant de voir les orateurs modernes s'époumoner sur des airs poétiques et mélodieux. Mais la danse, c'est, une véritable libération n'est-ce pas? Une liberté qui ne peut s'offrir qu'avec de grands sacrifices. Une liberté que l'on ne peut jamais apprécier à sa juste valeur quand elle nous a jamais été enlevée. Je n'espionne pas les gens, Ana, ne ridiculise pas ma présence ici. Et ne m'abaise pas au niveau de ses obsédés psychotiques, pitié, je vaux bien plus que ça. Nous sommes tous habité par l'esprit d'un voyeur au fond de nous, cette curiosité imminente qui nous pousse à dépasser nos instincts, c'est risqué mais une audace qui rapporte bien.

Se recalant bien comfortablement dans son propre fauteuil, Alexis souleva le regard un moment pour admirer la scène qui se dressait à l'horizon. Certaines danseuses avaient repris le rythme, adoptant les mouvements d'une chorégraphie montée avec finisse et précision. C'était époustouflant, leur synchronisme. Ficelé dans les règles de l'art, tout comme le sarcasme vocal du grand ténébreux.

Veuillez m'en excuser, votre grandiose et magnifique majesté. Je ne voulais point perturber votre tranquilité. Aurez-vous assez d'indulgence pour pardonner l'erreur à un de vos aimables sujets?

(Invité)

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