(F) les yeux noirs desquels on voit du bleu

NIELS KELLER - DYLAN RIEDER - Tu l'as repéré Niels, à travers la foule. Ses cheveux ébènes attachés, laissant échapper quelques mèches entrelacées. T'avais accroché son regard noir, son sourire moqueur, ses lèvres rouges d'amour. T'avais frôlé sa peau de tes yeux défoncés, poupée porcelaine, elle semblait sentir l'orange amer à des kilomètres. Tes yeux retournaient aux platines, ta musique vous enveloppez. Tu le voyais bien que tu la charmais aux notes de musiques, elle slalomait entre les corps avec une telle facilité, puis ses membres se déhanchaient avec ténacité au rythme des boucles que tu balançais. Putain, qu'elle était belle. Tu secouais ta tête comme un fou, la musique vivait ses dernières secondes et, elle disparaissait comme un fantôme. Les cheveux sales, la gueule salée par la sueur, tu sortais du bar, bière à la main, clope au bec. Tu t'allumais une blonde, te laissant aller contre le mur de pierres rouges. Tu sentais la brise rafraîchir ta peau, tu respirais. T'étais en vie, Niels. Une voix enfantine s'élevait dans la nuit, douce mélodie parmi les basses grasses que laissait échapper la mauvaise isolation du bar. "Cliché". Tu levais le regard, intrigué, décontenancé. Tu la retrouvais, fantôme de la musique, fantôme de ta nuit. Tu te redressais, tu tirais sur ta cigarette. "Pourquoi ?" que tu lui demandais. "Le mec brun mystérieux qui fait de la musique, qui se bourre la gueule et qui pue la clope,  qui m'a l'air totalement perdu et solitaire. T'as l'air de survivre, c'est quoi ton secret ?". Puis elle partait, sans un mot, sans une explication. C'était qui au juste cette nana ?