let's meet at the park (Willow)

Muni d'une modeste rose, Nicolas parcourait l'allée qui menait aux bateaux de cygnes, lieu du rendez-vous qu'ils avaient fixé, après avoir garé sa voiture sur le parking à l'entrée du parc. Il n'était pas tout à fait 14h, il avait préféré assurer son arriver plus tôt que trop tard. Il rencontre peu par le biais d'applications - lui qui préfère de loin la magie des rencontres imprévues - mais au moins, Willow avait le mérite de le rendre aussi impatient que nerveux à l'idée de la retrouver en face à face, et non par écran interposés, et pourtant, ils avaient assez peu parlé. Il avait donc fait simple mais dans une certaine élégance pour l'occasion: chemise et jean, une rose du marchand de fleur du coin, par galanterie, et il était prêt à connaitre la fille aux chapeaux. Son regard vint parcourir les alentours circulaires pour vérifier si elle n'est par hasard pas arrivée. Pas de chapeau, pas de magnifique jeune femme. Il imagine qu'il est arrivé le premier. L'attente, c'est ce qu'il redoute le plus. Il se poste alors finalement, immobile, contre la barrière qui se tenait juste derrière lui et sort son smartphone de sa poche arrière, vérifiant qu'elle n'ait pas décommandé et parcourant distraitement les derniers messages qu'il a reçu.

Il était rare que j’expose mes dons d’entrée de jeu lors d’une conversation avec un ou une inconnu(e), malgré tout, c’est exactement ce que j’avais fait avec toi et j’hésitais encore à voir si ça risquait de te faire fuir ou non. Tu semblais plus curieux qu’apeuré pour le coup, n’empêche, je n’avais pas envie de me ridiculiser sur quelque chose d’aussi important pour moi. D’où mes blagues de devoir te tuer ou ma demande de promesse de ne pas te moquer. Malgré tout, j’avais relativement hâte de te rencontrer, tu semblais être un mec bien, sympa, drôle et mignon en prime. Rendez-vous au bateau cygne à 14h, j’arrivais légèrement en retard –merci les transports en commun- une longue robe noire avec des fleurs volant légèrement autour de ma silhouette frêle, un grand chapeau de la même couleur sur la tête, le look complété d’une paire de botte style armé aux pieds et une panoplie de bijoux aux doigts, poignets et au cou. Te repérant un peu plus loin, j’inspirai d’abord un grand coup avant de te rejoindre d’un pas lent et assuré. « Nicolas Thwaite de Manchester. » dis-je avec mon meilleur accent anglais.

De sa vue périphérique, il aperçoit le pas lointain d'une jeune femme élégante vêtue de noir et d'un chapeau qui ne donnait aucun doute sur son identité. Un sourire, en pliant son téléphone, Nicolas vint faire quelques pas vers elle pour l'accueillir, quittant son siège de fortune. Aussi jolie en vrai qu'en photo, avec ce style bien à elle qui montrait qu'elle était une femme qui s'assume. Les fleurs sur sa robe le rassurèrent quant à l'histoire de la fleur, qui pouvait faire too much. Elle usa d'un accent anglais bien imité. « Pas mal du tout, Willow Thornhill, la fille aux chapeaux. D'ailleurs celui-ci te va très bien ! » fit-il dans l'accent le plus américain possible à son tour. Il en oublia de préciser qu'il parlait de l'accent britannique, mais elle comprendrait. « C'est pour toi. » il reprit ses aises d'anglais dans son langage, lui tendant la rose rose emballée de son papier transparent dans lequel il avait glissé un papier blanc plié en deux. « Mon adresse est dedans. Ton assurance, pour le cas où je me moquerais. » Il n'avait pas oublié les messages qu'ils avaient échangé. Son adresse, il l'avait vraiment écrite, il lui faisait relativement confiance, elle n'avait pas l'air d'une fille à problèmes. « Tu veux boire quelque chose avant de me dévoiler ton mystérieux secret ? »

« Pas mal du tout, Willow Thornhill, la fille aux chapeaux. D'ailleurs celui-ci te va très bien ! » Mon sourire s’agrandit, je sens que nous allons vraiment passer un bon moment tous les deux. J’ai aimé notre conversation Tinder et elle ne pourra qu’être d’avantage intéressante cette conversation maintenant que nous sommes face à face. « Merci. » dis-je simplement, comprenant que tu parlais de mon imitation presque parfaite de l’accent britannique. « C'est pour toi. » J’hausse les sourcils en voyant cette rose d’un rose saumon, me demandant malgré-moi si tu sais que cette couleur signifie généralement désir et excitation. « Elle est magnifique, c’est gentil. » Je la porte à mon nez pour la sentir et avise le papier qui se trouve à l’intérieur de son emballage. « Mon adresse est dedans. Ton assurance, pour le cas où je me moquerais. » Cette fois je ris de bon cœur, hochant la tête. « Bon joueur à ce que je vois. » Cette marque de confiance signifie plus pour moi que tu ne pourrais le croire Nicolas, ce geste ne sera pas oublié tu peux en être certain. « Tu veux boire quelque chose avant de me dévoiler ton mystérieux secret ? » J’hoche à nouveau la tête et regarde rapidement autour. « Pourquoi pas! Un café à ce vendeur de rue et je crois que nous aurons tout ce qu’il nous faut pour débuter. » Je me mordille un peu la lèvre pour ne pas rire et me dirige lentement vers le camion où un homme d’un certain âge vend café, beignet et autres pâtisseries. « Auriez-vous du thé? » que je demande comme à mon habitude, préférant ce breuvage à un autre si le choix est possible. Lorsqu’il acquiesce, j’en commande un ainsi qu’un croissant au beurre.

Une fois l'appréhension de la rencontre, disparue à l'arrivée de Willow, il restait l'agitation intérieure à l'idée de savoir. Savoir quel était ce secret qu'elle allait si vite lui révéler, mais aussi, savoir qui elle était au delà des quelques mots échangés jusqu'ici. Tout ce qu'il espérait, c'était qu'il reste ce jeu encore, une fois le mystère levé. Quoi qu'il était certain que son secret était qu'elle avait de bonnes sources pour trouver rapidement des informations sur quelqu'un, même si ça restait improbable. Il rit avec elle. « Ça c'est parce que j'espère que tu me réserves une mort douce ! »
« Pourquoi pas! Un café à ce vendeur de rue et je crois que nous aurons tout ce qu’il nous faut pour débuter. » Ils partent alors du même pas en direction du vendeur après qu'il ait laché un « Allons-y ! » enjoué alors que l'odeur de café chaud s'échappait du camion. Il la laisse commander la première, un thé et un croissant. « Un café, avec une pointe de lait et ajoutez quatre doses de sucres... et un muffin, merci. » Une fois leur commande en main, il se hâte de payer, laissant la monnaie, pour se retourner une fois les politesses dites. « Alors comme ça, tu savais des choses sur moi sans que je ne t'ai rien dis... Tu sais que c'est très très injuste, parce que tu n'as pas à poser les questions pour avoir les réponses, alors que moi si ! » fait-il sur le ton de la plaisanterie avant de mordre dans sa pâtisserie, tout en tenant du bout des doigts son gobelet de café. En réalité, poser les questions, ce n'est pas déplaisant pour lui. « Je te suis, c'est toi qui nous guide ! »

« Ça c'est parce que j'espère que tu me réserves une mort douce ! » Je ne relève pas le commentaire, préférant me la jouer mystérieuse. En vérité, je crois que je serais tout bonnement incapable de tuer qui que ce soit. La simple idée d’écraser un animal sur la route me rend malade alors tuer un homme? Non merci. N’empêche, j’aime blaguer sur le sujet et puis, sans toute cette histoire, nous ne serions pas ici, pas vrai? Devant le vendeur de rue, je commande un thé ainsi qu’un croissant au beurre. « Un café, avec une pointe de lait et ajoutez quatre doses de sucres... et un muffin, merci. » J’esquisse un sourire en t’écoutant commander. « Quatre sucres? Alors, tu veux un peu de café avec ce sirop? » Je te taquine bien sûr, chacun sa façon de boire son café, personnellement, je préfère le thé, mais si je n’ai aucun choix, je prends mon café bien noir et bien corsé. Tu payes pour nous deux, petit plaisir que je te laisse puisque c’est flatteur et très gentil avant que nous reprenions notre marche à travers le parc. « Alors comme ça, tu savais des choses sur moi sans que je ne t'ai rien dis... Tu sais que c'est très, très injuste, parce que tu n'as pas à poser les questions pour avoir les réponses, alors que moi si ! » J’esquisse un sourire et fait tourner ma main dans le sens contraire des aiguilles d’une montre au-dessus de mon thé. Un geste subtil que peu remarqueront, mais qui fera à tout coup refroidir le liquide encore trop chaud pour être avalé. « En réalité, je dois tout de même poser les questions…. Juste pas directement à toi. » Je te regarde avec ce même petit sourire sur les lèvres. « Je préfère malgré tout la conversation, c’était surtout pour l’effet tu vois? » Une fourche se présente devant nous et tu ne perds pas de temps pour m’indiquer que tu me suis alors j’écoute mon instinct et prend la gauche vers les jardins fleuris. « Alors.. que veux-tu savoir exactement? » Je croque dans mon croissant en te regardant du coin de l’œil.

« Quatre sucres? Alors, tu veux un peu de café avec ce sirop? » il la regarde de son air malicieux, un sourire en coin. On lui a déjà fait la remarque. Il boit et mange trop de sucres, mais puisque c'est sa seule drogue, il estime ne pas avoir besoin de se passer de bon goût pour l'instant. « Franchement, tu devrais essayer ! » Puis il restait aussi que l'amertume du café était bien masquée sous une bonne couche de saccharose. « En réalité, je dois tout de même poser les questions…. Juste pas directement à toi. » Sa tête fait un quart de tour brusque, les sourcils froncés. Il n'a aucune idée de ce que ça peut vouloir dire. C'est exactement ce que Nicolas pensait initialement. Elle enchaine, lui laisse sa question en suspend. « Ça je dois dire que j'ai été surpris que tu saches... ce dont tu m'as parlé ! » Il rit légèrement. En fait, il n'est pas tellement fier qu'elle sache qu'il a fait le con sur sa seule vraie relation sérieuse, voire, pas fier tout court. Aussitôt, Nicolas reprend. « A qui est-ce que tu poses des questions ? » il sourit, ne sachant trop quel nom elle allait lui donner, si elle pouvait révéler ses sources.
Ils prennent sur la branche de gauche, lui, marchant du même pas à ses côtés. « Tout ? » répond-il sur un air d'humour.  Deux questions lui brûlent les lèvres, il prend la seconde. « Ca fait longtemps que tu es seule ? Enfin, je te demande ça, mais tu ne l'es peut-être pas ! » fait-il pour question implicite en touillant son café.

« Ça je dois dire que j'ai été surpris que tu saches... ce dont tu m'as parlé ! » Je souris à mon tour, utilisant ce même petit air malicieux que toi lorsque je t’ai parlé du sucre dans ton café. « A qui est-ce que tu poses des questions ? » Je me mordille un peu la lèvre et prend une gorgée de mon thé désormais suffisamment froid pour être avalé sans perdre mes papilles gustatives au passage. « Pas qui, plutôt quoi. J’utilise plusieurs techniques, notamment le tarot et le pendule. » Je te regarde un instant et détourne finalement le regard. Je n’ai pas peur du jugement des autres et n’ai certainement pas besoin que tout le monde accepte ce que je suis et ce que je fais. Disons plutôt qu’il y a toujours ce petit moment embarrassant qui suit mes révélations et que je me prépare d’avance à un rejet plus que commun.

Nous marchons lentement et je te demande ce que tu veux savoir exactement. Après tout, c’est pour ça qu’on est là, non? « Tout ? » Je ris un peu et te regarde à nouveau. « Ça fait longtemps que tu es seule ? Enfin, je te demande ça, mais tu ne l'es peut-être pas ! » Aah.. ça. « C’est gentil de ne pas assumer, mais c’était une supposition légitime considérant que nous avons matché sur Tinder. Je n’y serais pas si j’étais en couple… Et pour répondre à ta question, je suis seule depuis plus de deux ans maintenant. » Voir même plus, mais à quoi bon compter?