What Am I supposed to do ? ► Kario

Un sms envoyé, un sms de trop. Encore une fois, je ne sais pas ce qu’il me prend. Je pense en permanence à Aliénor et c’est à Kara que j’écris, en lui disant que j’ai besoin de la voir, envie de la voir ? Je suis fichu, complètement fichu. J’ai envie de la retrouver et en même temps, je n’ai absolument pas envie de la voir. Pourquoi ne puis-je pas reprendre la vie que j’avais avant Aliénor, avant le retour de Kara ? Deux filles qui ont pris possession de mon esprit et il va falloir que je fasse un peu d’ordre dans ma vie. Bordel, je ne suis pas ce qu’elles veulent que je sois, je ne suis pas quelqu’un qui est fait pour l’amour et Kara le sait très bien puisqu’elle est partie au bout de six années. Je soupire et fini un rapide croquis avant de fermer le salon. J’y suis resté toute la soirée, ne voulant pas rentrer chez moi et préférant finir tout ce que j’avais à finir. Et bien évidemment, je n’ai pas résister à faire un autre dessin, qui n’avait aucun rapport avec ce que je devais faire pour les deux clients que j’ai eu aujourd’hui. Clope rapidement au bec, je n’ai pas envie de rentrer ce soir. Je jette un rapide coup d’oeil à ma montre et il est presque deux heures. Je ne sais pas pourquoi mais ce soir, je vais encore jouer les cons. Mes pieds ne vont pas du tout dans la direction que j’ai envie de prendre. Non, je ne retrouve à prendre le chemin qui me mène directement au lieu de travail de mon ex petite amie. Je connais l’endroit ou elle bosse, j’y vais quelque fois quand je me fais chier et que j’ai envie de boire un peu. J’y passais pas mal de temps avec Thalia avant qu’elle ne se barre je ne sais où et qu’elle ne revienne pas. Aucune nouvelle de tout l’été, c’est comme si elle s’était envolée depuis notre dispute sur la plage et qu’elle m’avait avoué avoir des sentiments pour moi. Je soupire et secoue la tête. Trop de femmes pour un seul homme. Et pourtant, ce soir, j’ai décidé d’aller voir celle que je ne devrais absolument pas retrouver. Adossé au mur, à l’arrière du bar, j’attends que la jeune femme ne sorte. Est-ce par là qu’elle sortira ou bien par devant ? J’espère que ce sera à l’arrière. Je ne mets pas longtemps pour avoir la réponse à ma question puisque je vois une tête blonde sortir rapidement par la porte de derrière. Je tire la dernière taffe de ma cigarette et en allume une nouvelle. La nicotine aura raison de moi.  Qu’est ce que çà fait de moi alors ? demande-je à la jeune femme en sortant de la pénombre et en m’approchant d’elle qu’est ce que çà fait de moi maintenant que je suis là ?

Je mets fin à ma conversation avec Rio par SMS, en rangeant mon téléphone dans mon sac, à l'arrière du bar. J'ai un peu trop abusé de mon temps de pause, largement dépassé. Je n'ai pas trop l'espoir de le voir débarquer au bar non plus. Je n'ai pas oublié ce qu'il m'a dit, comment il m'a accueilli à « son appartement ». La froideur dans le ton de sa voix, son air glacial, son regard haineux qu'il m'adressait. Il me déteste, je le comprends. Je ne suis pas revenue pour foutre la merde pourtant, simplement pour reprendre mes études. Malgré tout... Bordel, c'était tellement bizarre de le revoir. Je n'ai rien oublié des traits de son visage, ces traits magnifiques qu'il m'arrivait de dessiner. Je pouvais passer des heures à le regarder, à graver dans ma mémoire chaque détail de son corps, de sa peau. 2 ans sont passés, et pourtant, les sensations que j'ai ressenties il y a quelques jours face à lui, sont identiques à ceux d'avant. La boule au ventre, le coeur qui se sert lorsque je vois son air triste. Les battements de mon coeur s'accélérant dès l'instant où il a touché ma main pour m'aider à me relever. Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit suivante, revoyant sans cesse son visage dès que j'osais fermer les yeux. Je regrette mon départ, mais c'est ainsi. Je suis de retour à présent, et je constate que j'ai toujours des sentiments pour Rio. Que mes sentiments n'ont jamais cessé, et ce malgré tout ce temps passé loin de lui. Quant à lui... Je ne sais pas. Je pensais réellement qu'il avait tourné la page, surtout avec toutes les rumeurs que j'ai entendues à son sujet depuis que je suis de retour à Boston. Je pensais qu'il voulait vraiment m'oublier et ne plus me voir. Alors pourquoi ces messages ce soir ? Je préfère chasser ces questions dans un coin de ma tête pour le moment. J'ai des clients à servir, et un boulot à assurer pour encore quelques heures. Je pourrais y penser pleinement plus tard s'il se pointe.
Mais il ne se pointe pas. Les clients passent, défilent devant moi, mais il n'y a aucune trace de Rio. On commence doucement à chasser les quelques clients qui traînent, et souhaite faire la fermeture. Les quelques fidèles, qui essaient de m'offrir un verre pour la fin de mon service. Mais je décline gentiment. Pas ce soir. Je n'ai pas la tête à cela. J'ai plutôt hâte de rentrer et d'effacer les messages de Rio. Je récupère mes affaires à l'arrière et souhaite une bonne nuit à mon collègue, avant de pousser la porte pour sortir par le fond. J'avance de quelques pas, et me retourne en ne pouvant m'empêcher de sursauter en entendant une voix. La sienne. Il est venu.... Attend-il ici depuis longtemps ? « Un homme incompréhensible, je dirais. On commence doucement à chasser les quelques clients qui traînent, et souhaite faire la fermeture. Je me tourne complètement vers lui pour lui faire face, une main posée sur mon sac que je m'apprêtais à ouvrir pour prendre les clés de ma voiture.« Un homme incompréhensible, je dirais. » » Dis-je en ne pouvant cacher la surprise dans ma voix. . « tu as changé d’avis ? Tu n’as plus envie de me voir disparaître de ta vie ? »

Les échanges de sms avec Kara ne sont finalement pas très glorieux. Je ne sais pas pourquoi je lui ai envoyé ces sms alors que je lui ai bien fais comprendre que je n’avais plus envie de la voir et que je ne voulais plus jamais lui parler. Mais comment tirer un trait sur 6 ans de relation, qui aurait pu finalement être 8 années si elle n’était pas partie comme une voleuse. Je regrette mes paroles, même si je ne les pensais absolument pas mais je regrette de lui avoir dis ce genre de choses. C’était ma petite amie depuis des années, c’était vraiment la femme que j’aimais et que j’aime toujours je pense. Quand elle était en face de moi, je sentais mon corps réagir, je sentais qu’il y avait encore quelque chose, que je ressentais encore quelque chose pour elle et qui n’était pas de la colère. Elle me dit qu’elle bosse dans un bar, un bar que je connais bien d’ailleurs puisque j’y allais souvent quand j’avais envie de boire un verre, mais je ne sais pas si j’aurais le coeur à y retourner maintenant que je sais qu’elle y travaille. Elle aurait pu avoir tous les boulots qui existent ici mais non, il a fallu qu’elle trouve une place ici. Je soupire. Je suis vraiment perdu. Je ne sais pas si je dois venir la retrouver après son travail ou si je dois tout simplement continuer à faire ce que j’étais en train de faire. Je ne suis pas chez moi, trop absorbé avec tout ce que j’ai à faire au salon de tatouage. Tout le monde est déjà parti depuis bien longtemps et je n’ai pas regarder mes heures. Je ne regarde jamais le temps que je passe ici. Je n’ai pas envie de rentrer chez moi et je préfère faire un détour pour retrouver Kara. Je sais qu’elle ne va rien comprendre à mon comportement, mais je pense qu’elle peut comprendre que je puisse être vraiment paumé. Je ne sais pas si elle va sortir par l’arrière comme la plupart de ses collègues, je ne sais même pas si elle va s’arrêter lorsque je m’approcherai d’elle. Mais de toute manière, je suis ici, et je ne peux pas faire marche arrière. Je la vois. Elle est là, avec sa longueur chevelure blonde. Cette chevelure que je connais tant et celle dans laquelle j’aimais mettre mes mains. Elle me répond que je suis un homme incompréhensible. Je fronce les sourcils. Incompréhensible ? lui demande-je avec un petit sourire. je n’aurais pas du changer d’avis ? lui demande-je lorsqu’elle me demande si j’ai changé d’avis je n’aurais pas du te parler comme çà, je suis désolé. J’étais en colère, je le suis toujours un petit peu, mais… mais si je pouvais juste te prendre dans mes bras aurais-je aimé lui dire. mais j’ai pas envie que tu disparaisses encore une fois de ma vie lâche-je alors en la regardant dans les yeux tu as un moment ou pas ? je n’ai pas envie qu’elle s’en aille, je n’ai pas envie de rentrer sans elle.

La surprise se lit clairement sur mon visage lorsque j'entends sa voix s'élever des ténèbres, derrière moi. Je me retourne lentement pour lui faire face et le regarder s'avancer vers moi. Dans ce petit coin d'ombre, il est totalement passé inaperçu lorsque je suis sortie du bar. Je suis soulagée que ce soit lui et pas un détraqué voulant m'agresser. Mais je ne peux pas affirmer non plus que je suis heureuse. Je ne sais pas ce qu'il me veut. Je l'ai trouvé bizarre dans ses SMS, ne sachant pas ce qu'il attend de moi, je reste malgré tout méfiante à son égard. Je n'oublie pas les mots qu'il m'a dit. Ainsi que ceux qu'il a dit à Philippa à mon sujet. Mais cela n'explique pas pourquoi il s'est soudainement souvenu de moi. Qu'il a été fouillé dans son téléphone pour retrouver mon numéro, parmi tous les numéros de femmes qu'il a. C'est principalement pour cela que je lui ai proposé de venir me retrouver ici. J'ai également besoin d'avoir des réponses à mes questions. Savoir ce qu'il attend de moi à présent. Oui incompréhensible. Rio a changé, je ne peux pas dire le contraire. Et ce soir, j'admets que je ne le comprends plus du tout. « Tu as toujours le même sourire en tout cas. » dis-je en lui adressant à mon tour un léger sourire. Ce sourire m'a toujours fait craquer. Cela et ses yeux sombres. Rio a ce regard expressif, tellement rare. Chacune de ses émotions passent dans ce regard. Je n'ai pas besoin de voir des larmes couler de ses yeux pour savoir qu'il est triste et malheureux. Je n'ai pas besoin de voir ses dents blanches, pour savoir qu'il est en train de rire aux éclats. « Si tu es encore en colère... » dis-je en m'avançant vers lui. «...tu n'as pas peur de tout gâcher en venant ici ? »moi je n'ai pas peur, je n'ai rien à gâcher. Je n'hésite pas à m'approcher de lui. Si réellement il a encore des sentiments pour moi, il devrait lui aussi ressentir quelque chose. « Empêche-moi de repartir dans ce cas. » dis-je avec un sourire au coin des lèvres, me retrouvant à présent à quelques centimètres de lui. Je sens mon coeur tambouri-ner dans ma poitrine, tout contre mes côtes, prêt à s'en échapper. Je suis même surprise qu'il ne l'entende pas lui-même. J'aimerais tellement m'approcher davantage de lui, sentir sa peau contre la mienne. Pouvoir respirer à pleins poumons son odeur. Me laisser simplement aller dans ses bras et d'effacer ce qui s'est passé. « J'ai prévu d'aller quelque part en fait... mais tu peux m'accompagner si tu y tiens... » dis-je avec un haussement d'épaule et un sourire amusé aux lèvres. Est-ce qu'il me fait encore assez confiance pour me suivre ?

Je ne savais pas si je devais réellement venir, je me suis posé la question pendant quelques minutes, mais je me devais de venir la retrouver. Si elle me demande pourquoi, je ne sais pas si je serai capable de lui donner une réponse mais il va bien falloir que je trouve quelque chose. La revoir m’a vraiment fait bizarre, j’ai eu un pincement au cœur bien que je fusse vraiment très en colère de la voir débarquer ainsi. Comment aurais-pu réagir de toute manière ? Je n’aurais jamais pensé que la jeune femme puisse venir directement me retrouver à l’appartement pour récupérer ses affaires après deux ans de silence radio. J’avais presque tout jeté, par colère, plus que par revanche d’ailleurs. Son numéro ? Je le connais encore par cœur. Je n’aurais jamais cru le connaitre encore. Je l’avais effacé lorsqu’elle était partie sans me donner aucunes nouvelles. Mais je l’ai. Dans ma tête. Il a toujours été inscris dans un coin de ma tête et je ne pourrais jamais m’en débarrasser. Elle a toujours été importante pour moi et les souvenirs ont ressurgis d’un coup. Nous avons passés six années ensemble, et il n’est pas aussi simple de les oublier. Mais comment les oublier si ce n’est les mettre dans un coin de sa tête et attendre que le temps passe pour arrêter d’y penser. Depuis qu’elle est de retour, je ne sais pas comment je me sens. Je ne sais même plus où donner de la tête. Je la regarde dans les yeux lorsqu’elle me dit que j’ai toujours le même sourire. Avec elle, j’ai toujours eu beaucoup plus de facilité à sourire qu’avec n’importe qui d’autre. Avec elle, je souriais quand nous étions ensemble ou bien en groupe. Mais, j’ai perdu ce sourire, il y’a bien longtemps. Lorsqu’elle est partie. Il a disparu pourtant lui dis-je alors en la regardant. Elle peut le voir dans mon regard. Elle a toujours tout vu dans mon regard. Je ne suis pas du genre à mentir, je ne peux même pas mentir. Tout se passe dans mon regard. Toutes les expressions. Et elle peut tout voir, elle a toujours réussi à tout voir. Je ne suis pas venu pour me battre avec toi lui dis-je alors qu’elle pense que je suis encore en colère gâcher quoi ? je la regarde et lui souris. Elle s’approche de moi et me dis de l’empêcher de repartir je suis là non ? lui demande-je sans savoir ce que je voulais réellement. Elle revient et je ne sais pas quoi faire. Mais elle a mis mon esprit et mon cœur à l’envers. Elle me retire de mes pensées lorsqu’elle me dit devoir aller quelque part. Je fronce les sourcils. ou vas-tu ? je vais de toute manière la suivre. Je me souviens encore des conneries que nous avons pu faire tous les deux, en plein milieu de la nuit.

Je n'ai jamais aimé les films romantiques, où lorsque la jeune femme revient d'une longue absence, il lui suffit de se prendre au cou de son petit-ami pour que tout soit oublié. L'oubli, c'est quelque chose que l'être humain ne contrôle pas, tout comme la mémoire. On mémorise ce que l'on ne souhaite pas forcément, comme les paroles d'une chanson à la place d'une leçon d'histoire. Mais l'on n'oublie pas ce que l'on veut. Rio a certainement voulu m'oublier, m'effacer de sa mémoire, mais il en est incapable. Et je suis aujourd'hui devant ses yeux pour lui montrer, lui prouver son incapacité à me faire disparaître. Il a eu beau jouer avec toutes les filles d'Harvard pendant 2 ans, je reste malgré tout présente dans son coeur. « Pourtant, il est bien de retour sur tes lèvres... tout comme moi devant toi. » dis-je avec un haussement d'épaule en continuant de m'avancer vers lui. Peut-être que son sourire est trop timide pour apparaître lorsque d'autres personnes sont là. Je suis une des rares personnes à qui il ose encore sourire, avec qui il ose être lui-même. C'est un privilège que je n'ai pas l'intention d'abandonner de sitôt non plus. Je fronce légèrement les sourcils lorsqu'il me dit qu'il ne veut pas se battre avec moi. « Heureusement, je finirais vite le cul par terre. » dis-je en riant. Loin de moi l'idée de me battre avec lui. Déjà parce que j'aurais beaucoup de mal à garder mon sérieux avec lui, surtout s'il me touche... et puis, j'ai la force d'une mouche. « Le peu de sympathie que tu as à mon égard. » dis-je en haussant les épaules, mettant les mains dans les poches arrières de mon jean. C'est un risque qu'il prend en venant ici alors qu'il ressent encore de la rancune envers moi. Passer du temps avec une personne contre nous avons envie de passer nos nerfs, risquent fort de dégrader davantage la relation. « Et qu'est-ce que cela signifie vraiment ta venue ici ? Pourquoi tu n'es pas entré dans le bar pendant mon service ? »demandai-je, tout de même curieuse de savoir pourquoi il m'a attendu ici à l'arrière, sans être sûre que je sorte vraiment par là. « J'ai plutôt l'impression que tu ne sais pas ce que tu fais... » Une excuse pour dire qu'il est malgré tout venu, sans pour autant être sûr qu'il me croiserait ici. Peut-être espérait-il même ne pas me voir. Je souris largement lorsqu'il me demande où je compte partir. « Je vais me détendre après une dure soirée de boulot. » dis-je simplement, avant de me détourner de lui. Je continue mon chemin dans la ruelle sombre, jusqu'à ma voiture garée au bout de l'allée. « Tu montes... ou on se dit au revoir ? » dis-je déverrouillant ma voiture par une simple pression du dos sur le bouton de commande à distance. C'est une invitation qui ne se représentera peut-être pas. Après tout, moi non plus je ne sais pas trop ce que je fais le concernant... Mais j'aime ça, et j'ai hâte de voir la suite.

Depuis plus de deux ans, je mets tout en œuvre pour ne plus penser à Kara. Elle m’a brisé le cœur, et j’ai fait abstraction de notre histoire, de son départ une fois que relevé et prêt à reprendre ma vie en main. Ma mère m’a beaucoup aidé, toujours présente pour moi, nos discussions ont été révélatrices et m’ont remis sur pied. Dans quel état ? Je ne sais pas, il y a quand même pas mal de choses qui ont changés depuis que la jeune femme est partie. Moi-même, j’ai beaucoup changé et je pense que ce sera quelque peu difficile de me remettre dans le chemin dans lequel j’étais avant. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, je ne suis pas là pour me prendre la tête avec la jeune femme. Au contraire, depuis que nous nous sommes revus, ma colère envers elle, s’est un peu estompée laissant place aux sentiments que je pouvais avoir pour elle avant. Je ne sais pas exactement pourquoi, ni même comment, mais une chose est sure, j’ai envie d’en avoir le cœur net. arrête… soupire-je, mais avec un petit sourire sur les lèvres, malgré moi. Oui, quand j’étais avec elle, quelques anciennes habitudes revenaient finalement. je n’ai plus l’habitude de sourire depuis longtemps tu sais alors çà me fait encore tout drôle de sourire face à la jeune femme. Je me retrouve même à être trop vulnérable avec elle, une différente personne de celle que je peux être avec tout le monde depuis plus de deux ans. Elle se tente à une petite blague, et je ne peux m’empêcher de sourire, encore une fois. Les anciennes habitudes reviennent bien plus vite que les nouvelles habitudes que l’on peut prendre. Je ne pourrais pas faire de mal à ton beau petit cul tu le sais rétorque-je en laissant même un petit rire passer la barrière de ma bouche. Je n’ai jamais été violent avec une femme, je n’ai jamais levé la main pour tenter de frapper une femme et je ne le ferai jamais. Je ne suis pas du genre violent, en général de toute manière. Kara.. commence-je avant de m’arrêter rapidement. Tu sais que je ne pourrais jamais te haïr finalement. C’est trop compliqué maintenant que tu es de retour je n’ai jamais été aussi sincère avec quelqu’un. Mais je ne vais pas lui dire que pour l’instant, elle est juste en train d’embrouiller un peu plus mon cerveau car je ne sais plus où donner de la tête. Kara, Olympe, et moi qui pensait que je garderais ma petite routine et les plans d’un soir. C’était sans compter sur les deux ravissantes femmes que j’avais à présent dans ma vie. Une était de retour, et l’autre avait fais un grand bond en avant dans ma vie. Je ne sais pas ce que ça signifie. Du moins… je n’avais pas envie de rentrer dans le bar et je suis arrivé quelques minutes avant que tu ne sortes de toute manière. et je préférais clairement fumer une petite cigarette avant de la retrouver. j’avais juste envie de te voir… et elle, est-ce qu’elle voulait vraiment me voir ? est-ce qu’elle pense à moi ? A nous ? Oui, je ne sais pas ce que je fais. Tu me troubles, entre autres. j’ai toujours été très honnête avec la jeune femme, du moins, j’ai toujours dit les choses qui me venaient, sans aucun filtre. et quelle est ton activité pour te détendre ? lui demande-je alors que j’avais ce petit sourire en coin qu’elle devait si bien connaitre. Je la suis, nous sommes face à sa voiture, lorsqu’elle me demande si je monte ou si on se dit en revoir. Je me rapproche de la jeune femme Est-ce que tu veux que je monte ? lui demande-je car j’en avais très envie.

Longtemps...J'ai l'impression d'appartenir à un lointain passé lorsque je l'entends prononcer ce mot. Deux ans, cela peut sembler long et pourtant, rien ne semble avoir changé lorsque je me retrouve face à Rio. Je nous revoie heureux, riant devant la télévision, chantant à tue-tête les chansons passant à la radio dansant longuement durant le bal de fin d'année d'Harvard. Tous ces souvenirs, je ne souhaite pas les effets, mais je souhaite malgré tout tourner une page. Tourner la page de mon départ. Je suis revenue pour prendre un nouveau départ à Boston. Je savais que Rio souhaitait avoir des explications sur mon départ, ce pourquoi j'ai tenu à venir récupérer mes affaires en personne. Ce fut dur de me retrouver face à lui, mais c'était nécessaire. Mais maintenant, je veux mettre tout cela de côté... et pourquoi pas reprendre à zéro avec lui. « Dans ce cas, passe davantage de temps avec moi. J'adore te voir sourire » dis-je avec un petit sourire. Oui, il est bien plus beau avec un sourire aux lèvres, plutôt qu'avec son air sombre et mystérieux. Ce sourire, je l'aime. J'aimais me réveiller aux côtés de Rio, qu'il soit la première personne que je vois, la dernière personne que je vois avant de fermer les yeux. Notre vie à l'appart' était un véritable conte de fée, même nos chamailleries finissaient en véritable moment de fou rire et de bonheur. « C'est plus facile de haïr un fantôme... » dis-je avec un haussement d'épaule en détournant le regard. Un fantôme, voilà ce que j'étais durant deux ans pour lui. Un fantôme qu'on arrive facilement à oublier.Lorsque le fantôme revient en chair et en os, il devient plus difficile de faire comme s'il était transparent. J'ai essayé de me rendre le plus invisible possible depuis mon retour. Je n'ai pas croisé le chemin de Rio à l'université, je ne l'ai pas vu une seule fois franchir les portes du bar derrière nous, et pourtant, il est en face de moi à présent. Ce n'est pas moi qui l'ais contacté ce soir, c'est bel et bien lui qui a composé mon numéro, qui s'est décidé à envoyer le premier message, pour une raison que j'ignore encore et qu'il semble également ignorer. Et vu sa réponse, oui il est perdu, tout autant que je l'étais il y a encore quelques temps. Perdu entre mon envie de revenir et cette peur qui me tenaillait le ventre à l'idée de le revoir. « Moi aussi je voulais te voir mais... » tu as tellement changé, toutes ces rumeurs que j'ai entendues sur toi m'ont fait douter de mes envies, m'ont fait douter de mes sentiments pour toi. Après tout, ces sentiments, je les ressentais pour Rio Vaz, et peut-être pas pour le Rio que tu es devenu. Je garde ces pensées dans mon esprit, n'étant pas prête pour lui faire cet affront et en subir les conséquences. « Rio... tu es le mieux placé pour savoir que dans ces cas-là, il ne faut pas réfléchir. Comme lorsque nous dessinons... c'est l'émotion qui l'emporte. Le coeur gagne toujours face au cerveau... »c'est ainsi qu'il faut vivre, le coeur a ses raisons que la raison ignore... Je préfère me fier à mon coeur qu'à mon cerveau... le cerveau choisi le plus rationnel, pas le meilleur. Tout en me rapprochant de ma voiture, je me retourne vers lui face à sa question, un sourire amusé aux lèvres tandis que je marche quelques secondes à reculons pour le regarder. « Un bain de minuit... » ou un bain de 2h du mat', comme il préfère l'appeler. Qu'il soit intéressé ou non, ça ne m'empêchera pas d'y aller seule. J'ai toujours aimé mes escapades nocturnes... Déjà enfant chez mes grands-parents, je n'attendais jamais mon frère pour partir... s'il m'accompagnait tant mieux... Sinon tant pis pour lui. C'est de même pour Rio. Je le regarde s'approcher. Ne t'approche pas trop près s'il te plaît, je risque de perdre mes moyens. « Oui.. » dis-je dans un souffle en le voyant continuer à approcher. « Viens avec moi chat... »

Je ne pense pas qu’elle sache à quel point j’ai souffert de notre séparation. Ou du moins, de son départ précipité. Sans elle, j’étais comme complètement perdu. J’avais perdu mes repères, j’avais perdu mes habitudes, et je me sentais horriblement seul. J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre mais depuis, j’ai trouvé une solution. Coucher avec toutes les femmes que je pouvais mettre dans mon lit. Et j’avais trouvé quelque chose de sympathique dans le fait d’être seul. La solitude était devenue ma maitresse, et j’étais beaucoup plus tranquille depuis. Quelques femmes avaient tout de même essayé de faire de moi leur petit ami mais c’était sans compter le fait que je sois très têtu. Impossible d’être le petit ami de quelqu’un depuis Kara. Je n’en avais absolument pas l’envie, et j’étais très bien comme çà désormais. Plus personne ne me prendrait mon cœur, et je ne souffrirai plus pour une femme. Mais je n’aurais jamais pensé que Kara puisse revenir. Mais, je n’avais rêvé, et la jeune femme était bel et bien revenue. Ce retour, je l’ai très mal vécu, et pourtant, j’avais très envie de la revoir, de la retrouver. C’était tellement confus dans ma tête depuis son retour, depuis qu’Aliénor était dans ma vie. Trop de choses se passaient sous mon nez pour que je puisse passer un moment tranquille. Elle veut que je passe plus de temps avec elle pour que je puisse sourire c’est tout de même compliqué Kara lui dis-je encore un petit peu sur la réserve. Mes émotions me jouaient des tours. Je pouvais passer du sourire, à la froideur depuis que j’étais arrivé face à la jeune femme. Je ne savais pas encore sur quel pied danser mais j’allais bien finir par retrouver un équilibre dans tout ça. Effectivement, elle a raison, c’est bien plus facile de haïr quelqu’un qu’on ne voit pas en face de soi que quelqu’un qui revient dans notre vie. J’étais tellement en colère la dernière fois que nous nous sommes vus, parce qu’elle est revenue comme çà, sans rien dire, pensant que j’allais l’accueillir les bras ouverts. Pourtant, aujourd’hui, j’ai vraiment envie de la voir et de passer du temps avec elle. J’ai même le sourire, c’est pour dire. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans ma tête, mais pour l’instant, je n’ai pas du tout envie d’y réfléchir. Je ne sais pas ce que je veux, du moins par pour ce qui est de ma vie sentimentale en tout cas. Et si je pouvais tout simplement m’amuser, en profiter pour l’instant ? Je suis complètement perdu et elle le voit bien. Je sais que j’ai changé, mais c’était seulement pour ne plus souffrir. Le cœur gagne toujours ? en es-tu vraiment certaine ? lui demande-je en la regardant dans les yeux écoute Kara, je n’ai pas envie de trop réfléchir pour l’instant, j’ai juste envie de te voir, et je sais que toi aussi du coup, ne pensons pas au reste, tu veux bien ? j’ai la même voix que celle que j’avais avant quand je sortais encore avec la jeune femme. Elle m’explique alors qu’elle veut se faire un bain de minuit. Je souris… c’est ma spécialité. J’en ai tellement fait. Je me rapproche de la jeune femme, doucement mais assez proche pour qu’elle voit que j’ai envie de venir avec elle. Elle utilise de nouveau ce surnom… mon cœur se serre, je dois l’admettre. ce surnom… souffle-je avant de me rapprocher encore un peu plus de la jeune femme pour finalement partir et prendre place côté passager. Je ne peux pas faire ça…

Apprendre à aller de l'avant. Relever la tête lorsque nous sommes tombées. La vie est comme ça, pleine d'obstacles, d'embûche que nous devons surmonter. Et notre couple n'a pas réussi à surmonter l'une d'entre elles. De ma faut bien-sûr, j'en assume la responsabilité mais c'est ainsi. Il y a toujours un responsable et un qui subit dans une rupture. C'est bien rare les ruptures d'un commun accord. Mais s'il est venu ce soir, c'est bien pour une raison, comme quoi la colère qu'il ressent à mon égard semble moindre par rapport aux sentiments qu'il a pour moi. Je ne sais pas non plus comment je dois réagir face à lui. Je ne peux m'empêcher de lui sourire, heureuse de l'avoir en face de moi. Oui j'aimerais passer plus de temps avec lui, recommencer à zéro avec lui, reprendre tout, comme le premier jour où nous nous sommes rencontrées. Je sais que ce n'est pas évident, mais au fond, c'est ce que j'aimerais. Commencer une nouvelle histoire avec lui, et voir ou cela va nous mener.... « Nous deux, ce sera toujours compliqué de toute façon. » dis-je en haussant les épaules. On ne peut pas faire comme si de rien n'était, comme si nous n'avions pas vécu 6 ans en couple. Soit on décide de laisser cette histoire de côté, soit on mène une guerre qui aurait quel but ? Je ne sais pas, mais je n'ai jamais été une guerrière pour ma part, plutôt le genre à regarder les conflits de loin, les bras croisées. « Oui... et j'ai toujours raison. » dis-je avec un sourire aux lèvres. Le coeur gagne, même dans les moments difficiles, surtout ces moments-là. Qu'est-ce qu'il croit ? Que mon départ était une décision réfléchie ? Non c'est mon coeur qui m'a dit de fuir, de trouver un refuge quelque part où je pourrais, simplement me reposer, oublier toutes ces histoires. Et justement, il y a des conséquences, je regrette d'être partie, mais ça n'empêche que c'est toujours le cerveau qui doit fermer sa gueule à ce moment-là. « Je vais essayer de ne pas te faire regretter ton choix dans ce cas. » dis-je un sourire éclatant sur le bout de mes lèvres. Je me tourne ainsi vers la voiture , prête à prendre place derrière le volant pour l'emmener dans un lieu inconnu, pour lui faire vivre une de ses nombreuses aventures dont je suis la seule à avoir le secret. Celle qui nous permet de vivre pleinement, d'ancrer dans nos mémoires ces souvenirs impérissables. Mais avant, je dois m'assurer qu'il accepte de venir avec moi, qu'il ne le fait pas contre son gré. Il me connaît, je n'ai pas la même notion du danger que la plupart des personnes non plus. Il se rapproche, près de moi, trop près de moi. J'ai le souffle coupé à l'idée de voir son corps si proche du mien. Je n'ai qu'une seule idée en tête, poser ma main dans le creux de sa nuque et rapprocher mes lèvres des siennes pour l'embrasser. Mais avant même que j'ose faire un mouvement, de me reculer de lui avant que cette idée devienne réalité, il a déjà fait demi-tour pour monter dans la voiture. Je me mordille légèrement la lèvre, replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant de prendre moi aussi place derrière le volant. « Attaches ta ceinture » dis-je simplement, bouclant la mienne avant de mettre le contact et de prendre la route.

Je stoppe la voiture sur une route à l'écart de la ville. Une vieille bâtisse se dresse quelques mètres devant nous. Sans dire un mot je descends de la voiture, attendant que Rio fasse de même pour fermer. « suis-moi » dis-je en lui prenant doucement la main. Ce simple contact réveille en moi un déluge d'émotions. Je sens mes tripes se tordent en moi tandis que je me fraie un chemin dans la végétation. Je ne veux simplement pas qu'il soit séparé de moi parmi les arbres. Il vaut mieux éviter d'allumer nos téléphones pour nous éclairer, et de nous faire repérer par la même occasion. « On va rentrer par derrière... juste au cas où. » Inutile de lui dire que ce n'est pas chez moi. Il est suffisamment venu chez mes parents pour reconnaître l'endroit et comprendre que ce n'est pas dans mes moyens non plus d'habiter un lieu comme celui-là.