Les retrouvailles fraternelles (le frérot et Meghan)

Peut-être n'était-il pas le bon pour garder ce genre de secret... sûrement. Il était honnête Sullivan et n'aimait pas que les choses soient faites dans le secret. Mais voilà, il avait vu là l'opportunité d'offrir à ses enfants un futur sain et serein, loin de la pauvreté qui pouvait les attendre au tournant. Il s'assurait qu'ils puissent faire de longues études si l'envie leur chantait. Meghan ne semblait pas d'accord avec ça, mais qu'importe, il avait le temps pour qu'elle le soit. « On a pas vraiment eu le temps de faire un débriefing » Son arrivée avait été assez soudaine et Sullivan avait oublié de mentionner quelques points la première fois, sous le choc de ce qui se passait. A présent, il avait la tête froide et peut-être que s'ils se posaient, ils sauraient trouver toutes les informations à savoir pour que le lien soit crédible. Meghan, très suspicieuse, était incapable de lâcher le morceau, cherchant à savoir ce qui poussait Daniel à intégrer la famille Wright pour l'anonymat. « On a besoin de cet argent Meghan » Surtout pour Addison. Son handicap allait être assez difficile à gérer et il allait falloir qu'ils sortent les billets pour l'inscrire à des écoles spécialisées afin qu'elle puisse apprendre à communiquer. C'était comme ça que ça allait fonctionner après tout. Le fait est que s'ils étaient là initialement, c'était pour récupérer les affaires du garçon afin qu'il puisse vivre normalement avec la femme qu'il aime dans son appartement à elle. Il avait encore pas mal d'affaires ici et puis ça permettrait à Sullivan de libérer la chambre pour Daniel, afin qu'il ait un peu plus de confort. Mais il ne faisait rien pour se faire apprécier Daniel, sortant son smartphone dans le but de prendre un selfie. Oui, non. Sullivan coupait court à tout ça. « Tu veux parler à chaud ? Je sais pas si... » c'est une bonne idée. Meghan était assez renfermée pour le coup et la discussion ne semblait pas être dans ses plans. Sullivan était assez diplomate en général, n'aimant pas les conflits. Mais là, c'était difficile à gérer pour lui, parce qu'il connaissait pas assez Daniel pour être de son côté, mais trouvait que Meghan abusait sûrement un chouia trop. Certes, la situation était tirée par les cheveux mais... c'était trop tard pour faire machine arrière de toute façon. « Mets des étiquettes » C'était aussi simple que ça. Les enfants dormaient bien dans la poussette et il relevait le regard vers son "frère". « C'est... un peu comme ça on va dire » Un peu plus compliqué mais Sullivan ne voulait pas vraiment rentrer dans les détails.

puis j’ai le droit d’être méfiante de toute façon. qui ne le serait pas ? y a un mec qui débarque de nul part et qui est prêt à visiblement payer une somme importante pour prétendre faire partie d’une famille qu’il ne connaît même pas. y a quand même de quoi se poser des questions. et je ne comprends pas comment sullivan —ou même les wright— peuvent accepter tout ça sans broncher. avoir besoin d’argent ? ok. être prêt à n’importe quoi pour en avoir ? là par contre, je trouve ça un peu gros. « peut être. peut être pas. » dans quel monde est-ce que j’aurais confiance en toi en un claquement de doigt ? tu dis que ce n’est pas pour nous nuire mais qu’est-ce que j’en sais ? qu’est-ce qui le prouve ? alors tu m’excuseras mais je ne vais clairement pas t’adresser un grand sourire comme si je croyais entièrement à ce que tu pouvais me dire. « si on a besoin d’argent je demanderais à philip. » t’en fais pas, je mettrais ma fierté de côté mais au moins, on sera certains que ça ne nous apportera aucun problème. mais je refuse que tu mêles nos enfants à des histoires louches dont on ne connaît pas le fond. puis tout dans les attitudes de daniel avait le don de m’agacer. que ce soit sa manière de parler, ses sourires agaçants ou la nonchalance dont il pouvait faire preuve comme si j’étais dingue de voir le mal dans tout ça. « t’as rien à faire là. » et ravale tes sourires idiots parce que si tu commences à me chauffer c’est une troisième guerre mondiale que tu vas faire éclater. j’suis la seule à être saine d’esprit dans cette pièce ou quoi ? et je m’accroche à la poussette, prête à déguerpir en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. « ou une autre vie. » que je grommelle toujours aussi fermée. sérieusement sully, comment est-ce que tu peux adhérer à ça ? alors quand il reporte son attention sur notre couple et le pourquoi du comment les choses ont débutés, je rétorque du tac au tac. « j’vois pas en quoi ça te regarde. » je suis sur la défensive, j’y peux rien. j’ai pas envie de te voir ici en fait. ni que tu commences à faire des pop up incessantes dans nos vies. et c’était le moment que choisissait simon pour se mettre à pleurer me coupant net dans mes élans d’agressivité. instantanément, je le sortais de sa poussette le calant contre moi pour le calmer. « tes parents rentrent quand ? »

Meghan était du genre méfiante, du genre ‘on ne m’achète pas’, prête à montrer les crocs si il fallait. Elle était en désaccord avec le choix de son copain et de ses parents, alors je les laissais un instant débattre de l’utilité ou non de mon argent, sentant les tensions monter entre les tourtereaux. Rouquinette évoquait un certain Philip, à tous les coups c’était l’autre guignol de la radio… Bref, je me faisais plutôt petit, les laissant parlementer, il ne serait pas malin d’en rajouter, pour ça aussi que je rangeais finalement mon smartphone remettant à plus tard, comme me le soufflait Sully, le selfie de famille. J’essayais ensuite politesse et convenance, proposant à boire et une petite discussion, histoire de faire ce débrief sur nos lifes, qu’on accorde nos violons tout ça tout ça, mais miss Rouquinette sortait à nouveau les griffes, grommelant avec mauvaise humeur alors que le petit frère, lui, grand diplomate, semblait douter de l’efficacité d’une discussion à chaud. Ha je sentais que j’allais vite l’adopter ce petit. Il me plaisait bien. Je saisis des verres, les posai sur la table en questionnant mes interlocuteurs sur leur love story, chose qui me valut une réponse vague du garçon et un nouveau VTF de la demoiselle. « Elle est charmante, c’est son caractère qui t’a fait craquer frérot c’est ça ? » rigolai-je devant le ton agressif de rouquinette. Mon petit air moqueur disparut néanmoins en entendant les petits cris provenant de la poussette. Quelques secondes de trouble. Un instant, juste un instant, replongé dans mon passé, dans ce qu’avait été ma vie, ce qu’elle aurait pu être aujourd’hui, un voile de nostalgie dans les yeux, regard absent, prunelles bloquées sur cette maman tenant tendrement son bébé contre elle… Le temps d’un battement de cil avant que je me reconnecte, que les fantômes de mon passé ne se dissipent pour me reconnecter au présent, à cette cuisine, à cette discussion. « Mes parents ? » Bordel, fallait encore que je fasse des efforts dans mon rôle moi aussi. « Ils n’ont pas dit d’heure… » J’ouvris alors le frigo pour proposer : « Jus de fruits, soda, eau ? Je vous sers quoi ? »

Il était évident que ce que Daniel offrait aux Wright était bien supérieur à ce que Sullivan avait pu gagner depuis tout le temps qu’il travaillait au Starbucks. Plus encore, la somme à elle seule représentait beaucoup plus que tous les salaires perçus et à percevoir de Sullivan. Oui, c’était vraiment beaucoup d’argent. Et en pensant à Addie qui avait besoin de soins spécifiques, il avait accepté tout ça, dans le simple but de pouvoir subvenir aux besoins de sa fille. « Donc par extension tes parents, que tu n’arrives pas à regarder et appeler “tes parents” » C’était une façon de voir les choses. Mais là, elle ne pouvait pas nier le fait qu’il essayait de se débrouiller tout seul. Il n’était pas forcément des plus sociables alors pour trouver un boulot, un job, c’était pas chose aisée. Le Starbucks avait bien aidé mais là, c’était l’occasion d’avoir plus, beaucoup plus. Pour sa fille, pour eux, pour ses parents. Le combat de coq entre les deux semblait perdurer et Sullivan préférait ne pas prendre parti, dans le simple but d’éviter un conflit qui n’était pas vraiment nécessaire. Il se remettait à peine de la tromperie de Meghan, il n’allait pas enchainer avec une dispute non souhaitée par aucun des partis. Il levait les yeux au ciel face à la réticence de Meghan mais il la connaissait comme ça et savait que ça ne servait à rien d’aller à son encontre, pour ne pas l’énerver encore plus. « C’est une des choses qui font que je l’aime oui » Ou qu’il veuille lui mettre un bout de scotch sur les lèvres. Mais jamais il ne se permettrait de faire ça à la jeune femme alors il se contentait de ne rien dire et la laisser avoir son caractère bien à elle. C’est le moment que Simon avait choisi pour manifester sa présence par des pleurs et Meghan se précipitait pour s’occuper de lui, laissant Sullivan face à Daniel, et il haussait les épaules comme pour s’excuser de ne pas contrôler la situation. Mais quand Meghan demandait quand ses parents rentraient, Sullivan fut pris de court par Daniel et il se renfrognait. Ok, il n’aimait pas partager ses parents Sully et là, c’était l’exemple type où il passait au second plan. « De l’eau ça ira, merci » qu’il finissait par dire, s’approchant de Meghan et du petit, son regard se posant ensuite sur Addison encore en train de dormir. « Tu veux que j’aille m’occuper de mes affaires maintenant ou tu préfères venir avec moi ? » La laisser seule avec Daniel semblait pas être la meilleure idée du siècle, il l’admettait.

j’ai l’impression de totalement patauger dans cette situation, vraiment. et je déteste ne pas comprendre les choses. y a ce type qui sort de nul part et on m’annonce soudainement que je suis censée l’intégrer dans ma vie. faire comme s’il était bel et bien le frère de sullivan et tout ça pour quoi ? j’en sais rien. ce n’est clairement pas parce qu’il donne visiblement un beau chèque que je vais arrêter de me méfier. j’ai pas les réponses à mes questions, je ne pourrais clairement pas prétendre que tout vas bien et me contenter des réponses vagues qu’il peut me donner. « c’était bas ça. » très bas. tu sais que c’est compliqué pour moi, que je suis pas dans la situation la plus facile au monde et t’oses me l’envoyer en pleine tronche comme ça ? wow, congrats. « t’as encore rien vu de mon caractère, j’te le dis. » et t’es pas au bout de tes surprises. dis toi même que t’as carrément de la chance que simon vienne se mêler de tout ça et coupe mes élans meurtriers. « rien, ça va » que je marmonne préférant reporter toute mon attention sur mon fils. rester calme. ouais, surtout rester calme. je prenais place sur le canapé, continuant à le bercer contre moi alors que sullivan revenait l’air de rien. hé frère, tu m’as vexé là, crois pas j’ai oublié en deux secondes. « fais ce que tu veux » je m’en fiche là. tu m’as juste mis les nerfs. puis l’autre aussi.