The girl next door (Reagan & Silas)

Je marchais sur le bord de la mer, sans but précis. Pieds nus dans le sable, je me laisse emporter où mes pas me guideront. Canette de bière à la main, je me laisse bercer par le bruit des vagues, le calme ambiant. Rare sont les fois où la tranquillité se fait ressentir ici. Depuis notre arrivée, il y a toujours du brouhaha et nous ne nous entendons plus penser. Et en général, j’avoue que j’en suis l’initiateur. Sauf qu’aujourd’hui je ne crache pas sur la quiétude. Je décide finalement de me poser sur une roche, près de la mer quelques instants pour faire le vide. Refaire le plein pour ma dernière soirée en Grèce avant mon retour à Boston. Mais c'était sans compter sur toi, assit non loin de moi, en train de lire un bouquin. Quel genre de nana vient lire en vacances ? Je m’approche de toi, mon attitude de tous les jours revenant au galop et m’assied tout juste à tes côtés, regardant les pages de ton bouquin. « Salut ! » Dis-je simplement sans rien d’autres. D’ordinaire, lorsque j’agis de la sorte et que j’entame une petite conversation avec quelqu’un, ils ne savent pas comment réagir. J’étends mes jambes devant moi et me mets à mon aise, comme si nous étions des copains depuis des années, alors qu’on doit simplement se connaître de vu, puisque tu me dis vaguement quelque chose, sans plus. « Belle journée, n’est-ce pas ? » Finis-je par dire, avant de plonger mon regard bleuté sur toi. « Pourquoi tu perds ton temps à lire, alors que t’es en vacances dans un des plus beaux pays du monde ? Pourquoi tu ne profites pas, un peu ? Garde donc ce qui est ennuyant pour Boston. » Bouge, fais quelque chose... Es-tu un petit intello qui ne s'amuse jamais dans la vie ? Tu en fais presque pitié.

J'aimais bien rester dans mon coin. Les étudiants, j'en avais marre. Ils m'insuportaient, pour la plupart d'entre eux. J'aimais pas forcément les soirées, ni les regroupements, ce genre de chose n'était pas pour moi. J'étais bien dans mon coin, à faire de la musique, à lire un livre, à m'occuper avec moi-même. La solitude était parfois ma meilleure alliée. Faut croire qu'aujourd'hui, ce n'était pas le cas. J'avais décidé d'être sur la plage, et de lire. C'était un bon plan, j'avais trouvé ce livre dans une librairie ici et avec la chance que j'ai eu, il était en anglais. Tout était parfait, je bouquinais au soleil, essayant de faire bronzer cette peau beaucoup trop pâle. Dans tous les cas, je ne prendrais pas de soleil, mais c'était toujours bon de prendre un bain de soleil. « Salut ! » je lève les yeux de mon livre, bien que derrière mes lunettes. Je connais ce type. Je m'en souviens beaucoup trop bien. « Belle journée, n’est-ce pas ? » fronce les sourcils, lance un sourire timide, "Hm.. oui ?" je suppose. Ma journée se passait bien, mais à te voir ici, de ton côté, tu dois t'ennuyer. « Pourquoi tu perds ton temps à lire, alors que t’es en vacances dans un des plus beaux pays du monde ? Pourquoi tu ne profites pas, un peu ? Garde donc ce qui est ennuyant pour Boston. » Rigole et secoue la tête alors que je plie mon livre pour le mettre sur le côté. "Silas.." oui, je me souviens. "C'est incroyable, physiquement on pourrait croire que t'a grandis, mais tu sais toujours pas être un gentleman." venir voir une fille pour lui dire que sa vie est ennuyeuse, c'est très dans le jugement. Il y a d'autres manières d'aborder quelqu'un, mais tu dois pas être fort pour ça. Souris à son égard, "Qu'est-ce qui se passe ? Tu t'ennuie ?" tu cherche une occupation ? De quoi jouer ? Tu as le droit, c'est pas bien grave.

Je te regarde, la tête inclinée et fronce les sourcils. Pourquoi tu te moques ? T’as une bulle qui t’as éclatée au cerveau et ça t’fait rire ? « Grandi, non, j’ai pris du muscle et j’suis devenu encore plus beau. T’as vu ? » Ouais, tu l’as vu, c’est impossible de ne pas le remarquer, de toute façon. J’ai la classe et ça je n’y peux rien. Oui, je ne t’ai peut-être pas abordé de la meilleure façon, mais je suis fait ainsi. Le Silas qui prend soin des autres et qui ne fait pas de vague est disparu depuis bien longtemps et bonne chance à la personne qui voudra le faire remonter à la surface. « Si j’mennuie… Ça dépend, tu veux secourir une pauvre âme en peine ? » Je te souris de toutes mes dents d’une façon exagérée, quelques secondes. Quoi ? J’en fais trop ? Tu me connais, non ? Tu sais que j’aime attirer l’attention sur moi. Je sais que ça peu en repousser plus d’un, mais sincèrement est-ce que j’ai l’air à m’en soucier. Je vis ma vie comme je l’entends et au diable ceux qui ne sont pas content. « Mais sérieusement, tu comptes passer ta journée à lire ton roman pour adolescentes ? Tu n'as pas envie de faire autre chose ? » Oui, je m’invite moi-même à passer la journée, ou du moins une partie, avec toi, sans même te demander si tu as quelque chose de prévus ou si ça te tente, tout simplement.

« Grandi, non, j’ai pris du muscle et j’suis devenu encore plus beau. T’as vu ? » Hausse un sourcil, le regarde un peu plus longuement. Plisse les yeux, offre une moue à peine convaincue. Ouais, non, pas vraiment. J'ai pas remarqué, ça m'a pas frappé quand il est arrivé, alors je suppose que c'est pas si flagrant que ça. Une chose est sûre : s'il est là à me parler, à moi, c'est que quelque part, il s'ennuie. Il tournait en rond dans son monde et à voulu venir secouer le mien. « Si j’mennuie… Ça dépend, tu veux secourir une pauvre âme en peine ? » Secoue la tête en riant un peu, ton sourire débile est le plus drôle de tous, "C'est toi l'âme en peine ? Parce que pas vraiment non !" je sais bien que le rire ne va forcément avec la réponse, mais j'y peux rien, sa tête s'approchait du magique. « Mais sérieusement, tu comptes passer ta journée à lire ton roman pour adolescentes ? Tu n'as pas envie de faire autre chose ? » Je souris un peu en haussant les épaules. Quelque part, c'est une attention. Petite, certes, mais ça en reste une, non ? "Non vraiment je suis bien.." puis ferme le livre, commencé à être convaincue, "Autre chose ? Tu propose quoi ?" j'ai rien à perdre, après tout.

Je m’amuse de tes réponses, parce qu’en vrai, t’es une petite coriace. Je dois m’y prendre très mal, puisque d’habitude, les femmes me résistent beaucoup moins que tu ne le fait. C’est peut-être parce que je n’ai pas dans la tête de te baiser comme je l’ai avec la plupart ? En fait, là toute suite, j’ai plus envie de te prendre dans mes bras et de t’envoyer valser dans la mer. Mon sourire s’évapore et je commence à me braquer, je me fais violence pour rester calme et tente une dernière approche, celle de faire autre chose que de lire ton putain de roman. T’as le droit de t’amuser et de prendre du bon temps. Garde tes activités de geek pour chez-toi et profite de la fin de tes vacances, merde ! Lorsque tu me dis que tu préférais rester là, que tu es bien, je soupire. « Ah puis merde, j’abandonne. T’en vaux pas la peine. » Je me lève du sol et au même moment, j’entends ton livre se fermé et me retourne vers toi lorsque tu reprends la parole. « J’sais pas, y’a bien une activité que t’as envie de faire? Un resto, boire un verre, faire un château de sable s’il le faut… de toute façon, ça ne pourra pas être plus ennuyant que de te regarder lire. » Bon… le château de sable, je plaisantais, mais ça qualifie bien le fait que j’ai envie que tu te bouges, j’ai envie que tu profites et puis merde pourquoi ? J’te connais à peine en plus.