andante andante (phisia)

Les étoiles brillent dans le ciel alors que tu marches d’un pas rapide en direction du parking, revigoré par la douche fraîche que tu viens de prendre. T’as eu besoin de te défouler toute la soirée à la salle pour évacuer la frustration que tu accumules depuis ton retour à Boston et qui est montée d’un cran supplémentaire en début de soirée alors que tu te baladais sur Instagram. Même en fermant les yeux, la photo de Marla s’impose dans tes pensées pour te hanter. Te vider la tête à la musculation t’a donc fait le plus grand bien et c’est avec une certaine sérénité que tu t’apprêtes à rentrer chez toi quand quelque chose attire ton attention. À une dizaine de mètres devant toi, tu remarques une jolie silhouette perchée sur des talons hauts, mais qui vacille un peu trop pour qu’on puisse affirmer que tout se passe bien pour elle. En arrivant à sa hauteur tu scrutes son visage et es surpris de reconnaître Asia Ferrari. Tu ne la connais pas personnellement mais tu sais que c’est une amie de Margot et surtout, qu’il s’était passé quelque chose avec Eliot à une époque où la rousse ne faisait pas partie de sa vie. À en juger par sa mine perdue et le relent d’alcool que tu discernes sans aucune difficulté, elle n’est pas au mieux de sa forme. « Hey, ça va ? T’as besoin d’aide ? »  T’es pas très rassuré de la voir se balader seule et ivre en pleine nuit dans les rues du centre-ville avec une robe aussi courte.

@Asia I. Ferrari

Bien sûr que je n'aurais pas du quitter cette bulle qu'est mon appartement, mais c'est bien connu que je fais toujours tout de travers. La solitude a eu raison de moi, et le manque aussi. Je n'ai pas pu résister à l'appel d'aller boire un verre, un seul pour me vider l'esprit. Hélas ce qui ne devait être qu'un seul verre, s'est transformé en deux puis trois et ainsi de suite, brisant ainsi les quelques jours de sobriété. Une bêtise de plus et sans doute pas la dernière de ma minable vie. Ayant besoin d'air, je quitte le bar où j'étais confortablement installée pour aller je ne sais où, là où mes pas voudront bien me mener. Equilibre mis à mal par tous les verres ingurgités, mes pas se veulent peu assurés, et avec des talons aussi hauts, je manque de tomber à de nombreuses reprises. Je me concentre tant bien que mal sur mes pieds pour avancer alors que je ferais mieux de m'arrêter et de prendre un taxi. Solitude troublée par un inconnu en travers de mon chemin, inconnu qui se veut bienveillant sauf que les gars gentils comme toi je n'y crois pas trop. Je fronce les sourcils, te repousse de mon bras, pour continuer péniblement ma marche." Je n'ai besoin de personne. " Le pire des mensonges qui soit. Et j'espère vivement que tu n'insisteras pas pour te la jouer super héros. Il est trop tard pour me sauver.

Il n’est pas dans tes habitudes de te mêler de la vie des autres, de la même façon que tu ne supportes pas qu’on se mêle de la tienne. Si cette fille avait été une pure inconnue, tu ne te serais même pas arrêté. Mais elle ne l’est pas, et plus important encore, elle est liée à des personnes qui sont chères à ton cœur. Tu ne peux donc jouer l’indifférence alors qu’il est plus qu’évident qu’elle n’est pas dans son état normal. Une vulnérabilité dont n’importe quel connard passant dans le coin pourrait profiter, du plus cupide au plus pervers. « Je n'ai besoin de personne. » qu’elle te repousse lorsque tu lui proposes ton aide, visiblement agacée par ton intervention. « Je vois ça. » répliques-tu avec ironie en haussant les sourcils alors que sa cheville tangue dangereusement sur le trottoir. Ivresse ou pas, t’es surpris qu’elle ne se soit pas encore cassée la figure avec des talons pareils. « Asia c’est ça ? On se connaît pas mais j’ai entendu parler de toi par Margot et Eliot, et j’ai vraiment pas envie qu’ils me fassent la gueule parce qu’il t’est arrivé un malheur alors que j’aurais pu l’éviter. » Doux euphémisme, t’es à peu près certain que Margot se ferait un plaisir de te castrer sur le champ si cela devait se produire. « Moi c’est Philip et j’aimerais bien t’appeler un taxi si tu permets. » ajoutes-tu après quelques secondes à soutenir son regard hostile.