(briséis) someone take me home

"Arrête, j’vais finir par croire que tu me dragues Bribri." Eh, Bribri, c’était presque comme Riri. Genre, Rihanna. Mais bon, tu lui ressemblais pas trop, alors je gardais cette remarque pour moi. "Ça sert à ça les potes non?" On s’entraide, on se soutient, on est là les uns pour les autres. Tu cherchais un logement, j’avais des chambres de libres, le calcul était vite fait. Du coup, je prenais un peu mes aises dans ta nouvelle chambre, sur ton lit. J’étais dans un genre de néant cérébral là, à mater le plafond comme s’il détenait la clé des secrets de l’univers. "Non, j’avais pas bu. J’ai vomi genre, comme quand t’es malade quoi." Tu peux rire autant que tu veux mais ouais, c’était vraiment arrivé. Tu abandonnes ton rangement et viens t’allonger à mes côtés. Et suite à ta question, je tourne la tête vers toi, ma main venant attraper la tienne. "Rien. Elle m’a dit ‘Désolée de ne pas t’avoir appelé, j’étais et je suis toujours avec Sullivan, je pense qu’on devrait garder nos distances’." Mais sérieux, j’ai pas eu besoin de plus. J’suis pas un idiot fini, j’savais lire entre les lignes et j’avais compris que ça voulait dire ‘je le choisis lui, pas toi’. Comme Cléo avec Hadès. Comme Vega avec Jaxon aussi probablement. Toujours le second choix. Jamais le gars assez bien, le gars qu’on veut garder. Pire même, on sort avec moi et c’est suite à ça qu’on se rend compte qu’on préfère encore retourner avec son ex. J’suis censé me sentir bien suite à ça moi? "Mais c’pas grave. J’veux dire, c’est pas comme si j’m’en doutais pas. Mais elle m’a fait espérer. Et l’espoir… ouais, l’espoir, c’est la pire chose au monde." Parce que l’espoir amène la déception.

« Oh là ! Malheureux ! Que Dieu me préserve de cela ! » dit-elle en imitant un signe de croix, sur le ton de la rigolade évidemment. « Yep, c’vrai. »  Bribri, elle ferait tout pour ses amis, se plierait en quatre pour les aider ou rien que pour les soulager. Elle donnerait sa vie pour eux, et elle commettrait l’irréparable pour les plus proches d’entre eux, pour sa famille encore plus. Elle avait apprécié être loin de tout, en Asie, loin de tous les problèmes futiles. Mais elle était venue à Cambridge, et les problèmes, les siens, ceux de ses proches, allaient l’impacter d’une manière ou d’autre. « T’es malade d’amour. »  Elle irait pas jusqu’à chanter « la maladie d’amour » mais presque. Elle irait pas non plus se moquer de lui, elle avait vu son père dans de pires états à cause de cette merde, alors elle n’était pas si étonnée que ça. Elliot lui prit la main, tout en se tournant vers elle. Effectivement, il ne fallait pas être ni naïf ni débile pour comprendre que Meghan avait fait son choix, et que ce choix était Sullivan. Elle avait de la peine pour Elliot, parce que l’amour faisait encore une victime, sous ses yeux. Si elle pouvait encore plus haïr l’amour, sa haine aurait encore augmenté drastiquement. Elle ne croyait pas vraiment Elliot lorsqu’il lui disait que c’était pas grave. Si, ça l’était, elle le savait, elle n’était pas naïve. Briséis ne pensait pas que l’espoir était la pire chose au monde, au contraire. C’était une des plus belles choses, c’était l’espoir qui permettait aux gens de se relever, d’apprécier la vie sous un autre angle. C’était ce qui avait permis à son père de se relever. « L’amour est la pire chose au monde. C’est ça qui te fait souffrir, et elle ne t’a pas fait espérer, elle t’a vendu une belle illusion. Peut être y croyait-elle, peut être pas, mais c’était une illusion. » Briséis n’était pas véritablement objective, pas par rapport à Meghan qu’elle ne connaissait mais par rapport à l’amour qu’elle détestait.

"Ehhhh! J’vais me vexer, connasse." Comment ça? Tu me trouves pas attirant? Allez quoi, j’te demande pas de coucher avec moi, loin de moi cette idée. Mais avoue que j’suis quand même beau gosse non? Dis pas non, parce que mon égo — ou du moins, le peu qu’il en reste — prendrait un sale coup. Je ravale ma salive en soupirant à nouveau suite à tes mots. "Ouais, l’amour, il me rend souvent malade faut croire. C’est genre, une bactérie qui me kiffe et ne me lâche pas. Comme les moustiques t’sais, qui sont enclins à piquer certaines personnes plus que d’autres parce qu’elles ont le sang plus sucré ou je sais pas quoi." Ouais, j’m’égare, je divague, faut pas m’en vouloir, j’essaye de penser à tout sauf à cette putain de situation, la rancoeur et le dégoût que j’ressens. L’espoir, c’est moche. Meghan m’en a emplis et maintenant, voilà qu’elle est heureuse avec sa petite famille, qu’elle m’a oublié en deux-deux comme si j’avais jamais existé, comme si rien ne s’était passé entre nous, et c’est moi qui suis misérable de mon côté. Faut croire que putain, j’suis tellement con à ne jamais apprendre de mes erreurs. "Ouais." J’ai rien d’autre à dire de plus en fait. "J’sais que tu viens tout juste d’avoir ta nouvelle chambre et que t’aimerais bien peut-être en profiter mais… tu veux pas dormir avec moi cette nuit?" Comme tout vrai ami, tu sais que j’aime pas dormir seul. Que ce soit sexuel ou pas en fait. Je déteste la solitude, et avec tous les troubles du sommeil que j’ai, avoir quelqu’un à mes côtés, sentir une présence, ça m’apaise. Et ouais, là j’ai bien besoin de réconfort. "S’il te plait?" que je supplie presque, yeux de Chat Potté et tout le tralala. Exceptionnellement, j'garderai même un pantalon de jogging s'il le faut. Allez, dis oui.

« T'vas pas te vexer pour ça Maxwellounet. » Bridélice ne releva même pas le "connasse". Elle sourit en coin. Elliot était beau gosse certes mais ce n'était pas elle qui lui dirait. Son égo allait prendre des proportions énormes, elle voulait éviter. Après il serait telleeeeeement relou. L'était-il déjà ? Non, voyons, bien sûr que non. Bref, ce n'était pas la question. « Ouais, j'vois. J'vois très bien. » À l'instant même où elle ferma les yeux, le visage de son père lui vint en tête. Puis celui de sa mère. Son aversion pour sa génitrice, le désespoir de son père, tout ce qui s'était passé lui revint en tête. Elle ne pardonnerait pas les responsables, ceux qui abandonnaient leur moitié. Elle détestait l'amour et toutes les conséquences que cela entraînait. L'amour pouvait aller au diable, elle s'en foutait. Par contre, Briséis aimait l'espoir, c'était ce qui la faisait se lever tous les jours, l'espoir de réussir de sa vie, d'être complète un jour. L'espoir était tellement beau, mais ceux qui l'utilisaient d'une mauvaise manière seraient punis un jour. Briséis croyait au karma. Dur comme fer. Elle se tourna vers Elliot, lorsqu'il lui demanda de dormir avec elle, évidemment en toute amitié. Elle avait compris. Il lui faisait même des puppy eyes, trop cutie. « t'sais que t'es pas obligé d'en venir jusque là pour me demander ça ? » demanda-t-elle, souriant en coin. Du moment qu'il dormait pas à poil, ça lui allait, elle allait pouvoir lui rendre ce service la p'tite. « Okay, okay, Maxwellounet, j'serai ton doudou ce soir. » En toute amitié, évidemment.

Maxwell...quoi? "Tu viens de m'appeler comment là?" Abusé, t'as cru que j'étais un doudou ou un gosse de six mois? N'empêche, je retiens que tu me dis même pas que je suis beau, sympa, pour l'estime de soi on repassera. J'faisais une comparaison débile entre la bactérie de l'amour et un moustique qui s'acharne toujours sur les mêmes personnes - aka, moi, en l'occurrence. Et ça a l'air de te toucher, mine de rien. J'savais pas pourquoi t'étais aussi fermée face à l'amour. Moi, je l'étais aussi avant, mais c'était à cause de mes parents, j'm'en étais jamais caché. Comment croire à l'amour quand vos parents sont 'le couple parfait du lycée', la meuf populaire, le gars populaire, pouf, les deux ensemble qui s'aiment à la folie alors qu'en fait, une fois les projecteurs éteins, ils passent leurs nuits hors du lit à en baiser d'autres et à faire des gosses à droite à gauche en les abandonnant sans pression? C'était normal que j'ai autant de mal en amour en fait. J'avais pas eu le meilleur exemple et puis, c'était comme si le karma s'acharnait contre moi pour punir mes parents. Cool l'héritage, génial, on adore. Bref, j'étais plus d'humeur à parler de tout ça et j'te faisais une requête, celle de dormir avec moi. Tu savais que j'aimais pas dormir tout seul, c'était vraiment un des trucs que je trouvais le plus désagréable au monde. Problèmes d'égo, de solitude, de besoin et manque d'affection. Vois le comme tu veux, mais dis oui. Et ta réponse ne se fit pas attendre, non sans une pointe d'humour sarcastique. "Tu mérites qu'on te supplie à genoux Bribri." Tu acceptes d'être 'mon doudou' pour la nuit et je te réponds avec un sourire éclatant. "Merciiiiii." que je braille en te sautant dessus, t'étouffant dans un câlin un peu trop excité. "C'est qui qui fait la grosse cuillère? Toi ou moi?" Parce que normalement c'est le mec mais bon... t'étais un peu un bonhomme toi aussi. Mouhahaha.