STORY OF MY LIFE
please tell us more
« Forgive us now for what we've done, It started out as a bit of fun. » Cette musique qui résonnait dans ta tête, une musique que tu avais entendue lors de ton premier bal avec cet homme. Cet homme qui n’était autre que ton meilleur ami. Tu n’as jamais vraiment eu de relation amoureuse, car tu faisais passer l’amitié avant le reste. Pour toi, il était l’homme de ta vie, tu ne te voyais pas quelques années plus tard, loin de lui. Tu passais la plupart de ton temps avec lui, dans ses bras, à ses côtés. Tout le monde vous considérait comme un couple, et dans le fond peut-être que c’était le cas, mais personne ne le saura réellement. Dire que tu le connaissais maintenant depuis plus de seize ans. Rencontré par hasard durant ses vacances en Grèce, ça été le coup de foudre amicale. Malgré la distance, il y a toujours eu ce petit truc qui a fait que vous êtes devenu inséparable, même si des milliers de kilomètres te séparaient de lui. Tu le revoyais durant des voyages, tu te rendais chez lui durant quelques semaines et inversement. Cette belle amitié a continué pendant des années, jusqu’à ce que tu le retrouves à Harvard. Il t’avait fait cette surprise, il savait que tu enviais cette école et il aurait tout donné pour être proche de lui. Rien n’aurait pu te faire plus plaisir, enfin quelque chose de positif dans ta vie. Ton année avait plutôt bien commencé, même si le niveau était élevé, il t’aidait dans les matières où tu avais du mal. Tu avais pris un appartement et il était ton colocataire, tu passais une grande partie de ton temps avec lui. Il te soutenait et croyait en toi, c’était ton pilier. Il était absolument tout, et tu savais que si un jour il lui arriverait quelque chose, tu ne pourrais pas t’en remettre. Forcément le drame arriva, durant une soirée si belle. Il avait été ton cavalier pour un gala de charité, il t’avait demandé de l’accompagner, ses parents avaient exigé ta présence, puisqu’ils ne voyaient pas leur fils accompagné d’une autre jeune femme. Durant ce repas et ce bal, tu avais pu en apprendre encore davantage sur lui et sa famille. Tu avais dansé pendant plusieurs heures, habillé d’une somptueuse robe avec un collier orné de diamant, qu’il t’avait bien évidemment offert. Pour une fois, tu n’avais pas consommé de la drogue et tu avais été raisonnable sur l’alcool. Pourtant, il avait décidé de reprendre le volant, totalement sobre et réveillé. Tu t’étais endormie, ayant totalement confiance en lui et en sa conduite, tu savais qu’il ne pouvait rien t’arriver, du moins c’était ce que tu pensais. Il a suffi simplement de quelques secondes d’inattention, d’une vitesse légèrement au-dessus de la moyenne autorisée, une voiture en face, il a voulu éviter le pire et a préféré mettre un coup de volant. Plusieurs tonneaux sur plusieurs mètres, avant que la voiture s’écrase contre un bâtiment qui se trouvait le long de la route.
Ce passage pour toi n’existe toujours pas dans ta tête, tu ne te souviens d’absolument rien. D’après quelques personnes, les pompiers n’ont pas mis bien longtemps avant d’arriver pour te désincarcérer en première. Tu as été envoyé directement à l’hôpital par hélicoptère dans un état très grave, mais tu n’avais pratiquement rien comparé à ton ami… Tu étais déjà dans le coma, loin de savoir qu’il avait perdu vie directement, mort sur le coup. Son corps ne ressemblait plus à grand-chose… Tout comme le tien, tu es resté pendant un long moment sur la table d’opération. Deux fractures ouvertes, des côtés brisés, une vertèbre fêlée est bien d’autre chose. Un état pitoyable, voilà ce que disaient les chirurgiens, et qu’il n’y avait qu’un pourcent de chance pour que tu t’en sortes. Des mois et des mois de coma, très peu de visite puisque tu n’avais pas même pas réellement de famille. C’est seulement après quatre mois et quelques jours, que tes doigts commençaient à remuer et que tes yeux s’ouvraient doucement. L’espoir de te voir te réveiller avait disparu dans l’esprit de tes amis et des parents de Maxence, ton meilleur ami. Pourtant, tu étais bien là, même si à ton réveil tu ne savais même plus qui tu étais. Un stress important s’était emparé de toi, heureusement les médecins étaient là pour te rassurer et te soutenir. Une fois que tu reprenais des forces et que tes blessures se soignèrent, tu devais passer par la case rééducation. Tout commençait à rentrer dans l’ordre, jusqu’à ce que ta mémoire revienne totalement et que tu te souviennes de cette musique. Oui, cette dernière musique sur laquelle tu avais dansé avec lui, avant que tu décides de rentrer car la fatigue te submergeait. D’un seul coup, tu tombas au sol lors de ta séance de kiné. Ce n’était pas possible, tu n’arrivais plus à remettre les pensées dans l’ordre, tu n’arrivais plus à réfléchir car tout s’embrouillait dans ta tête, absolument tout. Tes mains tremblaient, tes yeux cherchaient un repère, quelque chose qui te raccrochait à ta vie antérieure. Personne ne t’avait expliqué, ou du moins tu ne te souvenais pas de ce moment. Trop de stress, d’inquiétude que tu venais de perdre connaissance au milieu de la salle de rééducation. Tu te réveillas quelques minutes plus tard, allongé sur le sol avec tes médecins autour de toi. Derrière eux se trouvaient les parents de Maxence, toujours là près de toi, mais sans lui. Une boule à la gorge, et dans ton ventre, tu commençais à comprendre, mais tu devais savoir, tu devais être au courant. Une fois rentré dans ta chambre, installé dans ton lit et de nouveau branché de partout, tu exigeas de savoir. C’est là que les parents de Maxence t’expliquèrent ce qui s’était passé. L’accident, ton arrivée à l’hôpital, le décès de Maxence, son enterrement, ta perte de connaissance. Ton coeur s’emballa, les larmes montèrent rapidement à tes yeux pour s’échapper le long de tes yeux. Tu hurlais, oui tu évacuais ce que tu ressentais, ce manque, cette disparition si rapide. Tu n’avais pas pu le revoir une dernière fois, tu n’avais pas pu lui dire au revoir, lui tenir une dernière fois la main, te blottir dans ses bras et sentir sa chaleur te réconforter. Juste à penser ça, tu pleurais de plus belle, devenant limite folle, hystérique. Rien ne pouvait t’aider, personne ne pouvait comprendre ta douleur. Tu commençais à avoir des difficultés pour respirer, tu tournais en boucle sur le fait que c’était à cause de toi que c’était arrivé. Tu bloquais sur ça, tu voulais te rendre sur sa tombe, tu voulais y aller. Tu ne pouvais pas rester une seule seconde de plus dans cet endroit, pourtant tu n’avais pas le choix. Ta vision se brouillait avec les larmes, tes poings serrés, jusqu’au point de te faire saigner. Tu ne voulais pas continuer de vivre, il était bien plus que ta moitié, il était absolument tout. Les heures passaient et pourtant tu ne te calmais pas, l’infirmière sous les ordres de tes médecins t’avait inséré un sédatif pour te calmer et te faire dormir. Une fois endormie, c’était elle qui soignait les plaies que tu t’infligeais aux mains. C’était comme si ton cerveau avait vrillé, comme ce qu’avait subi Harley Queen avec le Joker. Les jours et même les semaines qui ont suivi cette déclaration, tu ne voulais plus manger ni même boire, du moins ton corps refusait absolument tout. Dès que tu mangeais, tu vomissais dans la foulée. Ton corps commençait à changer, tu maigrissais à vue d’oeil. Des cernes immenses sous les yeux, les joues creusées, le teint terne. Il n’y avait plus cette lueur de joie, de vivacité dans tes yeux. Tu n’arrivais même plus à dormir, tu avais toujours cette musique qui tournait dans ta tête, des souvenirs douloureux qui revenaient par petit paquet. Tu n’avais même plus la force de pleurer, plus la force d’évacuer des quelconques sentiments. Tu commençais à inquiéter tes proches, tu refusais de les voir. Les seules nouvelles qu’ils pouvaient avoir de toi, étaient mauvaises… Tes médecins t’examinaient, te surveillaient et pouvaient juste conclure une chose : Tu te laissais mourir.
Ton regard toujours posé sur quelque chose se trouvant en dehors de la fenêtre. Tu passais ton temps à contempler le paysage, même si avec le temps tu commençais à le connaitre par coeur. Tu avais le droit à te faire balader dans les couloirs. Tu te laissais trainer partout, tu ne disais rien, tu ne répondais pas quand quelqu’un te parlait. C’était comme si ton cerveau était éteint, phénomène normal, il essayait à son tour de protéger et de faire la part des choses. Dès que tu commençais à remonter la pente, une nouvelle découverte pointait le bout de son nez. Des symptômes après le choc, durant tes nuits tu te grattais sur les poignets jusqu’au sang. Plus personne ne pouvait réellement t’aider, ton transfert dans un hôpital psychiatrique était imminent. Tu n’avais personne pour décider à ta place, aucune famille et les seules personnes qui étaient en mesure de choisir, c’était les parents de Maxence et vu ton état, ils pensaient que ça ne pouvait que t’aider. Un transfert rapide et tu restas dans cet établissement durant trois mois et quelques jours. Au bout de ces trois mois, tu étais en état de retourner chez toi. Ton corps avait retrouvé un peu de vivacité, tu commençais à te nourrir de nouveau. Une rechute était possible, retourner dans des endroits où les souvenirs étaient très présents pouvaient provoquer un choc. Pour éviter tout ça, tu avais décidé de changer d’appartement. Gardant seulement quelques affaires de lui, en souvenir, près de toi, tout le reste était retourné chez ses parents. Il te fallut du temps pour te réhabituer dans un nouvel appartement. Reprendre tes marques, reprendre ta vie où tu l’avais laissé. Tu avais repris contact avec ton école, qui te laissait le temps de te reposer et tu reprendrais durant la rentrée de septembre. Pratiquement onze mois s’étaient écoulés depuis ton accident, onze mois que tu avais perdu Maxence.
Tu n’avais pas d’autre choix que de trouver du travail, maintenant seule pour payer ton loyer en plus de tes études, tu devais apprendre à te débrouiller. Tu avais postulé dans différents magasins, mais très vite jugé par ton physique ‘bien trop maigre’, personne ne t’accepta dans le prêt-à-porter. Tu t’es donc tourné vers les boîtes de nuit et les bars, tu as eu plusieurs entretiens et un seul a décidé de te donner une chance. Certainement puisque comme il te l’avait dit, tu lui faisais penser à sa fille et qu’il voulait t’aider. Chaque jour tu allais travailler, apprenant les différentes techniques, les cocktails et également le service. Au bout d’un mois, au vu de tes progrès il décida de te laisser derrière le bar pour préparer les boissons de la clientèle. Tu avais régulièrement des visites de contrôle à l’hôpital pour tes blessures, mais surtout pour ta mentales. Tu commençais à remonter doucement la pente, du moins c’est ce que tu essayais de montrer, car au fond de toi, c’était le néant total. Il n’y avait pas une journée, ou tu ne pensais pas à lui, ou tu ne lâchas pas quelques larmes pour lui. Tout te faisait penser à lui, absolument tout et c’était bien la le problème, tu vivais dans les traces d’un fantôme. Et le seul moyen que tu as trouvé pour souffrir un peu moins, c’est la drogue. Chose dont tu touchais déjà auparavant, mais dont tu as triplé l’utilisation ces derniers jours. Tu te détruisais un peu plus chaque jour, pourtant tu tentais toujours de t’améliorer dans le domaine du sport. Tu avais repris un abonnement et tu t’y rendais pratiquement tous les jours. À croire que tu ne savais pas vraiment sur quel pied danser. Tu avais laissé tomber le cross fit pour t’inscrire à la boxe, tu avais besoin d’évacuer, besoin d’avoir de l’adrénaline, besoin de t’évader autrement qu’avec de la drogue. Les premiers entrainements étaient plutôt compliqués et laborieux, mais tu ne baissais pas les bras. Tu t’améliorais de jour en jour, c’était ton but. Tu aimerais pouvoir faire disparaitre de ta tête, cette sensation que tu avais de revoir ta vie tout entière quand tu te trouvais dans le coma. Il y a tellement de choses dont tu voudrais te débarrasser, mais qui te collent toujours à la peau.
Une adolescence pas toujours évidente, déjà depuis toute petite, tu n’avais pas eu de chance en perdant tes parents dans un accident de voiture. Tu as été balancé à gauche et à droite, dans des pensionnats, des familles d’accueil. Personne ne désirait de garder plus d’un an, puis finalement tu as trouvé place dans une famille. Des personnes aimantes, adorables, mais ce n’était pas évident tous les jours à cause de la fille de la famille. Jalousie débordante, elle ne supportait pas que tu prennes tes marques et que tu sois sa ‘soeur’. Pendant des années, elle a tout fait pour te pourrir ton enfance, elle cassait tes jouets, te réveillait la nuit en te faisant peur. C’était le diable incarné, elle n’a jamais voulu jouer avec toi, te laissant seule dans ton coin quand elle invitait des amis. Tu aurais aimé disparaitre, fuguer, partir loin de cet endroit, mais tu n’avais pas tellement le choix. Encore trop jeune pour vivre seule, tu as donc supporté ça pendant des longues années, jusqu’à ce qu’elle décide de signer un acte de paix, c’est seulement à partir de tes douze ans, qu’elle avait décidé de changer. Acceptant de partager sa maison, sa famille avec toi, de te faire connaitre les environs, les jeux et des personnes. Durant ton adolescence, tu as beaucoup voyagé avec ta mère adoptive et avec ta soeur, allant dans des pays durant quelques semaines voir quelques mois. C’est grâce à ça que tu connais donc beaucoup de pays et que tu sais parler plusieurs langues. Tu as rencontré Maxence peu de temps après, et tu as commencé à vivre une vie différente. Tu sortais avec des amis dans des bars, dans des boîtes de nuit. Tu partais en voyage durant tes vacances scolaires, et tu revenais pour plancher sur tes partiels. Malgré tes absences à répétition, ton niveau scolaire ne baissait jamais, au contraire tu arrivais toujours à t'améliorer et c’est ainsi que tu as réussi à entrer à Harvard. Des épreuves d’admission assez difficiles, mais pourtant tu les avais réussi et tu avais déménagé par la suite. Tes parents t’avaient trouvé un petit logement, que tu avais partagé de suite avec Maxence. Il t’avait fait visiter le campus, l’université, au moins tu n’étais pas seule et tu n’avais pas le stress de la rentrée. Il te soutenait quand tu n’arrivais pas, tu passais beaucoup de temps sur tes cours, mais le travail payait. Et ce fut la chute, une chute qui a duré plus de onze mois, tu reprends donc les cours là où tu les avais laissés, redoublant ton année pour mieux reprendre.