BRISÉIS AVGEROPOULOS ► katherine mcnamara

Briséis, c'était le genre de gamine à jouer avec les garçons, à revenir sale de la tête au pied quand ses parents la rappelaient. C'était le genre de gamine à jouer au superhéro dehors et à innombrables jeux vidéos à la maison. C'était le genre de gamine à jouer les exploratrices, allant toujours un peu plus loin, à grimper toujours plus haut pour admirer sa ville chérie, le regard satisfait. Briséis ne se prend pas la tête, non. A quoi bon se remplir la tête de soucis ? La vie est bien trop courte pour se prendre la tête. Briséis, c'est la gamine rigolote qui fait plein de bêtises ente deux cours, devant chez elle. Elle est enjouée et aime le montrer, peut être pour faire sourire les gens. Cela lui arrive d'être triste, comme tout le monde mais elle ne le reste jamais bien longtemps, elle se fait une raison. Sauf quand ses cousins sont partis à l'étranger, elle est restée triste un long moment. Elle est très sensible à la tristesse des autres et ne supporte pas que ses proches soient tristes. S'il faut niquer quelques mères respectables comme elle le dit si bien, il faut l'appeler, elle s'en donnera à coeur joie. Rien ne lui ferait plus plaisir. Elle était loin d'être le petit caïd de l'école mais il ne fallait pas les chercher. Tous les coups qu'elle subissait, elle les rendait sans vergogne. Briséis a eu la chance d'avoir une enfance tranquille, enfin relativement. Ses parents se disputaient tellement souvent, c'était un enfer pour elle. Il lui arrivait de fuguer assez souvent, et le pire c'était que personne s'en rendait compte. Elle aimait ses parents très fort alors lorsqu'elle les voyait se déchirer ainsi, si souvent, elle préférait fuir. C'était le seul problème qu'elle avait fui. L'unique. Et puis finalement, c'était sa mère qui finit par fuir dans les bras d'un autre.

Est ce que Briséis était triste ? Oui, son coeur était brisé, elle ne supportait même plus la vue de sa mère. Mais sa tristesse n'était qu'infime par rapport à celle de son père. Elle était si jeune, qu'est ce qu'elle comprenait à l'amour ? Rien, rien du tout. Mais si l'amour faisait aussi mal, si l'amour avait rendu son père aussi triste, elle n'en voudrait jamais. Le coeur de son père avait été piétiné, détruit. Il ne restait que la tristesse infinie. Briséis craignait qu'il ne se remette jamais, alors elle fit tout et n'importe quoi pour le rendre heureux. Il avait mis des semaines et des semaines à s'en remettre. Il buvait tellement, il s'énervait comme jamais. Elle ne le reconnaissait plus. Mais cette fois-ci, elle ne fuguerait pas. Elle en avait eu assez de fuir, et elle ne fuirait pas comme sa mère. Elle aiderait son père, "au mieux" ne suffisait pas. Elle se dépasserait pour lui. Et puis finalement, un soir, il se mit à pleurer dans ses bras, lui ouvrant ce qu'il lui reste de coeur, lui racontant tout, se vidant totalement. Et Briséis restait là, sans bouger, serrant son père pour lui montrer qu'elle était là, qu'elle le supporterait dans n'importe quelle épreuve. C'était lui qui lui avait appris que la famille passerait avant tout, avant tout le monde. L'enfant leva la tête vers son père, embrassant son front, espérant que ça le réconforterait. A deux, ils seraient invincibles. A deux, personne ne leur ferait du mal, personne n'y arriverait.

Pendant un temps, Briséis ne sortait plus de chez elle, sauf pour aller en cours. Elle veillait sur son père, elle jouait avec lui aux jeux vidéos. Et c'était à ce moment qu'elle découvrit les jeux d'aventures comme Lara Croft et Uncharted, elle adorait ce genre de jeux pour l'aventure, l'excitation de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux endroits inexplorés. Sa lubie d'explorer le monde entier venait de là, son idée d'études venait de là. Et puis, un beau jour, pourquoi ne pas découvrir sa ville ? Encore mieux qu'avant, elle entendait. Elle s'était même mise en tête d'apprendre comment se défendre. Son projet se mettait en place dans sa tête, elle en rêvait tellement. Quand Briséis avait une idée en tête, difficile de la lui retirer. Son père le savait et n'avait rien fait contre ses idées. Au contraire, il la soutenait, si ça pouvait la rendre heureuse. Et voilà que Briséis arpenta sa ville, dans une tenue confortable. Elle aimait courir, escalader. Elle faisait sa petite route, seule. Elle n'avait besoin de personne pour ça. Et puis lors d'une de ses escapades, il est arrivé ce qui devait arriver. Elle se blessa au bras, assez grave pour que ça laisse une longue cicatrice sur le bras. Son père l'avait disputé longuement, il avait eu peur pour sa fille, mais Briséis se fichait de sa blessure. Elle n'avait pas mal, cette blessure lui donnait encore plus de motivation pour continuer. Il s'agissait d'une petite épreuve sur son chemin, rien de plus.

La fin du lycée approchait à grand pas et elle n'était pas encore décidée à intégrer une université. Elle voulait voir le monde d'abord, des endroits aussi beaux que ceux qu'elle avait découvert dans les jeux vidéos. Avec l'accord de son père, elle monta des plans pas cher pour voir le monde. Elle allait faire une sorte d'énorme road trip, à la recherche de coins perdus que la plupart des mortels ne connaissaient pas. Elle avait choisi l'Asie, ce n'était pas si loin de la Grèce. Enfin, c'était relatif mais il y avait tellement coin à découvrir. Elle passait quinze jours, un mois dans chaque pays qu'elle voulait visiter. Cette année a été riche en émotions, en découvertes, elle touchait du doigt ce qu'elle souhaitait faire. Elle avait appris à se débrouiller dans plusieurs langues asiatiques et elle avait perfectionné son anglais. Mais il était l'heure pour elle d'intégrer une université pour faire ses études. Elle avait tellement de choix d'universités, elle voulait aller partout mais une université était différente des autres parce que deux personnes très chères à ses yeux y allaient faire leur entrée. Alors, Briséis choisit Harvard pour être plus proche de ses cousines, laissant derrière elle son père qui priait pour que sa fille puisse être heureuse. Elle n'allait jamais oublier son père, elle retournerait en Grèce dès la première occasion pour le revoir. Elle n'avait pas oublié. A deux, ils étaient plus forts que tout.