Elemental bastard
Le ballon a un rythme régulier, bam bam, comme des battements coeurs, «
Ou comme moi dans une meuf. » La ballon s'arrête, rires gras, sourires en coins, on lève les yeux au ciel, c'est d'un commun. «
Ptn t'es con Burk. » La connerie c'est tout ce qui reste au fond, avec les vieux films du ciné miteux, le basket, et les flirts inconscients. On fume le bitume, on rêve d'une mer un peu plus bleue que celle que forme les immeubles délabrés, on rêve de s'en aller, de réapprendre à respirer. «
Passe. » Deux trois dribles, si rapides qu'on les remarque même pas, un bruit de chaînes et la balle passe à l'arrache dqns ce panier de fortune. «
Et c'est à nouveau le grand joueur de la NBA Ash le Killer qui marque, point pour les scorpions de Detroit ! » hurle Burk, un black immense au sourire perpétuel. Cris de joie, cris de rage on sait pas trop, ça pue la rancoeur et les majeures levés, pendant qu'ils se perdent dans leurs jeux de rôles, ces gosses. Il commence à pleuvoir, y'a des fenêtres qui s'ouvrent et les cris des beaux pères, faut rentrer, finit de rêver. Les illusions c'est comme la peinture, ça part à l'eau. Ash jetta sa capuche sur les épaules, rentrer c'était pas pour maintenant même avec cette averse. «
C'est toujours moche chez toi ? A cause de l'univ' ? » Tout le monde est partie et étrangement, l'immense terrain paraît plus petit, il reste que Burk, Ash et Strike, le trio d'argent, les rois du ballon orange. «
Ouais, mon père gueule que j'ai rien à faire là bas. Qu'on a pas l'argent. » silence. «
Il a pas tort. » silence. «
Ferme ta gueule Strike. » Il a raison pourtant, ils le savent tous, c'est écrit partout, tout l'temps, dans le regard des gens. «
J'veux juste me barrer. » Ça sonne comme un cri de guerre. «
Tu me manquera enfoiré. » C'est qu'il en est capable Ash, de viser les étoiles, d'aller bombarder les murs Harvard de ses gouaches et de ses codes en 0 et 1. «
Ouais, toi aussi gros. Vous me manquerez. » La dream team du Michigan sans Ash, c'était pas vraiment la dream team. «
On va tag cette nuit ? » Taguer. C'est sa grande passion à Ash, il est même carrément connu à Detroit, et dans le monde du graph américain, sans que personne sache que c'est lui le grand H. Personne sauf ses potes. BHS. Because Heaven Sucks. Ou Burke Ashton Strike au choix. Leurs dessins c'est pas des trois traits fait dans le noir pour s'éclater nan. Eux c'est de l'art, du vrai. De l'engagé, des visages qui hurlent la misère des quartiers défavorisés. Ash il voit Bansky comme son idole quand d'autres adorent le dernier rappeur du moment. «
Évidemment. »
U know nothing Jon Snow
«
Ah putain Gigi t'as encore piqué mon pull. » Violet "Gigi" Keller. Gigi on sait pas trop d'où ça vient mais c'est comme ça. Gigi c'est la prunelle des yeux de Ash, la personne pour qui tuer pourrait prendre tout son sens. «
Parle pas comme ça à ta soeur petit con. T'as vu l'heure qu'il est ? » Cinq heures du matin ouais, les yeux tirés mais brillants comme des diamants, une odeur de kérosène qui colle aux fringues et les doigts pleins de bleu, de rouge, de noir qui se mélange à sa peau. Un sourire en coin aussi qui arbore quand il repense à l'immense Alice au Pays des merveilles qu'il a tag sur un vieux mur cette nuit. Elle est belle, y'aura sûrement des gars pour venir la prendre en photo, lui faire un peu de pub. Une Alice noire qui ressemble à sa soeur, c'est pas commun, ça plaira. «
Ouais, t'vas être en retard au taf, j'te retiens pas. » On dirait pas comme ça, insolent à s'en brûler les entrailles mais le regard moralisateur de son père, y'a rien de pire. Désolé papa, je veux pas suivre tes traces. La porte claque, Ash grimace. «
Il a prié pour que tu réussise le test d'entrée cette nuit. Mais le répète pas, il m'a fait jurer de pas dire. » Ah. «
Te fâche pas avec lui H, t'as pas besoin de ça maintenant. » Son père c'est peut être une grande gueule, mais il l'aime Ash. Les Keller ça a jamais été une famille à problèmes contrairement à d'autres, des centaines autres du quartier. Enfance heureuse, pauvre mais heureuse, aimante, des coups pour les bêtises, jamais gratuitement. Durs mais justes. «
Ouais j'sais. Et rend moi mon pull s'teuplait, j'en ai plus. » Moue instigatrice de Gigi, lueur dans le regard, elle sait. « T'as fait quoi ? » Elle se deshabilla en meme temps, devoilant ses bras maigres. Elle pourrait être mannequin tellement elle est jolie Gigi. «
Toi. » La jeune femme retint une exclamation de surprise, ravie. Gigi elle est un peu partout dans la ville, fée, sirène ou Joconde des temps mordernes, gravée dans la roche à l'encre indélébile, histoire qu'on s'en souvienne. «
Cool, j'irai voir. Et pour info, ce pull me va mieux à moi qu'a toi, dixit Strike. » C'est ça.
Young God
En vrac : Il a choisit le journalisme parce qu'il fallait choisir un truc, mais rédacteur pour une revue d'art ça lui plairait bien * Il a jamais voyagé c'est son grand rêve * Il a jamais été vraiment amoureux, avoir une copine c'est pas sa priorité * C'est pas un monstre de glace, il a des sentiments, il aime juste pas les montrer * C'est un petit génie du basket * il ne parle aucune langue autre que l'anglais * Son père lui en veut de les avoir abandonner et ne lui parle plus, contrairement à sa mère et à sa soeur * Il tag à Boston toujours sous le nom de H, même quand c'est illégal * Ash s'en fiche, il a jamais vraiment respecté les règles, c'est pas maintenant que ça commencera, c'est un sale accro' à l'adrénaline, toujours prêt à dépasser ces lignes rouges qu'on appelle communément l i m i t e s...
Update : Il a quitté l'université comme un voleur à la fin des cours, juste après le grand bal de fin d'année, il a quitté sa chambre de la winthrop avec ses sacs, son costard sur le dos toujours, sa moue boudeuse un peu perdue. Cet événement trop guindé, ça a un peu tout remit en question, ce qu'il était, ce qu'il voulait être. Il a finit dans un bars seul, un truc miteux de fond d'ruelle qui ferme jamais à boire de la vodka frelatée jusqu'au coma éthylique... presque, en conversant sur le sens de la vie avec une prostituée sourde. Ça n'avait pas de sens. Rien n'avait plus de sens. Il s'est changé, brûlant son costard avec le briquet de Dina, celui qu'il lui avait pas rendu, et il a enfilé son costume de Ash, ce vieux sweat à capuche noir, ces baskets informes, ce visage caché, sombre, sans émotion. Il savait qu'il reviendrait - pour la famille et toute cette merde - mais quand, il s'en foutait. Il a vécu comme un clochard, un squatteur de hangar et de feux de joies illégaux pendant deux mois, il a graphé sans s'arrêter en continuant à livrer des pizzas. Y'a ses tags en featuring sur tout les murs de cette p'tin de ville. H émarge et Ash émerge. Il reste encore trop de coeurs à briser ici.