MAXENCE ◇ time to speak

Arrivée à Albufeira depuis quelques jours maintenant, je n'ai pas pu tenir plus longtemps pour voir Maxence. Mon ex-beau frère me manque, mon ami me manque, mon confident me manque, ses bras me manquent. Tout me manque vraiment chez lui et je dois bien avouer que l'aveu qu'il m'a fait concernant cette tumeur m'a retournée. Je lui en veux, j'ai la rage contre lui, mais je ne peux pas lui faire croire plus longtemps que je ne suis pas encore arrivée, il y a trop de risque qu'on se croise, ce n'est pas sérieux et je ne veux pas encore plus envenimer notre relation. Je lui ai envoyé un message de mon téléphone en partant de l'hôtel, il y a quelques minutes en lui disant de venir me rejoindre sur la plage. Je ne sais pas s'il va le voir, s'il va y faire attention, s'il va annuler tous les plans qu'il avait pour venir me retrouver ou non. Je ne sais rien. J'attends un peu, assise sur le sable, puis je regarde à nouveau mon téléphone, aucun message. Je soupire un peu et après l'avoir déposé dans le sable je le reprends pour regarder un peu facebook. Rien de neuf. Je le remets dans la poche de mon jean et je me lève. Je m'approche du bord de l'eau, je relève le bas de mon jean et marche un peu dans l'eau. Elle est bonne. Je regarde une nouvelle fois mon téléphone pour voir l'heure, cela fait seulement dix minutes que j'ai envoyé le message, je suis impatiente. Alors pour tenter de tuer le temps, je me mets à chercher des coquillages ne sachant même pas s'il y en a ici. Mais bien vite je tombe sur un, puis deux, puis trois, et j'en ramasse, mais seulement les plus jolis. Mon téléphone se met à sonner et je le sors de ma poche, c'est un message d'une amie, pas de Maxence. Je me demande si je ne devrais pas rentrer. Je déteste attendre. Je soupire et je me laisse retomber sur le sable avec mes coquillages dans les mains. Je les positionne sur le sable et les prends en photo, voilà ma prochaine photo instagram. Ca va m'occuper quelques minutes...

J'ai merdé sur toute la ligne avec ma tumeur. Je le sais. J'ai fait souffrir une personne que je n'avais pas envie de blesser. Néanmoins, elle reste mon ex belle-soeur, mon amie, ma confidente. C'est le genre de lien que je n'ai pas envie de perdre. En fait, je n'ai pas envie de la perdre du tout. Alors, j'ai essayé à mainte reprise de me rattraper par message après ma révélation. Or, rien n'y a fait. Elle reste toujours énervée contre moi. Une chose que je peux tout à fait comprendre, j'aurais réagi de la même manière si les rôles étaient échangés. Je ne cesse de lui demander quand elle sera sur Albufeira, puisque j'ai une grosse envie de la voir, de pouvoir la serrer dans mes bras. Mais, elle me répondait qu'elle était bloquée dans son road trip. Depuis, plus de nouvelles. Je ne sais même pas si elle allait bien. J'ai surfer toute la matinée et, l'après-midi je l'ai passé avec une amie. Je n'ai pas regardé mon téléphone de la journée. C'est quand je suis rentré à l'hôtel où je loue une chambre avec Louison que j'ai vu que j'avais reçu un message de Beth. Ni une ni deux, je saute dans la douche et je m'habille une dizaine de minutes plus tard d'un short de plage et c'est tout. Je suis extrêmement en retard mais, heureusement l'hôtel où je loge se trouve juste en face de la plage. Du coup, j'arrive à destination deux minutes plus tard, je marche sur le sable à la recherche de Beth. Finalement, je viens à reconnaître sa silhouette si facilement, que je m'approche d'elle doucement pour ensuite venir déposer mes bras autour de sa taille. « Je suis désolé, je n'ai pas regardé mon téléphone de la journée ... » dis-je en venant déposé un bisou sur sa joue.

Faire semblant de ne pas être affectée par l'annonce de la tumeur de Maxence c'était comme jeter le bébé avec l'eau du bain c'est à dire impossible. Je ne pouvais pas l'ignorer, mais ça serait mentir comme une arracheuse de dents de dire que je n'étais pas heureuse de sentir ses bras enrouler ma taille après que j'ai attendu pendant de longues, trop longues minutes. Maxence était sorti de derrière les fagots, je ne l'avais pas vu arriver mais j'étais contente qu'il soit là maintenant. Comme s'il allait prendre la poudre d'escampette, j'enlaçai très rapidement et fort mes bras autour de son cou et nichai mon nez dans celui-ci. Il m'avait vraiment manqué, son odeur, son contact, sa tendresse. Au bout de quelques secondes, je m'écarte quand même, n'oubliant pas pourquoi on est là... Mais mon regard croise le sien et je ne peux m'empêcher de m'attarder. Ses yeux sont si parlant et les miens doivent dire le reste. Je le regarde de manière intense, comme si j'avais envie de le dévorer presque alors que ce n'est pas le cas, du moins ça ne devrait pas l'être, parce que bizarrement c'est presque le cas, est ce le manque ? Je n'en sais rien mais je ne peux maintenir le regard plus longtemps alors mes yeux descendent et viennent se poser sur l'une de ses clavicules, c'est gênant de ne pouvoir contrôler ce regard, ce truc qu'il se passe pour nos retrouvailles. " C'est pas cool de m'avoir fait ça... " Cette phrase vaut pour l'attente de ce soir mais aussi pour sa disparition et l'annonce de sa tumeur. Il sait que je ne suis pas une petite chose fragile mais quand même il y a des limites.

En lui cachant la vérité, je pensais avoir bien agi. Je croyais l'avoir protégé de mon malheur en quelque sorte. J'avais besoin de la voir sourire et vivre sa vie. Et non se morfondre si je ne venais pas à survivre à cette tumeur. J'ai fait une promesse il y a des années, j'essaie maladroitement de la tenir. Ce n'est peut-être pas la meilleure chose de la maintenir mais, j'essaie du moins. C'est mieux que rien, non ? Bref, j'arrive sur la plage après une vingtaine de minutes de retard. À ma décharge je n'ai pas regardé mon téléphone de la journée. D'où le fait que j'arrive en retard. Toutefois, j'essaie de me faire pardonner. J'arrive derrière la jeune femme et s'enroulent mes bras autour d'elle. Je pensais qu'elle allait me repousser étant donné qu'elle est encore énervée envers moi mais, c'est tout le contraire. Elle vient à enrouler ses bras avant de venir nicher son nez contre moi. Ensuite, elle s'écarte quelques secondes plus tard. Pourtant, mon regard se plonge dans le sien. Finalement, je m'y attarde avec plaisir parce que ça m'avait manqué tout ce temps. Mais, ce qui est étrange c'est quand la regardant aussi intensément j'ai une sensation bizarre qui se produit en moi. Est-ce que c'est le manque ? Est-ce que c'est autre chose ? Je ne sais pas. Je suis perdu en réalité. « Je sais Beth. Et, je tiens encore à m'excuser pour tout. Réellement. » Je tente encore une énième fois de me faire pardonner parce que j'ai fauté sur toute la ligne. S'il faut que je m'excuse encore pendant un mois ou deux, je le ferai. Puisque Beth tient une place particulière dans ma vie et je ne veux pas la perdre. Aucunement.

" J'ai pas envie qu'on continue d'en parler Max... " Je ne veux pas revivre des moments difficiles avec lui, je ne veux pas passer mon temps à lui faire des reproches même si je lui en veux. Je suis incapable d'être très rancunière avec lui et c'est comme ça, je l'assume. J'enroule mes bras autour de lui pour un calin, le serrer fort contre moi tout en lui soufflant à l'oreille : " Dis moi juste que cette tumeur est de l'histoire ancienne, j'ai besoin de toi. " Comme par réflexe je dépose un baiser dans son cou, ne me rendant même pas compte de l'ambiguïté que ce geste peut avoir. Avec les années, ce genre de gestes de tendresse est devenus habituels... Je me retourne dans ses bras, plaquant ma tête contre son torse et sors mon téléphone. " On fait une photo ? Je veux pouvoir exposer nos retrouvailles sur les réseaux sociaux. " J'aime bien faire parler les gens parce que je m'en fous de ce qu'ils disent alors si une photo comme ça peut faire couler de l'encre, je veux m'appliquer à la faire. Je prends une première photo mais en regardant le résultat je me rends compte que j'ai bougé trop vite et que tout est flou. Nulle que je suis. Je repositionne l'appareil et fais un bisou sur la joue du jeune homme. Pas mal cette photo mais peut être uniquement à garder pour nous. Je dépose alors ma tête à nouveau contre lui et fais un simple sourire. " Souris Max ! " Je regarde le résultat mais c'est une catastrophe à nouveau. " Max, j'ai dit sourit ! " Je le taquine un peu avant de me remettre vers lui pour un quatrième essai. Le sourire est dans la boite ! Enfin. " Et maintenant on fait cette grimace " Et op, cinquième photo dans la boite. En cinq prises j'en aurais peut être une ou deux de bonnes. " T'es assez photogénique dis donc ! Et ne me dis pas que tu le sais et que t'es beau tout le temps, ça fera très prétentieux ! "

« Tes désirs sont des ordres Beth. » Je ne veux pas remuer l'embrouille mais, je me devais de m'excuser encore une fois. Au moins, tu peux t'apercevoir que je m'en voulais réellement de t'avoir blessé accidentellement. De toute manière, je n'aurais pas supporter une seconde de plus d'être en froid avec toi. C'est inconcevable pour moi d'être dans cette situation. « C'est de l'histoire ancienne Beth. Je l'ai vaincu pour de bonne cette fois-ci. » C'est même une certitude. Mon médecin m'a confirmé cette nouvelle et, je lui ai même demandé à ce qu'il me le répète à plusieurs reprises pour être vraiment sûr de la nouvelle. Je viens soudainement à sentir un tendre baiser dans mon cou de ta part. Je souris tendrement parce que mine de rien ça m'avait manqué de ne plus avoir ce genre de contact avec toi. Finalement, tu viens à caler ta tête contre mon torse et je t'observe sortir ton téléphone pour prendre des photos. « Tu es aussi heureuse que ça de me retrouver ? » Étant donné que j'appréhendais grandement cette rencontre au vu des derniers sms échangés entre nous. Néanmoins, ça me fait plaisir que tu sois dans cet état d'esprit. La première photo a été totalement raté. On essaie d'en faire une deuxième où tu déposes un bisou sur ma joue. Et hop, c'est dans la boite. « Je n'aime pas sourire ... » rétorquai-je en faisant une petite moue boudeur. « Me crie pas dessus Beth ! » Finalement, on arrive à faire cette fameuse photo, même si ça été un peu catastrophique en cause de moi. Quand tu me demandes de faire une grimace, je te prends au mot et j'essaie de faire ma plus belle grimace seulement pour tes beaux yeux. « Je ne t'aurais même pas dit ce genre de commentaire. Au contraire, j'ai toujours trouvé que je n'étais pas très photo. »